Contenu du sommaire : La condition étudiante : regards longitudinaux

Revue Recherches Sociologiques et Anthropologiques Mir@bel
Numéro vol. 42, no 2, 2011
Titre du numéro La condition étudiante : regards longitudinaux
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier. La condition étudiante

    • Présentation. La condition étudiante : regards longitudinaux - Pierre Doray, France Picard p. 1-10 accès libre
    • La contribution de l'entretien biographique à l'étude de l'hétérogénéité de l'expérience étudiante et de son évolution dans le temps1 - Annie Pilote, Stéphanie Garneau p. 11-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous montrons en quoi la méthode des entretiens biographiques, lorsqu'elle est agencée au concept théorique de carrière et à l'instru­ment d'analyse qu'est la typologie interprétative, permet d'appréhender l'hété­rogénéité des expériences étudiantes ainsi que leur évolution dans le temps. Nous exposons dans un premier temps la démarche de construction d'une typologie à six types de carrières, lesquels permettent de comprendre l'hétérogé­néité des rapports au temps et aux études des étudiants. Dans un second temps, nous présentons en quoi la typologie n'est pas une fin en soi et qu'une fois construite, elle constitue un puissant instrument d'analyse des récits afin de saisir l'hétérogénéité des logiques, cette fois non pas entre les étudiants, mais au fil du temps, au sein d'une même biographie. L'article montre que la notion de carrière et la typologie sont des instruments permettant de contourner l'impres­sion de fixation et de lissage du vécu induite à la fois par la reconstitution a posteriori de sa vie par l'enquêté en situation d'entretien et par l'effort d'objec­tivation des carrières par le chercheur. La démonstration s'appuie sur deux récits biographiques récoltés au cours d'une recherche portant sur les mobilités pour études d'étudiants universitaires francophones originaires d'un milieu minoritaire au Canada.
      In this article, we show how the method of biographical interviews, when connected to the theoretical concept of career and the instrument of interpretative analytical typology represents and allows us to understand the heterogeneity of female experiences as well as their evolution over time. Initially, we explain our procedure in constructing a typology of six types of careers which will allow us to understand the heterogeneity of the relationships to time and to the students' studies. Secondly, we show how the notion of typology is not an end in itself and that, once constructed, it represents a powerful instrument of analysis of narratives designed to seize the heterogeneity of logics, this time not between students, but over time, within one and the same biography. The article shows that the concept of career and typology are instruments making it possible to circumvent the impression of fixation and a blotting over of lived experience induced at once by the a posteriori reconstitution of one's life by the candidate in the interview situation and by the effort of objectification of careers by the researcher. The demonstration is based on two biographical accounts collected in research relating to the mobilities for studies of French-speaking university students coming from a minority milieu in Canada.
    • La recomposition des parcours dans les universités françaises à la lumière du choix professionnel * - Renaud Debailly, Elise Verley p. 31-50 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse le développement des filières professionnelles dans l'enseignement supérieur en France à partir des choix d'orientation des étudiants. En se centrant sur les trajectoires étudiantes dans les différentes filières de l'enseignement supérieur, il s'agit d'analyser la place des filières professionnelles dans les choix d'orientation et dans la construction des projets scolaires et professionnels. L'article montre que le choix professionnel ne mobilise pas les mêmes logiques sociales d'orientation au niveau des premier et deuxième cycles universitaires. Si la position sociale des parents et l'enseignement secondaire sont déterminants dans le choix d'orientation à l'entrée de l'enseignement supérieur, la projection et le rapport à l'avenir tendent à prendre une place prépondérante à partir du master.
      This article analyses the development of professional pathways in higher education in France beginning with the students' choices of orientation. In centring themselves on the trajectories of females in the various paths of higher education, it is a question of analysing the place of these professional pathways in the choices of orientation and the construction of scholarly and professional projects. The article shows that the professional choice does not mobilize the same social logics of orientation on the level of the first and second university cycles. If the parents' social position and the secondary education are determinant in the choice of orientation at the entry into higher education, the project and the relationship to the future tend to take a dominating place beginning with the master's.
