Contenu du sommaire : Les mots de l'exil dans l'Europe du XIXe siècle
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1321, avril-mai-juin 2018 |
Titre du numéro | Les mots de l'exil dans l'Europe du XIXe siècle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Une affaire de mots - Marie Poinsot p. 1
Dossier
- Les mots de l'exil dans l'Europe du XIXe siècle. Dire, pratiquer, représenter les migrations politiques - Delphine Diaz, Alexandre Dupont p. 6-11
- Définir l'asile politique en Grande-Bretagne (1815-1870) - Thomas C. Jones p. 13-21 Par sa situation insulaire et sa tradition d'accueil d'exilés politiques en provenance de toute l'Europe, l'Angleterre s'est imposée au cours du XIXe siècle comme la terre d'asile par excellence. Cependant, cette hospitalité bien réelle du pouvoir à l'égard des dissidents français, espagnols, italiens ou polonais était davantage fondée sur un vide juridique quant à leur expulsion que sur une législation aboutie. Le traitement juridique du droit d'asile a ainsi nourri de nombreux débats au parlement britannique visant à maintenir ensemble la nécessité de l'accueil et ses nécessaires limites.
- Lexiques et pratiques du destierro : : L'exil politique espagnol en péninsule et à l'Outre-mer, de 1814 aux années 1880 - Romy Sánchez, Juan Luis Simal p. 23-31 Le développement des oppositions à la Couronne d'Espagne au début du XIXe siècle a favorisé la multiplication des procédures de bannissement, destierro, sous le règne de Ferdinand VII. À sa mort en 1833, la crise de succession opposant les partisans de sa fille Isabelle II à ceux de son oncle Don Carlos a entraîné de nombreuses expulsions vers les colonies espagnoles. Ces peines criminelles ont en retour servi à sanctionner les tentatives d'insurrection outre-Atlantique, à Cuba en particulier. Ainsi, à l'échelle des pays de la Couronne, le destierro permet d'éclairer l'histoire des migrations forcées entre l'Espagne et ses colonies.
- Les réfugiés en France : Au prisme des circulaires du ministère de l'Intérieur (1830-1870) : Pour une étude conjointe des discours et pratiques de l'administration - Delphine Diaz p. 33-40 Entre 1830 et 1870, l'arrivée en France d'étrangers venus de toute l'Europe et de différents horizons idéologiques a conduit les autorités françaises à encadrer leur accueil. La littérature administrative de l'époque renseigne sur la construction de la catégorie de réfugié. L'analyse des mots et des pratiques qui leurs sont associées dans les circulaires relatives aux réfugiés, entre la monarchie de Juillet et la fin du Second Empire, permet de mettre au jour ce langage du contrôle mobilisé par l'État pour trier et classer les personnes qui bénéficient ou non de son hospitalité.
- Les mots de l'exil : Dans le droit international du XIXe siècle, entre Amérique Latine et Europe - Edward Blumenthal p. 43-51 Le droit d'asile se comprend à la fois du point de vue de l'individu qui cherche refuge et du point de vue de l'État qui examine sa demande. Le respect de ce droit renvoie ainsi à des enjeux politiques mettant en jeu la souveraineté nationale d'un État. L'histoire de la codification juridique de l'asile, élaborée entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXe siècle, révèle une participation significative des juristes latino-américains. À une époque où l'Europe exclut tout asile diplomatique, les pays d'Amérique latine sont, en effet, les premiers à reconnaître les motifs politiques de l'asile.
- Les perceptions de l'étranger : Du réfugié et de l'expulsé dans les débats parlementaires en Belgique (1835-1875) - Maïté Van Vyve p. 53-62 La loi belge sur les étrangers de 1835 plaçait ces derniers en position précaire dans le royaume en accordant des pouvoirs discrétionnaires au gouvernement en matière d'expulsion. De par son caractère répressif revendiqué, cette loi suscitait cependant de nombreux débats au sein du monde politique belge. Devant compter avec de puissants voisins soumis à des soulèvements populaires en cascade, la Belgique a donc mis en avant le pouvoir dissuasif de la loi sans pour autant renier les principes de l'asile, jusqu'à offrir peu à peu davantage de garanties aux étrangers accueillis sur son territoire.
