Contenu du sommaire : Un dieu peut-il mourir ? Enquête sur la fin des cultes dans l'Antiquité gréco-romaine

Revue Revue de l'histoire des religions Mir@bel
Numéro tome 235, no 2, 2018
Titre du numéro Un dieu peut-il mourir ? Enquête sur la fin des cultes dans l'Antiquité gréco-romaine
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • ‪Un dieu peut-il mourir ? Enquête sur la fin des cultes dans l'Antiquité gréco-romaine‪ : Avant-propos - Karin Mackowiak, Christian Stein p. 203-208 accès libre
  • ‪Les discours chrétiens sur la « fin des cultes » publics au Levant : l'argument des sanctuaires‪ - Nicole Belayche p. 209-232 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La « fin des cultes » est plus facile à repérer dans les sanctuaires, disparus par destruction volontaire, abandon ou réaffectation. Les religions traditionnelles, et leurs sociétés, sont construites sur la spatialité : l'espace sacré est à la fois le « lieu » du dieu et un lieu de repère culturel et identitaire qui dépasse le cadre rituel. Les discours chrétiens sur la « fin des cultes », parce qu'ils ont polémiqué avec des conceptions religieuses spatialisées (« paganisme » et judaïsme), se sont emparés de cette symbolique spatiale pour écrire le récit de la christianisation au Levant – à confronter au modèle utopien de Jonathan Z. Smith – et dessiner des exempla de saints hommes. Avec trois cas du ive siècle (Aelia Capitolina, Aphaca/Héliopolis et Gaza), on analyse l'argument des sanctuaires dans ces discours.
    The “end of cults” is easier to pinpoint in sanctuaries, which disappeared after either voluntary destruction, abandonment or reoccupation. Traditional religions, and their societies, are built on spatiality : the sacred place is both the “locus” of the divinity and a cultural and identity landmark that goes beyond its ritual use. Because Christian discourses on the “end of cults” were engaged with spatialized religious conceptions (“paganism” and Judaism), they took over this spatial symbolism for writing the story of Christianization in the Levant – thus challenging the utopian model of Jonathan Z. Smith – and for drawing the exempla of holy men. On the basis of three cases from the fourth century (Aelia Capitolina, Aphaca/Heliopolis, and Gaza), this paper analyzes how these discourses used the argument of sanctuaries.
  • ‪Fin des temples et fin des cultes à Ostie : une histoire complexe‪ - Françoise Van Haeperen p. 233-253 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La question de la fin des cultes et de la fin des temples est traitée à partir du cas d'Ostie, port de Rome, relativement bien documenté. Les recherches récentes et le renouvellement de l'historiographie permettent de poser un regard renouvelé sur cette thématique qui ne touche pas que l'Antiquité tardive. Sa complexité est illustrée à partir d'exemples relatifs tant aux cultes publics de la cité qu'aux sacra priuata pratiqués dans un cadre associatif.
    The issue of the end of cults and temples is dealt with from a local perspective, using the case of Ostia, the harbour of Rome. Recent research and renewed historiography allow us to take a fresh look at this theme, which does not only concern late Antiquity. Its complexity is illustrated on the basis of examples relating both to the public cults of the city and to the sacra priuata practiced in the town's associations.
  • ‪Quelques réflexions méthodologiques sur les abandons de sanctuaires en Grèce antique‪ - Alaya Palamidis p. 255-273 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En raison du nombre très limité de sources écrites concernant la disparition de cultes en Grèce antique, ainsi que les difficultés importantes que pose leur interprétation, l'étude de ce phénomène est presque exclusivement possible grâce à l'analyse des données des fouilles archéologiques. Pourtant, l'identification de l'abandon d'un sanctuaire est souvent délicate, en raison notamment des conditions de fouilles mais également des processus post-dépositionnels qui peuvent entraîner une destruction des couches stratigraphiques supérieures. De plus, le culte d'un sanctuaire abandonné peut être transféré dans un nouveau sanctuaire, si bien que les sources archéologiques ne peuvent suffire à attester l'interruption d'un culte.
