Contenu du sommaire : Civilisation écologique

Revue Monde Chinois Mir@bel
Numéro no 56, 2018/4
Titre du numéro Civilisation écologique
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Dossier - Civilisation écologique : du slogan à la réalité

    • Écologie et développement à Taiwan et en Chine - Emmanuel Dubois de Prisque, Jean-Yves Heurtebise p. 5-7 accès libre avec indexation
    • La Chine : nouvel hegemon du régime climatique mondial ? - Jean-Paul Maréchal p. 8-27 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'objet de cet article est d'analyser la thèse d'une possible hégémonie chinoise sur le régime climatique international. On verra dans un premier temps l'origine et la signification des notions de leadership et d'hégémonie. On présentera ensuite l'évolution du régime climatique international, de l'adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992 à celle de l'Accord de Paris en 2015. Enfin, on analysera si le changement de position de Pékin dans les négociations climatiques internationales est susceptible de déboucher sur une hégémonie chinoise dans ce domaine.
      This article addresses the question of a possible Chinese hegemony on the international climate regime. It first discusses the origin and meaning of the concepts of leadership and hegemony. It then analyses the evolution of the climate regime from the adoption of the United Nations Framework Conference on Climate Change in 1992 to the adoption of the Paris Agreement at the end of 2015. In the third part, it analyses possible international consequences in terms of hegemony of the radical change in China's climate change strategy observed during the first decade of this century.
    • L'émergence d'un nouveau champion de la lutte contre le réchauffement climatique ? Les dessous des politiques environnementales chinoises - Mylène Gaulard p. 28-38 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Alors que les États-Unis se désengagent actuellement de la lutte contre le réchauffement climatique, les dirigeants chinois souhaitent au contraire faire apparaître leur pays comme le nouveau leader de ce combat mené à l'échelle internationale. Adopté en mars 2016 par l'Assemblée nationale populaire, le 13e plan quinquennal reprend notamment les grands objectifs sur lesquels la Chine s'était engagée avec l'accord de Paris signé en 2015. Mais il est important de garder à l'esprit que la stagnation des émissions de CO2, avec un pic prévu pour 2030, est surtout permise par le ralentissement économique observé depuis 2013. Et ce d'autant plus que la transition énergétique et les investissements réalisés dans les secteurs d'avenir que semblent constituer les énergies renouvelables apparaissent comme des solutions non négligeables pour échapper à un ralentissement de plus en plus dangereux pour l'économie nationale. Le portrait des politiques environnementales chinoises est pourtant beaucoup plus sombre et moins susceptible de faire l'unanimité lorsqu'on se penche sur les maux qu'elles engendrent, qu'il s'agisse des licenciements massifs provoqués par cette transition, expliquant les stratégies de contournement des collectivités locales, ou bien des problèmes environnementaux posés par l'exploitation des terres rares indispensables à la production des nouvelles énergies. La transition énergétique chinoise est donc loin d'être aussi simple et respectable que les éloges internationaux de cette nouvelle politique pourraient le laisser croire.
      While the United States is currently disengaging from the fight against global warming, the Chinese leaders would like to present their country as the new champion of this international fight. Adopted in March 2016 by the National People's Congress, the 13th Five-Year Plan includes China's major environmental objectives, set in full accord with the Paris agreement signed in 2015. Yet it is important to bear in mind that the stagnation of CO2 emissions, with a peak forecast for 2030, is mainly allowed by the economic slowdown observed since 2013. And all the more so as the energy transition and investments in renewable energies appear as solutions in order to escape this slowdown in the national economy. However, the picture of China's environmental policies is much darker and less likely to be harmonious when emphasis is put on massive layoffs caused by this transition, partially circumscribed by various strategies from local governments, or on environmental problems posed by the exploitation of rare earths, essential for the production of new energies. The Chinese energy transition is thus far from being as simple and respectable as the international praise of this new policy might suggest.