- Adampol/Polonezköy, refuge et colonie agricole : Un laboratoire de la polonité en exil dans l'Empire ottoman au XIXe siècle - Katarzyna Papiez p. 65-73 Une Pologne en miniature aux portes de l'Asie. Tel est le pari relevé par un prince polonais et un père lazariste au milieu du XIXe siècle avec la création d'Adampol. En installant une colonie polonaise dans un village agricole à quelques encablures d'Istanbul, l'objectif est double : servir de refuge aux exilés polonais qui ont fui une Pologne occupée par les Russes et sauvegarder, dans le même temps, une identité polonaise elle-même menacée. Aujourd'hui encore, ce village maintient des liens avec la Pologne tout en étant assimilé à la société turque. Preuve s'il en est que l'identité se joue des territoires.
- Expériences et représentations de la frontière : Proscrits et exilés au milieu du XIXe siècle - Sylvie Aprile p. 75-82 Loin d'être de simples lignes de démarcations, figées entre des pays, les frontières s'incorporent au vécu de ceux qui les traversent. Ainsi, l'étude des textes que les exilés, célèbres comme anonymes, ont consacré à l'aventure que constitue le franchissement d'une frontière permet d'en découvrir l'épaisseur. Car la frontière peut être aussi fine que le papier d'un passeport, mais tout aussi vaste que le monde composé par ceux qui l'habitent. L'étude sémantique de la frontière dans les propos des exilés découvre ainsi les coordonnées d'une expérience humaine de l'espace qui construit ses propres représentations.
- Figures de l'exil dans les chansons et poésies communardes - Laure Godineau p. 85-91 Si les chansons et les poèmes ont chanté la Commune de Paris en 1871 et la geste des communards, ce chant ne s'est pas tari avec la fin de l'insurrection. Au contraire, il a suivi le chemin des anciens insurgés dispersés aux quatre coins du monde. Ce corpus de textes inspirés rend compte ainsi du partage de la souffrance, de l'absence et de l'éloignement de la terre natale entre exilés et déportés. À travers leurs mots, l'exilé se charge d'une nouvelle et paradoxale dimension : tout en restant l'absent, en vie parmi les morts, il est aussi le dernier témoin de l'histoire.
- L'exil carliste espagnol dans le sud de la France des années 1870 : : Entre catégorisations du réfugié et protestations populaires - Alexandre Dupont p. 93-100 Dans les années 1870, marquées par d'importants mouvements migratoires de l'Espagne vers la France, la gestion des ressortissants espagnols devient une affaire épineuse pour l'État français. La France sert à la fois de refuge à de nombreux Espagnols mais aussi de base arrière à l'insurrection carliste qui tente de renverser le gouvernement de Madrid. À l'échelle de la frontière entre les deux pays se joue une situation complexe où les parcours individuels des Espagnols soulèvent un enjeu à la fois diplomatique et politique, entre gestion juridique des réfugiés et nécessité de préserver la paix des populations frontalières.
- De l'exilé honorable au criminel potentiel ? : Éléments pour une conclusion - Jeanne Moisand p. 101-104 Les articles rassemblés dans ce dossier permettent de mesurer l'ampleur des différences dans le traitement, la dénomination et la représentation des exilés au sein de l'Europe du XIXe siècle. Derrière la diversité des cas, des chronologies, des espaces et des sources évoqués, voit-on se dessiner une évolution commune du vocabulaire et de l'imaginaire social de l'exil ?
