Contenu du sommaire : Paradoxes de la modernité

Revue Politix Mir@bel
Numéro vol. 31, no 123, 2018
Titre du numéro Paradoxes de la modernité
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - p. 3-6 accès libre
  • Dossier : Paradoxes de la modernité

    • Comment rouvrir la question de la modernité ? : Quelques propositions - Pablo Blitstein, Cyril Lemieux p. 7-33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Souvent renvoyé du côté de l'évolutionnisme et parfois accusé d'entretenir la domination néocoloniale, le champ des études sur la modernité et les processus de modernisation a été progressivement discrédité dans les sciences sociales ces quarante dernières années. Depuis quelque temps, un certain nombre d'historiens et de sociologues ont cependant entrepris de le réinvestir sur de nouvelles bases. Renvoyant dos à dos les postures misérabiliste et populiste dans l'étau desquelles la question de la modernité est restée trop longtemps bloquée, leurs travaux esquissent un programme de recherche dont cet article tente de dégager la cohérence et les lignes de force. On montre que ce programme conduit à proposer une définition proprement méthodologique de la modernité – en tant que présent de l'humanité – et à imposer aux chercheurs quatre déplacements majeurs : le refus du stato-centrisme ; une attention portée aux fondements pratiques des différentes conceptions de la « modernité » ; l'adhésion au principe de contemporanéité ; enfin, l'ancrage de l'ambition généralisatrice des sciences sociales dans la recherche d'analogies processuelles.
      Often considered in connection to evolutionism and sometimes accused of maintaining neocolonial domination, the field of studies on modernity and the processes of modernization has been progressively discredited in the social sciences over the last forty years. However, for some time now, a number of historians and sociologists have sought to reinvest this field on new bases. Rejecting both the miserabilist and populist approaches that have held modernity in their grip for too long, their work outlines a research program, whose consistency and main arguments are brought out by this article. We show that this program proposes a properly methodological definition of modernity—as the present of humanity—and imposes on researchers four major shifts: the refusal of stato-centrism; an attention to the practical foundations of different conceptions of “modernity”; an adherence to the principle of contemporaneity; and finally, situating the generalizing ambition of social sciences within a rigorous search of processual analogies.
    • Les paradoxes de la supervision : Le « règne du droit » à l'épreuve de la situation coloniale dans l'Inde britannique, 1772-1781 - Gildas Salmon p. 35-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'ambition affichée par les Britanniques d'instaurer le « règne du droit » dans les provinces conquises par la Compagnie des Indes à la fin du XVIIIe siècle recouvre un projet de modernisation paradoxal, distinct de la rhétorique de la mission civilisatrice qui s'imposera au XIXe siècle : gouverner les Indiens selon leurs propres lois mieux qu'eux-mêmes ne sont capables de le faire. À travers l'analyse d'une affaire cruciale pour l'histoire du système judiciaire impérial, l'affaire de Patna, cet article met en évidence la faillite du dispositif mis en place par la puissance coloniale pour faire contrôler par des juges anglais l'administration du droit musulman dans les tribunaux du Bengale. Ce faisant, l'enjeu n'est pas seulement d'illustrer les difficultés auxquelles se heurte le mode d'exercice du pouvoir privilégié par les Britanniques, la supervision, dans un empire où coexistent plusieurs formes de droit hétérogènes. Il est également d'esquisser à partir des formes de réflexivité déployées en situation par les administrateurs coloniaux une généalogie de l'orientalisme, en montrant comment et pourquoi un savoir capable d'objectiver les systèmes juridiques propres aux peuples colonisés dans leur différence avec celui des colonisateurs est devenu nécessaire à l'exercice de la gouvernementalité impériale.
