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Revue Revue internationale de politique comparée Mir@bel
Numéro vol. 24, no 4, 2017
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Normaliser la « révolution communautaire » : L'invention des manuels savants sur l'Europe communautaire en France et en Allemagne (1950-1990) - Hugo Canihac p. 321-348 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article étudie la production de manuels universitaires sur l'Europe communautaire dans deux de ses pays fondateurs : la France et la RFA. Il s'agit de mettre en relation deux ensembles de recherches sur un groupe particulier d'intellectuels – les universitaires – qui n'ont entretenu que des rapports distants jusqu'ici. D'un côté, les manuels scolaires ont suscité de riches travaux explorant leur rôle dans la construction et la légitimation du pouvoir dans le cadre stato-national. D'un autre côté, les recherches de sociologie historique ont attiré l'attention sur la participation des universitaires, et singulièrement des juristes, au travail de production et de légitimation d'un ordre politique communautaire. Nous examinons ici la façon dont s'est construite une littérature savante, principalement juridique, sur les Communautés qui a, à ce titre, participé à la normalisation de certaines formes de connaissance de l'Europe communautaire.En adoptant une approche comparative, l'enjeu est de montrer les formes différenciées qu'a prises ce processus selon les contextes. L'article se fonde sur une recherche portant sur un corpus de 58 manuels traitant de l'Europe communautaire parus des années 1950 aux années 1990 en France et en RFA. Il met au jour les conditions sociales de production de ces manuels, et suggère que l'objet communautaire n'a pas été saisi de façon identique par les savoirs universitaires français et allemands, ce que reflète la production des manuels. Ce constat invite à étudier la façon dont ces manuels ont, en retour, contribué à solidifier des définitions différentes de l'objet européen dans les deux pays.
    Normalizing the European “revolution”This article studies the production of university handbooks on the European Communities in two of its founding member states: France and the FRG. The aim is to connect two sets of research on a particular group of intellectuals—academics—who have maintained only loose relations so far. On the one hand, handbooks have given rise to rich works exploring their role in the construction and legitimization of power in national states. On the other hand, research in historical sociology has drawn attention to the participation of academics, and particularly jurists, in the production and legitimization of a European political order. Here, we examine the way in which an academic literature about the Communities has been produced and has, as such, participated in the standardization of certain forms of knowledge of the European Communities.By adopting a comparative approach, the article intends to show the different forms that this process has taken in different national contexts. The article is based on research on a corpus of 58 textbooks dealing with the European Community published from the 1950s to the 1990s in France and the FRG. It uncovers the social conditions of production of these handbooks, and suggests that the Community object has not been captured in the same way by French and German academic knowledge, which is reflected in the production of handbooks. This observation calls for an examination of how these books have in turn contributed to the solidification of different definitions of the European object in both countries.
  • Des murs incomparables ? Enjeux et élaboration d'une comparaison des mobilisations pro-barrière en Israël et en Arizona (États-Unis) - Damien Simonneau p. 349-372 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article présente les principaux enjeux méthodologiques et contraintes scientifiques dans l'élaboration d'une comparaison internationale. La comparaison porte sur les mobilisations en faveur des « barrières de sécurité/frontalière » en Israël et en Arizona (États-Unis). Elle ambitionne d'éclairer le phénomène couramment désigné de « multiplication des murs », compris comme des politiques de militarisation de territoires frontaliers. Le premier enjeu porte sur la construction d'une comparabilité de ces deux politiques de mur emblématiques, à bien des égards similaires bien que dans des contextes géopolitiques distincts. L'emphase sur l'analogie qu'est l'existence de mouvements sociaux pro-barrière dans les deux cas permet d'illustrer une autre fonction de ces murs que celle du contrôle des mobilités, à savoir la spectacularisation du marquage du territoire pour rassurer les citoyens emmurés. Le deuxième enjeu porte sur l'identification des opérations politiques semblables menées par ces acteurs. L'analyse comparée débouche alors sur la caractérisation de la fabrique politique de la militarisation frontalière. Elle met en avant des processus généraux (problématisation, sécuritisation, publicisation) tout en illustrant leurs déclinaisons nationales.
