Contenu du sommaire : Exposer les migrations
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1322, juillet-août-septembre 2018 |
Titre du numéro | Exposer les migrations |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Un défi de démocratie culturelle - Marie Poinsot p. 1
Dossier
- Introduction - Hélène Bertheleu, Piero Galloro, Mikael Petitjean p. 6-7
- La « fabrique » des expositions sur les migrations : Un nouvel objet d'étude - Hélène Bertheleu, Piero Galloro, Mikael Petitjean p. 9-16 Porté par des initiatives pionnières dès les années 1980, le traitement muséographique des questions migratoires révèle une dimension collaborative croissante dans la conception des expositions. Ces projets d'expositions ont ainsi élaboré leur propre méthodologie permettant de réunir des chercheurs, des institutions patrimoniales et des associations. En recueillant les témoignages et les traces des parcours migratoires, il s'agit à la fois de faire connaître et reconnaître des histoires de vie à l'échelle locale et de verser ces mémoires au patrimoine commun. Une double tâche sur laquelle repose une véritable démocratie patrimoniale.
- Toute la France. Histoire de l'immigration en France au XXe siècle : Une exposition historique de valorisation d'un riche patrimoine - Geneviève Dreyfus-Armand p. 19-27 Entre l'hiver 1998 et le printemps 1999, la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) présente l'exposition Toute la France. Histoire de l'immigration en France au XXe siècle au Musée d'histoire contemporaine à l'Hôtel national des Invalides. Cette exposition raconte cent ans d'histoire migratoire dans l'Hexagone, sous un angle à la fois historique et culturel. Elle est l'une des premières du genre à mettre en scène une histoire globale de l'immigration en France. Elle contribue ainsi à la reconnaissance patrimoniale d'une thématique qui a gagné en visibilité dans les collections de la BDIC. La Ligue de l'enseignement s'est associée à la BDIC pour assurer la circulation de l'exposition.
- Prendre conscience de l'ancienneté du phénomène migratoire : Entretien avec Amar Nafa, directeur de l'association Génériques - Hélène Bertheleu p. 29-33
- L'écomusée de Fresnes : retour sur un engagement précoce - Mikael Petitjean, Juliette Spire p. 35-40
- Une exposition sur les mémoires des migrations peut-elle faire « basculer » les pratiques des institutions ? : Retour sur la fabrique d'une exposition et ses effets sur le territoire - Julie Garnier p. 43-53 Inaugurée en 2011 au Château des Ducs de Bretagne-Musée d'histoire de Nantes, l'exposition Nantais venus d'ailleurs s'est fondée sur une démarche de collecte d'objets et de souvenirs auprès des Nantais pilotée en partenariat avec des associations locales. Cette exposition historique offre une large place au temps présent, à la vie vécue par les habitants de tous horizons migratoires, à leur insertion économique ou culturelle dans le tissu local, et également aux phénomènes de rejet qui freinent leurs parcours. Cette mise en récit plurielle qui n'élude aucune question épineuse du champ migratoire permet à une exposition patrimoniale de contribuer au changement des regards sur les réalités des migratoires.
- Saint-Étienne Cosmopolitaine. Retour sur un projet de territoire (2014-2016) - Cyril Longin p. 55-62 Le bassin industriel de Saint-Étienne s'est construit grâce à l'apport de main-d'œuvre venue d'ailleurs dont les archives de la ville ont conservé les traces. Pour valoriser ce fonds, les Archives municipales ont accueilli entre septembre 2015 et septembre 2016 l'exposition Saint-Étienne cosmopolitaine, des migrations dans la ville. Conçue en partenariat avec des laboratoires de recherche et des associations locales, cette exposition visait à connecter les trajectoires migratoires passées à la diversité des cultures qui composent la population stéphanoise. Cette exposition a donné lieu à une véritable saison culturelle dans la ville et inspiré d'autres municipalités.
- Lorrains sans frontières. C'est notre histoire ! : Exposer les migrations en Lorraine - Piero Galloro, Sophie Mouton p. 65-75 Avant sa fermeture en avril 2018 pour cinq années de travaux de rénovation, le Palais des ducs de Lorraine-Musée lorrain à Nancy a clôturé sa programmation par une grande exposition consacrée aux mouvements migratoires en Lorraine. Dans les représentations de ce véritable carrefour de l'Europe, par sa géographie et son histoire, le passé ouvrier de la région a longtemps été privilégié au détriment de la dimension migratoire. Pour pallier ce déficit de visibilité, le Musée lorrain, l'université de Lorraine et des associations ont conçu une exposition à la fois historique et participative permettant de sensibiliser les visiteurs aux histoires migratoires qu'ils ont en partage.
