Contenu du sommaire : Syndicalisme transnational

Revue Mouvements Mir@bel
Numéro no 95, septembre 2018
Titre du numéro Syndicalisme transnational
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Syndicalisme transnational : s'organiser et gagner face aux multinationales

    • Éditorial - Catherine Achin, Vincent Bourdeau, Simon Cottin-Marx, Emma Saunders, Karel Yon p. 7-11 accès libre
    • Façonner la mondialisation. Le pouvoir politique des multinationales : Entretien avec Christian Chavagneux - Catherine Achin, Karel Yon p. 13-22 accès libre avec résumé
      Christian Chavagneux est économiste, éditorialiste à Alternatives Economiques. Spécialiste de la (dé)régulation des banques, de la finance1 et de la mondialisation, il décrypte « l'économie politique des bulles » et les mécanismes qui favorisent les intérêts de la finance et des grandes firmes. Pour ouvrir ce numéro sur les tentatives de résistances syndicales au pouvoir des multinationales, il nous a semblé nécessaire de partir d'un tableau de l'état des forces en présence et de leur évolution. C'est ce panorama que cet entretien nous aide à dessiner.
    • La polarisation des élites administratives et économiques françaises et le conflit sur l'orientation stratégique du capitalisme français - Christakis Georgiou p. 23-31 accès libre avec résumé
      Porter attention aux firmes multinationales permet d'appréhender la mondialisation de manière plus concrète, en soulignant le rôle que jouent les dirigeant.es des grandes entreprises dans les mutations du capitalisme. Si les multinationales ne sont pas apatrides, y a-t-il pour autant un intérêt commun aux multinationales françaises ? Ou bien un intérêt supérieur a-t-il émergé dans le cadre de l'intégration européenne pour unifier les classes possédantes à ce niveau ? En s'appuyant sur les outils de l'économie politique et de la sociologie des élites, Christakis Georgiou offre une réponse nuancée en montrant que le niveau national reste pertinent pour comprendre les conflits stratégiques qui traversent le patronat et se réfractent à une échelle régionale plus large.
    • Firmes et travailleur.ses dans le jeu politique européen : deux poids pour une mesure - Armèle Cloteau, Julien Louis p. 32-40 accès libre avec résumé
      On pourrait penser que l'Union européenne constitue une institution favorable au développement d'un syndicalisme international et d'un rapport de force équilibré avec les firmes multinationales. En réalité, dans l'espace de la représentation des intérêts, syndicats et patronat ne possèdent ni le même volume ni le même type de ressources, les firmes s'appuyant sur des fonds propres et des experts plus spécialisés. Au-delà, comme le démontrent Armèle Cloteau et Julien Louis, les dispositifs de participation avantagent largement les organisations les plus dotées et tendent à domestiquer l'action des syndicats par leur forte institutionnalisation. Les pratiques de représentation des intérêts, en majorité informelles, se réalisent surtout dans des relations d'interconnaissance : l'industrie a ici un avantage majeur en raison des carrières de ses représentants, marquées par la circulation dans les institutions européennes.
    • Faire progresser le droit. Un enjeu des alliances entre syndicats et ONG contre l'impunité des multinationales - Marthe Corpet p. 41-52 accès libre avec résumé
      La lutte contre l'impunité dont les multinationales bénéficient est menée depuis de nombreuses années par la société civile, à travers des alliances entre syndicats et ONG. La loi du 27 mars 2017 qui instaure un devoir de vigilance pour les entreprises multinationales est le fruit de cette bataille et constitue une première mondiale. Cette avancée législative constitue également un point d'appui important dans les négociations en cours à l'ONU pour qu'un traité international soit adopté et fasse reculer l'impunité des multinationales partout dans le monde.
    • Face aux multinationales : faire appliquer les normes et défaire les réputations : Table ronde avec Michèle Bonnechère, Annick Coupé et Bernard Thibault - Catherine Achin, Vincent Bourdeau, Arnaud Macé p. 53-72 accès libre avec résumé
      Alors que les multinationales s'organisent et trouvent des relais à l'échelle internationale auprès de grandes institutions – telles le FMI1 ou l'OMC2 – comment les mouvements sociaux, portés par les syndicats, les organisations non gouvernementales ou les associations citoyennes, peuvent-ils espérer corriger l'orientation de plus en plus libérale de l'économie mondiale ? Comment œuvrer à ce que de grands principes humanistes, à l'image de la soumission de l'économie au développement humain, pourtant mis en avant dès 1944 par la Déclaration de Philadelphie, puissent servir de boussoles aux décisions qui concernent la gouvernance de l'économie et de la finance internationales ? Mouvements a posé la question à deux figures du mouvement syndical et citoyen, Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, aujourd'hui membre du Bureau permanent de l'OIT3, et Annick Coupé, secrétaire générale d'ATTAC après avoir été porte-parole de l'Union syndicale Solidaires, ainsi qu'à une spécialiste du droit du travail international, Michèle Bonnechère, professeure émérite de l'Université d'Évry.
