Contenu du sommaire : Quelle sociologie derrière le « rideau de fer » ? 1950 - 1989

Revue Revue d'histoire des sciences humaines Mir@bel
Numéro no 16, 2007
Titre du numéro Quelle sociologie derrière le « rideau de fer » ? 1950 - 1989
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier  : Quelle sociologie derrière le « rideau de fer » ? – Introduction

  • Dossier  : Quelle sociologie derrière le « rideau de fer » ?

    • Between Sociology and Ideology. Perception of Work and Sociologists Advisors in Communist Poland, 1956-1970 - Małgorzata Mazurek p. 11-31 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article montre à quel point la conception du travail comme catégorie politique et scientifique a constitué un terrain complexe de l'interaction entre l'idéologie de l'État-Parti et les sciences sociales polonaises au cours des années de stabilisation ayant suivi le dégel (1956-1970). Plus généralement, cet article part des discussions autour des termes « socialiste » et « scientifiques » – avec comme référence les relations industrielles dans l'entreprise socialiste – pour montrer comment ceux-ci furent des éléments de catégorisation des personnes qui en firent usage. Cet article est divisé en chapitres qui concernent tour à tour, les discours du premier secrétaire du Parti, W?adys?aw Gomu?ka, la contribution de la sociologie des relations humaines et l'influence des travaux occidentaux.Il analyse d'autre part, le statut intellectuel et politique des « théoriciens » et des « praticiens » de la sociologie du travail et leur rapport à l'idéologie et au système institutionnel des entreprises d'Etat. L'analyse de ce discours sur le travail met à jours des éléments assez surprenants et souvent contradictoires. Il en va ainsi de la domination du fonctionnalisme sur le marxisme-léninisme ou encore de la ressemblance frappante entre la sociologie appliquée polonaise et l'école américaine des ressources humaines. Cet article montre ainsi que le but commun de l'accroissement de la productivité a posé les bases d'une convergence entre l'école américaine des relations industrielles et le discours de l'État-Parti sur la performance du travail.
      This article demonstrates how the perception of work as a political and scientific category shaped a complex interplay between party-state ideology and social sciences in the years of post-« Thaw » period in Poland. More generally, this starts from the debate around the terms « socialist » and « scientific » – with reference to the industrial relations in a socialist factory – to show how they were a source of categorisation of the social actors who were referring to them. The article divides into paragraphs chapters concerning the speeches of the first party secretary, the sociological contribution on humanization of work and its relation to western sociology. Furthermore, it analyses the intellectual and political status of both theoreticians and practitioners of labour sociology vis-à-vis official ideology and institutional system of state-owned enterprises.An analysis of this historical discourse on work reveals surprising and contradictory findings, for example a dominance of functionalism over Marxism-Leninism or striking resemblance of the Polish applied sociology practice to the American human resources science. Indeed, the article shows that goals of work productivity led to the convergence of American-style sociology of industrial relations and party-state discourse on labour performance.
    • Splendeurs et misères d'un projet intellectuel : l'école monographique de Bucarest - Ioana Cîrstocea p. 33-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir de plusieurs recueils d'entretiens publiés récemment, nous proposons une contribution à l'histoire sociale d'un courant de recherches monographiques sur des villages, fondé en Roumanie dans l'entre-deux-guerres. La reconstitution des trajectoires sociales de ses tenants sert de révélateur pour analyser les changements successifs du statut de la sociologie comme discipline et profession en Roumanie durant le xxe siècle, depuis son affirmation totale dans les années 1930 jusqu'à sa refondation postcommuniste. Dans un premier temps, nous présenterons l'école de sociologie rurale à travers le prisme des activités de son fondateur ; ensuite, nous nous intéresserons au sort réservé, lors de l'installation du régime communiste, à ce courant et aux spécialistes qui en étaient porteurs, pour réfléchir, dans un troisième temps, au transfert de ressources symboliques et pratiques de la sociologie monographique devenue illégitime vers les disciplines ethnologiques choyées par le régime communiste. Enfin, nous conclurons sur une revue sommaire des modes actuels d'appropriation de l'héritage de l'école, mobilisé par les acteurs du postcommunisme dans diverses stratégies de construction identitaire qui dépassent le cadre de la discipline sociologique proprement dit.
      This paper is a contribution to the social history of a movement of monographic research on the rural society, founded in inter-War Romania. Starting from some recently issued collections of interviews, we build up social trajectories of its members and we analyze the successive transformations in the status of sociology as an academic discipline and as a profession in Romania during the XXth century, since its full establishment in the 1930s to its post-communist reconstruction. First, the monographic school is presented through the activities of its chief; secondly, we study the lot the communist regime reserved to this sociology and to its specialists; then we question the transfer of the practical and symbolical resources from the monographic sociology, seen as illegitimate, to the ethnological disciplines and institutions, cherished in the communist years. The symbolical appropriations of the monographic school's legacy by post-communist actors are reviewed in conclusion.
    • La « renaissance » de la sociologie en URSS (1958-1972). : Une voie étroite entre matérialisme historique et « recherches sociologiques concrètes » - Martine Mespoulet p. 57-86 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après avoir été gommée du paysage des sciences sociales à la fin des années 1920, la sociologie retrouva un droit de cité en URSS à partir de la fin des années 1950 et particulièrement dans les années 1960. Elle se reconstruisit sur la base de l'ouverture de divers instituts au sein de l'Académie des sciences et des universités, mais aussi sur la base d'un réseau de relations informelles entre intellectuels qui se regroupèrent pour mener des recherches dont les résultats se diffusèrent dans toutes les sphères de la vie sociale. Cette vitalité de la vie scientifique ne fut pas spécifique à la sociologie, même si elle prit des allures un peu différentes dans ce cas précis. La période de « dégel » ouverte après le discours prononcé par Khrouchtchev au xxe congrès du Parti de 1956, dans lequel il dénonçait les crimes de Staline, contribua à libérer quelque peu les sciences sociales du poids de certains dogmes staliniens. Toutefois, ce renouveau de l'activité des sociologues suscita vite l'inquiétude du Parti communiste et renforça sa volonté de contrôle. Il se fit sous surveillance. La renaissance de la sociologie en URSS dut emprunter une voie étroite entre le contrôle du Parti et la volonté d'hégémonie des théoriciens du matérialisme historique réunis dans l'Institut de philosophie de l'Académie des sciences.
