Contenu du sommaire : Recherche en sciences humaines sur l'Asie du Sud-Est

Revue Moussons : Recherche en Sciences Humaines sur l'Asie du Sud-Est Mir@bel
Numéro no 32, 2018
Titre du numéro Recherche en sciences humaines sur l'Asie du Sud-Est
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • In memoriam

  • Articles

    • Le volcan Merapi au carrefour du naturalisme et de l'analogisme - Adeline Martinez p. 21-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À travers l'exemple du Merapi, situé à Java centre en Indonésie, le but de cet article est d'explorer la cohabitation de différentes pratiques et conceptions en relation avec la compréhension de l'environnement volcanique. En prenant l'exemple des institutions gouvernementales de gestion des catastrophes, d'une part, et les instances royales de Yogyakarta, d'autre part, il s'agira de décrire les techniques et les moyens que chacune met en œuvre dans leur appréhension du danger. Nous verrons comment ces perspectives, respectivement naturaliste et analogique, participent au façonnement de l'espace social d'un village réinstallé des hautes terres du volcan.
      Through the example of the Merapi, located in Central Java in Indonesia, the aim of this article is to explore the cohabitation of different practices and conceptions related to the understanding of the volcanic environment. By taking the example of governmental disaster management institutions on the one hand and the Yogyakarta royal authorities on the other, it will describe the ways and the techniques that they respectively implement in their apprehension of the danger. It will show how theses perspectives, respectively naturalistic and analogical, are involved in the construction of the social space of a resettled village of the upland of the volcano.
    • Javanese Conceptions and Socialisation of Death. Death Funerals as an Active Orientation of Time and Values - Jean-Marc de Grave p. 49-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose une réflexion sur la façon dont les Javanais considèrent la mort. Des témoignages de première main de maîtres rituels sont rapportés. Ils concernent les conceptions auxquelles ces maîtres se réfèrent ainsi que les pratiques rituelles qu'ils utilisent. Ces témoignages sont précédés d'une synthèse des descriptions de rituels funéraires javanais par différents ethnographes qui ont très peu qui ont très peu traité l'arrière-plan conceptuel. L'analyse comparée qui découle de ces deux corpus révèle que la mort doit être comprise ici de façon ultime en lien à l'action sociale des ancêtres appelés à renaître ou non. C'est à partir de ce référent que se déclinent les différents types d'action qui ne conduisent pas à l'ancestralisation, donc les autres différentes catégories de morts. In fine, ces catégories induisent les différents types d'action et de relations sociales des vivants. La mise en perspective s'appuie notamment sur les observations de Robert Hertz sur les rites funéraires et le rôle central des secondes funérailles qui prennent un tour particulier à Java.
      This article reflects on the Javanese view of death, based notably on first-hand accounts of ritual masters, their conceptions and ritual practices. Existing ethnographic literature on Javanese funerary rituals is largely descriptive and delves little into conceptual issues. A comparative analysis of the literature and first-hand data reveals that death must ultimately be understood in relation to the social action of ancestors called to be reborn or not. Considered from this angle, it is possible to define various types of action that do not lead to ancestralisation as well as define various categories of death. Ultimately, these categories induce the different types of action and social relations of the living. The perspective is notably based on Robert Hertz's observations on funerary rites and the central role and unique configuration of second funerals in Java.
    • Un conflit « parlementaire » en Annam en 1928 - Dau Duc Anh p. 75-92 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le mot « parlementaire » est utilisé entre guillemets dans un sens extensif car la notion même de parlement comme rassemblement de notables lié au pouvoir royal était inconnue dans l'histoire de la monarchie vietnamienne. Cependant, entre 1926 et 1945, durée de l'existence de la Chambre des représentants du peuple de l'Annam (Viện nhân dân đại biểu Trung kỳ), qui fut une création du pouvoir colonial français, il y eut quelques conflits « parlementaires ». L'un d'entre eux est le conflit entre le président de la Chambre des réprésentants Huỳnh Thúc Kháng et le résident supérieur en Annam Jabouille en 1928. Grâce à nos recherches sur les différents épisodes de ce conflit « parlementaire », cet article espère contribuer à la compréhension du rôle, des tâches et de la nature de la Chambre des représentants du peuple de l'Annam en particulier et de la particularité « parlementaire » coloniale en général.
