Contenu du sommaire : Heiterkeit-L'allégresse au cœur de l'écriture poétique et philosophique

Revue Germanica Mir@bel
Numéro no 63, 2018
Titre du numéro Heiterkeit-L'allégresse au cœur de l'écriture poétique et philosophique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • ‪Avant-propos‪ - Béatrice Poulain p. 7-14 accès libre
  • Critique de l'allégresse

    • Heiterkeit im Schatten der Weltkriege und des Holocaust - Helmuth Kiesel p. 17-36 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'affirmation de Friedrich Schiller selon laquelle l'art serait allègre dans son essence en raison de sa différence ontologique avec la réalité histo-rique et en vertu de son jeu formel a vu sa légitimité fortement contestée à l'issue des « atrocités » (Thomas Mann) des deux Guerres mondiales et de l'holocauste. Après la Première Guerre mondiale, et a fortiori après le début du régime national-socialiste, des auteurs tels Hermann Hesse, Al-fred Döblin, Thomas Mann, Hermann Broch, Ernst Jünger déplorèrent une « perte d'allégresse » (Entheiterung) de la vie qui, se répercutant sur l'art, en menaçait l'allégresse. De fait, on ne peut que constater une « perte d'allégresse » de la « belle » littérature dont l'expression la plus saisissante se lit dans les poèmes tardifs de Paul Celan et dans L'Esthétique de la résistance de Peter Weiss. Parallèlement, des auteurs renommés de l'entre-deux-guerres et de l'après-guerre tentèrent cepen-dant de préserver le postulat d'allégresse afin de ne pas se rendre sans résistance à la négativité de l'histoire.
      The legitimacy of Friedrich Schiller's claim that art, due to its playing with form, was characteristically serene given its ontological difference from historical reality came under serious pressure from the ‘atrocities' (Thomas Mann) of two world wars and the shoa. After the First World War, and even more so after the beginning of Nazi rule, authors like Hermann Hesse, Alfred Döblin, Thomas Mann, Hermann Broch, and Ernst Jünger lamented the ‘de-serenitation' of life, which impacted on the arts threatening to deprive them from Schillerian serenity, too. This very ‘de-serenitation' of literature can indeed be perceived in the late poems
    • ‪Hölderlin et l'idéal de la Heiterkeit classique selon Weinrich et Adorno‪ - Pierre Jean Brunel p. 37-54 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      C'est seulement pendant l'âge d'or des lettres allemandes que le terme de Heiterkeit prend sa pleine signification. Harald Weinrich considère dans sa Kleine Literaturgeschichte der Heiterkeit (1990) que Hölderlin a conféré à cet idéal esthétique (Winckelmann) un sens utopique. H. Weinrich ne partage pas le jugement de Theodor W. Adorno qui estimait en s'appuyant aussi sur Hölderlin que l'art « n'a plus le droit » après Auschwitz de se réclamer de la Heiterkeit. Mais aussi bien H. Weinrich que T.W. Adorno remettent en cause l'idéalisme qui sous-tend la Heiterkeit chez Hölderlin. L'idéal de Heiterkeit nous éloigne de la réalité (Weinrich) ou la travestit cyniquement (Adorno). Dans les deux cas, c'est le rapport au deuil (Trauer) et à la souffrance (Leiden) qui doit être pris en considération. Dans cet article, nous voudrions revenir au roman Hyperion de Hölderlin pour mettre en lumière le sens de ce rapport dialectique, principalement platonicien, entre la Heiterkeit et ses différentes formes d'une part, la souffrance et le deuil d'autre part.
