Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°92
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 92, janvier 2005 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°92 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Europe
- La « contre-performance » de l'Europe continentale - Edmund S. Phelps. Traduit de l’américain par Éloi Laurent p. 11
- Doit-on oublier la politique budgétaire ? - Jérôme Creel, Bruno Ducoudré, Catherine Mathieu et Henri Sterdyniak p. 43 Selon la nouvelle théorie anti-keynésienne des finances publiques (NAK), la politique budgétaire de stabilisation n'a aucun effet favorable sur l'activité. D'une part, les gouvernements utiliseraient la politique budgétaire à mauvais escient, à des fins électoralistes et non à des fins de régulation ; les déficits publics seraient généralement trop élevés, conduisant à une trop forte accumulation de dette publique. D'autre part, les déficits publics seraient nuisibles en induisant une hausse des taux d'intérêt, en provoquant une baisse de la demande privée (puisque les agents anticipent les impôts qu'ils devront payer demain) et une baisse de l'offre (en raison de l'anticipation des effets néfastes des impôts futurs). La seule stratégie macroéconomique efficace en Europe consisterait à baisser les dépenses publiques, ce qui permettrait une baisse de la fiscalité, qui provoquerait une hausse de l'offre et de la demande. Les périodes de consolidation budgétaire (c'est-à-dire de réduction des déficits publics obtenue principalement par baisse des dépenses), qui conduisent les agents à anticiper un niveau durablement plus faible d'imposition, auraient des effets favorables sur l'activité. Cette thèse est dominante dans les milieux européens, tant communautaires qu'universitaires.Notre article comprend deux parties. La première présente, de manière critique, les modèles théoriques de la NAK en discutant les différents canaux de transmission (consommation, investissement, taux d'intérêt) et les différentes hypothèses (situation conjoncturelle de l'économie, anticipation de la politique budgétaire, utilité des dépenses publiques). Elle montre que les effets anti-keynésiens ne peuvent apparaître que dans des cas très particuliers. La deuxième analyse les résultats empiriques de la NAK en distinguant les études économétriques par comportement, les études statistiques, les études de cas, les modèles VAR et les simulations de modèles macroéconomiques. Contrairement aux modèles théoriques, les effets anti-keynésiens semblent jouer surtout par le canal de l'investissement empiriquement. Les effets observés semblent liés à la concomitance de chocs d'offre favorables et de réformes budgétaires : ils ne peuvent être généralisés à la politique budgétaire de régulation. La conclusion tire les implications du débat pour la politique économique.According to the NAK, Keynesian fiscal stabilisation policies have no favourable impact on output. This view is widely spread in Europe where public deficits and debts are judged excessive, which would raise interest rates and depress output (private agents anticipating future higher taxes). Section 1 provides a critical assessment of the NAK theoretical models, discussing transmission channels (consumption, investment, interest rates) and assumptions (current state of the economy, fiscal policy expectations, usefulness of public spending). Anti-Keynesian effects may only occur in very specific cases. Section 2 discusses the NAK empirical analyses (behavioural econometric analyses, statistical analyses, case studies, VAR models, macro-econometric models). Empirically, anti-Keynesian effects play mainly through investment and occur simultaneously with positive supply shocks. Section 3 draws policy conclusions.