    • Global value chains and the distribution of the environmental costs of China's industrialization - Philip S. Golub p. 39-50 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article traite du rôle des chaînes de production et de valeur transnationales dans l'empreinte environnementale globale de la Chine. L'objectif est d'élargir le débat sur la justice environnementale internationale en vue d'un partage équitable des coûts, non seulement entre pays, mais aussi entre les Etats et les acteurs transnationaux privés qui structurent et dominent la production et les flux commerciaux mondiaux. La question de la justice environnementale internationale ou mondiale et d'une répartition équitable des coûts ne se limite pas aux responsabilités historiques du « Sud » et du « Nord » dans l'émission de gaz anthropogéniques depuis la Révolution industrielle, problème bien étudié qui a conduit à l'adoption du principe des responsabilités « communes mais différenciées [nationales] », dans les changements climatiques mondiaux. Il faut également tenir compte des responsabilités fondamentales des entreprises transnationales dans la production d'externalités environnementales négatives tout au long des chaînes de valeur, depuis la recherche, le développement et la conception, l'extraction des matières premières et la production et l'assemblage des composants, jusqu'à la consommation du produit fini sur le marché mondial et son recyclage. Étant donné le rôle de ces entreprises dans la production et les exportations chinoises, les défis environnementaux de la Chine et les répercussions mondiales du pays doivent être considérés non seulement comme une question nationale, mais aussi comme une question transnationale.
      This article discusses the role of transnational production and value chains in China's overall environmental footprint. The aim is to broaden the debate on international environmental justice with a view to an equitable sharing of costs, not only between countries, but also between states and the private transnational actors who structure and dominate world production and trade flows. The question of international or global environmental justice and of a fair distribution of costs is not limited to the historical responsibilities of the “South” and “North” in the emission of anthropogenic gases since the Industrial Revolution, a well-researched problem that has led to the adoption of the principle of “common but differentiated [national] responsibilities” in global climate change. One must also consider the core responsibilities of transnational firms in the generation of negative environmental externalities along the entire commodity chain, from research, development and design, to the extraction of raw materials and the production and assembly of components, to world market consumption of the finished product and its recycling. Given the role of these firms in Chinese production and exports, China's environmental challenges and the country's global impacts must be framed not only as a national but also as a transnational issue.
    • Les villes chinoises, acteurs clés de la lutte contre la pollution atmosphérique ? - Laëtitia Guilhot, André Meunié, Guillaume Pouyanne p. 51-58 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Depuis quelques années, la Chine fait face à des problèmes environnementaux majeurs dont l'un d'entre eux est la pollution atmosphérique. Cet article a pour objet de mettre en évidence le rôle, forcément ambigu, des villes chinoises dans la lutte contre la pollution atmosphérique. Après un état des lieux sur les déterminants de la pollution atmosphérique en Chine, nous aborderons les deux principaux domaines dans lesquels les villes chinoises auront un rôle à jouer : la mobilité quotidienne d'abord, essentiellement à travers une action de la puissance publique et l'émergence d'une classe moyenne urbaine aux préoccupations environnementales plus affirmées.
      In recent years, China faces major environmental problems, one of which is air pollution. This article aims to highlight the role, necessarily ambiguous, of Chinese cities in the fight against air pollution. After an inventory of the determinants of air pollution in China, we will discuss the two main areas in which Chinese cities will have a role to play : daily mobility first, mainly through actions of the central authority and the rise of an urban middle class who are increasingly concerned about the environment.
    • Ecological civilisation for China's urban sustainability: A review of normative criteria - Costanza Termine, Daniele Brombal p. 59-70 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Au cours de la dernière décennie, le concept de « civilisation écologique » (shengtai wenming, 文明) est devenu une monnaie courante dans le débat en Chine sur l'urbanisation durable. Sur le plan conceptuel, la civilisation écologique appelle à un nouvel accord entre l'homme et la nature et à adopter un nouveau modèle de développement, qui n'entraîne pas de perturbation de l'environnement naturel en faveur de la croissance économique. Cependant, la mesure dans laquelle la civilisation écologique peut remodeler les normes du développement urbain fait encore l'objet de débats. Afin de faire la lumière sur cette question, nous avons procédé à une analyse systématique de 24 systèmes d'évaluation inspirés par la civilisation écologique. Cet examen montre un accent nouveau mis sur la dimension sociale de la durabilité, dans laquelle les thèmes « non techniques » fondés sur les relations de l'homme avec son cadre de vie complètent les catégories traditionnelles de durabilité sociale – protection sociale, éducation, travail. Les systèmes d'évaluation inspirés par la civilisation écologique semblent également refléter un lien plus étroit entre le savoir et les politiques, avec un focus sur des questions telles que la sensibilisation à l'environnement et la participation du public. L'adoption du concept de « civilisation écologique » semble donc aller de pair avec l'instauration d'une approche plus globale de la durabilité urbaine. La mesure dans laquelle ces normes seront traduites dans la pratique dépendra des processus institutionnels et politiques régissant le développement urbain de la Chine – elles doivent donc être mieux comprises et définies.