      According to Harald Weinrich the concept of Heiterkeit takes his full meaning during the Golden Age of the German literature and philosophy. In Kleine Literaturgeschichte der Heiterkeit (1990) he notes that Hölderlin assigns an utopian meaning to this aesthetic ideal (Winckelmann). However he disagrees with T.W. Adorno who refer to Hölderlin too and claims that art after Auschwitz is not allowed any more to have recourse to Heiterkeit. But H. Weinrich as well as T.W. Adorno put into question the underlying idealism of Hölderlin. The ideal of Heiterkeit estranges us from reality (Weinrich) or distorts it with cynism (Adorno). In either case the connection with mourning (Trauer) or sorrow (Leiden) has to be taken in consideration. In this study we come back the Hölderlin's novel Hyperion in order to clarify the meaning of the dialectic and particularly platonic relationship between on one side Heiterkeit and its various forms, and on the other side sorrow and mourning.
    • „Depression oder Fröhlichkeit?“ : Die Heiterkeitsdebatte der 1980er Jahre im Lichte des Zürcher Literaturstreits - Pola Groß p. 55-69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le débat philosophique et esthétique sur la Heiterkeit qui, sous l'appellation de querelle littéraire zurichoise, vit le jour à la fin des années 60 autour de la personne d'Emil Staiger, fut suivi en 1982 d'une confrontation sur les possibilités d'une littérature allègre. Les débuts de ce nouveau débat sur la Heiterkeit dans les années 80 furent signés Hans-Jürgen Heise, lorsqu'il publia dans l'hebdomadaire Die Zeit une plainte déplorant la « mauvaise humeur » de la poésie contemporaine, où ne « s'exprime nulle joie de vivre, nulle gaieté ». Des auteurs tels Günter Kunert, Peter Härtling, Karl Krolow, Michael Krüger et Adolf Muschg critiquèrent cette « nouvelle » exigence d'une gaieté accrue en poésie. L'analyse, qui reconstruira et contextualisera le débat, s'attachera à déterminer si les arguments avancés se distinguent de ceux de la querelle zurichoise suscitée par les exigences d'Emil Staiger et de quelle manière. S'y joint la thèse selon laquelle la Heiterkeit se voit une nouvelle fois instrumentalisée comme « concept de combat », ce qui obstrue une vision différenciée de l'allégresse comme catégorie esthétique et omet de traiter la question réellement au fondement du débat, celle du rapport entre poésie et société.
      The philosophical and aesthetic debate surrounding Emil Staiger at the end of the 1960s (later known as the Zurich Literary Controversy), was followed by another debate in 1982 regarding the possibilities of cheerful literature. In Die Zeit-magazine, Hans-Jürgen Heise complained of the “ill temper” of contemporary poetry, in which he misses “life-oriented and sensual statements”, while authors including Günter Kunert, Peter Härtling, Karl Krolow, Michael Krüger and Adolf Muschg reacted critically to this new demand for more happiness in poetry. This reconstructive study will provide context and investigate whether and to what extent the arguments of the 1982 debate differ from those of the Zurich Literary Controversy triggered by Staiger's earlier demands. Connected to this is the thesis that cheerfulness is once again understood and used only as a tendentious publicity term that ultimately obscures a differentiated view of cheerfulness as an aesthetic category. Underlying this debate is the unanswered question of the relationship between poetry and society.
    • Literarische Erziehung im Zeichen philosophischer Heiterkeitsdebatten. Auf- und Entheiterung nach 1945 - Stefan Born, Tanja Angela Kunz p. 71-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les débats pédagogiques de ces dernières années s'articule la thèse selon laquelle la pensée pédagogique entrerait dans une phase d'allégresse accrue. Le sérieux de l'éducation issu du sérieux de la modernité aurait été pour la première fois surmonté et une conscience pédagogique proche de celle qui avait distingué les pédagogues baroques serait dorénavant en cours de réhabilitation. Cependant, comme en témoigne l'histoire littéraire, durant l'époque moderne également, une pensée de l'allégresse apparaît et disparaît périodiquement. Il semblerait peu probable que la pédagogie, notamment celle de la littérature, n'en eût pas participé. Cet article s'intéressera aux trois décennies postérieures à 1945. En se basant sur des publications spécialisées de la didactique allemande et de la pédagogie en général, il étudiera le rôle effectif joué par l'allégresse dans l'éducation d'après-guerre. Nous apporterons la preuve que l'allégresse faisait bien partie prenante des discussions de l'époque et en constituait un point névralgique pour l'image pédagogique de l'éducateur comme pour les buts éducatifs visés. Cette analyse se conçoit comme une première étape pouvant contribuer à l'élaboration plus générale d'une histoire pédagogique littéraire et de sa théorétisation.