      Parliamentary conflict is an unique phenomenon in Vietnamese history in the early modern period. In the course of the existence (1926-1945) of Chambre des représentants du peuple de l'Annam (Viện nhân dân đại biểu Trung kỳ), we can see some parliamentary conflicts emerging. One of the typical parliamentary conflicts was between the representative Huỳnh Thúc Kháng and the résident supérieur de l'Annam Jabouille in 1928. From studies on various aspects of the parliamentary conflict in Trung Ky (taxation, education, politics, law), this article will contribute to better clarify the functions and duties of Chambre des Représentants du Peuple de l'Annam in particular and the nature of a « parliament » in the French colonies in general.
    • Sportifs, scouts et nationalistes : itinéraire de deux jeunes Vietnamiens (1940-1945) - Brice Fossard p. 93-107 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pendant la Seconde Guerre mondiale les activités sportives et le scoutisme en Indochine étaient dirigés par l'administration coloniale française pour contrôler la jeunesse et empêcher l'essor du nationalisme. Mais malgré cette politique, de nombreux jeunes vietnamiens ont rejoint le Vietminh en 1945. Grâce à l'étude du parcours de deux adolescents vietnamiens, cet article vise à démontrer comment ces activités culturelles ont pu jouer un rôle dans leur engagement politique contre la France.
      During the Second World War sport activities and the scout movement in Indochina were managed by the French colonial administration to control the local youth and prevent the rise of nationalism. But in spite of this policy, many young Vietnamese people joined the Vietminh in 1945. By analysing the cases of two Vietnamese teenegers, this article aims to explain how these cultural activities may have played an active role in building their political commitment against France.
    • Between Colony and Metropole: Repatriation of Vietnamese Workers from Post-war France - Chizuru Namba p. 109-132 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Immédiatement avant la Seconde Guerre mondiale, environ 20 000 Vietnamiens ont été envoyés d'Indochine en France en tant que travailleurs. Une fois la guerre terminée, le rapatriement de ces expatriés était une obligation immédiate imposée par le nouveau gouvernement français et un désir sincère pour la majorité d'entre eux. Pour la France, la gestion de ces travailleurs était un sujet délicat et difficile ; le gouvernement craignait le développement de mouvements anticoloniaux au sein et au-delà de leur communauté en France, et également l'accumulation de fardeaux financiers imposés au budget national. Cependant, à la suite du déclenchement et de l'escalade de la guerre d'Indochine, le rapatriement sans heurt s'est avéré difficile à réaliser. C'est en particulier celui des travailleurs des zones contrôlées par le Viet Minh qui a posé le plus de problèmes. La France craignait qu'ils assistent le Viet Minh et rejoignent la résistance. Des désaccords à propos de cette question éclataient occasionnellement entre le gouvernement français, qui espérait se débarrasser des travailleurs, et les autorités coloniales qui accordaient la priorité au maintien de l'ordre dans la société coloniale. Pourtant, après le rapatriement, les autorités coloniales, cherchant à alléger la gestion des travailleurs, ont essayé d'imposer cette tâche aux gouvernements locaux vietnamiens dans les zones contrôlées par la France. Les autorités locales vietnamiennes s'opposaient fréquemment à cette politique française qui refusait de prendre toute autre responsabilité financière. La mobilisation des habitants locaux des colonies était une politique exercée par la métropole pour renforcer « l'unité de l'empire » en temps de guerre. Cependant, la France d'après-guerre a dû faire beaucoup d'efforts pour régler la dette engendrée par cette politique qui a eu pour conséquence première de rendre davantage instable la poursuite de la colonisation.
      Immediately before World War II, approximately 20,000 people were sent from Indochina to France as workers. Once the war had ended, the repatriation of these workers was an obligation for the new French government and an earnest desire for the majority of workers. When France made clear its confrontational stance towards the Viet Minh government, many workers revolted against the French policy that hindered the independence of their home country. Managing these “contending” workers within France subsequently became a complex issue for France. The financial burden was also a problem, and the French government, anxious about workers expanding their anticolonial movements, sought for their swift repatriation. However, following the onset and escalation of the Indochina War, smooth execution of such plans proved difficult to achieve. The repatriation of workers from Viet Minh–controlled zones posed significant problems in particular. France feared that once returned, these people would assist the Viet Minh and join the resistance against France. The colonial authorities were concerned about this issue, and disagreements occasionally erupted between the French domestic government, who hoped to merely “offload” the workers, and the colonial authorities, who wished to actually control the effects of worker repatriation in Indochina. Yet, after the repatriation, colonial authorities, seeking to lessen the burden of handling workers, “offloaded” them in turn by forcing this responsibility onto the local Vietnamese governments under French control. Friction arose between the two sides: the Vietnamese frequently opposed the French, who would make many demands, especially to control workers from Viet Minh zones, but refuse to take any further financial responsibility. During the war, mobilisation of local citizens in a colony was a policy employed by the metropole to strengthen the unity of the empire. After the war however, France was required to spend a great amount of effort in order to settle the debt created by this policy.