    • Intensité du travail salarié et abandon des études universitaires au Canada - Stéphane Moulin, Pierre Doray, Constanza Street, Benoît Laplante, Canisius Kamanzi p. 51-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans de nombreux pays, les élèves et les étudiants ont augmenté le temps consacré au travail rémunéré durant leurs études. Ils ne travaillent plus uniquement l'été, au moment des vacances, mais aussi pendant l'année scolaire. Les recher­ches portant sur l'effet du travail salarié sur les parcours scolaires tendent à montrer qu'il existe une relation convexe entre l'intensité du travail salarié et les départs sans diplôme du système scolaire : les taux d'abandon semblent plus élevés pour les étudiants qui ne travaillent pas et pour ceux qui travaillent plus de 25 heures. Cependant, le caractère transversal des données utilisées fait qu'elles ne permettent pas de saisir l'effet causal de la variation du temps de travail sur la poursuite des études. Dans cet article, nous utilisons une méthodologie quantitative longitudinale pour examiner les effets de l'intensité du travail rémunéré sur la persévérance dans le premier programme universitaire suivi au Canada. Les résultats montrent qu'il y a bien une relation causale entre le fait de travailler plus de 25 heures et l'abandon, mais qu'elle est seulement observée pour les hommes, et que cet effet n'est significatif qu'au début du program­me. Par ailleurs, l'association avec le fait de ne pas travailler semble s'inter­préter davantage comme un effet de sélection.
      In many countries, pupils and students have increased the time devoted to remunerated work during their studies. They no longer work just in summer, during vacations, but also during the school year. Research relating to the effect of salaried work on the school courses tends to show that there exists a convex relationship between the intensity of the salaried work and the departures without diplomas from the school system: the rates of abandonment seem higher for students who do not work and for those who do not work or work over 25 hours weekly. However, the transversal character of the data used makes it impossible to grasp the causal effect of the variation of the working time on the continuation of studies. In this article, we use a longitudinal quantitative methodology to examine the effects of the intensity of remunerated work on perseverance in the first university programme followed in Canada. The results show that there is indeed a causal relation between the fact of working more than 25 hours and the abandonment, but that it is only observed for the men, and that this effect is only significant at the beginning of the programme. In addition, association with the fact of not working seems to be interpreted more as an effect of selection.
    • Les processus de socialisation des étudiants de la démocratisation universitaire - Sandrine Nicourd p. 73-87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article, fondé sur une recherche longitudinale sur une population étudiante de deux universités de la région parisienne, montre les processus de socialisation à l'université. Ils sont autant liés aux trajectoires intergénérationnelles qu'aux conditions concrètes dans lesquelles les étudiants trouvent progressivement place à l'université. La pluralité des trajectoires met en évidence la complexité des mécanismes de promotion sociale pour les étudiants issus de la démocratisation universitaire et la faiblesse des supports proposés par les universités pour permettre ce cheminement.
      This article, based on a longitudinal research on a female population of two Paris region universities, shows the processes of socialization present at the university. They are as much related to the intergenerational trajectories as to the concrete conditions in which the students gradually find themselves places at the university. The broadness of the trajectories highlights the complexity of the mechanisms of social advancement for the students issuing from university democratization and the weakness of the supports proposed by the universities to allow this advance.
    • La relation à l'apprendre à l'université - Saeed Paivandi p. 89-113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le texte se propose d'examiner la qualité de l'apprentissage des étudiants à l'université comme une dimension de leur performance académique. Une enquête réalisée auprès de 115 étudiants inscrits en sciences humaines et sociales et en lettres de cinq universités de la région parisienne entre 2005 et 2008 s'est intéressée à leur point de vue relatif à leur carrière d'apprenant et au sens donné au fait d'aller à l'université et d'y apprendre. Deux outils ont été mobilisés par cette enquête : les entretiens et le suivi longitudinal d'un groupe d'étudiants pendant deux à trois ans. Les données de cette enquête permettent d'identifier quatre perspectives d'apprentissage (compréhensive, performante, minimaliste et désimpliquante) représentant les variations de la relation à l'apprendre dans le contexte universitaire en France. Se focalisant sur la socialisation et l'affiliation intellectuelle des étudiants à l'université, l'enquête tente également d'examiner l'impact des facteurs biographiques, sociaux et contextuels sur leur devenir universitaire dans une perspective sociologique.