      Recent studies on education have argued that an era of ‘cheerfulness' has started in pedagogical thinking, replacing the seriousness of education that was a characteristic of the modern era. There seems to be a return to a pedagogical consciousness that in some ways is reminiscent of baroque pedagogy. Yet even during the modern era there have been moments of relative ‘cheerfulness', as German literary studies have shown. It is therefore plausible that pedagogy, especially in the literary field, must have participated in these trends in one way or another. This paper focuses on the three decades following 1945 and examines relevant pedagogical and didactic literature, in order to understand whether (and to what extent) post-war pedagogy integrated ‘cheerful' ideas of ‘Bildung'. It argues that in the examined period cheerfulness was a pivotal element in the way pedagogues perceived themselves and their objectives. The description of this aspect is intended as a contribution to a broader and more nuanced history of pedagogical and didactic scopes and models.
  • L'allégresse au cœur de l'écriture poétique

    • Lektionen in heiterer Ästhetik. Poetologische Jean-Paul-Rezeption für die Gegenwart - Anja Gerigk p. 93-109 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans une lecture intertextuelle, cet article initie un dialogue poétologique entre la Vorschule der Ästhetik (1804) de Jean Paul et deux écrits ultérieurs à valeur de réponse critique : Blick auf Jean Paul (1913) par Hugo von Hofmannsthal et Die Lerche in der Luft und im Nest (1988) de Brigitte Kronauer. Le concept d'art allègre ou serein dérive de la tradition idyllique et non classique. Dans chacun des cas, les réflexions métaphoriques abondent, ce qui nécessite une analyse détaillée des images textuelles. L'exemple principal serait le « mouvement de balançoire » (Schaukel) : un point de comparaison pour produire et faire l'expérience de Freudenspiele (jeux de joie) correspondant à l'idée de Heiterkeit (allégresse). Hofmannsthal et Kronauer, tout comme leur prédécesseur, s'attachent à définir écriture spécifiquement moderne et identité culturelle germanophone, tout en examinant les dimensions éthiques impliquées par une pratique poétique autonome. Cependant, ils confrontent leurs approches des principes de Jean Paul aux questionnements littéraires contemporains. La valeur programmatique des deux sources étudiées transcende leur place marginale située à l'écart des grands débats sur la Heiterkeit (sérénité/allégresse).
      By way of an intertextual reading this paper initiates a poetological dialogue between Jean Paulʼs Vorschule der Ästhetik (1804) as a piece of theory and documents from its history of critical response: Blick auf Jean Paul (1913) by Hugo von Hofmannsthal as well as Die Lerche in der Luft und im Nest (1988) by Brigitte Kronauer. The concept of joyous or serene art derives from the idyllic instead of classic tradition. In any of our cases, it is mainly discussed metaphorically, which calls for a detailed analysis of textual imagery. Leading example would be the “swing”: a focal point of comparison for aesthetically producing and experiencing “Freudenspiele”, an idea corresponding to Heiterkeit. Hofmannsthal and Kronauer, as much as their predecessor, are concerned with defining specifically modern writing including cultural identity and examining ethical dimensions attached to an autonomous poetical practice. However, they adapt their view of Jean Paul´s tenets according to literary issues of more present times. The programmatic value of both sources transcends their marginal place removed from larger German debates on serenity.