Chroniques
- Regards photographique sur les populations roms : Entretien avec Jean-François Joly - Marie Poinsot, Anne Volery p. 108-111 À l'occasion de l'exposition Mondes Tsiganes. La fabrique des images, organisée au Palais de la Porte Dorée du 13 mars au 18 août 2018, la revue Hommes & Migrations a choisi de présenter le travail d'un photographe dont les photos viennent d'entrer dans les collections du Musée national de l'histoire de l'immigration.
- « Se donner en photo. » : Le purane pildi la Gildake, les vieux clichés de Gilda - Lise Foisneau p. 112-116
- Rroms et migrations : l'usage des mots question - Marcel Courthiade p. 117-126
- Immigrations postcoloniales, minorités et politique en France et en Angleterre : Perspectives comparatives - Adèle Momméja p. 127-135
- Ciao Italia ! : Une exposition itinérante autour d'un siècle d'immigration et de culture italienne en France - Mikael Petitjean p. 136-140 Avec l'exposition Ciao Italia ! présentée au Palais de la Porte Dorée du 28 mars au 10 septembre 2017, le Musée national de l'histoire de l'immigration a rendu compte pour la première fois à l'échelle nationale de l'histoire de l'immigration italienne en France.
- Littexil : La deuxième édition du Salon des littératures de l'exil et de la migration (tenue au Musée national de l'histoire de l'immigration le 11 février 2018) - Alexis Nouss, Marie Poinsot p. 141-144
- Mai 1968 sous le prisme de l'histoire de l'immigration : Entretien avec Benjamin Stora, président du Conseil d'orientation de l'EPPPD - Marie Poinsot p. 145-151 À l'occasion de la sortie en librairie de son nouvel essai 68, et Après. Les héritages égarés (Stock, 2017), Benjamin Stora revisite Mai 68 et son héritage dans la France des années 1970 à 1990 pour analyser les relations entre les mouvements sociaux, les mouvements étudiants et la prise en compte par la gauche française de la question de l'immigration. Mai 68 peut-être aussi considéré comme une date anniversaire de la participation des immigrés aux mobilisations qui ont traversé la société française.
- Quand Mai 1968 rencontre l'immigration : un moment de l'opinion française - Yvan Gastaut p. 152-160
- Qui sème le mépris récolte la « zehef » - Mustapha Harzoune p. 161-164
- Le Prix des Musiques d'Ici - François Bensignor p. 165-170
- Ellis : Film américain, 2015, de JR - Anaïs Vincent p. 171
- Le voyage de Khadija : Film marocain, 2017, de Tarik El Idrissi - Anaïs Vincent p. 172
- Prix littéraire de la Porte Dorée : la sélection 2018 - Nihad Jnaid p. 173-177
- Mustapha Harzoune, Samia Messaoudi, Barbès Café. L'immigration algérienne racontée en chansons : Paris, Au Nom de la Mémoire, 2017, 144 p., 15 € - Belkacem At Salem p. 178-179
- Fawaz Hussain, Le rêveur des bords du Tigre : Paris, Les Escales 2017, 172 pages, 16,90 €. - Mustapha Harzoune p. 179-180
- Jessica Oublié et Marie-Ange Rousseau, Peyi an nou : Paris, Steinkis, 2007, 208 pages, 20 € - Mustapha Harzoune p. 180-181
- Pierre Daum, Clément Baloup, Les Linh Tho'. Immigrés de Force. Mémoires de Viet Kieu : Préface de Benjamin Stora, Paris, La Boîte à Bulles 2017, 56 pages, 14 € - Mustapha Harzoune p. 182-183
- Nathalie Azoulai, Les Spectateurs : Paris, POL, 2018, 306 pages, 17,90 € - Mustapha Harzoune p. 183-184
- Linda Lê, Héroïnes : Paris, Christian Bourgois, 2017, 218 pages, 19 €. - Mustapha Harzoune p. 184-185
- Regards photographique sur les populations roms : Entretien avec Jean-François Joly - Marie Poinsot, Anne Volery p. 108-111