      This text proposes examining the quality of the training of students at the university as a dimension of their academic performance. A survey investigation carried out among 115 students inscribed in the human and social sciences and letters in five universities of the Paris region between 2005 and 2008 was interested in their point of view relative to their learning career and the sense given to the fact of going to the university and learning there. Two tools were mobilized in this investigation: interviews and longitudinal follow-ups of a group of students for two to three years. The data this investigation revealed allowed us to identify four perspectives for learning (comprehensive, powerful, minimalist and simplifying) representing the variations of the relationship to learning in the university context in France. Focussing on the socialization and the intellectual affiliation of the students to the university, the investigation also tries to examine the impact of biographical, social and contextual factors in the university's future from a sociological point of view.
    • La socialisation universitaire des étudiants - Aziz Jellab p. 115-142 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Trois dimensions en tension caractérisent l'expérience étudiante : la socialisation aux normes et à la vie universitaires, la construction du projet d'apprendre et l'élaboration d'un projet professionnel (ou de projets d'avenir). A partir d'une recherche qualitative, menée auprès d'étudiants de L1, inscrits pour les uns dans une filière de masse (Psychologie), pour les autres, dans une filière à effectif plus réduit (Sociologie-Histoire et Langues étrangères appliquées), cet article vise à mettre en évidence les différentes épreuves qui participent de l'affiliation aux études universitaires. En enrichissant ce matériau par d'autres entretiens menés avec des étudiants de Master 1, nous observons que le passage de l'enseignement secondaire vers l'enseignement supérieur désigne un processus dans lequel le “choix” de l'université oblige à la construction d'un nouveau rapport aux études, un rapport laissant apparaître les effets des spécificités disciplinaires. Le projet d'apprendre et les manières de s'approprier des savoirs accompagnent un processus de subjectivation qu'il s'agit de concilier avec la sociabilité étudiante, sans négliger les projets d'avenir. C'est dans les interstices de ces tensions que réside le risque d'un échec scolaire, surtout que l'université reste faiblement contraignante, comme en témoigne l'évocation récurrente par les étudiants de la catégorie de “liberté”.
      Three dimensions in tension characterize the female students' experience: socialization to the standards and university life, the construction of a learning project and the development of a professional project (or future projects). Starting from qualitative research, undertaken among students of the L1, for some enroled in a mass discipline (Psychology), and for others, in a more reduced, more elective field (Sociology-History and applied Foreign languages), this article aims to illustrate the trials which university studies involve. By enriching this material via other interviews carried out with students in the Master's 1, we observe that the passage from secondary education towards higher education indicates a process in which the “choice” of the new university obliges the construction of a new relationship to studies, one revealing the effects of disciplinary specificities. The project of learning and the ways of appropriating knowledge accompany a process of subjectification to be reconciled with female student sociability, without neglecting future projects. It is in the interstices of these tensions that the risk of a scholarly failure resides, especially since the university remains little constraining, as testified to by the recurring evocations of students as to the category of “freedom”.