      In the last decade, the concept of ecological civilisation (shengtai wenming, 生态文明) has become common currency in China's debate on sustainable urbanization. Conceptually, ecological civilisation calls for a renewed harmony between human and nature and for the embracement of a new development model, one that does not entail the disruption of the natural environment in favour of economic growth. However, the extent to which ecological civilisation can reshape the norms of urban development is still debated upon. In order to shed light on this issue, we conducted a systematic review of 24 assessment systems inspired by ecological civilisation. The review shows a novel emphasis on the social dimension of sustainability, whereby ‘soft' themes informed by humans' relations with their living environment complement traditional categories of social sustainability−welfare, education, labour. Assessment systems inspired by ecological civilization also appear to reflect a stronger nexus between knowledge and policy, by focusing on issues such as environmental and ecological awareness, and public participation. The adoption of ecological civilisation does therefore appear to be consistent with the establishment of a more comprehensive notion of urban sustainability. The extent to which such norms will be translated into practice will depend upon wider institutional and political processes governing China's urban development and therefore needs to be further ascertained.
    • Progrès et contraintes de l'écologie : l'exemple des chemins de dépendances de l'agriculture chinoise - Marie-Hélène Schwoob p. 71-82 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'encouragement d'un modèle agricole essentiellement productiviste depuis les années 1970 a eu des impacts importants sur les ressources naturelles chinoises, alors même que celles-ci étaient déjà soumises à la pression liée au développement industriel et urbain accéléré. En 2004, face aux enjeux de sécurité alimentaire grandissants, le gouvernement a réinvesti la question agricole. Depuis, les objectifs de protection de l'environnement et de santé figurent aux côtés des objectifs de productivité dans les documents officiels concernant le développement agricole. Mais il apparaît qu'en dépit d'une volonté grandissante d'infléchir le modèle d'agriculture intensive, des chemins de dépendance se sont créés. Cet article vise à décrire ces chemins de dépendance, qui ont dessiné des rapports de pouvoir rigides entre les différents acteurs du secteur. En marginalisant certains acteurs qui forment encore la quasi-totalité de la main d'œuvre agricole, ces chemins de dépendance restreignent les possibilités d'échanges et de changement de pratiques vers une meilleure prise en compte de l'écologie. L'article cherche également à explorer le modèle émergent des AMAP pékinoises, qui font figure d'alternatives possibles au modèle dominant et à ses rigidités. L'article montre cependant que ces alternatives sont faibles et se limitent à certains secteurs ou à certaines portions du territoire, qui font figure d'enclaves d'innovation et se rapprochent plus d'une agriculture « de luxe » pour une clientèle urbaine aisée, renforçant l'hypothèse des stratégies individuelles comme réponses principales à cet enjeu de santé publique.
      Since the 1970s, the support granted to intensive agricultural practices has had a tremendous impact on natural resources in China, already highly degraded by the accelerated industrial and urban development. In 2004, faced to growing food security stakes, the government started dedicating important efforts to address the agricultural issue. Since then, environmental and health protection objectives have been placed high on the agenda, along with productivity objectives. However, in spite of a growing willingness to reverse the trend and make the model less intensive, path dependencies have risen. This article aims at depicting these dependencies, which installed rigid power balances between the stakeholders of the agricultural sector. Marginalizing certain actors, which form the quasi-totality of the agricultural workforce, these path dependencies restrict the possibilities to disseminate knowledge and make practices evolve towards more sustainability. This article also aims at exploring the emerging model of CSAs located in the area of Beijing, which could be a possible alternative to the dominant model locked-in its rigidities. The article though demonstrates that these alternatives are weak and limited to certain sectors and certain areas of the territory, which look like pockets of innovation and are closer to a model of « luxury » agriculture feeding well-off urban citizens, reinforcing the hypothesis that individual strategies dominate the answers brought to this public health issue.
    • Étude sur les liens entre inégalité entre les sexes et changement climatique en Chine - Angela Moriggi p. 83-96 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La Chine est le premier contributeur mondial aux émissions de gaz à effet de serre et l'un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Pourtant, la vulnérabilité sociale au changement climatique est encore mal comprise. En particulier, les études relatives au genre sont presque absentes du débat sur le changement climatique. Au niveau scientifique, des efforts très limités ont été déployés pour étudier la pertinence des différences entre les sexes en matière d'efforts d'adaptation et d'atténuation. Ce chapitre vise à contribuer à combler cette lacune en fournissant une analyse des conditions structurelles de l'inégalité entre les sexes qui affecte le pays aujourd'hui et en soulignant leur lien étroit avec la vulnérabilité sociale au changement climatique. Les résultats indiquent que la féminisation du travail, l'inégalité d'accès aux ressources, l'inégalité d'accès à la prise de décisions et les normes « sexospécifiques » traditionnelles peuvent jouer un rôle important dans la capacité des femmes à faire face au changement climatique en Chine.
