Contenu du sommaire : Penser par Écoles

Revue Revue d'histoire des sciences humaines Mir@bel
Numéro no 32, 2018
Titre du numéro Penser par Écoles
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier

    • Les Écoles en sciences de l'homme : usages indigènes et catégories analytiques - Olivier Orain p. 7-38 accès libre
    • Les chemins de l'école (1860-1914) - Marie-Claire Robic p. 39-72 avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article explore les modes d'étiquetage utilisés lors de l'installation de la géographie à l'Université, au tournant du xxe siècle, en inscrivant ces processus de labellisation dans un champ social débordant le champ intellectuel souvent privilégié par la recherche historiographique. S'attachant aux situations discursives dans lesquelles une « école de géographie » a été désignée, il analyse deux séquences successives. La première, interne à la sphère éducative et portée par une scène internationale, est caractérisée par la promotion d'un groupe didactique universitaire et s'accompagne de la disqualification des programmes rivaux. La seconde, faite de labellisations endogènes et exogènes à la géographie, est structurée par les adversités qui agitent une nébuleuse de « sciences sociales » émergentes ; alors le vocable d'école est concurrencé par d'autres termes (« méthode » et surtout « discipline ») qui s'avèrent plus performants pour discriminer les collectifs savants.
      This article explores the types of labelling used during the establishment of geography in the university system, at the turn of the 20th century, by placing these labelling processes in a social field that goes beyond the intellectual field usually given priority by historiographical research. Looking closely at the discursive situations in which a “school of geography” was defined, it analyses two successive sequences. The first one, which is internal to the educational sphere and supported by an international scene, is characterised by the promotion of a university teaching group and is accompanied by the disqualification of rival programmes. The second, made up of labellings endogenous and exogenous to geography, is structured by the internal rivalries affecting an amorphous grouping of emerging “social sciences”; then the word “school” finds itself in competition with other terms (“method” and especially “discipline”) which turn out to be more effective when categorising groups of scholars.
    • Jeux d'écoles hypnotiques : Paris-Nancy fin de siècle - Jacqueline Carroy p. 73-97 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À la fin du XIXe siècle, deux écoles hypnotiques sont opposées dans les cités de Paris et de Nancy. Dans la capitale, à l'hôpital de la Salpêtrière, Charcot apparait comme un médecin disposant d'un grand pouvoir et comme un maître suivi par de nombreux disciples. À Nancy, son rival Bernheim met en exergue une pratique et une doctrine de la suggestion très influentes et très populaires, sans être toutefois entièrement soutenu par ses collègues, membres de ce qu'il convient d'appeler l'école de Nancy. Comment les acteurs s'accordaient-ils des étiquettes ou étaient-ils étiquetés comme membres des deux écoles dans les revues professionnelles et dans la presse ? Avec quelles émotions mettaient-ils en scène leurs controverses ? Quelles sociologies mobilisaient-ils pour comprendre leurs formations en écoles ? Comment les Parisiens et les Nancéens s'allièrent-ils avec d'autres communautés scientifiques internationales ?
      This article analyses the history of the formation of two opposite hypnotic schools in the cities of Paris and Nancy. In the capital, at La Salpêtrière's hospital, Charcot appeared as a very powerful physician and as a master followed by many disciples. In Nancy, near Germany and eastern frontiers at that time, his rival Bernheim highlighted a very influential and popular doctrine and practice of suggestion, but he was not entirely supported by his colleagues, members of the so called École de Nancy. How did the actors labellize themselves (or were labellized) as members of two schools in professional reviews and newspapers? With what emotions did they stage their controversies? What sociologies did they mobilize to understand their school formations? How did the Parisians and the Nanceans ally with other international scientific communities? Some of these questions could be, perhaps, transposed to other school formations.
    • Positivisme(s), écoles et mouvances - Annie Petit p. 99-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Comte a fondé l'« école positive » contre celles dites en philosophie « théologiques » ou « métaphysiques » et en politique « rétrogrades », « révolutionnaires », ou « stationnaires ». L'éducation est aussi un enjeu majeur de cette « école ». Les disciples se dispersent en mouvances. Certains, autour de Littré et de la revue La Philosophie positive (1867-1883) se réclament de la philosophie positive en refusant des aspects du positivisme politique et religieux. Les positivistes « complets », dirigés par Pierre Laffitte, s'expriment dans La Revue occidentale (1878-1914). Contestations et schismes se multiplient. Naît une nouvelle Société et sa Revue positiviste internationale (1906-1940). Dans cette histoire complexe les dissidents ont été les propagandistes d'une doctrine corrigée, tandis que les orthodoxes ont hésité entre le développement d'une École-enseignement ou d'une École-Église et les choix politiques ont varié. Lié à divers réseaux, le positivisme comme école de pensée est un label vivace et protéiforme.
      Comte founded his “positivist school” against “theological” or “ metaphysical” schools in philosophy and “retrograde”, “revolutionary” or “stationary” schools in politics. Education was a major issue. His disciples broke up into different currents. Some, following Émile Littré and the journal La Philosophie positive (1867-1883), adopted positive philosophy, while refusing some tenets of political and religious positivism. The so-called complete positivists, under the leadership of Pierre Laffitte, found an outlet in La Revue occidentale (1878-1914). Controversies and schisms arose. A new association, and yet another journal, Revue positiviste internationale (1906-1940) were established. In this complex history the dissidents defended a corrected doctrine, whereas the orthodox followers were divided between the development of a school as education or a school as church, and the political choices varied as well. Positivism as a school of thought, which is associated with a multiplicity of networks, is a protean and enduring label.
    • L'impossible reproduction d'un collectif savant - Jean-Baptiste Devaux p. 129-152 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      De quelle manière les économistes se reconnaissant derrière l'étiquette d'économistes industriels vont, à partir du milieu des années 1970, chercher à se constituer en collectif savant pour imposer leur propre définition de l'économie industrielle dans le champ des sciences économiques ? L'histoire de ce collectif, parfois rétrospectivement nommé « école française d'économie industrielle », est envisagée à la lumière de ses quinze premières années d'existence et de son incapacité à se reproduire sur le temps long. Si la communauté se structure dans un premier temps autour d'instruments (revue, association, école d'été…), elle peine ainsi à s'imposer comme référente dans le sous champ du fait de mécanismes sociaux propres au groupe (positions des acteurs dans le champ) mais également de facteurs externes, concurrencée sur son propre terrain par l'école toulousaine de Jean Tirole et Jean-Jacques Laffont.
      This article aims at explaining the way economists identified as industrial economists tried to build an intellectual collective in order to impose their own definition of industrial organization in the field of economics. The paper deals with the history of this group, which as also been called “French industrial organization school”, from its frist years (at the middle of the 70') until the beginning of the 90'. At this time, this group appeared as unable to reproduce and imposing its own jurisdiction of industrial organization. This work aims at describing social mechanisms which produced this impossible reproduction, exploring the way French economists tried to build a community but also the way social positions of its actors in the field of economics have been a drag for its success and expansion.
    • L'école en sociologie : catégorie, objet, étiquette - Monique Hirschhorn p. 153-170 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'école en sociologie est d'abord une catégorie de l'historiographie dont la signification est imprécise s'appliquant aussi bien à un courant de pensée qu'à des groupes. Certains de ces groupes, identifiés comme des écoles par la communauté scientifique, ont été étudiés en tant qu'objets sociohistoriques. Toutefois on ne peut en donner une définition idéaltypique en raison de leur hétérogénéité. Le terme d'école fonctionne dès lors comme une étiquette qui permet à un groupe de faire reconnaître sa conception de la sociologie et d'exister dans l'espace scientifique. A contrario, c'est parce que l'école est une étiquette qui, au regard de cette école hégémonique que fut l'école durkheimienne, ne peut être en France que dépréciative, qu'aucun groupe de sociologues français, depuis 1945, n'a revendiqué cette appellation.
      To the embarrassing question of knowing what a school is in sociology, this article tries to provide a reasoned answer. The examination of the occurrences of the term in general sociological histories written by French sociologists shows that the school is first of all a category of historiography whose meaning is imprecise since it applies as well to a current of thought as a group. Since some of these groups have been identified as schools by the scientific community, they have been studied as socio-historical objects. But we cannot give a typical ideal definition, because they are all different. All that remains is to admit that the term school functions as a label that allows a group to have its conception of sociology recognized and to exist in the scientific space. On the contrary, it is because the school is a label which, with regard to this hegemonic school that was the Durkheimian school, cannot be in France only deprecative, that no group of French sociologists, since 1945, did not claim this name.
    • Réfléchir depuis Chicago - Jean-Michel Chapoulie, Wolf Feuerhahn, Olivier Orain p. 171-193 accès libre
  • Document