    • Les parcours d'insertion à l'épreuve du travail sur soi - Catherine Négroni p. 143-158 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se propose d'analyser les parcours d'étudiants “atypiques” : des adultes actifs qui, lors de la reprise des études, sont obligés de mener une reconversion professionnelle. Nous nous appuierons sur un dispositif spécifique d'une université française, le DUFA, un diplôme universitaire de formation d'adultes, dont la vocation première est de faciliter les bifurcations professionnelles grâce à des dispositifs particuliers de formation. L'objectif de l'article est de démontrer que, pour ces étudiants, contrairement à ce que bien des responsables de ces dispositifs affirment, le principal écueil de l'insertion est souvent, de manière étonnante, de nature subjective : aussi longtemps qu'un travail de “latence identitaire” n'est pas achevé, la motivation fait souvent défaut et l'insertion, même lorsqu'elle a lieu, s'avère instable. Après quelques éléments de cadrage statistique, nous étudierons en détail, à l'aide des techniques qualitatives (entretiens et récits de vie approfondis), différentes logiques et attentes des acteurs concernant la formation dont nous rendrons compte à travers une typologie, mais surtout les différentes facettes du “travail de soi sur soi” effectué par ces étudiants.
      This article proposes analysing the “atypical” routes of students: active adults who, in resuming studies, are obliged to go through a professional reconversion. We will be concentrate on a specific programme of a French university, the DUFA, a university degree in adult education, whose primary vocation is to facilitate professional bifurcations thanks to particular training programmes. The article's goal is to show that for these students, as opposed to what many persons in charge of these institutions affirm, the principal pitfall of such insertion is often astonishing and of subjective nature: as a long as a work of “identity latency” is not passed, is not achieved, the motivation is often lacking and the insertion, even when it takes place, proves to be unstable/shortlived. After some elements of statistical contextualizing, we will study in detail, using qualitative techniques (interviews and in-depth life stories), various logics and expectations about the actors concerning the training we recommend through a typology, but especially the various facets of the “one's work on oneself” carried out by these students.
  • Articles isolés

    • Une sociologie de la petite ville - Jean-Luc Roques p. 159-172 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le présent article se proposera au regard de travaux sociologiques et de deux séries d'études que nous avons menées de définir ce qu'est une petite ville. Les petites villes, dans le cas de la France, sont des communes ayant un nombre limité d'habitants. Mais elles ne sont pas que cela. Sous la pression de forces exogènes, elles tentent de maintenir inexorablement ce qui leur reste : leur culture locale. Elles mettent alors en exergue leur territoire et leur histoire par le biais de groupes sociaux locaux et reconstruisent des codes qui ne sont pas accessibles à tous.
      Using sociological works and two series of studies that we have carried out this article will attempt to define what a small town is. The small towns, in the case of France, are communes (towns) having a limited number of inhabitants. But they are not only that. Under the pressure of exogenic forces, they unrelentingly try to maintain what remains proper to them: their local culture. They thus put forward their territory and history by means of local social groups and reconstruct codes - which are not accessible to everyone.
    • Les politiques de conciliation famille-travail et l'égalité - Caroline Henchoz p. 173-187 accès libre avec résumé
      Les mesures politiques de conciliation famille-travail visant à encourager les familles à deux pourvo­yeurs économiques sont généralement perçues comme un pas décisif vers l'égalité entre hommes et femmes. On considère en effet que l'autonomie économique des femmes est un prérequis à l'égalité entre les sexes. Cet article discute de deux postulats au cœur de ces politiques : celui de l'accès à l'autonomie par le revenu et celui du lien de causalité entre la possession de ressources financières et l'autonomie économique individuelle. Si bénéficier d'un revenu est une condition nécessaire à l'accès à l'autonomie, nous montrons que ce n'est pas une condition suffisante. Il est central de concevoir l'autonomie individuelle dans une perspective androgyne de manière à intégrer la réalité et les responsabilités économiques et sociales des femmes. Political measurements of family-work conciliation aimed at encouraging families with two economic providers are generally perceived as a decisive step towards equality between men and women. Indeed, it is considered that the economic autonomy of women is a prerequisite to equality between the sexes. This article discusses two postulates at the heart of these policies: that of the access to autonomy by income and that of the causal link between the possession of financial resources and individual economic autonomy. If benefitting from an income is a requirement for access to autonomy, we show that it is not a sufficient condition. It is central to conceive individual autonomy from the androgenic point of view so as to integrate in the reality and economic and social responsibilities of women.
  • À propos de livres