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Revue Recherches Sociologiques et Anthropologiques Mir@bel
Numéro vol. 42, no 1, 2011
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Édito - Bernard Fusulier, Daniel Rochat p. 1-2 accès libre
  • La mobilité sociale intergénérationnelle en Belgique - Joël Girès p. 3-23 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'objectif de cet article est de tracer des tendances générales concernant la mobilité sociale intergénérationnelle en Belgique à partir de données produites récemment, la dernière étude approfondie sur un plan national datant de 1970. Sont traitées plus précisément les questions du rôle de l'origine sociale dans les destinées sociales et scolaires et de la dimension sexuée de la fluidité sociale. Les données, produites dans le cadre de “The European Social Survey”, sont analysées dans des tableaux de contingence à l'aide de modèles log-linéaires et de tests d'adéquation. Concernant les destinées socioprofessionnelles, l'étude montre une tendance relative à l'immobilité sociale. Concernant les destinées scolaires, on remarque que le niveau d'éducation des individus est d'autant plus élevé que ceux-ci sont issus de catégories supérieures dans la hiérarchie sociale. En outre, nos analyses nous amènent à conclure à l'existence de “régimes” de mobilité différents pour les hommes et les femmes si l'on considère la mobilité sous l'angle du critère de propriété.
    The goal of this article is to trace general tendencies concerning intergenerational social mobility in Belgium based on recently produced data, the last in-depth study on a national level dating back to 1970. The questions treated more specifically are the role of social origin in social and educational destinies as well as the gender dimension of social fluidity. Produced in the context of “The European Social Survey”, the data are analysed in contingency tables with the aid of log-linear models and adequacy tests. Concerning socio-professional destinies, the study shows a tendency toward social immobility. Concerning educational destinies, we note that individuals' educational levels are correspondingly higher among those issuing from higher categories in the social hierarchy. Moreover, our analyses lead us to conclude to the existence of different “types” of mobility for men and women if we consider mobility from the angle of the “property” criterion.
  • L'approche autobiographique : regards anthropologique et épistémologique, et orientations méthodologiques - Guy de Villers p. 25-44 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À partir d'une thèse qui affirme l'irréductibilité du sujet de la parole aux figures du soi-même que fomente le récit autobiographique, l'auteur montre comment la mise en récit produit cet effet de subjectivation. Parce que le sujet de l'acte de dire ne peut qu'être exclu des énoncés qu'il articule, lui est ouvert l'horizon des possibles constitutifs de son projet d'exister. C'est sur la base de tels principes que peuvent se déduire les traits significatifs des dispositifs de formation et de recherche que nous promouvons dans le champ des pratiques autobiographiques. Les outils d'analyse et d'interpré­tation que nous proposons permettent de développer une véritable clinique textuelle. “Approche clinique” ne signifie cependant pas que la méthode du récit autobiographique relève nécessairement des pratiques thérapeutiques. Ses domaines d'application sont pluriels et les passages de frontières méritent d'être bien repérés. Le mouvement de la réflexion s'achève par une mise en cause sévère de certains usages de la notion d'identité pour rendre compte des effets de transformation repérables en formation, en thérapie ou en psychanalyse. Nous soutenons que c'est en raison de la non-identité de soi à soi que le sujet opère les changements qui pourront le rapprocher de sa quête. Pour ne pas conclure, nous terminons le récit de notre itinéraire dans le monde du récit autobiographique en proposant deux axes de recherches.
    Based on a thesis affirming the irreducibility of the subject of speech to the figures of oneself the autobiographical narrative foments, the author shows how the setting in narrative produces the effect of subjectification. Since the subject of the act of speaking cannot but be excluded from the statements he makes, the horizon of possibilities constitutive of his project of existing opens out to him. The significant features of the training and research techniques we promote in the field of autobiographical practices can be deduced on the basis of such principles. The analytical and interpretational tools we propose facilitate the development of a veritable textual clinic. However, a “clinical approach” does not mean that the method of autobiographical narrative necessarily involves therapeutic practices. Its areas of application are plural and the border crossings deserve to be delineated. This reflective process is brought to a close with a severe challenge against certain uses of the notion of identity to account for transformational effects noted in training, therapy or psychoanalysis. We contend that it is because of the non-identity of self to self that the subject brings to bear the chan­ges capable of bringing him nearer to his goal. In order not to conclude, we close the narrative of our journey into the world of autobiographical narrative in proposing two research orientations.
