Contenu du sommaire : « Porte-parole, militants et mobilisations »
Revue | Agone |
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Numéro | no 56, 2015 |
Titre du numéro | « Porte-parole, militants et mobilisations » |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Que portent les porte-parole ? - Baptiste Giraud, Julian Mischi, Étienne Penissat p. 7-12
- Les mouvements populaires. Pourquoi ils réussissent, comment ils échouent - Richard Andrew Cloward, Frances Fox Piven, Damien Guillaume, Marie-Blanche Audollent p. 13-64 Les mouvements de protestation sont déterminés par leur contexte, et non par l'action délibérée de ceux qui les organisent et en prennent les commandes. Les contraintes sont incontournables. Pourtant, à l'intérieur du cadre qu'elles délimitent, il reste une certaine latitude pour l'action délibérée. Les organisateurs décident de faire telle chose, et ce choix affecte le cours du mouvement. Si la marge de manœuvre est moindre qu'ils ne l'auraient souhaité, elle n'augmente cependant pas quand ils se comportent comme si les contraintes institutionnelles n'existaient pas, en optant pour des stratégies qui ne tiennent aucun compte de la situation réelle. Il est plus judicieux de prendre la mesure de ces contraintes, et de mettre à profit la latitude restante pour renforcer l'influence que peuvent gagner les classes populaires.
- Un usage contrôlé de la grève : Le « sens des limites » d'un délégué syndical de la CGT - Baptiste Giraud p. 65-84 L'institutionnalisation de l'action syndicale est loin de concerner uniquement l'élite des dirigeants syndicaux. Avec la généralisation des négociations au niveau des entreprises, les syndicalistes de terrain voient eux aussi leur activité militante absorbée par un travail de représentation institutionnelle. Dans le monde académique comme dans l'univers militant, l'intégration des représentants syndicaux est d'ailleurs souvent posée comme un frein au développement des luttes syndicales. Selon cette hypothèse, les militants syndicaux, trop occupés à faire fonctionner les institutions représentatives du personnel et à négocier de multiples accords avec les directions, auraient déserté le terrain de l'action collective.
- Un processus ambigu : Freins et incitations à la promotion des ouvrières dans les syndicats durant les années 1970 - Fanny Gallot p. 85-102 Malgré ses limites, le volontarisme en matière de féminisation des rangs militants a permis à la fin des années 1968 l'accroissement de la part des femmes et des ouvrières dans les structures syndicales. Cependant, les freins à l'engagement des femmes que sont le travail domestique, la répression patronale, l'opposition des maris, l'idée selon laquelle le syndicalisme est l'affaire des hommes, etc., continuent de peser. La division sexuée du travail se trouve transposée dans le syndicalisme, avec ce qu'elle implique matériellement comme division des tâches, mais aussi comme discours de la domination masculine.
- Entre apprentissage syndical et insubordination ouvrière : Les délégués de chaîne de Citroën et Talbot (1982-1983) - Vincent Gay p. 103-120 Les délégués de chaîne ne sont pas l'émanation d'une organisation collective issue de la grève, telle que pourrait l'être un comité de grève cherchant à se structurer durablement. Cette nouvelle figure militante instaure un type inédit de représentation des salariés qui interroge les pratiques syndicales basées sur la prééminence des délégués élus dans les instances de représentation du personnel. Les délégués de chaîne sont institués au sein du groupe ouvrier, validés par les organisations syndicales, mais ils ne sont pas reconnus par les instances représentatives. Ils sont l'expression d'un collectif ouvrier, qui se construit au plus près de la base, tout en restant des éléments des sections syndicales d'atelier. Chaque syndicat essaye alors de définir leur rôle.
- Préserver un entre-soi populaire : Portrait d'un porte-parole associatif comme rempart face aux élus locaux - Cyrille Rougier p. 121-134 Contre l'idée que l'ascension sociale agirait comme un facteur puissant de politisation, les trajectoires ascendantes de personnes issues des classes populaires peuvent les familiariser avec les modalités de fonctionnement du champ politique sans pour autant les conduire à une forme d'enchantement de ce champ. Loin d'inciter à multiplier les initiatives, la connaissance accrue du jeu politique, liée à l'ascension sociale, fournit au contraire une raison de s'en auto-exclure. En définitive, cette perception du politique vient justifier ou légitimer des comportements conformes aux attentes des dominants puisqu'elle implique à la fois une acceptation minimale du jeu politique tout en alimentant une auto-exclusion.
- De la cause au marché de la démocratie participative - Alice Mazeaud, Magali Nonjon p. 135-152 Tous les dispositifs participatifs reposent sur le même postulat d'une demande de participation, comme si cette demande allait de soi. Pour exister et faire fructifier leur position, les professionnels de la participation doivent faire vivre une « demande sociale de papier » et devenir des intermédiaires entre les citoyens et les élus. Il s'agit pour eux d'administrer la preuve du succès participatif en déployant des techniques et des procédures qui relèvent aujourd'hui moins de l'espace militant que de celui des communicants et des experts en marketing.
- Sous le bonnet, la classe : retour sur le mouvement des Bonnets rouges - Marion Rabier p. 153-172 La mobilisation des Bonnets rouges à l'automne 2013 n'est pas une simple « conjonction de ras-le-bol », une révolte qui aurait vu les Bretons se soulever au nom d'une identité commune. Elle a été rendue possible par une mobilisation patronale de longue date contre l'écotaxe, ainsi que par le travail entrepris par un patronat identitaire qui, sous couvert d'une identité régionale englobante et fédératrice, porte un projet politique et économique bien spécifique. Et si des salariés ont adhéré aux mots d'ordre avancés par des porte-parole patronaux, d'autres ont dénoncé cette convergence et ont tenté de résister en organisant des manifestations concurrentes – même si ces dernières ont été moins mobilisatrices que celles des Bonnets rouges.
- Un « simple militant » de la tendance Gauche révolutionnaire de la SFIO à Barcelone en juillet 1936 - Maurice Jaquier p. 171-206
- 1936 : les comités révolutionnaires en Espagne - Ronald Fraser, Celia Izoard, Thierry Discepolo p. 207-220