- Le centre du patrimoine arménien. Un ancrage local pour une histoire diasporique : Un ancrage local pour une histoire diasporique - Mikael Petitjean, Laure Piaton p. 77-81
- Exposer le fait migratoire : l'expérience du Musée dauphinois - Olivier Cogne p. 83-89 Lieu de connaissance de l'histoire alpine, le Musée dauphinois est aussi un espace de réflexion sur le vivre ensemble et s'inscrit dans une relation de proximité avec les habitants de son territoire. Fidèle à la démarche participative qui est l'un des piliers de son travail muséographique, le musée collecte et rassemble des objets et des témoignages qui confèrent à chacune de ses expositions la forme d'une mémoire collective partagée. Depuis les années 1980, le Musée dauphinois a fait place entre autres aux Grecs, aux Italiens, aux Arméniens, aux Maghrébins ou aux rapatriés d'Algérie pour refléter la diversité culturelle des populations du département.
- Migrations au musée de Bretagne : un regard sociologique - Anne Morillon p. 91-99 Présentée en 2013 au musée de Bretagne, l'exposition Migrations est le fruit d'une collaboration inédite entre une institution patrimoniale et un collectif de sociologues sur le thème des immigrations étrangères en Bretagne. En donnant à voir les liens entre l'histoire de ce territoire abordé sous l'angle de l'émigration et la diversité des origines migratoires de sa population actuelle, cette exposition visait à élargir l'audience du musée. Pour remplir cet objectif, la réflexion commune des professionnels du musée, des chercheurs et des acteurs associatifs locaux a conduit à la création d'un nouveau procédé de médiation à destination des publics du champ social.
- Photographier l'immigration : entre formalisme sémiologique et engagement social : Retour sur l'exposition itinérante Migrants en Guyane (2011-2012) - Frédéric Piantoni, Katia Kukawka p. 101-111 La compréhension et l'exposition des réalités migratoires en Guyane par le prisme de la photographie constitue la force et l'originalité de Chercher la vie. Migrants en Guyane, une exposition itinérante créée par le Musée des cultures guyanaises de Cayenne en 2011. Cette démarche photographique visait à représenter le quotidien vécu par les migrants en Guyane. Il s'agissait donc de trouver la juste distance pour donner à voir leurs parcours de vie dans leur environnement. Ce questionnement sur l'instant de la prise de vue et l'espace de représentation des sujets conduit à envisager la photographie à l'aune d'une sémiologie globale nourrie à la fois d'histoire de l'art et de géographie sociale.
- Exposer des mémoires de migrations : Retour sur une collecte participative - Hélène Bertheleu, Véronique Dassié, Guillaume Etienne, Julie Garnier p. 113-122 Les concepteurs d'expositions traitant des thématiques migratoires privilégient actuellement des démarches participatives en lien avec le monde de la recherche et le milieu associatif. L'analyse de la collaboration entre ces différents acteurs aux positions sociales et professionnelles différentes, autour d'un projet d'exposition porté par une association, conduit à questionner le processus même de fabrication du patrimoine. Ainsi, les procédés d'enquête et de collecte mobilisés révèlent tout autant les difficultés inhérentes à la patrimonialisation que la formidable capacité d'une exposition à créer du lien social, depuis sa conception jusqu'à sa présentation au public.
- Moving Beyond Borders : la fabrique d'une œuvre scientifique - Marie Arlais, Lucie Bacon, Olivier Clochard, Raphaël Rialland p. 125-134 Fruit de la collaboration entre le réseau Migreurop et le collectif de scénographes et d'artistes Étrange Miroir, l'exposition Moving Beyong Borders propose une exploration des parcours des migrants et des dispositifs responsables de leur errance, dans le Sahara, en mer Méditerranée et/ou aux frontières orientales de l'Union européenne. Le défi de rendre accessible au plus grand nombre dix années de recherche a suscité une approche multimédia des réalités migratoires. Cartes interactives, photographies ou paysages sonores nourrissent ainsi une compréhension sensible du vécu des migrants pour lutter contre les préjugés dont ils sont la cible.
