Contenu du sommaire : Les Noms généraux
Revue | Langue française |
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Numéro | no 198, juin 2018 |
Titre du numéro | Les Noms généraux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les noms généraux : présentation - Silvia Adler, Estelle Moline p. 5-18
- Les noms sous-spécifiés dans le débat parlementaire : analyse fréquentielle et catégorisation modale - Silvia Adler, Dominique Legallois p. 19-34 L'article propose un examen quantitatif de l'usage des noms sous-spécifiés (Nss) dans un genre discursif particulier : le débat parlementaire à l'Assemblée nationale. On calcule par statistiques, pour les onze constructions auxquelles les Nss participent, la part que chaque construction consacre à chaque nom (force d'attirance) et la part que chaque nom consacre à chaque construction (force de dépendance). Ce calcul permet d'établir la distribution de cette catégorie nominale dans le discours du débat parlementaire. À la suite de ces résultats, on met en évidence les différentes valeurs modales exprimées par les Nss.In this paper we propose to examine the use of unspecific (shell) nouns in the French parliamentary debate. We are interested in the frequency of these nouns within the different constructions that host them. Our quantitative analysis, taking into account a set of 11 syntactic constructions, aims to measure the degree of attraction between words and constructions (Attraction and Reliance). This calculation enables to establish the distribution of this nominal category in the corpus, and to highlight the different modal values expressed by the shell nouns.
- Généralité sémantique et portage propositionnel : le cas de fait - Richard Huyghe p. 35-50 Cette contribution porte sur la sémantique du nom fait en français. Fait occupe une place originale dans l'organisation lexicale, car il est à la fois un nom « général », doté d'une signification minimale, et un nom « porteur », susceptible d'être directement complété par une proposition conjonctive ou infinitive. Fait décrit l'instanciation d'une situation abstraite dans le monde, sans en indiquer le type, et la présente par défaut comme actualisée. Sous-spécifié, il recourt au contexte pour préciser la situation dénotée. Il a principalement pour rôle de permettre à un contenu propositionnel d'accéder à la référence nominale et de constituer en soi un objet conceptuel. À cette capacité de réification est corrélée une fonction d'organisation des objets du discours, d'agencement des thèmes et des focus propositionnels.This article deals with the semantics of the noun fait ‘fact' in French. This noun has a special position in the lexicon, for it is both a general noun, i.e. a noun with minimal signification, and a carrier noun, i.e. a noun that can be modified by a that- or a to-infinitive clause. Fait denotes an instantiated abstract situation, without specifying its type, and by default represents it as being actualized. Because of its semantic underspecification, fait needs contextual support to specify the situation it refers to. Its main function is to confer nominal status and a reified cognitive representation to propositional contents. The role of fait as a reification device is also to organize discourse objects and information structure.
- Que signifie domaine dans le domaine de la chimie ? - Marcel Vuillaume p. 51-64 Le propos de cette contribution est d'analyser le sens que revêt le N domaine dans les SN du type le domaine de la chimie. Alors que, dans un SN tel que le domaine de l'olivier, on distingue aisément le référent du SN global – une zone géographique – du référent du complément de nom – une espèce végétale –, une distinction analogue est inapplicable au SN le domaine de la chimie. On s'efforcera de montrer que, dans ce type de SN, le N domaine dénote un espace abstrait qui englobe les activités humaines liées référent de SN2. Ce dernier entretient avec l'ensemble qu'il fédère une relation partie-tout et, en vertu de cette relation, le N qui le désigne peut s'appliquer au tout dont il fait partie. D'où la possible équivalence entre la chimie et le domaine de la chimie.The aim of this chapter is to examine the meaning of the N domaine in NPs like le domaine de la chimie (the chemistry field). Whereas in a NP like le domaine de l'olivier, the distinction between the referent of the whole NP (i.e. the territory where olive trees can grow) and the referent of its adjunct (the olive trees) is obvious, the same distinction does not apply to le domaine de la chimie. We will show that in such NPs the N domaine refers to an abstract field involving all human activities related to the referent of the complement (la chimie). This referent is therefore part of a whole the unity of which it ensures, and because of this relation its name can apply to the whole it belongs to. For this reason, la chimie can have the same meaning as le domaine de la chimie.