- Stabilisation et transparence - Étienne Farvaque, Florence Huart et Clément Vaneecloo p. 99 Lorsque la politique monétaire vise la stabilité des prix et que l'utilisation de la politique budgétaire est contrainte, le besoin de recourir aux stabilisateurs automatiques est accru. Mais ceci s'effectue au détriment d'une variabilité accrue du solde budgétaire. Le problème se pose alors de savoir si l'utilisation des stabilisateurs automatiques est compatible avec les exigences du Pacte de stabilité et de croissance (PSC). Le respect des normes posées par le Pacte implique en effet de corriger les variations des soldes budgétaires liées au besoin de stabilisation par des ajustements de la composante discrétionnaire des finances publiques. À politique monétaire donnée, de tels comportements peuvent s'avérer contre-productifs, prolongeant et aggravant la récession. Le risque est donc de naviguer entre non-respect du PSC et opacité des décisions budgétaires, ce qui ne peut qu'aggraver le déficit démocratique européen. Cet article tente de sortir du dilemme en proposant d'adapter « la règle budgétaire de Taylor ». Cette règle, proposée par Taylor (2000), fait dépendre le solde budgétaire de l' output gap , et prend donc en compte le besoin de stabilisation automatique. C'est une règle budgétaire transparente et adaptée aux conditions macroéconomiques de chaque pays membre. Partant d'une évaluation de la force des stabilisateurs automatiques dans les pays de l'Union européenne, nous analysons la portée d'une telle règle budgétaire dans le cadre de l'application du PSC, et comparons ses implications aux les dernières propositions de la Commission européenne. L'application d'une « règle budgétaire de Taylor » aux pays européens a plusieurs avantages. D'abord, elle tient compte des spécificités nationales dans la détermination du niveau du déficit structurel correspondant au double besoin de flexibilité et de discipline budgétaire. Ensuite, elle est transparente, ce qui la rend plus crédible et plus efficace. Enfin, elle repose sur la stabilisation automatique, et non sur des impulsions discrétionnaires. Par rapport aux propositions récentes de la Commission, la méthode retenue permet d'évaluer le degré de stabilisation possible, compatible à la fois avec l'objectif d'équilibre des finances publiques et avec l'exigence de transparence des politiques publiques. La logique économique, pourtant revendiquée par la Commission, semble ainsi mieux respectée.This paper evaluates the strength of automatic fiscal stabilizers in European countries by applying to the EU countries Taylor (2000)'s methodology, which relates the budget balance to the output gap and the structural budget balance. Estimates are provided for the EU and for each of the EU members. Furthermore, we ask whether this « Taylor's fiscal rule » can be considered as a guide for national fiscal policies under EMU, in relation with the recent proposals made by the European Commission. Using the estimated fiscal policy rules in individual EU countries, we compute the structural budget position compatible with a balanced total budget position, given the size of the automatic stabilizers and the behaviour of the output gap. We then evaluate the stance of discretionary fiscal policies consistent with the requirement of a balanced budget. In our opinion, Taylor's fiscal rule also increases transparency in public governance. JEL codes : E62, E63, H62.
- L'intégration du système financier en Europe - Pascal de Lima p. 145 Cet article vise à faire le point sur les facteurs et les obstacles à l'intégration du système financier européen selon plusieurs axes d'analyse : nous analysons de prime abord les facteurs et les obstacles à l'intégration des marchés financiers et du secteur bancaire européen, en particulier les facteurs de l'intégration financière liés directement à l'unification monétaire : la mise en circulation de l'euro apparaît alors comme un stimulant à la consolidation du secteur bancaire au niveau pan-européen. Dans ce cadre, il faut attendre des effets positifs de la consolidation bancaire pan-européenne pour les entreprises européennes, mais aussi une plus grande possibilité pour les banques européennes consolidées de mutualiser l'ensemble des coûts informatiques sur l'ensemble de la zone euro. Pourtant, l'euro ne favorise pas de manière aussi puissante l'intégration des marchés financiers européens et, en particulier, les marchés d'actions dominés par les Bourses traditionnelles aux intérêts antagoniques. Enfin, nous insistons sur les avancées et les réformes pour un développement accru de l'intégration du système financier européen. À ce titre, le « Plan d'action » en faveur des services financiers adopté par l'Union européenne prend acte de ce que nombre d'obstacles réglementaires sont à aplanir, en vue de créer l'environnement dans lequel concurrence et technologie pourront, à un certain horizon de temps, conduire à des marchés de capitaux, tout particulièrement des marchés d'actions, à des conditions d'accès beaucoup moins coûteuses pour les investisseurs.This paper examines the origin of European financial integration and its effects on global efficiency. Banks are intensive users of both integrated IT and integrated financial technologies, and have a wealth of data available that may be helpful for the general understanding of the effects of finance and banking integration. We try to examine the European financial system integration factors taking into account the obstacles. In addition, the research indicates that the Straight Trough Processing likely helped, facilitates consolidation of the industry and operational integration.