    Given the limited number of written sources about the disappearance of cults in ancient Greece, as well as the important difficulties raised by their interpretation, the study of this phenomenon is almost exclusively possible through the analysis of the information obtained from archaeological excavations. However, identifying the abandonment of a sanctuary is often difficult, mainly because of the excavation conditions but also because of post-depositional processes that may cause the destruction of the upper stratigraphic layers. Moreover, the cult of an abandoned sanctuary may have been transferred to a new sanctuary, so that the archaeological sources cannot be sufficient to attest to the disappearance of a cult.
  • ‪Raisons de l'abandon et du maintien de sanctuaires ruraux en Attique : quelques cas d'étude‪ - Lorenz E. Baumer p. 275-289 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La recherche se concentre d'ordinaire sur les plus grands centres religieux de la Grèce antique. Les dits « sanctuaires ruraux » ne suscitent qu'un intérêt limité : il ne s'agirait que de manifestations cultuelles de caractère éphémère et local. On néglige, surtout en Attique, leur importance structurelle dans le système cultuel, en particulier pendant l'époque classique. Leur taille réduite et leur fréquentation surtout locale les rendaient en même temps très sensibles à tous les changements de la société. Souvent peu étudiés, ces sites cultuels dits de second rang sont pourtant des indicateurs importants pour une compréhension plus complète de la société.

    The academic world usually focuses on ancient Greece's major religious centers. The so-called “rural sanctuaries” only arouse limited interest : they seem to be viewed merely as short-lived and local worship phenomena. In Attica, their structural importance in the religious system is neglected, especially during the classical period. However, their smaller size and their local use made them very sensitive to any kind of change in the society. These second-rank religious sites, not often studied, provide important indicators for a thorough understanding of the society.
  • ‪Disparition de la dynastie, extinction du culte ? Le cas des Lagides‪ - Perrine Kossmann p. 291-310 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'étude qui suit examine le devenir du culte des souverains dans le contexte du repli de la dynastie lagide du bassin égéen, en particulier en Asie Mineure. Si le culte dynastique des Ptolémées semble avoir assez systématiquement disparu dans cette région en même temps que leur domination, en revanche les cultes que certaines cités grecques instituèrent de leur propre chef pour les rois d'Égypte connurent un sort plus contrasté : une partie d'entre eux survécut, l'autre s'éteignit. Ces honneurs cultuels étaient souvent décidés non pour complaire au pouvoir dominant, mais par reconnaissance envers un souverain qui avait prodigué des bienfaits à la communauté, sentiment qui constitue une cause possible de leur pérennité dans certaines cités, malgré les vicissitudes politiques.
    The following study examines the fate of the cult of the sovereigns against the backdrop of the withdrawal of the Lagid dynasty from the Aegean Sea Basin area, chiefly in Asia Minor. The dynastic cult of the Ptolemies seems to have disappeared rather systematically from that region together with their rule. However, the cults established by some city-states of their own accord for the kings of Egypt experienced a more diverse fate: some of them survived, others died off. Such cultic honors were often decided not in order to please the dominant power, but rather to acknowledge the sovereign's benefactions to the community. This kind of gratitude is a possible cause for their continuation in some cities, despite political upheavals.
  • ‪Hagnon et Brasidas à Amphipolis : chronique d'une « fin de culte » annoncée ?‪ - Karin Mackowiak p. 311-328 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'histoire d'Hagnon et de Brasidas à Amphipolis rapportée par Thucydide dans son Histoire de la Guerre du Péloponnèse (V, 11, 1) mérite une approche nouvelle qui allie aux réflexions déjà proposées par les historiens des arguments d'histoire des religions. L'expulsion de l'œciste athénien, Hagnon, bénéficiaire déjà de son vivant de toutes les garanties d'un culte, ne s'explique pas uniquement par des paramètres politiques : des facteurs sociaux, psychologiques, imaginaires et religieux interviennent qui mettent en lumière un type d'éviction cultuelle à la fois logique et complexe. Les événements de – 422 à Amphipolis méritent d'être éclairés sous l'angle de dynamiques cultuelles particulièrement actives en Grèce au cours du dernier tiers du Ve s. av. J.-C.