    • Die Freiheit eines Heiteren: Ernst Jüngers Marmorklippen - Elisa Primavera-Lévy p. 111-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La sérénité – comme amalgame de notions stoïciennes et de notions idéalistes allemandes, en particulier hégéliennes – est l'un des concepts-clés du travail d'Ernst Jünger. Elle est toujours étroitement liée à la détermination d'un espace sûr et inviolable et à une liberté intérieure face aux difficultés extérieures. De plus, la sérénité est un étonnement éclairant et émerge de la méthode poétologique centrale de Jünger – la stéréoscopie. La sérénité sert d'autre part d'armure. Elle devient ainsi, en tant qu'armure interne, une condition préalable et une caractéristique d'une observation détachée sans compassion. À travers l'analyse de son récit Auf den Marmorklippen (1939), nous tentons de clarifier le potentiel de la sérénité idéaliste en période de dictature : dans une attitude de résistance intérieure ou plus exactement d'émigration intérieure, cette notion revêt une valeur particulière.
      Serenity – as an amalgam of ancient Stoic and German idealistic, especially Hegelian notions – is one of the key concepts in the work of Ernst Jünger. It is inextricably bound to circumscribing a safe space of inviolability and inner freedom in the face of external predicaments. At the same time, serenity is enlightening astonishment. It emerges from Jünger's central poetological method of stereoscopy. On the other hand, serenity also functions as armor. Thus, as an internal armor, it becomes a precondition and accompanying feature of a compassion-free, detached observation. In a reading of his short novel Auf den Marmorklippen (1939), the potential of idealistic serenity in times of dictatorship is clarified: for an attitude of inner resistance or internal emigration, it holds a special value.
    • Le Voyage en Orient d'Hermann Hesse : un manifeste poétique et politique de l'allégresse - Béatrice Poulain p. 127-145 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans Le Voyage en Orient (1932), Hermann Hesse concentre sous forme poétique une réflexion sur la langue et sa dévalorisation qui, née lors de la Première Guerre mondiale en réaction aux formes intellectuelles du nationalisme, se parachève dans l'urgence face à la haine de l'esprit du national-socialisme. En se présentant comme un échec, ce court récit poétologique réalise, par évidement allégorique, la poétique de l'allégresse dont il est le manifeste et qui se fonde humoristiquement sur l'impossibilité tragique de toute écriture d'histoire. Il constitue ce faisant un « appel au combat » rappelant le lecteur à la nécessité mais aussi à la joie du partage de vérité dans la « parole pleine » (erfüllte Sprache, Martin Buber) d'une culture authentique se riant des frontières et du temps. Le Voyage en Orient répond alors au silence solitaire de la révélation trouvé par Hugo von Hofmannsthal dans la corporéité des choses (« Lettre de Lord Chandos ») par un silence allégorique fondateur de culture humaine dans son allégresse-même.
      In his novel Journey to the East, Hermann Hesse concentrates poetically his thought upon language and dismissal of language that has appeared during the First World War and was achieved while National Socialism attacked again both mind and historical truth. While featuring itself as failed, this brief poetological novel exemplifies through allegorical undermining the poetics of cheerfulness it expresses as manifesto. Grounding on humor as the tragic impossibility of historical writing, the novel constitutes an « appeal to fight » (Kampfruf), which reminds the reader of the necessary and cheerful experience of truth initiated by the « fulfilled language » (erfüllte Sprache, Martin Buber) that is inherent in every authentic, endless and timeless culture. Journey to the East answers this way to the God-given insights of Lord Chandos, which take place in physical cipher, so the « Letter » from Hugo von Hofmannsthal, in a silent manner and far from language. Hermann Hesse recognizes on the contrary in the allegorical silence the cheerful foundation stone of human culture.