- Les opinions économiques et leurs raisons dans l'union européenne - Michel Forsé et Maxime Parodi p. 193 Cette étude porte sur les quatre questions ayant trait à des opinions économiques posées lors de la dernière vague de l'enquête sur les valeurs des Européens (1999). Il en ressort que le libéralisme économique domine légèrement dans l'Union européenne. À certaines exceptions près, on le trouve plus fréquemment exprimé au Nord qu'au Sud ou à l'Ouest qu'à l'Est. Au-delà de cette diversité géographique, ces opinions tiennent à des différences idéologiques, de position sociale ou d'intérêt, mais elles sont également le fruit de raisons morales, et dès lors ce qui divise les Européens ne suffit pas à tout expliquer. Leurs attitudes dérivent aussi de l'effort pour s'accorder sur des principes raisonnables susceptibles de trouver l'assentiment de tous, en d'autres termes d'une recherche de justice sociale à laquelle une préséance est accordée et que l'on peut repérer en raisonnant comme derrière un « voile d'ignorance ».This study deals with the four questions on economical opinions asked in the last European Values Survey (1999). Economical liberalism appears to be a little bit more widespread than interventionism in the EU. With some exceptions, it is more frequent in Northern than Southern Europe or in Western than Eastern Europe. Beyond this geographical diversity, these opinions are the consequences of ideological, social position and interest differences, but they are also the result of moral reasons, and then what divides Europeans is not enough for a complete explanation. Their attitudes also derive from an effort to agree on reasonable principles liable to reach a unanimous consent, in other words from a research of social justice to which a priority is given and that can be spot by reasoning like behind a ‘veil of ignorance'. JEL codes : Z13, D71.
Chronique de la mondialisation
- Les transactions de la mondialisation - Guillaume Daudin p. 221 Dans la continuité de l'étude sur les coûts de logistique de la mondialisation, cet article étudie les coûts de transaction de la mondialisation. Sa première partie présente les différents modes de calculs des coûts des échanges internationaux — dont les coûts de transaction — qui existent : cela permet à la fois de clarifier le concept et de donner une idée, malheureusement imparfaite, des coûts de transaction actuels. Cette partie montre que, si l'utilisation des équations de gravité est la méthode la plus efficace pour déterminer les coûts de transaction agrégés relativement aux coûts des échanges nationaux, il n'est pas possible de mesurer leur valeur absolue. Cette partie souligne encore une fois que les coûts des échanges internationaux sont d'une ampleur considérable : il est d'autant plus surprenant qu'ils soient si peu explorés.La seconde partie étudie l'évolution des coûts de transaction. Les équations de gravité n'apportent guère d'éléments sur l'évolution spécifique des coûts de transaction. Il faut donc explorer d'autres méthodes. Les renseignements disponibles sur l'évolution des intrants aux échanges (e.g. la qualité du système législatif) indiquent qu'elle a dû conduire à une diminution des coûts de transaction unitaires — c'est-à-dire pour une opération commerciale « constante » — des échanges internationaux. L'examen de la transformation des types de biens échangés (e.g. existence ou non d'un marché centralisé pour un bien), des partenaires de l'échange et des canaux des échanges (e.g. présence ou non d'intermédiaires), indique que la baisse des coûts s'est accompagnée d'une modification de la structure des échanges en faveur des échanges « à hauts coûts de transaction ». Il n'existe pas assez d'éléments pour juger des ampleurs relatives de la modification de la structure des échanges et de la baisse des coûts.Malgré l'absence d'une conclusion définitive, cet article est l'occasion d'explorer des aspects des échanges internationaux qui, bien qu'ils mettent en œuvre des sommes très importantes, sont très méconnus.This paper studies the aggregate sum of transaction costs paid in world trade. In the first part, it presents the different methods of computing transaction costs, based on national accounts, price studies or movement of goods. All suggest that transaction costs are considerable. Gravity equations are the most reliable of the tools available, yet they allow only the computation of their value relative to other trade costs. In the second part, the paper studies the historical evolution of transaction costs. Gravity equations do not provide many clues on this subject. The evolution of transaction inputs indicates that transaction costs associated with an unchanging exchange have declined. However the study of the type of goods traded and of the partners and channels of exchange shows that this movement was counterbalanced by the increasing prevalence of high-transaction cost exchanges in world trade.