  • Pour une anthropologie de la libération - Michael Singleton p. 45-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Foncièrement constructiviste, l'Anthropologie elle-même (à supposer, dato non concesso, que le singulier substantiel soit de mise) n'est pas moins le “fait” d'une culture à l'exclusion, en dernière analyse, de toute autre. Néanmoins, produit en surface, mais processus en profondeur, bien que née et grandie dans un certain Occident, rien ne l'empêche d'inventer une identité inédite. D'où l'émergence à l'Université Catholique de Louvain d'une Anthropologie Prospective dont l'intentionnalité identitaire, impliquée jusqu'à l'indignation, rend libératrice. La Culture l'abhorrant autant sinon plus que la Nature, le vide laissé par la théologie de la libération, morte avec Dieu lui-même, pourrait être rempli par son pendant anthropo-logique.
    Fundamentally constructivist, Anthropology itself (supposing, but “dato non concesso”, that such a substantial singularity exists) is no less the “fact” of one culture to the exclusion, in the last analysis, of all others.  However, seemingly a product but basically a process, though born and bred in the West, there is nothing to prevent anthropology from reinventing its identity.  Hence the emergence in the Catholic University of Louvain, of a Prospective Anthropology whose committed and at times indignant intentionality makes for freedom. Culture abhorring it as much if not more than Nature, the vacuum left by the demise of liberation theology subsequent to the Death of God himself, could be filled by an anthropo-logical equivalent.
  • Être tenu par son erreur : les conséquences du fait de se tromper - Nicolas Marquis p. 63-75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Peut-on sortir indemne de ses erreurs ? En empruntant une voie dessinée par les recherches récentes relatives au fait de se tromper qui se démarquent d'une appréhension purement cognitiviste, cet article vise à explorer ce que fait l'erreur à la personne qui la commet. L'hypothèse qui est développée à la suite de Wittgenstein est que chaque acte, chaque contenu cognitif qui se verra qualifié d'erreur “tient” la personne, et risque de porter à conséquence sur la manière dont l'auteur de l'erreur pourra s'engager dans le monde. Il est ainsi possible de proposer une classification des erreurs en fonction du réarrangement qu'elles impliquent dans le système de ce que la personne sait, croit, vit. Afin d'approfondir cette hypothèse, l'article s'appuie sur le fameux texte d'A. Schutz intitulé Don Quichotte et le problème de la réalité. Le phénoménologue y analyse la manière dont le héros fantasque de Cervantès, figure extrême de ce que nous sommes au quotidien, s'arrange un temps pour continuer à vivre dans son sous-univers de chevalerie grâce à un environnement bienveillant, mais aussi comment le chevalier auto-proclamé sera inéluctablement amené à qualifier d'erreur l'ensemble de ce qu'il sait, croit ou vit lorsque le monde qui l'entoure se fera confrontant.
    Can we emerge unscathed from our errors ? In taking a path sketched out in recent research on the fact of being wrong that distances itself from a purely cognitivist understanding, this article seeks to explore what an error does to the person who makes it. The hypothesis that is developed, following Wittgenstein, is that every act, every cognitive content that ends up being described as error has “a hold” on the person and risks having consequences on the way the error's author will be able to involve him/herself in the world. Hence it is possible to propose a classification of errors according to the rearrangement which they imply in the system of what the person knows, believes and lives. In further investigating this hypothesis, the article relies on A. Schutz's celebrated text entitled Don Quixote and the Problem of Reality (Don Quichotte et le problème de la réalité). Therein the phenomenologist analyses how Cervantes' fanciful hero, an extreme figure compared to our everyday selves, arranges things so as to go on living in his sub-universe of chivalry thanks to a benevolent environment, but also how the self-proclaimed knight is inescapably brought around to describing everything he knows, believes or lives as erroneous - once the world around him becomes confrontational.