    • Wir Überlebenden: Zur Heiterkeit des Unmöglichen - Jana V. Schmidt p. 147-162 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans son essai « Discussions, ou : phraser “après Auschwitz” », le philosophe Jean-François Lyotard demande comment, « en l'absence d'un sujet [pluriel] », il est possible d'écrire l'expérience des camps de concentration. H.G. Adler, survivant et écrivain tchèque, formule dans ses écrits littéraires une réponse qui présente la Heiterkeit (allégresse) comme une qualité de l'impossibilité de la communauté. L'article retrace cette refonte de l'intersubjectivité dans Eine Reise, l'œuvre majeure d'Adler, ainsi que dans plusieurs textes plus petits dans lesquels Adler parvient à reconstruire le statut de l'esthétique en tant que sérénité par une approche ironique d'un sujet collectif. Il ne prêche pas une « religion des tranchées », comme le lui a déjà reproché Theodor W. Adorno, mais une forme autocritique de la « comédie de la comédie ».
      In his essay „Discussions, or Phrasing ‚After Auschwitz‘“, the philosopher Jean-François Lyotard sets out to inquire how, “in the absence of a [plural] subject” of experience, there can be any writing about the concentration camps. In his literary works, the Czech author and survivor H.G. Adler articulates a response, which presents Heiterkeit (cheerfulness) as a feature of the impossibility of community. The article retraces Adler's vision of intersubjectivity in his major work The Journey and in several smaller pieces, in which the writer seeks to restore the status of the aesthetic in its cheerfulness by an ironic adaptation to a collective subject. Rather than preaching the “trench-religion of the escapee”, as Theodor W. Adorno had once accused him of doing, Adler's literary project should thus be located precisely in the context of that self-critical form of the “comic of the comic” by which art survives the twentieth century.
    • Angstbesetzt ist das Leben, Überleben ist die Kunst. Zum Begriff der Heiterkeit in Herta Müllers Collagen - Ute Weidenhiller p. 163-178 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La thématique de la peur joue un rôle central dans l'œuvre de Herta Müller. Les formes de répression étatique subies personnellement ainsi que leurs répercussions sont traitées littérairement, par le biais d'une écriture que l'auteur qualifie explicitement d'« auto-fictionnelle » en référence à Georges-Arthur Goldschmidt. Questionnant la possibilité de témoigner des conditions de vie quotidiennes au sein d'une dictature au moyen d'une écriture recourant à l'allégresse, l'analyse détaille les différents modes sur lesquels l'allégresse est à l'œuvre dans les collages. Des exemples choisis déterminent dans un premier temps les contenus associés à la notion d'allégresse. La précarité et l'ambigüité de situations en apparence allègres deviennent ici manifestes, car, dans les conditions évoquées, aucun bonheur allègre ne saurait réellement voir le jour, il ne sera que cité laconiquement, simulé et donc miné de l'intérieur. Dans un second temps, l'allégresse est étudiée en tant que catégorie esthétique, comme jeu créateur avec la langue. La peur est détournée en rimes et en chansons, comparaisons et métaphores génèrent d'étranges connexions de sens. Ce jeu allègre de la langue avec le sérieux de ses contenus est à la source du raffinement stylistique propre à Herta Müller.
      Fear plays a central role in Herta Müller's prose and poetry. Repression by the State and its effects, suffered by the writer herself, are processed in her work, which she describes as ‘self-fictional', recalling Georges-Arthur Goldschmidt's observations. Starting from the question of whether literature, which aims to witness the conditions of everyday life under a dictatorship, can be serene, this article demonstrates the differing ways in which the term serenity comes to fruition in Müller's works. On the one hand, selected examples describe those textual and conceptual aspects that can be associated with the notion of serenity. The precariousness and ambiguity of supposedly tranquil situations are evident, because ,serene happiness‘ does not really exist under the given conditions. Instead, it is only cited laconically, feigned, and thus undermined in its meaning. On the other hand, the article examines an aesthetic category of serenity that finds its expression in the playful-creative handling of language. Fear is diverted into rhymes or songs; original comparisons and metaphors create bizarre meanings. Müller's linguistic sophistication lies in her playfully serene handling of serious content.
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