      The Paradoxes of supervision
      The desire shown by the British to establish the “rule of law” in the provinces conquered by the East India Company in the late eighteenth century was part of a paradoxical modernization project, distinct from the rhetoric of the civilizing mission that prevailed in the nineteenth century. They sought to govern the Indians according to their own laws better than they themselves were able to do. Through the analysis of a crucial case for the history of the imperial judicial system, the Patna case, this article highlights the bankruptcy of the mechanisms set up by the colonial power to control the administration of Muslim law in the courts of Bengal with British judges. In doing so, my aim is not only to illustrate the deadlocks encountered by the British in the exercise of a mode of power whose importance has passed unnoticed so far, i.e. supervision, in an empire where several heterogeneous forms of law coexisted. It is also to sketch a genealogy of Orientalism on the basis of the situated forms of reflexivity deployed by the colonial administrators, showing how and why a knowledge capable of objectifying the legal systems specific to the colonized peoples, in their difference with that of the colonizers, became necessary for the exercise of imperial governmentality.
    • L'opération typologique : Réforme politique et perceptions de la modernité chez les mandarins chinois au tournant du XXe siècle - Pablo Blitstein p. 63-86 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Il existe aujourd'hui deux usages différents du terme « modernité » et de ses variantes. Le premier usage repose sur une conception que l'on pourrait appeler « historique » ; il s'agit en quelque sorte d'un synonyme de « ce qui a lieu de nos jours ». Le second usage, en revanche, repose sur une conception que l'on pourrait appeler « typologique » : objet d'une opération de typification, « modernité » désigne dans ce deuxième sens un ensemble de traits caractéristiques – « idéal-typiques » – qui ne se trouvent pas dans toutes les sociétés. C'est à l'opération de typification de la modernité que cet article est consacré. À partir d'une étude des mandarins chinois de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, et en particulier de ce que l'on pourrait considérer comme l'un des réseaux chinois de la « nébuleuse réformatrice » de la Belle Époque, il s'agira de décrire la genèse de cette opération typologique dans le monde sinophone. Notre attention se portera d'abord sur un cas à plus d'un titre exemplaire : celui de la réforme des institutions scolaires et du recrutement de fonctionnaires intervenue entre 1898 et 1911 – la dernière décennie de l'empire en Chine. L'ambition est ici de décrire la relation entre les différents projets de réforme en lice et les perceptions de la « modernité » que ces projets expriment. Si la divergence entre ces projets se traduit d'abord par un clivage entre un idéal « méritocratique » et un idéal « égalitaire », elle se redouble dans l'opposition entre une conception « typologique » et une conception « historique » de la modernité. Dans un deuxième temps, il s'agira d'examiner de plus près la trajectoire d'un des acteurs à l'origine de ces réformes, Kang Youwei (1858-1927), l'une des figures principales du mandarinat nationaliste. On verra comment ce dernier en est venu dans ses projets de réforme de la monarchie impériale à opérer une « typification » de la modernité, en s'opposant en cela aux conceptions historiques de la modernité d'une partie de ses adversaires. Dans un dernier temps, on essaiera de saisir les dimensions mandarinales, et donc en principe « traditionnelles », qui rendent possible une telle opération typologique. Plus précisément, il s'agira d'explorer la façon dont une partie du mandarinat nationaliste a tenté de faire tenir ensemble des schèmes intellectuels « modernes » et « prémodernes » – en particulier des conceptions linéaires et cycliques – et comment de telles « opérations typologiques » reposent sur des façons très anciennes de décrire le temps historique.
