Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°74
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 74, juillet 2000 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°74 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le vingtième siècle. - Robert A. Mundell
- Allégements des charges sur les bas salaires. - Jean-Paul Fitoussi On s'aperçoit, en passant en revue différents modèles théoriques, que les économistes de tout bord sont d'accord pour reconnaître l'utilité des aides à l'embauche. Dans un pays où les rémunérations les plus basses sont néanmoins relativement élevées, les aides à l'embauche ont pour effet d'abaisser le coût de la main-d 'œuvre pour les entreprises. Dans les pays où les rémunérations les plus basses sont faibles, les aides à l'embauche peuvent élever le salaire net réel des travailleurs. Dans les deux cas, on peut en attendre un effet positif sur l'emploi. En général, en permettant au système de prix de jouer son rôle sur le plan de la répartition, tout en poursuivant des objectifs de redistribution avec le système fiscal, on élève le niveau de bien-être. C'est pourquoi on peut s'étonner que ce type de mesure n 'ait pas été mis en œuvre à grande échelle dans tous les pays confrontés à des problèmes d'emploi. Sans doute faut-il en chercher la raison notamment dans un problème de transition : il y a un moment où les contribuables doivent financer à la fois l'ancien système (l'indemnisation du chômage) et le nouveau système (les aides à l'embauche), avant que celui-ci ait un effet notable sur le chômage. Les données empiriques tendent à montrer que la réduction des charges sociales ne permet pas de résoudre le problème d'emploi ni le problème de la répartition mais permet d'espérer des progrès, à long terme, sur ces deux plans.Payroll tax reductions for the low paid Jean-Paul Fitoussi A review of different theoretical models confirms that economists of opposing beliefs find themselves agreeing about the usefulness of employment subsidies. In a country with a relatively high wage floor, they reduce the cost of labour for firms. In countries where wage floors are low, subsidies can increase the net real wage of workers. In both cases, employment is likely to rise. Generally, allowing the price system to perform its allocative function while pursuing distributive objectives through the tax system is welfare enhancing. It is therefore surprising that such a remedy has not yet been implemented on a large scale in ail countries suffering from labour market problems. One reason is that there may be a problem of transition. Empirical evidence suggests that reductions in taxes on labour will not solve employment and distribution problems, but will, in the long run, promise progress in both. JEL codes : H20, J30, J38.
- 35 heures : réduction réduite. - Eric Heyer Depuis le 1er février 2000, la durée légale du travail est fixée, en France, à 35 heures par semaine (au lieu de 39 heures) pour l'ensemble des entreprises du secteur privé déplus de 20 salariés. Dans ce travail, nous menons, sur la base des faits existants, un scénario prospectif d'application des 35 heures en France et une analyse prospective des impacts macroéconomiques, en particulier de l'impact sur l'emploi et le chômage : dans l'hypothèse où l'ensemble des salariés seront, à terme, couverts par un accord 35 heures, l'impact final sur l'emploi serait d'environ 480 000. Nous comparons ensuite les 35 heures à une mesure de baisse de charges afin de pouvoir séparer dans « la mesure 35 heures » ce qui est dû à la réduction de la durée du travail et ce qui est attribuable à la simple baisse de charges. A cert égard, il ressort de nos simulations que l'effet sur l'emploi est près de deux fois moins élevé lorsque l'allégement de charges n'est assorti d'aucune condition en matière de réduction de la durée du travail. Enfin, nous rappelons les éléments du débat théorique et concluons que la pertinence des 35 heures est liée au diagnostic que l'on porte sur le chômage français et en particulier sur l'importance de sa composante structurelle.Working time in France : reduce reduction Eric Heyer, Xavier Timbeau Since lst February 2000, the legal working time is fixed, in France, to 35 hours by week for the private sector. We lead a prospective scenario of application of « 35 hours policy » and a prospective analysis of macroeconomic impacts. According to us, the « 35 hours policy » could allow an increase in employment of approximately 480 000 at the beginning of 2002. Furthermore we compare this policy of the generai reduction of work duration (RWD) to a measure of reduction of labour cost so as to separate in this RWD what is had to the reduction of working time and what is attributable to the simple declines load. The results of our simulations sheds light that, the effect on the employment is near twice less raised when the eut tax is not matched with RWD. JEL codes : E17, E24 J23.
