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Revue | Le Mouvement social |
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Numéro | no 265, octobre-décembre 2018 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Femmes, engagement et classes populaires. Une histoire vivante - Ingrid Hayes, Magali Della Sudda p. 3-15
- Femmes dans le mouvement familial : un militantisme populaire et genré (1935-1957) - Geneviève Dermenjian p. 17-35 Les Mouvements familiaux populaires (1935-1957), créés par des anciens de la Jeunesse ouvrière chrétienne et de la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (JOC-JOCF), mettent les femmes du milieu populaire au centre de leurs préoccupations, dans une volonté de promotion collective. L'organisation voulait les former en tant que militantes actives dans le quartier et aptes à faire face aux difficultés quotidiennes. Ce militantisme de quartier, qui les sortait de leur intérieur, les autonomisait, leur apprenait au fil du temps à parler en public et à prendre des responsabilités, à gérer les services proposés aux femmes du quartier, à se former à la mixité et à la politique. De mères de famille limitées à leur intérieur, elles sont devenues des femmes plus autonomes, plus responsables, plus ouvertes à la vie moderne et aux questions de société.Women in the Family Movement : Working-Class, Gendered Activism (1935-1957)The Popular Family Movements (Mouvements familiaux populaires, 1935-1957), created by former members of the Young Christian Workers and the Women's Young Christian Workers, focused on women from the working classes with the aim of collective advancement. The organisation wanted to train these women to be active militants in their neighbourhoods, able to tackle daily difficulties. This neighbourhood activism brought women out of their homes, made them autonomous, gradually taught them public speaking and how to take on responsibilities, how to manage services offered for local women, to learn about diversity and politics. From housewives who did not leave their homes, they became more autonomous, more responsible, and more open to modern life and social issues.
- L'Union des femmes françaises pendant les Trente Glorieuses : entre « maternalisme », droit des femmes et communisme - Dominique Loiseau p. 37-53 Le développement après 1945 de l'Union des femmes françaises (UFF), née durant la Résistance, correspond à la volonté du PCF de regrouper dans une organisation de masse des femmes de milieux populaires autour de revendications concrètes. Sans nier le rôle de courroie de transmission des positions du PCF qu'a joué l'UFF, l'article veut, à travers l'activité de l'association, saisir qui sont les adhérentes, ainsi que les modalités militantes et les terrains d'action qui leur sont proposés. L'objectif de l'UFF est de faire des problèmes quotidiens un vecteur de politisation, via des interventions apparentées à une maternité sociale. Mais d'autres thématiques sont également exploitées (comme la paix, le soutien aux grèves, les droits des femmes), le décalage entre adhérentes et militantes créant parfois des situations paradoxales (par exemple sur l'appréhension du travail des femmes).The Union of French Women during the Trente Glorieuses : between “Social Mothering”, Women's Rights and CommunismAfter 1945, the development of the Union of French Women (Union des femmes françaises, UFF), founded during the Resistance, corresponded to the French Communist Party's determination to bring working class women together in a large-scale organisation with clear political demands. This paper, without denying the role that the UFF played in conveying the French Communist Party's positions, endeavours to describe its members, activist methods and fields of action by focusing on its activities. The UFF's objective was to make daily problems into means for politicisation, through social mothering-like activities. Yet other themes were also used (e.g. peace, supporting strikes, women's rights), and the divergence between members and activist leaders sometimes led to contradictory situations (e.g. divergences on the views of women working in the labour force).