- Conciliation entre vies professionnelle et familiale et renoncements à l'enfant - Gilbert Cette, Nicolas Dromel et Dominique Méda p. 263 La question des liens entre taux d'activité féminin et fécondité a fait l'objet de débats controversés. La présente analyse vise la question des renoncements à l'enfant à partir des réponses à une enquête IPSOS-Chronopost réalisée en 2003 auprès d'environ 1 000 salariés. L'étude s'efforce de prendre en compte simultanément de multiples variables renseignées par l'enquête, pour évaluer l'influence « toutes choses égales par ailleurs » de chacune d'entre elles via l'estimation de modèles logistiques. Les résultats de l'analyse sont les suivants : les catégories qui connaîtraient le plus fréquemment les renoncements à l'enfant du fait de l'organisation de leur vie professionnelle, ou qui ressentiraient le plus fréquemment que les enfants sont un frein à la carrière professionnelle sont les jeunes, sans doute parce qu'ils sont confrontés au choix initial de leur type d'investissement ; les femmes, sans doute parce que ce sont elles qui assument la plus grosse part des tâches domestiques et familiales ; et les salariés sans enfant, sans doute du fait qu'ils sont nombreux à appréhender les difficultés de conciliation associées à la présence d'un enfant. Plus la catégorie professionnelle est élevée, et plus les salariés se déclareraient concernés par ces difficultés, sans doute parce que les potentialités de carrière sont croissantes avec la catégorie professionnelle ; mais, simultanément, une forte contrainte financière semblerait apparaître, les salariés renonçant d'autant moins à l'enfant que leur revenu est élevé. Une plus grande visibilité des horaires de travail et un temps de travail choisi plutôt que contraint paraîtraient modérer les difficultés de conciliation et pourraient atténuer en conséquence les renoncements. Enfin, parmi les salariés avec enfant(s), ceux qui signaleraient que l'organisation de la vie professionnelle influence le nombre ou le moment d'avoir des enfants, ou ceux qui signaleraient que la présence d'enfant(s) freine leur carrière professionnelle, auraient plus souvent que les autres le sentiment d'une inadaptation à leur mode de vie des rythmes de vacances ou des horaires d'ouverture des établissements scolaires.This paper focuses on child renunciations factors, investigating the answers of nearly 1000 employees to a 2003 IPSOS-Chronopost survey. Numerous variables are taken into account simultaneously, evaluating their “caeteris paribus” influence through logistic models estimations. In a nutshell, people who frequently declare child renunciations or delayed conception moments because of working-life organisation, or feel children as a brake for career would be young people, women, without children. The higher the professional class, the more employees declare being concerned with these difficulties. Nevertheless, a finance constraint seems to hold : the higher their income, the less employees declare child renunciations. A better working-schedules visibility and a chosen working-time would moderate these difficulties. Parents declaring « renunciations » would more often face bad-adaptations of holiday-school rhythms with their life.
- Les transactions de la mondialisation - Guillaume Daudin p. 221
Fiche de lecture
- Le chômage est-il soluble dans des réformes structurelles ? - Jean-Luc Gaffard p. 315
- Chronologie 2004 - Sylvie Le Golvan p. 331