      The typological operation
      Today, there are two different understandings of the term “modernity” and its variants. The first understanding is based on a conception that we could call “historical”; it is synonymous with “everything that is happening today.” The second understanding is based on a concept that we could call “typological”; in this case, “modernity”—the object of a typological operation—designates a set of characteristic features (“ideal-types”) that cannot be found in all societies even when these societies coexist. This article deals with this “typological operation.” Through a study of Chinese scholar-officials at the end of the nineteenth and the beginning of the twentieth century, and in particular, of what may be considered one of the Chinese networks of the “nébuleuse réformatrice” [reformative nebula] of the Belle Époque, this study will describe the emergence of this typological operation in the Chinese-speaking world. We will focus on a paradigmatic case: the reform of educational institutions and the recruitment of civil servants between 1898 and 1911—the last decade of empire in China. Our aim is to describe the relationship between competing reform projects and the perceptions of “modernity” that these projects convey. We will show that these projects not only oppose “typological” and “historical” conceptions of modernity, but also “meritocratic” and “egalitarian” ideals. Secondly, we will examine more closely the trajectory of one of the key actors of these reforms, Kang Youwei (1858–1927), who was also one of the major figures of Chinese nationalism. We will see how, in his projects of reform of the imperial monarchy, he carried out a “typification” of modernity, placing it in opposition with the historical concepts of modernity of some of his adversaries. Finally, we will attempt to understand the “traditional” dimensions that make such a typological operation possible. More precisely, we will explore how some reform-minded Chinese nationalists tried to hold together “modern” and “premodern” intellectual models—in particular linear and cyclical conceptions—and how “typological operations” were actually prefigured by ancient ways of describing historical time.
    • Modernes parce que traditionnels ? : La légitimation du magnétisme en France et du chamanisme au Pérou - Fanny Charrasse p. 87-113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Longtemps, dans les sociétés dites « développées », des pratiques magico-traditionnelles telles que le chamanisme, la voyance ou le magnétisme ont été disqualifiées, voire réprimées, au motif de leur caractère apparemment inconciliable avec la conception « moderne » de la science. Depuis quelques décennies, cependant, ces mêmes pratiques apparaissent de plus en plus tolérées. Dans certains cas, elles sont même encouragées et protégées par des acteurs institutionnels. Pour expliquer ce revirement d'attitude, nombre d'auteurs ont invoqué un changement culturel général. Mais cette invocation ne tient pas compte des transformations qu'ont subies les pratiques magico-traditionnelles elles-mêmes afin d'être « modernisées ». C'est justement ce travail de modernisation que cet article se propose d'étudier à partir de deux cas empiriques : le magnétisme en France et le chamanisme dans le Lambayeque (Pérou). En reprenant à Ulrich Beck ses concepts de modernisation simple et de modernisation réflexive pour leur donner un caractère opératoire dans le cadre de l'enquête de terrain, on cherche à décrire les effets, parfois paradoxaux, de la légitimation des pratiques magico-traditionnelles que rend possible leur modernisation : souvent vus – selon la conception propre à la modernité simple – comme entraînant un « retour en arrière », ces effets se révèlent au contraire, d'un point de vue sociologique, liés à l'approfondissement du projet moderne.
      Modern through tradition?
      For a long time, in so-called “developed” societies, “magico-traditional” practices such as shamanism, divination, and magnetism have been discredited, or even repressed, because of their supposed irreconcilability with the “modern” definition of science. In recent decades, however, these same practices have become increasingly tolerated. In some cases, they have even been promoted and protected by institutional actors. To explain this change of attitude, many authors have suggested a general cultural change. But this proposal does not take into account the transformations experienced by magico-traditional practices themselves in order to be “modernized.” It is precisely this modernization work that this article proposes to study on the basis of two empirical cases: magnetism in France and shamanism in Lambayeque (Peru). Using Ulrich Beck's concepts of simple modernization and reflexive modernization and giving them an operational character within the framework of the field investigation, this article seeks to describe the effects, at times paradoxical, of the processes of legitimization of magico-traditional practices that their modernization makes possible. Often seen—according to the concept typical of simple modernity—as a “step backward,” these effects, from a sociological point of view, are shown to be linked to the deepening of the modern project.
