Contenu du sommaire : Comités d'entreprise : quelle postérité ?

Revue La Revue de l'IRES Mir@bel
Numéro no 94-95, 2018/1
Titre du numéro Comités d'entreprise : quelle postérité ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction. « Les ce sont morts, vivent les cse » ? Retour sur soixante-dix ans d'une institution centrale dans le système de relations professionnelles - Sophie Béroud, Kevin Guillas-Cavan, Catherine Vincent p. 3-28 accès libre
  • Nécrologie juridique du comité d'entreprise : transformation et succession d'une institution juridique - Carole Giraudet p. 29-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À peine septuagénaire, le comité d'entreprise disparaît à la suite d'une ordonnance du 22 septembre 2017 portant nouvelle organisation du dialogue social et économique dans l'entreprise. Par sa naissance, la personne juridique comité d'entreprise a consacré l'existence d'un collectif de salariés aux intérêts propres, formant une composante à part entière de l'entreprise. Avec lui, l'entreprise est devenue une réalité irréductible à la seule personne de l'employeur. Après une période de plein épanouissement juridique, le comité d'entreprise a été mis sous contrôle avant d'être supprimé par le législateur au profit d'une nouvelle instance : le comité social et économique. Ce dernier comité se présente comme l'héritier du premier ayant absorbé les autres instances élues, les délégués du personnel (DP) et le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Cette succession est technique et patrimoniale. Autre chose est la transmission du sens de la représentation des salariés qui, de référée à l'entreprise comprise comme une réalité économique et sociale, (re)devient la chose du seul employeur dont le processus décisionnel doit ménager une place formelle au dialogue.
    Barely in its seventies, the works council is doomed to disappear following an order of 22 September 2017 reorganising social and economic dialogue in businesses. The birth of the works council as a legal person created a collective body of employees with its own interests, forming a component in its own right within the company. This made the company a reality that could not be reduced to the single figure of the employer. After a period where works councils flourished in legal terms, they were brought back under control and have now been abolished by legislators and replaced by social and economic committees. These are presented as heirs to the old works councils and incorporate other elected instances – staff representatives and committees for hygiene, safety and working conditions. The succession is both technical and patrimonial. Quite another matter is the transmission of what it means to represent employees – a function formerly associated with businesses understood as an economic and social reality, but that is now once again becoming the sole prerogative of the employer, whose decision-making process must make formal room for dialogue.
  • Évolutions du paysage syndical et du salariat : analyse des élections aux comités d'entreprise (2009-2016) - Tristan Haute p. 57-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis la réforme de la représentativité syndicale de 2008 en France, les résultats des élections professionnelles, et en particulier celles aux comités d'entreprise, ont acquis un poids juridique, symbolique et médiatique renforcé. Mais les évolutions du paysage syndical, entre 2009 et 2016, n'ont été lues que comme le reflet d'une « opinion publique » salariale volatile, qui viendrait sanctionner ou approuver tel ou tel « type de syndicalisme ». Loin d'une lecture globalisante, nous faisons le choix d'une analyse fine des nouvelles données électorales rendues disponibles par la réforme de 2008, dont le maniement nécessite quelques précautions du fait de leur construction. Cette analyse montre que ces évolutions s'expliquent surtout par des éléments structurels (taille des entreprises, secteur d'activité ou catégorie d'emploi), faisant le lien entre résultats électoraux et implantations syndicales.
    Since the reform of union representation in France in 2008, the results of professional elections, particularly for works councils, have taken on new legal, symbolic, and media significance. Changes in the union landscape from 2009 to 2016, however, have only been read as reflecting the volatility of “public opinion” among employees, approving or disapproving various types of union activity. Eschewing an overarching, top-down reading, the article conducts a fine-grained analysis of the new electoral data made available as a result of the 2008 reform, which requires careful handling because of how it is constructed. The analysis demonstrates that the changes can be explained primarily by structural elements such as company size, business sector, and employment category, highlighting the link between election results and union presence.
  • La fabrique des activités culturelles par les élus des comités d'entreprise : des choix militants ? - Sophie Béroud, François Duchêne p. 91-114 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La gestion des activités sociales et culturelles relève des prérogatives des comités d'entreprise (CE) depuis leur création en 1946. Si ce domaine a été fortement investi dans les années 1950-1970 par les élus pour favoriser la diffusion des pratiques culturelles, il relève essentiellement aujourd'hui d'une approche marchande, les CE représentant un marché conséquent pour la consommation de biens culturels. Tous les élus se retrouvent-ils dans cette logique consumériste ? Comment pensent-ils plus particulièrement le périmètre des activités culturelles ? Quel sens leur donnent-ils par rapport à leur action en direction des salariés ? L'enquête restituée dans cet article déploie ces questionnements, en s'appuyant sur des données recueillies par questionnaire pour dresser un état des lieux des activités culturelles mises en œuvre par des CE en région Rhône-Alpes et repérer leur diversité, ainsi que sur des observations et des entretiens afin de mieux comprendre les pratiques concrètes des élus.