  • Varia

    • De l'engagement national-socialiste à l'érudition philologique - Laurent Dedryvère p. 229-258 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En étudiant l'engagement nazi et les débuts académiques de Walther Heissig entre 1933 et 1945, le présent article replace les premiers développements des études mongoles allemandes dans leur contexte idéologique et politique. Ces recherches visaient à la fois à renforcer l'influence allemande en Asie et à accroître les connaissances disponibles sur un peuple encore mal connu. Les travaux de Heissig publiés avant et après son départ au Manchoukouo (1941) montrent une inflexion progressive de la géopolitique et de l'ethnologie vers une recherche philologique moins idéologisée. Si les premiers textes de Heissig relèvent de la recherche appliquée en appui à la propagande de guerre, ses recherches de terrain lui permirent aussi de confronter ses théories à la réalité empirique et d'élargir l'éventail de ses questionnements. L'article pose ainsi la question des continuités personnelles et thématiques dans les études orientales allemandes entre la fin des années 1930 et l'après-guerre.
      This article investigates Walther Heissig's National Socialist commitment and academic beginnings between 1933 and 1945. It aims to place the early developments of Mongol studies in Germany in their political and ideological context. These studies pursued the goal of extending the German influence in Asia and of increasing the available knowledge about a people who was still scarcely known. Heissig's first studies, which were published before and after his departure to Manchukuo (1941) display a progressive transition from geopolitics and ethnology towards a less ideologized philological research. Heissig's first texts came close to applied research for the sake of war propaganda. At the same time, his fieldwork allowed him to confront his theories to empiric realities and to enlarge the scope of his investigations. This article raises therefore the question of the personal and thematic continuities in German oriental studies between the late 1930s and the postwar period.
  • Débats, chantiers et livres