- Allonger la durée de cotisation de l'assurance retraite : une solution équitable ? - Alexis Dantec L'âge de départ en retraite est pour beaucoup la variable d'ajustement pour assurer l'équilibre des régimes par répartition malgré le vieillissement démographique. Son report ne serait en fait qu'un rattrapage sur l'augmentation de l'espérance de vie, continue depuis 1945. Il permettrait, de surcroît, une répartition plus équitable entre les générations. Précisément, il s'agirait de porter à 42,5 le nombre d'années nécessaire à l'obtention d'une retraite à taux plein. Pourtant, l'âge de départ en retraite ne s'identifie pas à cette durée de cotisation. Il existe une période de latence, qui s'est accrue, et s'accroît inexorablement, entre la cessation définitive d'activité et la liquidation de la retraite. L'augmentation de la durée de cotisation ne jouerait que sur la deuxième, augmentant cette période de latence et la charge sur les caisses d'allocation chômage qui supportent cette période. La question de l'allongement de la durée de cotisation peut malgré tout être tranchée par la volonté d'équité entre les générations. La distinction entre les fonctions d'assurance et de redistribution de la retraite permet de définir clairement cette équité. Il ne s'agit en aucun cas de la neutralité actuarielle, qui définit la fonction assurantielle. Une redistribution entre les générations est équitable si, en moyenne, les trajectoires des niveaux de vie sont croissantes au cours du temps. Un allongement de la durée de cotisation progressif jusqu'en 2019 accroîtrait l'inéquité déjà à l'œuvre entre les générations antérieures et postérieures à celle de 1968.Increase the contribution period in a pay-as-you-go retirement system : a fairness analysis Alexis Dantec According to many authors, postponing the retirement age is the solution to bring the pay-as-you-go retirement systems back to equilibrium. For them, it boils down to catching up with life expectancy and would ensure a fairer distribution amongst generations. The solution would be to increase to 42 1/2 years the contribution period to obtain a full pension. But there is not only one retirement age : the end of the working period and the settlement of the pension are two different moments, and the increase of the contribution period would only influence the latter. The latent period between the two moments would therefore broaden. Nevertheless, if one tries to measure the equity of such an increase, it appears that a progressive one would worsen the inequity amongst the generations born before and after 1968. JEL codes : D63, H55, J14, J65.
- La France et l'Italie face à leur destin européen. - Michel Aglietta Les économies française et italienne ont traversé, au cours des dernières décennies, des turbulences à bien des égards comparables. Les politiques économiques menées de part et d'autre des Alpes ont cependant résulté de choix parfois divergents, aboutissant, dans les années 1980-1990 à des évolutions macroéconomiques très contrastées. Pour faire partie du premier cercle de la monnaie unique européenne, les deux pays ont dû opérer des ajustements macroéconomiques de grande ampleur, qui ont eu d'importantes conséquences sur l'augmentation du chômage et sur les facteurs de la compétitivité des producteurs français et italiens. Cet article propose un bilan parallèle des évolutions économiques et des grandes orientations de politique économique de deux des membres fondateurs du Marché commun et des itinéraires qui les ont conduits jusqu'à l'Union monétaire.France and Italy facing their European Destiny Michel Aglietta and Jacques Le Cacheux Over the past few decades, the French and Italian economies have gone through disturbances that have, in many respects, been similar. The economic policies carried out on both sides of the Alps have, however, been at times divergent, leading in the 1980-1990s to strongly contrasting macroeconomic developments. In order to be included in the inner circle of European monetary union, both countries have had to undergo severe macroeconomic adjustment, with large consequences in terms of unemployment and of the factors of French and Italian producers' competitiveness. This article offers a parallel review of economic developments and policies in two of the founding members of the Common Market and of their respective paths to monetary union. JEL codes : NI, E6.
- Ajustements sur les marchés du travail et lutte contre le chômage En Allemagne, en France et aux Etats-Unis. - Catherine Bruno Au cours des vingt-cinq dernières années, l'Europe et les États-Unis ont connu des expériences différentes en termes de chômage. Un moyen de savoir si le taux de chômage est dû à des dysfonctionnements spécifiques au marché du travail ou le résultat du policy mix est d'analyser la réponse du taux de chômage à des chocs survenus sur le marché du travail. Dans le cas où le taux de chômage ne répond pas de façon significative à ces chocs — c'est le cas des États-Unis —, on peut convenir du fait qu'il n'est pas un problème spécifique au marché du travail mais le résultat du policy mix. En revanche, si le taux de chômage répond significativement aux chocs du marché du travail alors il peut être combattu par des réformes structurelles entreprises sur le marché du travail. Dans ce texte, nous évaluons à partir d'une approche globale, dynamique et sans a priori théorique, les modes d'ajustement de l'emploi, du taux de chômage, du taux de participation et du salaire réel aux chocs du marché du travail — chocs de demande et d'offre de travail — en France, en Allemagne et aux États-Unis au cours des trente dernières années. Notre objectif est de montrer que la lutte contre le chômage en Europe ne peut être efficace que par la mise en œuvre d'une politique macroéconomique cohérente à l'échelle communautaire. Cela signifie alors que l'emploi est un objectif à atteindre en Europe au même titre que la stabilité des prix.Adjustments on French, German and American labour markets : what do you learn about unemployment in Europe ? Catherine Bruno and Catherine Fuss During the last twenty five years, unemployment in Europe had a positive trend independently of the business cycle, although in the United States it fluctuated with it. In this paper, we are interested in the nature of unemployment. More precisely, we ask if unemployment is either the resuit of policy mix or due to specifie labour market disfunctioning. To answer this question, we evaluate adjustments of employment, unemployment rate, participation rate and real wage to labour demand and labour supply shocks in vectorial autoregressive model. We conclude that unemployment in the United States is the resuit of policy mix, although in France and Germany, it is the resuit of specifie labour market disfunctioning. In other words, unemployment will decrease in Europe if employment becomes a goal to reach as price stability is nowadays. JEL codes : E 24, F 22, J 31.