- Du degré de généralité des noms d'humains (pluriels) gens, hommes, humains, individus, particuliers, personnes : différences distributionnelles, sémantiques et génériques - Paul Cappeau, Catherine Schnedecker p. 65-82 Cet article porte sur les différences d'emplois entre des noms d'humains réputés « généraux » : gens, hommes, humains, individus, particuliers, personnes. En étudiant de manière systématique leur distribution syntaxique et leurs genres de prédilection, nous dégageons le profil sémantique de ces noms dans le but de déterminer lesquels d'entre eux ont le sémantisme le plus « général ».The aim of this article is to determine differences in the use of French “general” human being nouns: gens, hommes, humains, individus, particuliers, personnes. While studying in a systematic way their syntactic distribution and the discourse genre in which they occur, we release the semantic profile of these names to specify their semantism and determining which of them have a “general” semantism.
- Les noms généraux sentiment et émotion - Iva Novakova, Julie Sorba, Agnès Tutin p. 83-98 Cet article propose une analyse des deux noms sentiment et émotion dans deux corpus : journalistique et littéraire. Contrairement à leur apparente similitude, sentiment et émotion fonctionnent très différemment au plan syntaxique, sémantique et discursif. Nous postulons que la comparaison des deux genres discursifs doit nous permettre de mieux appréhender leur statut de noms généraux. Nous proposons d'éclairer l'analyse synchronique par une étude diachronique ponctuelle (corpus romanesque de Frantext). Notre objectif est ainsi de comprendre, au regard de l'évolution diachronique des deux termes, pourquoi et comment sentiment est devenu un classifieur et un shell noun, comparé à émotion.In this paper, we focus on the two French nouns sentiment and émotion in order to analyze their linguistic properties in two corpora (journalistic and literary). Even if they look alike, sentiment and émotion work very differently at the syntactical, lexical and discursive levels. We also propose to shed light on the synchronic analysis by a diachronic study based on the Frantext corpus of French novels. Our objective is thus to understand, in the light of the diachronic evolution, why and how sentiment has become a classifier and a shell noun, what is not the case for émotion.
- Œuvre et ouvrage : deux noms généraux d'idéalités ? - Nelly Flaux, Véronique Lagae p. 99-114 Il s'agit de mettre en regard, avec les noms généraux, les noms œuvre et ouvrage lorsqu'ils dénotent des objets concrets que Husserl appelle noms d'idéalité. Nous les comparons du point de vue de leur utilisation comme termes définitionnels dans le discours lexicographique, de leur fonctionnement comme hyperonymes, de leur contribution à la cohésion du discours et des possibilités de complémentation propositionnelle. Sans être clairement tranchées, les conclusions s'ouvrent sur des questions susceptibles de faire progresser la recherche dans la typologie des deux classes de noms.This paper determines whether the French nouns œuvre and ouvrage can be considered as general nouns when they refer to concrete objects like novels or sculptures, i.e. when they are used as ideality nouns, as Husserl named them. We compare œuvre and ouvrage with the general nouns on the basis of the following parameters: their use as lexicographic classifiers and as hypernyms, their contribution to discourse cohesion and the possibility of clausal complementation. While the results of this comparison are not clear-cut, they still raise interesting issues regarding the typology of both noun classes.
- Les noms quantité et nombre et la notion de « noms généraux » : rencontre aux sommets ? - Céline Benninger p. 115-129 Parmi les noms de la langue française, il en est qui, assurément, sont atypiques. Quantité et nombre, par exemple. Il ne suffit toutefois pas de considérer ces noms comme non standard pour que leur identité soit assurée. L'objectif est donc d'avancer sur la voie de l'identification des noms quantité et nombre en en interrogeant les spécificités sémantico-référentielles et les principaux sites d'occurrences. Nous constituerons ainsi une base de données sur laquelle appuyer notre réflexion concernant la place de ces deux substantifs dans la catégorie nominale, d'une part, leur relation avec celle des noms généraux, d'autre part.Within the large French noun class, some, especially quantité and nombre, are atypical. Despite recent studies in noun classification, the question of their identity remains. Our aim is also to progress towards the identification of quantité and nombre. Therefore, on one hand, we will examine their semantical and referential properties, and on the other hand, their uses. Herewith we will have a solid database on which to build our study knowing that the underlying question is the very status of quantité and nombre amongst nouns and/or their possible relation with general nouns.