Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°76
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 76, janvier 2001 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°76 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Un nouvel âge de la société américaine ? Dynamiques et perspectives de la structure sociale aux Etats-Unis. - Louis Chauvel p. 7-51 La structure sociale américaine des cinquante dernières années a été marquée par un grand retournement : la tendance d'édification de l'État-providence et d'égalisation qui a caractérisé la période 1950-1970, se renverse à partir de cette date. Depuis trente ans, et sans rupture depuis la reprise de 1992, les fruits de la croissance économique bénéficient à une fine élite sociale, les classes moyennes sont clairement écartelées entre une partie promise à l'enrichissement et une autre qui se paupérise, et les catégories modestes sont économiquement marginalisées. Le descriptif de ces évolutions macro-sociales qui doit prendre en compte aussi les tendances générationnelles montre bien qu'il ne s'agit pas là de l'émergence d'une structure sociale « New Age », mais bien de la « restratification » du système social étasunien, notamment par le développement d'une nouvelle hiérarchie fondée simultanément sur le diplôme, le revenu et le patrimoine. De cette façon, l'Europe continentale et les États-Unis divergent peu à peu dans leurs structures.
For the last fifty years, the American system of social stratification has known a great turn: after the equalisation and social interventionism of the prosperity 1950-1970, a reversion appears. Since 1970, a superclass has been concentrating the outcome of the growth, the middle class is shrinking and the lower strata are pauperised. Through the description of these macro-social changes, we observe no « New Age » social structure, but a cohort process of « restratification » with a sharper hierarchy, simultaneously based on academic titles, income and wealth. These inequalities reveal a clear divergence between the continental European and the American social structures. - Croissance et technologies de l'information en France et aux Etats-Unis. - Hélène Baudchon p. 53-115 L'usage des TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) tend à se généraliser à un rythme et sur une échelle qui rappellent de précédentes révolutions technologiques. Il est dès lors assez tentant de considérer que la croissance vigoureuse des États-Unis provient essentiellement de la diffusion des TIC, ce qui a donné naissance au concept de « nouvelle économie ». Il y a de bons arguments théoriques à l'appui de la thèse selon laquelle une véritable révolution technologique serait à l'œuvre, notamment grâce aux résultats donnés par les modèles d'innovations génériques (General Purpose Technologies). Ils permettent de mieux comprendre pourquoi il y a une période critique au cours de laquelle l'apparition d'une innovation est coûteuse en termes de croissance, éventuellement suivie d'une phase d'accélération, lorsque suffisamment de firmes utilisent les nouveaux équipements et lorsque l'apprentissage de la nouvelle technologie est terminé. Les États-Unis pourraient avoir dépassé cette période critique, alors que la France, typiquement, y serait encore. Les éléments empiriques susceptibles de soutenir ce point de vue, bien qu'encore fragiles, ont rapidement évolué. En quelques années, le discours, d'abord sceptique du fait du manque de recul statistique, est devenu plus optimiste en s'appuyant sur les données empiriques les plus récentes. La rupture du trend de croissance de la productivité du travail ainsi que de la productivité globale des facteurs depuis 1995 aux États-Unis semble nette, et la contribution des TIC à ces évolutions est significative. L'existence d'un processus de diffusion des TIC des secteurs producteurs vers les secteurs utilisateurs permet d'envisager que des pays non producteurs de ces technologies puissent, à l'image des États-Unis, s'engager dans un cercle vertueux de croissance. Le fait de ne détecter, à ce jour, en France aucun impact favorable des TIC sur l'évolution de la productivité au niveau agrégé ne doit néanmoins pas être considéré comme une preuve de l'absence d'effets des TIC. La mauvaise conjoncture des années 1990, un certain retard technologique et le fait que la diffusion des TIC ne concerne encore qu'un nombre limité d'entreprises sont autant d'explications. Nos estimations menées sur données sectorielles désagrégées montrent qu'un impact important des TIC sur la productivité existe indépendamment de l'organisation des responsabilités au sein de l'entreprise, mais qu'il est néanmoins plus fort lorsque certaines formes d'organisation sont adoptées. L'ampleur du « paradoxe français de la productivité » pourrait donc bien finir par s'estomper.The strong American growth is considered as mainly coming from the diffusion of Information and Communication Technologies (ICT). It is at the root of the « new economy » concept. Good theoretical arguments support the thesis of a new technological paradigm, such as those delivered by General Purpose Technologies models. The most recent empirical data have provided some compelling evidence. Between the first and second half of the nineties, both labour and total factor productivity have clearly accelerated in the United States. ICT have strongly contributed to this pattern. We still lack of evidence for such an acceleration in France. But estimations made with disaggregated sectoral data reveal a strong impact of ICT on productivity. Surprisingly, reorganisation does not seem to play a crucial role. The « French productivity paradox » could well soon fade.
- L'impact macroéconomique des réformes du secteur de santé français. - Gaël Dupont p. 117-138 Dans une première section, on testera, à l'aide d'un modèle macroéconomique conjoncturel, l'effet d'un programme « d'économies de dépenses de santé » (celui envisagé par la CNAM en 1999) et quelques variantes jugées pertinentes (ré-injection ou non des économies réalisées). Dans une seconde section, nous proposerons une réflexion à moyen terme — à l'horizon 2004 — sur trois scénarios alternatifs de croissance des dépenses de santé. Nous verrons que si les évolutions récentes de la dépense maladie se reproduisent sur les prochaines années, elles seront relativement bien financées par les recettes de cotisations aujourd'hui engendrées par la croissance économique de la France.In a first section, we evaluate the effects of the reform program proposed by the Public Health Insurance (la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, part of the Sécurité Sociale) using the MOSAIQUE Keynesian macro-economic model. We also analyze some alternative sets of reforms chosen for reasons of realism. In a second section, we discuss the financial implications of three alternative trends of health expenditures in the medium term (until 2004). We show that if the recent behavior of health expenditures keeps on for the years to come, they will be relatively well financed by the receipts of contributions generated by the French economic growth.