    • Syndicats et entreprises multinationales, passé, présent, futur - Jean-Marie Pernot p. 73-81 accès libre avec résumé
      La mobilisation syndicale contre les stratégies des multinationales a une longue histoire, dont Jean-Marie Pernot nous rappelle ici les étapes. Dans le contexte de la guerre froide et de l'affrontement des Confédérations syndicales internationales, l'action revendicative a d'abord surtout été portée par les secrétariats professionnels internationaux organisés par branche d'activité. Dans les années 1990, elle s'est ensuite concentrée sur la critique des codes de bonne conduite au sein des multinationales, dénoncés comme instruments de communication non contraignants. C'est depuis les années 2000, autour de la négociation d'accords-cadres internationaux et des comités d'entreprise européens, que s'articule la résistance interne aux multinationales, appuyée sur des coalitions de syndicats internationaux et d'ONG.
    • Les Comités d'entreprise européens : un outil d'action transnationale - Fabrice Warneck p. 82-89 accès libre avec résumé
      Créés en 1994 par une directive européenne, les Comités d'Entreprise Européens (CEE) promettaient une coordination de l'action syndicale à l'échelle d'un continent. Malgré un rôle consultatif limité – tant sur les projets économiques que sociaux des entreprises – les CEE rendent possible la rencontre et l'échange entre travailleur.ses européen.nes. Les politiques d'austérité qui ont gagné la plupart des pays d'Europe n'incitent malheureusement pas à valoriser le rôle des syndicats et ne contribuent pas à sécuriser leur rôle dans l'entreprise. Devant les obstacles que rencontre souvent la mise en œuvre des CEE, l'heure est aujourd'hui, pour les syndicats, à la tentation du repli national. Cet article se propose de faire le bilan de cet outil plein de promesses, qui suscite aujourd'hui un certain désenchantement, en pointant notamment les évolutions législatives européennes, mais aussi françaises, récentes qui donnent quelques raisons de rester optimistes.
    • Syndicalisme international : pistes de réflexion pour de nouvelles campagnes - Nick Allen p. 90-97 accès libre avec résumé
      Nick Allen est un syndicaliste américain, permanent international du grand syndicat des services nord-américain, le SEIU (Service Employees International Union). Dans ce texte, il propose de repenser la solidarité des travailleur.ses et l'action face aux multinationales. Il situe au cœur de sa réflexion l'action syndicale internationale sur les questions de migration, des chaînes de valeur et de la finance.
    • Faire réseau pour construire des luttes internationales - Stéphane Enjalran p. 98-105 accès libre avec résumé
      Pour lutter contre le capitalisme financiarisé mondialisé et pour retrouver l'esprit du syndicalisme ouvrier international de la fin du XIXe siècle, la forme réticulaire apparaît particulièrement prometteuse. Elle permet en effet de contourner les obstacles organisationnels et politiques nationaux classiques, pour partager l'information et réagir de manière coordonnée à l'échelle internationale. À partir des exemples de combats menés depuis 2013 par le Réseau syndical international de solidarité et de luttes, Stéphane Enjalran de Solidaires évoque les potentialités de ces nouveaux moyens d'action. Il s'agit notamment de rendre visibles les abus des multinationales, de dénoncer la répression étatique et de diffuser des expériences d'alternatives au capitalisme.
    • Globaliser le modèle de l'organizing : les luttes de gouvernance et le renouveau syndical - Jamie K. McCallum p. 107-115 accès libre avec résumé
      Les mobilisations des personnels d'entretien ou « Justice for Janitors » (J4J) organisées par le syndicat des services SEIU en 1990 aux Etats-Unis ont mis en œuvre de nouvelles formes d'action syndicale. La lutte contre la firme multinationale de services de sécurité G4S menée par SEIU associé à UNI Global Union a permis de mettre à l'épreuve de l'internationalisation ces nouvelles pratiques. L'article se propose de décrire cette transformation du syndicalisme en révélant le modèle politique qu'elle fait émerger, un modèle d'organizing. Ce dernier consiste à sortir du face-à-face traditionnel employeurs-employé.es, en s'appuyant sur des ressources locales, sur une stratégie totale qui vise à repenser les cibles de la lutte, ainsi que sur des solidarités syndicales internationales. Les luttes syndicales apparaissent alors comme des luttes de gouvernance qui visent moins à arracher quelque chose à l'entreprise qu'à peser sur la fabrique des règles du jeu.
    • Lost in translation : la délicate importation de la campagne Fight for 15 en France - Vincent Pasquier p. 116-125 accès libre avec résumé
      Né en 2012 aux États-Unis, le mouvement Fight for 15 vise à la fois à faire progresser le salaire minimum et à syndiquer les salarié.es à faibles revenus du secteur des services. Porté principalement par le syndicat SEIU, le combat pour 15 dollars marque par son ampleur inédite, sa stratégie innovante et une série de victoires a priori improbables. En 2014, alors en plein essor aux États-Unis, le mouvement cherche à s'internationaliser et tente notamment de favoriser l'émergence d'actions en France. Mais le scénario à succès déployé aux États-Unis semble bien difficile à mettre en œuvre dans l'Hexagone, en raison notamment de l'inertie des principaux acteurs syndicaux.