    • Paradoxe de la modernisation : Le productivisme agricole et ses critiques (Bretagne, années 1990-2010) - Cyril Lemieux p. 115-144 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      De manière inattendue, ces trente dernières années en Bretagne, la critique du productivisme agricole a entraîné, s'agissant des élevages porcins intensifs, le renforcement de l'idéal industrialiste et le développement des exploitations les plus capitalistes. Éclairer ce paradoxe exige d'abord de reconstituer les dynamiques qui ont conduit, au plan local, à faire des atteintes à l'environnement générées par ce système d'élevage le problème public qu'elles n'étaient pas. Mais cette démarche ne suffit pas. Dans cet article, on plaide pour la compléter par une analyse en termes de conflit de modernités et de processus de modernisation. L'emploi de ces deux notions, à condition de leur redonner un sens proprement sociologique, permet de lutter contre l'oubli par les chercheurs d'une part, du rôle joué dans la vie sociale par les idéaux et les utopies, d'autre part, du mouvement qu'impulsent les évolutions de longue durée dont la dynamique génère dans le présent contradictions et paradoxes.
      Paradox of modernization
      Unexpectedly, during the last thirty years in Brittany, France, the criticism of agricultural productivism has led, with regard to intensive pig farming, to reinforcing the industrialist ideal and to developing more capitalist farms. To explain such a paradox first requires us to reconstruct the dynamics that led, at the local level, to turning the environmental damage caused by this farming system into the public problem that it was not initially considered to be. But this step is not enough. This article argues that it should be complemented with an analysis in terms of conflict of modernities and of modernization processes. The use of both of these notions, provided that they are given a proper sociological meaning, makes it possible to fight against oversight by researchers of the role played in social life by ideals and utopias, on the one hand, and on the other hand, of the movement impelled by the long-term evolutions whose dynamics generate contradictions and paradoxes in the present.
  • Varia

    • La faiblesse des partis agraires en France : le cas du « parti de l'agriculture » sous le Second Empire - Chloé Gaboriaux p. 145-169 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Peu connus des chercheurs, les débats soulevés à la fin des années 1860 par les vains efforts d'un publiciste pour lancer un « parti de l'agriculture » sont pourtant riches d'enseignements. À un moment où les partis engagent un effort de structuration qui débouche, à la fin du XIXe siècle, sur la constitution de partis au sens moderne du terme, l'échec du « parti de l'agriculture » permet de mieux comprendre le paradoxe que constitue l'absence d'un parti agrarien ou paysan dans une France où les ruraux ont longtemps représenté une écrasante majorité électorale. La méfiance à l'égard des partis, souvent invoquée, ne suffit pas en effet à rendre compte de l'échec du parti de l'agriculture sous le Second Empire. Elle constitue surtout un argument efficace pour ses adversaires, dans un conflit que les électeurs ruraux finissent par trancher aux dépens de leurs porte-parole autoproclamés : réticente à confondre ses intérêts avec ceux des élites agricoles, la paysannerie s'est aussi montrée sensible aux discours de leurs adversaires, qui n'ont pas hésité à les dénoncer comme d'anciens notables soucieux de rétablir les relations féodales. Dans une France où les rapports de force sont puissamment déterminés par l'imaginaire social et politique légué par la Révolution, le « parti de l'agriculture » avait peu de chances de réussite, non pas en dépit mais en raison même de la prépondérance électorale des ruraux.
      The weakness of agrarian parties in France: The case of the “party of agriculture” under the Second EmpireLittle known to researchers, the debates raised in the late 1860s by the vain efforts of a publicist to launch a “party of agriculture” nevertheless provide many lessons. Whereas parties were being structured in a way that led them, at the end of the nineteenth century, to become parties in the modern sense of the word, this case enables us to better understand the paradox of the absence of a true agricultural or peasant party in France—a country where rural people have long constituted an overwhelming electoral majority. Distrust for parties, often invoked, is not sufficient to account for the failure of the “party of agriculture” under the Second Empire. It is, above all, an effective argument for its opponents, in a conflict that rural voters finally resolved against their self-proclaimed spokespersons. Reluctant to mistake their interests for those of the agricultural elites, the peasantry was also attracted by the arguments of their adversaries, who did not hesitate to denounce them as former notables eager to re-establish feudal relations. In a France where power relations are forcefully determined by the social and political imagination left behind by the Revolution, the “party of agriculture” was doomed to failure, not in spite of, but because of the electoral predominance of rural people.