    Managing social and cultural activities within businesses has been the prerogative of works councils since they were founded in 1946. In the period from the 1950s to the 1970s, employees elected to works councils promoted cultural activities; nowadays, the approach is more mercantile, with works councils representing a significant market for the consumption of cultural commodities. Are all works councils representatives affected by this consumerist logic? How do they envision the scope of cultural activities? What meaning do they attribute to such activities in the context of their action on behalf of the workforce? The survey presented in this article explores such issues based on data from a questionnaire designed to offer an overview of cultural activities offered by works councils in the Rhône-Alpes region and record their diversity. The data was completed with observations and interviews to shed light on the actual practices of elected representatives.
  • Dialogue social sur la stratégie de l'entreprise : éléments de bilan et perspectives - Nicolas Fleury, Kevin Guillas-Cavan, Frédéric Lerais, Nicolas Farvaque, Marcus Kahmann, Djamel Messaoudi, Jean-Paul Raillard, Antoine Rémond, Natacha Seguin, Catherine Vincent p. 115-154 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La loi relative à la sécurisation de l'emploi (LSE) de 2013 a créé une consultation obligatoire sur la stratégie d'entreprise. Elle formalise et renforce ainsi l'implication des institutions représentatives du personnel (IRP). Cette nouvelle consultation soulève un intérêt mitigé chez les élus et fait face à des réticences des directions à partager des informations stratégiques. Celles-ci sont souvent parcellaires et les droits d'accès des élus restreints selon les niveaux de consultation. C'est la notion-même de stratégie qui apparaît disputée. En outre, la recherche d'information et d'un interlocuteur pertinent pour discuter de la stratégie renforce un mouvement de centralisation des IRP au sein des entreprises au détriment des comités d'établissement. Ce renforcement de la centralisation entraîne une recomposition des différentes IRP : à l'établissement, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), à l'entreprise, le comité central d'entreprise (CCE). Cette recomposition interroge la mise en place des futurs comités sociaux et économiques (CSE).
    The 2013 law on safeguarding employment created an obligatory consultation on company strategy, thereby formalising and strengthening the involvement of bodies representing staff. The new consultation has met with lukewarm interest from elected representatives, while company leadership teams have proved reluctant to share strategic information. The information made available is often incomplete and the rights of elected representatives to consult it limited depending on the level of consultation. The concept of strategy itself seems controversial. The need to identify information and relevant partners for discussing strategy has furthermore strengthened the central position of bodies representing staff in companies, to the detriment of works councils and other staff committees. This increasing centralisation has led to a shakeup of the various staff bodies, with the committee overseeing hygiene, safety and working conditions now falling to the establishment and the central works council to the business. This shakeup raises questions about the forthcoming implementation of social and economic committees.
  • L'expert auprès des comités d'entreprise, acteur oublié des relations professionnelles - Kevin Guillas-Cavan, Marcus Kahmann p. 155-178 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis les années 1980, le rôle des experts et expertes auprès des comités d'entreprise (CE) dans les relations professionnelles françaises s'est accru. Cet article propose de mettre en lumière les évolutions de leur rôle à l'occasion de changements législatifs récents. En effet, la loi du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l'emploi (LSE) a créé de nouvelles missions pour les expertes et les experts auprès des CE et redéfini la façon dont ils interviennent dans le cadre des missions existantes. Comment expertes et experts intègrent-ils ces nouvelles mesures dans leurs pratiques professionnelles ? Qu'est-ce que cela révèle des rapports avec les représentants et représentantes des salarié·es ? L'article répond à ces questions à partir d'une analyse secondaire d'entretiens menés dans le cadre d'une enquête sur les CE. L'enquête illustre la façon dont les nouvelles missions sollicitent une variété de registres d'action des experts. Un point commun est qu'ils tendent à s'étendre à des champs d'action que l'on pourrait penser comme relevant du domaine syndical.
    Since the 1980s, works council experts in professional relations in France have taken on an increasingly significant role. The article aims to shed light on how their role has changed in the light of recent changes in legislation. The law of 14 June 2013 on safeguarding employment created new duties for works councils experts and redefined their current remit. How have experts incorporated these new measures into their professional practice? What does it reveal about their relationship with staff representatives? The article answers these questions drawing on a secondary analysis of interviews conducted as part of a survey of works councils. The survey illustrates how the new duties require a range of registers of action from experts. One common aspect is that they tend to extend to fields of action that could be thought of as falling within the scope of union activity.