      After it had been blotted out of the social sciences field at the end of the 1920s', sociology obtained a new right to exist in USSR since the end of the 1950s', and particularly in the 1960s'. Sociology was rebuilt on the basis of the creation of some new institutes in the Academy of Sciences and in universities, but also on the ground of a net of informal relations between intellectuals who wanted to carry out investigations which results would be spread to all spheres of social life. This vitality of scientific life was not specific to sociology, even if its forms were a bit different from others. The thaw period opened after Krushchev's speech at the xxth Party Congress contributed to give more freedom to social sciences. Nevertheless this revival of sociologists' activity quickly made Party rulers anxious and strengthened their will to control sociological researchers. This revival had to trace out its way between Party's control and historical materialism theoreticians' inclination to hegemony.
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    • L'homéostasie sociale selon Norbert Wiener - Ronan Le Roux p. 113-135 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'extension, par Norbert Wiener, de la notion d'homéostasie de l'organisme à la société, met l'information au centre des mécanismes de stabilisation sociale. Une étude de cette notion portant sur l'ensemble des écrits de Wiener montre qu'en dépit d'un certain implicite, elle tient une place centrale dans la pensée de l'auteur et permet de parcourir la conception originale et souvent visionnaire qu'a de la société l'un des plus grands savants du xxe siècle : prémisses de l'auto-organisation, distribution, valeur et rôle sociaux de l'information, responsabilité de la science dans cette configuration nouvelle.
      The extension of the notion of homeostasis, by Norbert Wiener, from organisms to society, sets up information as a central key in the mechanisms of social stabilization. A study of this notion upon the totality of Wiener's writings shows that, in spite of some implicit aspects, it takes a major part in the thought of the author and enables to go over the original, and often foreseeing conception of society of one of the 20th century greatest scientists : premiss of self-organization, distribution, value and role of information in society, responsibility of science in this new configuration.
    • De l'histoire des valeurs à la sociologie de l'entreprise : retour sur « La logique de l'honneur » de Philippe d'Iribarne - Frédéric Lefebvre p. 137-164 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Un débat vieux de vingt ans oppose Ph. d'Iribarne à l'« analyse stratégique » de M. Crozier et E. Friedberg. Contre une sociologie des intérêts, d'Iribarne a voulu en effet souligner la dimension implicite de l'« honneur » dans les entreprises françaises. Mais La logique de l'honneur, publié en 1989, est le résultat d'un long processus de maturation et de découverte, qui, à partir d'un idéal de réforme morale inspiré par la société médiévale, en particulier l'amour franciscain, a conduit d'Iribarne à reconnaître l'ancienne notion d'« état » dans l'entreprise d'aujourd'hui, à travers le recours à la notion indienne de caste et au principe aristocratique de « modération ». Une analyse où il se montre fidèle à ses premiers travaux et à la figure du chevalier médiéval, mais aussi d'une infidélité créatrice, qui le pousse à corriger l'un par l'autre Montesquieu et Tocqueville, dans une vision unifiée de la France traditionnelle qu'il veut source d'inspiration pour le présent. On pourra alors juger comment d'Iribarne conçoit la notion de culture, en rapport avec l'anthropologie générale, dont il se réclame, bien plus que de la sociologie.
      For over twenty years, Ph. d'Iribarne has been contesting the « strategic analysis » model of M. Crozier and E. Friedberg. Rejecting a sociology of interest based model, d'Iribarne tried to underline the implicit dimension of « honour » within French organizations. But The Logic of Honour, published in 1989, is the result of a long process of maturation and discovery. Originally inspired by medieval society and its ideologies of moral reformation, first of all the Franciscan movement, d'Iribarne was led to use such notions as the Indian concept of caste or the aristocratic notion of « moderation », before he could recognize the ancient notion of « estate » underlying the study of contemporary organizations. Faithful to his earlier work and to the medieval figure of the knight, d'Iribarne turns out to be innovatively unfaithful when he refers to Montesquieu and Tocqueville, correcting one with the help of the other, offering thus a unified vision of traditional France that could be an inspiration for today. It then becomes possible to reflect on the way he uses the notion of culture, with reference to general anthropology, a reference eventually more important than sociology itself.
    • L'histoire des femmes et ses premières historiennes (xixe-début xxe siècle) - Isabelle Ernot p. 165-194 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Durant le xixe et la première moitié du xxe siècle, des auteures ont produit des ouvrages sur l'histoire des femmes : s'agit-il d'ouvrages d'histoire et ces auteures, pour la plupart « femmes de lettres », peuvent-elles être qualifiées d'« historiennes » ? Cet article explicite cette qualification en la replaçant dans un cadre plus large que celui de l'institution historique. Appréhendés dans le champ historique, ces ouvrages révèlent l'origine ancienne de l'écriture de histoire des femmes et les tensions sexuées autour desquelles elle s'est nouée.
      During the nineteenth century and first decades of following one, women produced works on women's history. Is it possible to qualify these authors of « historians » whereas the majority of them were « women of letters » ? This article justifies this qualification by placing her in the field of history and highlights the history of women's historical writing.
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