  • Les conditions épistémologiques à l'élaboration d'une sociologie du travail social - Jean-Yves Dartiguenave, Jean-François Garnier p. 77-95 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article a pour objet de lever les obstacles épistémologiques à une appréhension des fondements anthropologiques du travail social. Trois principaux obstacles sont ici étudiés. Le déni, par la perspective critique, d'une quelconque autonomie du travail social, le piège de l'historicisme qui ne concerne plus la question de l'autonomie politique, mais celle de l'autonomie des processus explicatifsrendant compte de sa spécificité, la méfiance, voire le refus à l'égard de modèles explicatifs préétablis et l'opposition entre l'individuel et le collectif, redoublant celle de la subjectivité et de l'objectivité. L'analyse débouche sur de nouveaux enjeux épistémologiques. Ceux-ci concernent les conditions à réunir pour élaborer une sociologie du travail social s'attachant à construire l'identité et l'unité de son objet. Un de ces enjeux se rapporte à la production et au statut du savoir irriguant le champ même du travail social. L'article plaide pour une sociologie clinique qui, au contraire des élaborations déjà en vigueur, dissocie le registre axiologique et le registre proprement sociologique. Cette “sociologie clinique” ne peut faire l'économie d'une “sociologie de la clinique”, c'est-à-dire d'une analyse de l'implication du chercheur dans un objet qu'il contribue lui-même sociologiquement à formaliser.
    This article aims to remove the epistemological obstacles to an understanding of the anthropological foundations of social work. Three main obstacles are studied here. The denial, by the critical perspective, of any autonomy whatsoever in social work, the trap of historicism, no longer involving the question of political autonomy but that of the autonomy of explanatory processes taking its specificity into account, mistrust, or even refusal, with regard to pre-established explanatory models and the opposition between the individual and the collective, intensifying that between subjectivity and objectivity. The analysis leads to new epistemological issues. They involve the conditions to be assembled for elaborating a sociology of social work that sets out to construct the identity and unity of its object. One of these issues relates to the production and status of knowledge furnishing the field of social work itself. The article pleads for a clinical sociology which, unlike the developments already in force, dissociates the axiological domain from the properly sociological domain. This “clinical sociology” cannot dispense with a “sociology of the clinical sociology practice”, meaning an analysis of the researcher's involvement in an object he himself contributes to formalize sociologically.
  • La forge conceptuelle

    • Le concept d'ethos - Bernard Fusulier p. 97-109 accès libre avec résumé
      Dans cet article, l'auteur traite de la signification et de l'usage du concept d'ethos. Dans la sociologie classique, ce dernier a été utilisé pour comprendre et qualifier la rationalité socialement et éthiquement encastrée des conduites sociales. Exprimant l'intériorisation d'un principe organisateur de pratiques, dessinant une matrice globale des comportements, il est porteur d'une vision qui paraît datée à l'heure du “brouillage des classes sociales”, de la “modernité liquide” et de “l'homme pluriel”. Néanmoins, si l'on reconnaît l'existence d'un univers social non entièrement liquéfié, c'est-à-dire où continuent à exister des milieux sociaux sédimentés qui imprègnent avec plus ou moins de profondeur le système de personnalité de celui qui s'y insère durablement, l'ethos reste un concept heuristique pour saisir et interpréter les récurrences de comportements qui peuvent s'y observer. Permettant de comprendre ce que les espaces d'insertion “font aux individus” ainsi que la façon dont les principes organisateurs de pratiques entrent en transaction (en consonance, en dissonance ou en concurrence), il garde toute sa pertinence dans la boîte à outils théoriques du sociologue et de l'anthropologue d'aujourd'hui.
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