    • « Nous n'avons plus peur » : la mobilisation inattendue des travailleur.ses de Ryanair - Jeremy Anderson p. 126-133 accès libre avec résumé
      Le succès de la compagnie aérienne Ryanair repose notamment sur son modèle économique fondé sur les bas salaires. Pour le préserver, elle n'a pas hésité à faire la guerre aux syndicats, à choisir les pays aux législations les plus accommodantes pour ses pratiques managériales agressives. Cependant, depuis 2017, la multinationale a été contrainte de reconnaître les syndicats, d'écouter et de négocier avec ses salarié.es. Cet article retrace les conditions et les actions qui ont permis cette victoire syndicale.
    • Construire une alliance transnationale : l'exemple de B2S : Entretien avec Marielle Roux Benchehboune - Simon Cottin-Marx p. 134-139 accès libre avec résumé
      Depuis 2012, le ReAct accompagne les syndicalistes de la multinationale B2S1 dans leur organisation locale et transnationale afin d'amener la direction du groupe à négocier avec les salarié.es pour l'amélioration de leurs conditions de travail. Marielle Benchehboune est « organisatrice » dans cette association et a participé à l'amorçage et au développement de l'alliance transnationale des salarié.es français.es et marocain.es du groupe B2s.
    • Livreur.ses de tous les pays, unissons-nous ! : “Delivery people from all countries, unite!” - Steven Bouvier p. 140-149 accès libre avec résumé
      L'ubérisation, stade suprême du capitalisme ? Depuis quelques années, les plateformes numériques réorganisent et transforment le travail, permettent à leurs propriétaires de maximiser leurs profits et de diviser les travailleur.ses. Ces dernier.es paient le prix fort : mal rémunéré.es, payé.es à la tâche, condamné.es à la précarité. Malgré ces obstacles, les forçats de la pédale s'organisent et mènent des luttes. Dans cet article, un membre du Collectif des Livreurs Autonomes de Paris (CLAP) nous raconte les mobilisations en cours face à Deliveroo. Au niveau local, national et transnational, les livreur.ses s'organisent, font alliance avec les syndicats et font pression sur la multinationale. Ils et elles inventent des solutions qui permettront à l'avenir de créer une économie au service de celles et ceux qui la font tourner.
    • Du salarié détaché au salarié exploité : la lutte syndicale européenne dans le secteur de la construction - Marina Mesure p. 150-155 accès libre avec résumé
      En France et en Europe, le nombre de travailleur.ses détaché.es explose. C'est souvent un moyen pour les entreprises de faire du dumping social. Et cela se concrétise par de mauvaises conditions de travail pour les salarié.es, par des vols de salaires et de droits sociaux. Face à ces abus, depuis quelques années la solidarité s'organise. La CGT Construction a notamment mis en place, avec d'autres syndicats européens, un réseau pour venir en aide aux travailleur.ses détaché.es. Une expérience qui ouvre la voie à une continuité syndicale européenne pour les travailleurs et les travailleuses détaché.es.
    • La mondialisation à domicile : la lutte des coiffeuses du 57, boulevard de Strasbourg : Entretien avec Marilyne Poulain - Pierre-Jean Brasier, Simon Cottin-Marx p. 156-164 accès libre avec résumé
      Membre de l'Union Départementale CGT de Paris, Marilyne Poulain milite depuis une dizaine d'années pour et avec les travailleur.ses sans-papiers. Dans cet entretien, à travers son parcours, elle nous raconte l'histoire récente des luttes des travailleur.ses migrant.es et celle des coiffeuses du 57, boulevard de Strasbourg, dont les patrons ont été condamnés à de la prison ferme pour « traite des êtres humains ».
  • Itinéraire

    • Nucléaire, une (dé)raison d'État : Entretien avec Bernard Laponche - Barnabé Binctin, Simon Cottin-Marx p. 165-184 accès libre avec résumé
      Depuis une cinquantaine d'années, Bernard Laponche nous alerte sur les dangers de l'atome. Dans cet itinéraire, ce physicien nucléaire qui fut membre du Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA), nous raconte comment son expérience syndicale l'a amené à découvrir le risque nucléaire, pour les travailleurs de cette industrie et plus largement pour la population. A travers son parcours militant et professionnel passant par la CFDT, Global Chance, ou le cabinet du ministère de l'Environnement, il nous révèle la folie d'un État français enferré dans une politique pronucléaire. Cet ancien directeur de l'AFME (l'ancêtre de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie – ADEME) a aussi imaginé et construit des alternatives : il est un infatigable défenseur des économies d'énergie et des énergies renouvelables.
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