    Incomparable walls? Challenges and construction of a comparison of pro-fence mobilizations in Israel and in Arizona (United States of America)This article presents the main methodological issues and scientific constraints in the development of an international comparison. The comparison focuses on mobilization in favor of “border/security fences” in Israel and Arizona (USA). It sheds light on the phenomenon commonly referred to as the “multiplication of walls,” understood as the militarization of borderlands. The first issue is the construction of a comparability of these two iconic wall policies, in many respects similar though in distinct geopolitical contexts. The emphasis on the analogy of the existence of pro-fence social movements in both cases makes it possible to illustrate another function of these walls than that of the control of mobility, namely the spectacle of marking the territory to reassure the fenced-in citizens. The second issue is the identification of similar political operations led by these actors. Comparative analysis then leads to the characterization of the political fabric of border militarization. It highlights general processes (problematization, securitization, publicization) while illustrating their national variations.
  • Note de recherche

    • Comparer les droites extrêmes : État de l'art critique et pistes pour de futurs chantiers de recherche - Caterina Froio p. 373-399 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les années 1980 marquent le début de « la troisième vague » des études sur les partis de droite radicale (PDR) qui ont émergé dans l'après-guerre en Europe. À partir de cette période, la littérature a consacré plus de publications à ces partis qu'à toutes les autres familles politiques. Sans prétendre à l'exhaustivité, l'article a pour objectif de proposer un état de l'art des travaux de facture comparative sur ce thème, structuré autour de trois questions : quelles sont les principales problématiques soulevées ? Quels cas d'études, données et méthodes d'enquête sont mobilisés ? Quelles recherches futures sont souhaitables dans un domaine d'étude déjà si riche ? Pour les aborder, l'article parcourt les évolutions réalisées dans les travaux comparatifs récents en langue française et anglaise sur les partis de la droite radicale. Je montre que les chercheurs ont commencé à s'intéresser à des problématiques et des cas plus variés que par le passé. Cependant à partir des années 1990 l'innovation théorique et méthodologique reste assez modeste, notamment lorsqu'il s'agit d'expliquer leur soutien électoral. En outre, les études qui s'intéressent à l'« impact » des droites radicales restent focalisées sur des domaines tels que ceux de l'immigration et de l'intégration européenne. Cet état des lieux souligne, d'une part, le besoin d'une recherche comparative novatrice qui reconnaisse plus explicitement la variété dans le champ des droites extrêmes et qui interroge critiquement l'usage du mot « populisme » ; d'autre part, la nécessité de travaux qui dépassent le paradigme du parti « outsider » pour la droite radicale afin d'en saisir les évolutions.
      Comparing the far right(s)In its extreme, radical, and populist forms, the far right is probably the most studied political family in political science and political sociology. Without claiming to be exhaustive, the article offers a state of the art of existing comparative research on this theme, structured around three questions: what are the main issues addressed? What case studies, data, and methods are used? What avenues for future research are desirable in a field of study that is already so rich? The article reviews the developments in recent comparative studies in French and English languages on parties of the Radical right. I show that progressively, researchers have expanded the issues and cases of interest. However, since the 1990s, the theoretical and methodological innovation remain rather modest, especially when it comes to explaining their electoral performances. In addition, studies focusing on the “impact” of the Radical right remain focused on policy areas such as immigration and European integration. From this overview, the paper highlights on the one hand, the need for innovative comparative research that recognizes (more explicitly) the variety in the field of the far right and that critically questions the use of the word “populism”; on the other hand, the need for research that goes beyond the paradigm of the “challenger” party for the Radical right in order to grasp its evolutions in contemporary democracies.
  • Recensions