- La présence de quelqu'un qui n'est pas là - Hélène Bertheleu, Malik Nejmi p. 137-145
- Parcours de migrations : Une collaboration entre l'Écomusée Creusot Montceau et la Compagnie Zumbò - Typhaine Le Foll, Matías Chebel p. 147-155 Situé au cœur de l'ancien bassin industriel de Saône-et-Loire, l'Écomusée Creusot Montceau développe des collaborations artistiques et une démarche participative visant à sauvegarder la mémoire vivante d'un territoire nourri par les migrations. Conduit par la Compagnie Zumbò à partir des collections de l'Ecomusée et de témoignages collectés auprès d'habitants du territoire, le projet Murs Murs a contribué à interroger et à renouveler le projet muséal de l'Ecomusée. Murs Murs a été mis en écho avec le travail photographique d'Hanicka Andrès, mêlant les générations, suscitant des rencontres et le partage des histoires.
Chronique
- Quand la population fait le bidonville : Le cas des Gitans de la Campagne Fenouil à Marseille (1960-1998) - Marine Amador p. 158-167
- Kkrist Mirror, Manouches : Paris, Steinkis 2016, 160 p., 20 € - Mustapha Harzoune p. 168-169
- Kkrist Mirror, Tsiganes, une mémoire française - 1940-1946. Histoire du camp de Montreuil-Bellay : Paris, Steinkis 2016, 160 p., 17 € - Mustapha Harzoune p. 169-170
- Chantier de recherche : genre et sexualité en migration - Manuela Salcedo Robledo, Éric Fassin p. 171-178
- Les Assises nationales du Réseau d'acteurs du Musée national de l'histoire de l'immigration 13 octobre 2017 - Agnès Arquez-Roth, Catherine Guilyardi, Julie Voldoire p. 179-189
- Mai 68 et ses suites (re)vus par les enfants d'immigrés - Mogniss H. Abdallah p. 190-196
- Sous le signe d'un mois de mai - Mustapha Harzoune p. 197-201
- Aïta, une anthologie - François Bensignor p. 202-208
- Human Flow : Film Allemagne/Etats-Unis/Chine, 2017, de Ai Weiwei - Anaïs Vincent p. 209
- Des Figues en avril : Film français, Coq Héron productions, 2018, de Nadir Dendoune - Catherine Guilyardi p. 210
- Raconter l'immigration : Pourquoi la fiction alors que le témoignage suffirait ? - Bernardo Toro p. 211-213 Paris Ville Monde, le recueil qui paraît en septembre aux éditions Rue Saint Ambroise, est l'aboutissement des dix mois de résidence de Bernardo Toro au Musée national de l'histoire de l'immigration. Les dix fictions qui composent ce recueil sont le fruit d'une rencontre entre un écrivain et un migrant parisien. Le migrant a confié son expérience à un écrivain qui à partir de son témoignage a élaboré une fiction. L'objectif commun de ces textes est de retrouver par-delà les stéréotypes et les idées reçues l'expérience singulière du migrant en apportant à son témoignage une dimension subjective que seul le passage à la fiction permet.
- Mohamed Mbougar Sarr, Silence du Chœur, Présence africaine 2017, 415 p., 18 € - Mustapha Harzoune p. 214-215
- Patricia Reznikov, Le Songe du photographe, Albin Michel, 2017, 328 p., 21,50 € - Mustapha Harzoune p. 215-216
- Véronique Olmi, Bakhita, Albin Michel, 2017, 460 p., 22,90 € - Mustapha Harzoune p. 216-217
- Victor Lazlo, Les passagers du siècle, Grasset,2017, 335 p., 20 € - Mustapha Harzoune p. 217-218
- Jean-Marie Blas de Roblès, Dans l'épaisseur de la chair, Zulma, 2017, 384 p., 20 € - Mustapha Harzoune p. 219-220
- Kamel Kateb, Nacer Melhani, M'hamed Rebah, Les déracinés de Cherchell. Camps de regroupement dans la guerre d'Algérie (1954-1962), éd. de l'Ined,2018, 200 p., 18 € - Yasmine Achouche p. 220-221
- Catalogue d'exposition, Expo Islam, c'est aussi notre histoire ! L'Europe et ses héritages musulmans, ASBL-Musée de l'Europe/Tempora/Cité de l'histoire pour la paix en Normandie-Mémorial de Caen, 2017, 159 p. - Catherine Guilyardi p. 221-222
- Simeng Wang, Illusions et souffrances, les migrants chinois à Paris, éd. Rue d'Ulm,2017, 180 p., 22 € - Catherine Guilyardi p. 223
- Gwénola Sebaux (dir.), Identités, migrations et mobilités transnationales. Europe xixe-xxie siècle, Presses universitaires du Septentrion, 2017, 234 p., 20 € - Yasmine Achouche p. 224-225