      China is the world's largest contributor to greenhouse gas emissions, and one of the countries most vulnerable to climate change globally. Yet, social vulnerability to climate change is still poorly understood across the country. In particular, gender-sensitive perspectives are almost absent from the climate change debate. At scientific level, very limited attempts have been made to investigate the relevance of gender differentials to adaptation and mitigation efforts. This chapter aims at contributing to bridging this gap, providing an analysis of the structural conditions of gender inequality affecting the country today and highlighting their close link to social vulnerability to climate change. Results indicate that feminization of labor, unequal access to resources, and unequal access to decision-making and traditional gender norms can play a strong role in undermining women's capacity to cope and adapt to climate change in China.
    • Économie, environnement et travail en Chine. Le cas du recyclage informel à Pékin - Gaspard Brun p. 97-107 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Cet article propose d'aborder le lien entre Environnement et économie depuis une analyse du travail dans le champ des métiers informel du recyclage des déchets à la périphérie de Pékin. Ce faisant il s'appuie sur une approche anthropologique pour étudier ce qui se joue dans l'activité de travail elle-même et ambitionne de relier cette perspective avec celle d'enjeux plus larges, qu'ils se situent dans une sphère économique, environnementale ou en santé publique.
      This paper examines the relationship between environment and economy in China. Our viewpoint, stemming from activity centred ergonomics and anthropologies approaches, is proposed as contribution to enlarge economical topics on work and ecology, especially by a recycler's workers analysis.
    • Les questions environnementales, espace de (re)politisation de la jeunesse taïwanaise - Tanguy Lepesant p. 108-119 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La jeunesse taïwanaise est souvent pointée du doigt par les générations actuellement au pouvoir et stigmatisée pour son inconsistance, son manque de ténacité face à la pression et son « incurie politique ». Pourtant, cette nouvelle génération a été au cœur de tous les grands mouvements sociaux des années 2010, notamment sur les questions environnementales. Cet article souhaite montrer en quoi ces dernières constituent l'un des espaces actuels de politisation de la plus jeune des générations de citoyens taïwanais. Trois aspects de cette mise en contact avec le politique seront étudiés. Tout d'abord, le retour en force des questions environnementales participe à la création d'un sentiment plus général de crise et d'urgence au sein d'une jeunesse saisie par l'impression grandissante de la faillite du modèle de développement économique mis en place par les générations précédentes. Ensuite, les protestations générées par ce sentiment de crise ont contribué à faire sauter certains verrous psychologiques au sein de la jeunesse taïwanaise en produisant une transformation radicale du rapport à la contestation dans une société encore très conservatrice. Enfin, ces sujets de préoccupation constituent des voies dérivées de matérialisation d'un espace politique commun renforçant l'identification à une communauté de destin liée au territoire de Taïwan et à sa survie.
      Taiwanese youth are often singled out by older people and stigmatized for a perceived lack of resilience under pressure and the weakness of their political involvement. However, during the 2010s, this new generation has been at the heart of all main social movements, especially those related to environmental issues. This paper intends to show how these issues constitute an important space for the politicization of young Taiwanese citizens. Three aspects will be studied : First, the powerful comeback of environmental issues to the center of public affairs has created a sense of crisis and urgency among Taiwanese youth. The growing impression is that the economic model which brought prosperity to Taiwan is now on the verge of collapse and needs to be questioned. Second, this sense of crisis has produced social movements that in turn helped to break some of Taiwanese youth's psychological locks by producing a radically new approach to public protest in what is still a highly conservative society. Third, environmental concerns are derivative ways to materialize a common political space that reinforces identification with a common destiny linked to the territory of Taiwan and its survival.
    • Entre typhons et menace chinoise, Taiwan zone critique de la géo-politique - Paul Jobin p. 120-135 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Empruntant la notion de zone critique aux géologues, Bruno Latour invite à dépasser la géopolitique du régime westphalien, un cadre jugé obsolète pour affronter la crise de l'anthropocène. A travers deux terrains d'observation et des enquêtes quantitatives, je considère ici Taiwan comme une zone particulièrement critique de la crise écologique mondiale. Cependant, dans le contexte taiwanais, compte tenu de la menace chinoise, le risque géopolitique de type classique ne peut être traité à la légère. Jusqu'à présent, les désastres dus au réchauffement climatique tels que typhons et glissements de terrain sont envisagés séparément des risques géostratégiques comme le blocus économique ou une invasion armée. Dans une première partie, nous suivons en compagnie de Bruno Latour lui-même une équipe internationale de géologues dans les gorges de Taroko tandis qu'une mine de la firme Asia Cement menace un village aborigène. Nous nous rendons ensuite sur l'atoll de Dongsha en Mer de Chine, où les militaires taiwanais aident des chercheurs spécialistes de biologie marine à ramasser les déchets en matière plastique venus de toute l'Asie, tandis que les bateaux chinois rôdent. Enfin, une dernière partie présente des enquêtes d'opinion qui traitent d'une part du risque écologique et d'autre part de la menace d'une invasion armée chinoise. En conclusion, je propose une géopolitique qui tienne compte et de la crise écologique et de la menace géostratégique.