    In his History of the Peloponnesian War (V, 11, 1), Thucydides recounts events that occurred in Amphipolis, involving Brasidas and Hagnon, the Athenian oikist. Extensive historical studies have dealt with this subject but a fresh approach involving the history of religion may cast new light on it. Hagnon's expulsion from the city has so far been explained with political arguments but these are not the only ones to be taken into account : social, psychological, imaginary and religious factors may allow us to qualify the context in which Hagnon, who was granted the promise of a cult during his life as a city founder, was deprived of it, in a logical but still complex process. The events of – 422 in Amphipolis deserve to be examined from the perspective of cultic dynamics, which were particularly active in the last three decades of the fifth century B.C.
  • ‪La fin des cultes et des sanctuaires païens urbains en Belgique et en Lyonnaise (IIIe s. – début du Ve s. apr. J.-⁠C.)‪ - Blaise Pichon p. 329-351 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'étude de l'abandon des sanctuaires en Gaule Belgique et Lyonnaise durant l'Antiquité tardive est complexe. Rares sont les sanctuaires dont les méthodes de fouille ont permis d'observer des éléments matériels précis relatifs à leur abandon et/ou à leur démantèlement. Il est cependant possible de mettre en évidence un large phénomène de démantèlement organisé des grands sanctuaires civiques périurbains entre le milieu du iii e siècle et le milieu du iv e siècle. Les sanctuaires de Mithra, quant à eux, ainsi que certains autres sanctuaires, non civiques, connaissent des modalités de fermeture différentes et souvent plus tardives.

    It is difficult to study the closing down of sanctuaries in Belgica and Lugdunensis during Late Antiquity. Methods of excavation have seldom allowed us to observe specific material elements related to their abandonment and/or dismantling. However, it is possible to highlight a large phenomenon of the organized dismantling of the great periurban civic sanctuaries between the middle of the third and the middle of the fourth century, while sanctuaries of Mithra and some other non civic sanctuaries show different and often later modalities of closing down.
  • ‪La « barbarisation » de Poséidonia et la fin des cultes grecs à Paestum‪ - Michel Humm p. 353-372 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le fr. 124 Wehrli d'Aristoxène sur la « barbarisation » des Poséidoniates et la fin des cultes grecs à Poséidonia renvoie à l'attraction politique et culturelle que Rome exerçait sur une partie des élites aristocratiques lucaniennes au cours de la seconde moitié du iv e siècle av. J.-C., particulièrement vers la fin du siècle. Ce processus culturel d'« auto-romanisation » fut favorisé par l'avancée des Romains en Campanie et en Italie du Sud et s'inscrivait dans la durée et le temps long, mais il se conclut brutalement en 273 av. J.-C. par la déduction de la colonie de Paestum et la fondation sur place d'une nouvelle cité. Les dieux de la cité grecque de Poséidonia étaient alors définitivement morts et avaient été remplacés par les dieux romains de la colonie de Paestum.

    Fr. 124 Wehrli of Aristoxenus, on the “barbarisation” of the Poseidonians and the end of Greek cults in Poseidonia, refers to the political and cultural attraction Rome held for a section of the Lucanian aristocratic elites during the second half of the 4
    th century BC, particularly towards the end of the century. This cultural process of “self-Romanisation” was furthered by the Romans' advance into Campania and southern Italy and developed gradually over a long period of time; but it ended abruptly in 273 BC with the deduction of the colony of Paestum and the founding of a new city on the spot. The gods of the Greek city of Poseidonia were by then truly dead and had been replaced by the Roman gods of the colony of Paestum.