Contenu du sommaire : Pierre Bayle. Un esprit libre, sans tutelle
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 81, no 4, octobre-décembre 2018 |
Titre du numéro | Pierre Bayle. Un esprit libre, sans tutelle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Pierre Bayle : un esprit libre, sans tutelle - La rédaction p. 675
- Introduction - Antony McKenna p. 677-680
- Les impasses de l'examen religieux. Examiner, prouver, objecter, persuader - Maria-Cristina Pitassi p. 681-693 La question de la légitimité et de la faisabilité de l'examen religieux – l'un des sujets principaux de la controverse confessionnelle en France au XVIIe siècle – traverse l'ensemble du corpus baylien. Étroitement lié à des questions cruciales comme celle de la nature des vérités divines, des dispositions éthiques du croyant et du statut de la Bible, l'examen religieux est en réalité pour Bayle un oxymore, qui tente de concilier ce qui est antithétique, à savoir l'examen philosophique et la croyanceThe question of the legitimacy and feasibility of religious examination – one of the principal subjects of sectarian controversy in France in the seventeeth century – runs through the whole of the Baylean corpus. Closely linked to crucial questions such as the nature of divine truths, ethical dispositions of the believer, and the status of the Bible, religious examination is in reality for Bayle an oxymoron, which implies reconciliation between two antithetical psychological phenomena, namely philosophical examination and faith.
- Épicurisme et augustinisme. Une « application » baylienne - Élodie Argaud p. 695-708 On trouve sous la plume de Bayle des rapprochements étonnants qu'il théorise lui-même comme un art de faire de « belles applications » ; nous nous interrogeons sur l'affinité qu'il décèle entre épicurisme et augustinisme et proposons de réévaluer sous cet angle la portée de la thèse baylienne de l'athée vertueux par rapport à la thèse de la vertu des païens défendue par La Mothe Le VayerWe find in Bayle's works some critical judgements based on surprising comparisons. He interprets texts by connecting them with other relevant contexts in order to emphasize the meaning – a strategy he calls « faire de belles applications ». We focus on the paradoxical affinity, picked out by Bayle, between Epicureanism and Augustinism through a comparison between Bayle and La Mothe Le Vayer on the subject of atheism.
- Le moment machiavélien de Pierre Bayle - Gianni Paganini p. 709-728 À travers l'analyse des articles « florentins » du Dictionnaire historique et critique (Machiavel, Guichardin, Savonarole) l'auteur essaie de voir comment Bayle a lu Le Prince et les Discours de Machiavel sur des sujets cruciaux pour sa pensée : le rapport religion-politique, mais aussi la réflexion sur la république et la démocratie, la relation entre morale et société, la figure du prophète « armé » ou « désarmé ». Avec son anti-conformisme intellectuel coutumier, Bayle se distingue tant de l'appréciation libertine (Naudé est l'une de ses sources) que de la condamnation huguenote, représentée par Innocent Gentillet. Derrière la figure historique de Savonarole se profile l'ombre inquiétante d'un prophète contemporain de Bayle, Pierre Jurieu.Reading the “Florentine” entries of the Historical and Critical Dictionary, the author tries to explain how Bayle commented on Machiavelli's Prince and Discourses regarding some crucial topics: the relationship between religion and politics, but also the subjects of republics and democracy, the relationship between morals and society, the character of the prophet, either “armed” or “unarmed.” With his usual anti-conformism, Bayle contrasted both the libertine readings (Naudé was one of his main sources) and the Huguenot condemnation, represented by Innocent Gentillet. Behind the historical figure of Savonarola, the contemporary prophet of Bayle, Pierre Jurieu, stands out.