    • Où sont passés les criminels ? : Transformations de la guerre et catégorisations de la violence en Colombie - Jacobo Grajales p. 171-193 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les rapports entre groupes armés et marchés criminels sont souvent décrits dans des termes essentialistes, qui projettent l'image d'une « contamination » des luttes politiques armées par des desseins d'accumulation. En réalité, guerre et crime entretiennent des rapports complexes ; la participation aux marchés criminels d'un groupe armé peut alimenter son ancrage social et son inscription dans des arènes politiques, mais elle peut également servir de soubassement à des entreprises de disqualification. La méthode proposée ici consiste alors à repérer les configurations sociales dans lesquelles l'accumulation criminelle devient un problème et à analyser en parallèle la façon dont les groupes armés se saisissent de ces catégories. Nous développons cette problématique à partir du cas de la Colombie, traitant parallèlement de deux groupes que tout oppose en apparence : guérilla des Farc et milices paramilitaires.
      Where have the criminals gone?
      The relationship between armed groups and criminal markets is often described in essentialist terms, which purport the image of a “contamination” of armed political struggles by greed. In reality, war and crime maintain complex relationships; a group's involvement in criminal markets can reinforce its social grounding and lead it to seek an influence on political arenas, but it can also provide a basis for disqualification. This contribution argues that a fruitful method consists in identifying the social configurations in which criminal accumulation becomes a problem and analyzing in parallel the way in which armed groups seize these categories. I develop this argument through the case of Colombia, dealing in parallel with two groups that, on appearances, seem completely opposed: the FARC guerrillas and paramilitary militias.
    • Étudiants africains : des émigrés comme les autres : Sélectivité sociale du visa et (im)mobilités spatiales des étudiants internationaux comoriens et togolais - Hugo Bréant p. 195-218 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      S'ils sont associés à des discours politiques soulignant la forte attractivité de la France, les étudiants étrangers demeurent des étrangers comme les autres, progressivement soumis à des politiques de contrôle de leur entrée et de leur séjour. Les étudiants africains sont en première ligne de ce processus de fermeture des frontières, à l'œuvre dès les consulats de France. Cet article propose de renverser la perspective en observant, non pas la production de la politique des visas, mais les perceptions et les pratiques des étudiants qui l'affrontent. Enquêter les parcours d'étudiants qui ont obtenu ou se sont vus refuser leur visa permet de saisir les logiques des inégalités qui persistent face à ce filtre consulaire socialement très sélectif. Souvent captifs d'une procédure du visa étudiant diversement appropriée, les étudiants développent différentes stratégies pour s'accommoder de la frontière, ou la contourner, selon leurs propriétés sociales, leurs histoires familiales et leurs ressources individuelles et collectives. Cette approche de l'action publique par le bas, et par ses usagers, permet de saisir comment l'inextricable enchevêtrement des frontières, à la fois politiques et sociales, renforce l'immobilité spatiale des uns, mais surtout complexifie les mobilités des autres.
      African students: Migrants like the others
      Although political discourses emphasize the attractiveness of France and the reception conditions for foreign students, these students remain strangers like any others, progressively facing monitoring policies over their entry and stay in France. African students are at the forefront of this border closure, implemented from the consulates. This article proposes to reverse the perspective by observing not the production of these borders, but the perceptions and practices of the students who face them. Investigating students' life courses—both those who have obtained their visa and those who have not—reveals the inequalities introduced by this political filter, which is very socially selective. Often confined by a student visa procedure, students develop different strategies to adapt to borders, or to bypass them, according to their social profile, their family history, and their individual and collective resources. This approach to public policies from below, and from its users, explains how the inextricable imbrication of borders, both political and social, reinforces the spatial immobility of some, but above all makes the mobility of others more complex.
  • Notes de lecture