      Borrowing the concept of the Critical Zone from the earth sciences, Bruno Latour proposes going beyond the geopolitics of the Westphalian regime, a framework he considers obsolete for dealing with the crises of the Anthropocene. In this article, I follow on Latour's initiative to look at the case of Taiwan as a particularly critical area of the global crisis, based on two field studies, as well as quantitative surveys. However, in the context of Taiwan, the classical type of geopolitical risk cannot be neglected, given the Chinese threat. Disasters caused by global warming, such as typhoons and landslides, are generally considered separately from geostrategic risks like economic blockades or a military invasion. In the first part, I follow—in the company of Bruno Latour himself—an international team of geologists in the Taroko Valley, where an Asia Cement mine threatens an aboriginal village. I then go to the Dongsha Atoll in the South China Sea, where Taiwanese military personnel help marine biologists collecting plastic waste from all over Asia, while Chinese boats roam the area. Finally, the last part presents opinion surveys dealing, on the one hand, with the ecological risk, on the other, the menace of a Chinese armed invasion. In conclusion, we propose an approach to geopolitics that takes into account both the ecological crisis and the geostrategic threat.
    • Civilisation écologique chinoise et croyances développementalistes : une analyse critique et comparée des projections idéologiques sur les liens entre environnement, économie et culture - Jean-Yves Heurtebise p. 136-149 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La Chine, ce n'est pas seulement un territoire, un pays, un empire, une langue, une culture, un parti mais aussi et d'abord une image. Une image de « l'Autre », source de rêveries, fantasmes et des nombreuses projections d'un Occident qui peut s'estimer ainsi lui-même à la fois unique, spécifique et à part. Récemment, la Chine a été à la fois émettrice et réceptacle d'une quadruple projection idéologique : développementaliste (miracle chinois), libérale (théorie de la modernisation), pacifiste (« émergence pacifique ») et écologiste (« civilisation écologique »). Ce que nous voudrions étudier dans cet article, ce sont les rapports existants entre « l'illusion libérale » émise par les « Occidentaux » concernant la Chine et « l'illusion écologiste » produite par la Chine à travers la notion de « civilisation écologique chinoise ». Nous commencerons par présenter les quatre « illusions » (développementaliste, libérale, pacifiste et écologiste) pour analyser ensuite les relations entre la seconde et la quatrième de celles-ci en évoquant leur intrication avec la notion de « courbe de Kuznets environnementale ».
      China is not only a territory, a country, an empire, a language, a culture, a party, but also an image. An image of the “Other”, a source of dreams, fantasies and many projections from the “West” – the myth of Chinese alterity reinforcing the discourse about the uniqueness of the West itself. Recently, China has been both transmitter and receptor of a quadruple ideological projection : developmentalist (Chinese economic miracle), liberal (theory of modernization), pacifist (“peaceful emergence”) and ecologist (“ecological civilization”). What we would like to analyze in this article is the relationship between the “liberal illusion” emitted by “Westerners” concerning China and the “ecologist illusion” produced by China through the notion of “Chinese ecological civilization”. We will begin by presenting the four “illusions” (developmentalist, liberal, pacifist and ecologist) to analyze then the relations between the second and the fourth of these by evoking their entanglement with the notion of “Kuznets environmental curve”
  • Varia

    • L'universel aux caractéristiques chinoises - François Danjou p. 150-156 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La montée en puissance de la Chine s'accompagne paradoxalement d'un discours sur la spécificité chinoise et d'un autre discours sur l'universalité de son modèle. Dans la pensée traditionnelle chinoise, la Chine est le monde. Peut-être le sera-t-elle à nouveau demain.
      The rise of China is paradoxically accompanied by a discourse on Chinese specificity and by another discourse on the universality of its model. In traditional Chinese thinking, China is the world. Maybe it will be again in the future.
  • Note de lecture