- Pierre Bayle : le pyrrhonisme et la foi - Antony McKenna p. 729-748 Il s'agit de montrer comment le rapport de Bayle à un scepticisme pyrrhonien ou académique, loin d'être d'adhésion comme le tient l'interprétation courante, évolue et se transforme. Il va en effet de la nécessaire concordance entre foi et raison sur le plan de la morale à l'impossibilité de tout accord entre elles, y compris sur le même plan. C'est que le contexte dans lequel s'inscrit ce rapport pèse dans la manière de le vivre, en particulier quand Bayle doit organiser sa défense contre les attaques d'un Jurieu.This article goes against the traditional interpretation of Bayle as a Pyrrhonian or Academic sceptic and insists on the radical change in his position on the relation between reason and faith. Bayle insists in his first works on the necessary agreement between reason and faith in the field of ethics. After the “Glorious Revolution”, he rejects any possible agreement between reason and faith – including the crucial field of moral truths: in other words, in order to believe Christian doctrine, one would have to be a Pyrrhonian sceptic. The argument is conducted in the framework of a temporary concession (dato non concesso), useful in his defence against Jurieu's.
- Bayle et Hume devant l'athéisme - Gianluca Mori p. 749-774 Les stratégies de Bayle et de Hume devant la question de l'athéisme sont bien plus proches qu'on ne le croit généralement. Cet accord découle de l'influence constante que Bayle exerça sur Hume. Pour Bayle et pour Hume, l'athéisme et le scepticisme sont très étroitement liés – celui-là n'est qu'une forme du celui-ci. La force des Dialogues sur la religion naturelle de Hume ressort précisément de cette alliance entre athéisme et scepticisme qui, puisant la plupart de ses arguments chez Bayle, aboutit à une critique de la théologie fondée sur une analyse sans concession des fondements épistémologiques de la croyance, tout en se gardant, comme le Straton de Bayle, de réduire l'athéisme à un dogmatisme métaphysique abstrait.The strategies of Bayle and Hume on the issue of atheism are much more similar than is generally believed. This agreement stems from Bayle's constant influence on Hume's works. For Bayle and Hume atheism and skepticism are very closely related, insofar as the first is simply a form of the second. The strength of Hume's Dialogues emerges precisely from this alliance between atheism and skepticism which, drawing most of its arguments from Bayle, leads to a critique of theological dogmas based on a ruthless analysis of the epistemological foundations of belief, but, as in Bayle's Strato, avoids reducing atheism to a metaphysical dogmatism.
- Les maux innombrables de la vie : Bayle et Hume sur le Mal naturel - Todd Ryan p. 775-792 Dans la Partie X des Dialogues sur la religion naturelle, Philon, le sceptique, rejoint Demea, le défenseur de l'orthodoxie chrétienne, en dressant un catalogue effrayant des peines et des misères qui marquent la condition humaine. Cet article tend à démontrer que la source principale de leurs arguments est le débat à trois voix entre Bayle, Leibniz et William King sur la question de savoir si le bien ou le mal prédomine dans la vie humaine. De plus, nous suggérons que Philon, intentionnellement et non sans malveillance, exagère la prévalence de la misère et de la souffrance afin de souligner la ressemblance entre l'orthodoxie chrétienne et les sceptiques religieux comme Bayle.In Part X of the Dialogues concerning Natural Religion, Philo, the skeptic, joins forces with Demea, the defender of orthodox Christianity, to paint a harrowing picture of the wickedness and misery of human life. In this article I show that Hume's source for many of the arguments of this section is a three-cornered debate between Bayle, Leibniz, and William King concerning the predominance of natural evil in human life. Moreover, I argue that Philo purposefully and maliciously exaggerates the misery of life to underscore the similarity between the orthodox Christian position and that of religious skeptics such as Bayle.
- Notes de lecture - p. 793-816
- Compte rendu - p. 816-818
- Bulletin de littérature hégélienne XXVIII - p. 821-856
- Bulletin de Bibliographie Spinoziste XL : Revue critique des études spinozistes pour l'année 2017 - p. 857-889
- Table des articles - p. 891-895