- La Confédération syndicale des familles : une enquête régionale - Lilian Mathieu p. 55-70 L'article expose les résultats d'une enquête par questionnaire menée auprès de 236 adhérents de la Confédération syndicale des familles de la région Rhône-Alpes, complétée par des entretiens auprès de militants. Certaines spécificités connues du recrutement de la CSF sont confirmées, tels une forte féminisation, un ancrage dans les classes populaires urbaines ainsi qu'un positionnement à gauche, mais des évolutions notables sont mises au jour, tels un net vieillissement et un estompement de la référence catholique, suggérant une fragilisation des bases sociales de ce syndicalisme familial.The Confédération syndicale des familles : A Regional Survey
The article presents the results of a survey study among the 236 adherents of the Confédération syndicale des familles (CSF) in the Rhône-Alpes region, completed with interviews with activists. Some already known specificities of the CSF's recruitment are confirmed, such as its large portion of women members, recruitment rooted in the urban working classes, and a leftist positioning, but some notable trends are also brought to light, such as a clear ageing and a decay of Catholic identification, that suggest a weakening of the social basis for this family-based unionism. - Ressorts et limites d'une prise de conscience féministe dans les conflits du travail (Roubaix, années 1970) - Ingrid Hayes, Karel Yon p. 71-93 Cet article s'appuie sur l'analyse de deux mobilisations ayant eu lieu dans les années 1970 au cœur du bassin roubaisien, à La Redoute, entreprise de vente par correspondance, et dans les tissages Deffrenne, deux entreprises qui ont en commun leur forte féminisation. Il tente de rendre compte des conditions de possibilité d'une conscience féministe dans les conflits du travail et de l'émergence d'un féminisme ouvrier, partant du constat de la grande variété des situations et des limites manifestes que ces phénomènes rencontrent. Dans cette perspective, sont pris en considération à la fois les caractéristiques des configurations de travail et celles de l'espace de la représentation ouvrière, ainsi que les effets des situations de mobilisation et des acteurs et actrices qui les animent.Origins and Limitations of Feminist Awareness in Labour Conflicts (Roubaix, 1970s)This paper analyses two labour movements that took place in the 1970s at the heart of the Roubaix industrial area, at La Redoute (a mail order company) and at the Deffrenne weaving company. Both companies had a large proportion of women in their workforce. The paper endeavours to clarify the conditions that made possible a feminist awareness in labour conflicts and the emergence of a working-class feminism. It starts with the observation that there were many diverse situations and clear limitations to these trends. From this perspective, we have taken into consideration the characteristics of work organisations and the venues for representing women workers, as well as the effects of movements and the men and women leading them.
- Le rapport au genre et à la classe de militantes syndicales ouvrières : deux voies d'émancipation - Eve Meuret-Campfort p. 95-110 À partir d'une étude de cas – l'engagement syndical durable d'ouvrières d'une usine de l'habillement française des années 1960 aux années 1990 –, cet article entend interroger le rapport à la classe ouvrière de militantes syndicales. L'analyse est centrée sur la façon dont celui-ci s'ancre dans des organisations syndicales aux cultures et aux modèles d'émancipation différents – ici la Confédération générale du travail (CGT) et la Confédération française démocratique du travail (CFDT). En s'intéressant à la socialisation syndicale, au rapport de ces militantes au groupe ouvrier et à la famille, deux modèles d'émancipation se dessinent : les militantes CGT misent sur la « classe ouvrière » en retournant le stigmate de la « fille d'usine », tandis que les militantes CFDT cherchent à se distinguer d'une certaine culture ouvrière et des rôles féminins qui y sont prescrits.Women Union Activists' Relationship to Gender and Class : Two Emancipation Paths
This paper starts with a case study of a long-term labour union membership by women working in a French textile plant, from the 1960s to the 1990s. It endeavours to analyse women activists' relationship to the working class, and how this relationship took root in labour union organisations with different cultures and emancipation models – in this case, the Confédération Générale du Travail (CGT) and the Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT). By focusing on socialisation via the labour movement, and on these women's relationship to the working class and to family, we identify two emancipation models : whereas women activists with the CGT emphasised the “working class” by reversing the stigma associated with “factory girls”, CFDT activists sought to distinguish themselves from a certain working-class culture and its prescribed roles for women. - L'émergence de l'histoire des femmes dans l'après-68 - Michelle Perrot, Ingrid Hayes, Frank Georgi p. 111-124
- Point de vue. L'endettement des étudiants : un cas américain ? - Marianne Debouzy p. 125-141
- Notes de lecture - p. 143-186