    • Le rôle des papes Jean XXIII et Paul VI dans la recherche de la paix au Việt Nam de 1963 à 1969 - Le Thi Hoa Marie p. 133-151 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Entre 1963 et 1969, Jean XXIII et Paul VI ont cherché une paix juste ou une « coexistence pacifique » dans le conflit qui déchirait le Vietnam, en impliquant l'ONU pour un désarmement concerté. Ces papes ont joué un rôle que beaucoup d'historiens ignorent encore : Jean XXIII en récusant toute idée de « guerre juste » car la guerre est maintenant incapable de corriger une injustice, et Paul VI en s'adressant directement aux belligérants.
      Between 1963 and 1969, Jean XXIII and Paul VI searched for a just peace or a « peaceful coexistence » in the conflict which divided Vietnam, involving UNO for a concerted disarmament. These Popes played a role still ignored by many historians : Jean XXIII, rejecting all idea of a « just war » because war is now unable to correct any injustice, and Paul VI, directly addressing to the belligerents.
    • Les conséquences politiques du Đổi Mới et du déclin de l'utopie communiste dans les relations du Viêt Nam avec les associations « patriotiques » outre-mer (1988-1992) - Christophe Vigne p. 153-178 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Durant la guerre du Viêt Nam, le gouvernement révolutionnaire nord-vietnamien a bénéficié du soutien de Vietnamiens de l'étranger rassemblés au sein d'associations dîtes « patriotiques ». Après la victoire du pouvoir communiste (1975), et la réunification du pays (1976), ces associations sont tenues à l'écart de la vie politique vietnamienne. Ce n'est qu'à partir de 1986, et de l'amorce de la politique du Đổi Mới (Renouveau), que la classe politique vietnamienne leur accorde un droit de parole. Mais très vite, les prémices de l'effondrement des régimes socialistes d'Europe de l'Est font souffler un vent de démocratie au sein de la communauté vietnamienne outre-mer. Jusque-là subordonnées au Parti communiste vietnamien (PCV), les associations « patriotiques » réclament, au côté d'autres mouvements politiques de la diaspora, des évolutions démocratiques au Viêt Nam. Ce n'est qu'au début des années 1990 que Hanoi parvient à affaiblir cette dissidence et à construire un nouveau rapport avec les associations « patriotiques ».
      During the Vietnam War, the North Vietnamese revolutionary government benefited from the support of overseas Vietnamese population who formed the so-called "patriotic" organizations. After the communist victory (1975) and the reunification of the country (1976), these organizations were kept out of Vietnamese political life. It was only from 1986, and the beginning of Đổi Mới (Renovation) policy, that the Vietnamese political scene granted them freedom of speech. Very quickly, however more obvious weakness of Eastern Europe socialist sparked a thirst for democracy in the overseas Vietnamese community. Previously controlled by the Communist Party of Vietnam, “patriotic” organization, along with other political movements in the diaspora, are now calling for democratic progress in Viet Nam. It was only in the early 1990s that Hanoi was able to mute down dissidence and put these “patriotic” organizations back on track.
    • La médiatisation de la voix marginale dans l'espace public vietnamien - Thi Thanh Phuong Nguyen-Pochan p. 179-204 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examinera la couverture médiatique de la campagne pour le projet d'amendement et de modification de la Constitution de 1992 en 2013 au Vietnam. Il cherche à éprouver l'hypothèse selon laquelle la médiatisation des paroles marginales dans la sphère publique dominante est révélatrice de l'émergence de la société civile vietnamienne, en s'appuyant sur la conception gramscienne de l'hégémonie, de l'intellectuel organique et de la société civile.
      This article examines the media coverage of the 2013 campaign for the amendment and revision of the 1992 Constitution in Vietnam. Its purpose is to test the hypothesis whereby the mediatization of marginal speeches in the dominant public sphere is indicative of the emergence of a Vietnamese civil society. It draws on Gramscian conception of hegemony, of organic intellectual and of civil society.
  • Comptes rendus