- Dix ans de politique budgétaire au service de l'euro : l'exemple italien. - Paola Véroni p. 139-178 Pour l'Italie, la décennie qui vient de s'écouler a été marquée surtout par un effort d'assainissement des finances publiques, qui a été le plus important des pays de la zone euro. Seul pays de l'UE à débuter la décennie avec un déficit primaire, l'Italie devait faire face à une défiance croissante quant à la soutenabilité de son endettement, à sa capacité à maintenir l'ancrage au SME, d'abord, à respecter l'objectif de participation à l'Union monétaire européenne, ensuite. Mais le pari est gagné par l'Italie et la décennie se conclut avec sa participation à l'UEM. L'importance de la consolidation budgétaire est d'autant plus remarquable qu'elle a été poursuivie en période de forte instabilité politique et de très faible consensus. Malgré cela, la dimension discrétionnaire de la politique budgétaire a été importante et l'effort entièrement structurel. L'Italie n'a pas laissé agir complètement les stabilisateurs automatiques au cours de la décennie, et la plupart de l'assainissement du solde primaire a été fondé sur une politique pro-cyclique de hausse d'impôt. Cette politique, couplée à des conditions monétaires restrictives, a pénalisé la croissance, amplifié l'écart avec les pays de l'Union européenne et causé une baisse significative de la part du revenu disponible des ménages dans le PIB. Vers la fin de la décennie le processus d'assainissement s'est accompagné d'une importante réforme de la fiscalité d'entreprise et de l'imposition des revenus du capital, ainsi que du système de recouvrement d'impôts et de lutte contre la fraude fiscale. Les recettes provenant de ces dernières actions ont permis, via la baisse de l'impôt sur le revenu des personnes, une redistribution des ressources en faveur des ménages, qui avaient supporté l'essentiel de l'assainissement fiscal. Par ailleurs, grâce aux remarquables résultats obtenus, l'Italie a pu ralentir le processus de consolidation budgétaire et se limiter à viser la position minimale lui permettant de faire face aux effets budgétaires des fluctuations conjoncturelles. À l'aube de la nouvelle décennie, la politique budgétaire peut s'orienter vers le soutien d'une croissance, qui redémarre enfin.The closing decade for Italy has been marked by the most important fiscal consolidation effort among the euro zone countries. The discretionary dimension of consolidation, although pursued in an unstable political environment, has been significant and the effort entirely structural. Italy has not completely allowed fiscal stabilisers to work and stabilisation has been based on pro-cyclical tax growth. The restrictive fiscal stance, coupled with tight monetary conditions has penalised growth, amplified the gap with the European Union and caused a fall in households disposable income. The increase in tax revenues, as a result of a comprehensive reform of taxation and of the tax declaration procedure, has allowed to lower personal income tax. At the eve of the new decade Italy can slow the consolidation process and orient fiscal policy to support recently accelerating economic growth.
- Le lien social en Amérique et en Europe. - Henri Mendras p. 179-187 Le « lien » social, qui avait une connotation contraignante et péjorative, vient de prendre une valeur positive ; devenu enviable, on déplore qu'il se distende. C'est en particulier la thèse du politiste américain Robert D. Putnam qui redoute que les Américains perdent leur capacité d'association et d'agir collectivement. Malheureusement le mot « lien » n'a pas de sens précis pour les sociologues, si bien que les données réunies par R. Putnam ne sont pas convaincantes pour les États-Unis. Pour la France, les données sur les associations et le capital social inciteraient plutôt à conclure que le « lien social » se renforce.Traditionally in French, social link was derogatory, recently it has become wishful goal. The book by Robert D. Putnam, Bowling alone, analyses a great deal of material to show that Americans are loosing their traditional associativeness. Some of his indices are not quite convincing. A comparative analysis in several European countries would show, perhaps, a different trend: Europeans trust more their fellow citizens than they use to.
- Rôle spécifique et croissance du capital social. - Michel Forsé p. 189-216 S'agissant d'expliquer le statut social atteint, l'intervention du capital social ne se réduit pas à redoubler celle des autres formes de capitaux. Toutes choses égales d'ailleurs, le type de réseau sollicité pour trouver un emploi est, en France (d'après les données de l'enquête Emploi réalisée par l'INSEE), principalement susceptible de modifier la relation entre niveau d'éducation et niveau socioprofessionnel. De plus, parmi ceux qui sont à la recherche d'un emploi, le recours au réseau est plus fréquent aujourd'hui qu'avant la crise. Au cours des vingt dernières années, d'autres données montrent que la confiance dans les autres a crû dans la plupart des pays européens, comme aux États-Unis, et que la participation à la vie associative n'a connu aucun déclin. Au total, le capital social joue un rôle propre et son importance a plutôt augmenté.Social capital has a significant impact on status attainment which does not duplicate the well known effects of other forms of capital. All things being equal, the type of personal network mobilized to find a job is (in France according to the INSEE Labor force survey) likely to alter the standard relation between level of education and occupational status. For those looking for a job, recourse to network is more common nowadays than thirty years ago. Other data show that social confidence grew over the last twenty years in the US as in most European countries. The same holds true for social participation. Thus, social capital plays a specific role and its importance has rather increased.
- Réponse à une fiche de lecture. - Guy Laroque et Bernard Salanié p. 217-222
- Chronologie 2000. - Sylvie Le Golvan p. 223-235