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Revue Annales de géographie Mir@bel
Numéro no 722, 2018/4
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Politique environnementale et territoire : le démantèlement des ouvrages hydrauliques en France à l'épreuve du modèle nord-américain - Ludovic Drapier, Marie-Anne Germaine, Laurent Lespez p. 339-368 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article met en perspective les opérations de démantèlement d'ouvrages hydrauliques réalisées sur les cours d'eau de l'ouest de la France avec des opérations ayant été conduites sur la côte nord-est des États-Unis en s'intéressant à la façon dont le cadre réglementaire régit les liens entre politique environnementale et territoire. Si une forte conflictualité est observée autour de ces projets de part et d'autre de l'Atlantique, il ne s'agit pas ici d'examiner la teneur de ces conflits mais d'apporter un éclairage à travers l'analyse comparée des politiques publiques et des acteurs qui promeuvent le démantèlement d'ouvrages hydrauliques afin de voir en quoi le contexte de portage des opérations influe sur leur intégration locale. La réalisation d'entretiens semi-directifs auprès des parties prenantes (acteurs institutionnels ou associatifs) a d'abord permis de mettre en évidence que la notion de continuité écologique est au cœur de ces projets, qu'elle soit clairement mise en avant ou non. D'autre part, la recherche souligne le rôle clef des acteurs en charge des poissons, notamment migrateurs, et des acteurs en charge de leur gestion dans l'aboutissement des projets. Enfin, il apparaît une opposition claire entre la France et les États-Unis en ce qui concerne les relations entre la politique environnementale et le territoire qui l'accueille : de nombreuses opérations outre-Atlantique impliquent des associations permettant la création de liens plus forts et inscrits dans le temps entre le projet d'arasement et son espace support alors qu'en France, l'approche descendante imposée par la législation impose un calendrier et une approche principalement réglementaire et limite le plus souvent les possibilités de faire de ces opérations de véritables outils de développement du territoire.
      This paper puts into perspective the dam removals occurring on rivers in the western region of France with those being implemented on the east coast of the United States. Here, the focus is on how the regulatory framework can influence the emergence of bonds between an environmental policy and community development projects. Acknowledging that conflicts arise around this kind of project on both sides of the Atlantic Ocean, the aim is not to analyse what those conflicts are about but rather to understand how project management influences local integration of the project. This involved a compared analysis of public policies and stakeholders advocating for dam removal. Thanks to semi-structured interviews with stakeholders in France and in the USA, the authors argue here that the concept of ecological continuity is at the core of the projects, whether it is clearly put forward or not. The second element stressed here is the major role of fish, especially migratory species, and of the stakeholders in charge of their management during the removal of dams. Finally, a clear opposition appears between France and the USA when it comes to the environmental policy and its link to the territory that it is embedded in : numerous projects in the USA involve non-profit associations allowing the creation of stronger links on a longer timeframe between the removal of the dam and the construction of a project for the territory, whereas in France, the regulation imposes a schedule and a standardized approach limits more often than not the possibility to use the projects as development tools for the territory.
    • « C'est toujours la même routine », mais… : modes d'habiter des travailleurs du mégachantier hydroélectrique de la rivière Romaine (Côte-Nord, Québec, Canada) - Laurie Guimond, Alexia Desmeules p. 369-400 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se centre sur l'expérience géographique quotidienne des travailleurs du projet hydroélectrique de la Romaine sur la Côte-Nord (Québec) pour mieux comprendre les modes d'habiter des grands chantiers nordiques. À partir d'une démarche qualitative fondée sur des entrevues approfondies menées auprès de travailleurs autochtones et non autochtones, régionaux et extra-régionaux, nous explorons quatre composantes interdépendantes des modes d'habiter le chantier et ses campements : le travail, la mobilité, le vivre-ensemble, l'habitat. La lecture transversale des expériences plurielles – positives ou non – débouche sur une typologie originale des modes d'habiter qui entrecroise le travailleur-habitant et le chantier-habité : le refuge, l'atelier, la prison dorée, le pénitencier, l'escale. Notre analyse révèle qu'au-delà d'un modèle de développement territorial axé sur le pragmatisme et la productivité, imposant une structure rigide et des routines fermement établies aux travailleurs, se dégagent des rapports nuancés au chantier et aux collègues d'origines géographiques et culturelles différenciées.
      This article focuses on the everyday geographical experience of workers at the Romaine hydroelectric project on the North Shore (Québec) to better understand ways of dwelling in workcamps and worksites of northern resource development megaprojects. Using a qualitative approach based on in-depth interviews with both Indigenous and non-Indigenous workers, regional and extra-regional, we study four interdependent components of ways of dwelling on the remote worksite and its camps : work, mobility, living together, habitat. The transversal reading of the workers' diverse experiences–positive or otherwise–leads to an original typology of modes of dwelling that intersects their profile and their sense of place : the shelter (or home), the workshop, the gilded prison, the penitentiary, the stopover. Our analysis reveals that beyond a neoliberal model of resource development based on pragmatism and productivity, that imposes a rigid structure and firmly established routines on the workers, a picture emerges of differing relations with the worksite and with colleagues of various geographical and cultural origins.
    • Le changement climatique dans les cartes de la Route de la Soie : les contributions négligées de l'Expédition sino-suédoise de 1927-1935 - Philippe Forêt p. 401-426 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose une critique de l'histoire des sciences du climat pendant la première moitié du xxe siècle en mettant en rapport l'histoire de l'environnement de la Haute Asie comme sujet de recherche pour l'Europe savante, et l'évaluation de théories et de données sur le changement climatique. Nos sources d'information sont les publications de Sven Hedin et les archives et les cartes de la mission scientifique sino-suédoise en Chine occidentale. Réalisées en Asie mais conçues pour des lecteurs européens, les cartes topographiques de la Route de la Soie montrent les processus du savoir de l'époque, et représentent des agents de l'histoire ainsi que des identités professionnelles en construction.
      In its review of a forgotten chapter in the history of the climate sciences during the first half of the 20th century, this article combines two topics: the environmental history of Inner Asia as a research issue for scholarly Europe, and the assessment of theories and data on climate change. Sven Hedin's writings and the archives and maps of the Sino-Swedish expedition to Western China are the main sources of information. Drafted from data collected in Asia but conceived for European readers, the topographical maps of the Silk Road reveal the contemporary policies and processes of knowledge, identify the local agents of history, and bring out the constraints of a professional identity in the making.
  • Une rencontre avec…