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La participation du Portugal à la Grande Guerre, Nuno Severiano Teixeira. Le 9 mars 1916, date de la déclaration de guerre de l'Allemagne au Portugal, occulte le fait, méconnu, d'un Portugal en guerre de facto contre l'Allemagne depuis l'été 1914, au Mozambique et en Angola. Cette date masque aussi l'essentiel : d'une part, les raisons qui ont conduit le Portugal à rompre sa neutralité traditionnelle pour entrer en guerre aux côtés de l'Entente ; d'autre part, la conduite d'une guerre marquée, du côté portugais, par le traumatisme de la bataille de la Lys. Aux raisons généralement invoquées à cette entrée en guerre - défense des colonies africaines, volonté de s'assurer une place dans le concert des nations en se démarquant de l'encombrant voisin espagnol resté neutre, Nuno Severiano Teixeira juxtapose la thèse neuve d'une entrée en guerre motivée par des raisons d'ordre interne : la consolidation et la légitimation de la République.

Le salazarisme et le fascisme européen, Antonio Costa Pinto. Que le salazarisme ne puisse être tenu pour un « fascisme » constitue une donnée que tous les historiens aujourd'hui admettent. Peut-on, en revanche, le réduire à une simple dictature ? En aucun cas. La volonté de transformer le Portugal, l'émergence d'institutions originales, l'alliance contractée entre l'Église et le régime reflètent une ambition que l'on ne saurait réduire au pouvoir absolu d'un homme seul et qui incite à reprendre le dossier dans une démarche comparatiste.

Le Portugal et ses « sentinelles de pierre ». L'Exposition du monde portugais en 1940, Yves Léonard. De mai à septembre 1998, le Portugal a accueilli à Lisbonne la dernière exposition mondiale de ce siècle. De juin à décembre 1940, toujours à Lisbonne, mais plus en aval sur le Tage, s'est déroulée une autre exposition, tout aussi ambitieuse mais d'une nature bien différente, celle du monde portugais, point d'orgue des commémorations du 8e centenaire de la fondation du royaume du Portugal (1140) et du 3e centenaire de la restauration de l'indépendance face à l'Espagne (1640). Dédié à la gloire de l'Estado Novo salazariste, soigneusement orchestré par la propagande, ce cycle commémoratif mettait en scène un Portugal « vieux de huit siècles » qui semblait se retrancher derrière ses « sentinelles de pierre ». Sur le plan intérieur, ce cycle marquait l'apogée d'un double processus, celui de la légitimation du régime salazariste et celui d'une mystique impériale associant étroitement un nationalisme non belliciste à l'idée coloniale. Sur le plan extérieur, les commémorations de 1940 affirmaient l'image d'un Portugal neutre, « havre de paix » en Europe et qui, rayonnant sur le « monde portugais », n'était pas « un petit pays ».

Salazar et les trois France (1940-1944). Helena Pinto Janeiro. La France de Vichy et le Portugal de Salazar avaient de nombreux points d'affinités, en particulier leur prétention commune à incarner une troisième voie entre le libéralisme parlementaire et le communisme. Le Portugal a été un modèle pour Pétain, tandis que Salazar pouvait tirer profit de sa complicité avec le gouvernement français issu de la défaite de juin 1940. Cela n'a pas empêché le Portugal, tout au long de la guerre, d'entretenir des liens officieux avec les opposants au régime français aussi bien dans les milieux proches du général Giraud que du côté de De Gaulle et de la France libre. Le Portugal salazariste a donc eu des rapports complexes avec les trois France, essayant de ménager toutes les possibilités d'entente avec un pays qu'il tenait pour une grande puissance politique et culturelle.

Bilan historiographique des recherches sur l'État nouveau, Fernando Rosas. Vingt-cinq ans après la « révolution des œillets », on peut procéder à un bilan de l'évolution des trois étapes de la recherche consacrée à l'Etat nouveau. Au temps du salazarisme, les recherches en histoire contemporaine, pratiquement inexistantes, étaient suspectées d'esprit partisan. Les rares recours à l'historiographie du 20e siècle portugais servaient à légitimer la résistance et la lutte contre la dictature. Après le processus révolutionnaire, la démocratisation de la société portugaise a permis la découverte et l'appropriation de l'histoire contemporaine. Cette deuxième période a été marquée par une véritable explosion de l'historiographie contemporaine. Plus de vingt ans après 1974, l'historiographie de l'Etat nouveau est non seulement l'un des secteurs les plus dynamiques de la recherche et de la production des sciences sociales portugaises, mais c'est aussi l'une des thématiques les plus populaires auprès du grand public. Ces recherches sont confrontées à des problèmes théoriques et méthodologiques car l'histoire de l'Etat nouveau est une discipline récente au Portugal.

Les effectifs du Parti social français, Jean-Paul Thomas. L'étude de documents nouveaux permet une réévaluation de l'importance du Parti social français dirigé par le colonel de La Rocque dans la France de la fin des années 1930. Premier parti de masses de l'histoire de la droite en France, le PSF fut un phénomène inédit et spectaculaire, touchant les hommes aussi bien que les femmes, dans un pays et sous un régime traditionnellement peu favorables au rôle de partis politiques « populaires ». Le caractère massif du PSF annonce aussi, pour partie, le cas du RPF du général de Gaulle.

Le Mémorandum sur les Tâches d'un Plan de Quatre Ans d'Adolf Hitler, Laurent Murawiec. Pour la première fois, et après une présentation détaillée, le texte du Mémorandum de Hitler est publié en français. Ce texte, rédigé en 1936, annonce la métamorphose de l'économie du Troisième Reich en une économie de guerre en temps de paix. Inspiré des pratiques et des idéologies liées à l'économie de guerre de la première guerre mondiale, reprenant les idées diffuses d'autarcie et de planisme, le Mémorandum place l'économie dans la dépendance complète des impératifs politiques et militaires. Il institue Goering " dictateur économique " et scelle l'alliance entre les chefs militaires et Hitler.

Les lumières de la ville. L'administration municipale à l'épreuve de l'électrification, Alexandre Fernandez. Au cours du premier 20e siècle, l'électrification fut un des signes majeurs de la modernité urbaine, et un défi nouveau pour les municipalités. Celles-ci se virent en effet confrontées à la nécessité de réguler un service collectif pour lequel elles ne possédaient ni compétence technique ni tradition de gestion. Rares furent les villes où se mirent en place des régies municipales. Le plus souvent, confrontées à la croissance du secteur de l'industrie électrique et à la mise en place d'entreprises fonctionnant en réseaux, les municipalités durent négocier des concessions avec ces dernières en s'efforçant de garder la maîtrise politique de leur alimentation. L'électrification des villes fut donc l'un des domaines d'apprentissage de la modernité administrative dans le cadre d'une véritable économie politique locale. La loi de régionalisation de 1982 leur rend désormais une capacité d'autonomie que la fin du monopole d'EDF, prévue pour 1999, devrait renforcer, sans que soit garantie pour autant la transparence et le caractère démocratique d'une gestion négociée avec le puissant secteur privé.

et arabes, avaient eu tendance à nier. Autant de débats passionnels qui appellent une analyse dépassionnée.