Contenu du sommaire : Économie du vieillissement

Revue Revue française d'économie Mir@bel
Numéro vol. XXXIII, octobre 2018
Titre du numéro Économie du vieillissement
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Économie du vieillissement : Introduction - Pierre Pestieau, Grégory Ponthière p. 3-14 accès libre
  • Les attentes en termes de services pour les seniors : le rôle de l'altruisme et de l'anticipation de la dépendance - Bénédicte H. Apouey p. 15-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le contexte du vieillissement de la population, cet article s'intéresse aux attentes en termes de nouveaux services qui pourraient faciliter le bien vieillir en France. À partir de données originales sur les adhérents d'une mutuelle, nous nous concentrons sur les attentes relatives à sept types de services (services liés à la vie sociale, à la santé et aux soins, entre autres) et étudions leurs déterminants. Nos analyses montrent que l'altruisme, la solidarité et l'anticipation de la dépendance jouent un rôle significatif dans ces attentes.
    Needs for Services for Older Adults: The Roles of Altruism and Expectations Regarding Future DisabilityIn the context of population aging, our article focuses on needs for new services to facilitate aging well in France. Using original data on the customers of a not-for-profit insurance company (“mutuelle”), we focus on seven types of services (related to interpersonal relationships, and health and healthcare, among others) and explore the role of a number of factors in the needs for these services. Altruism, solidarity, and expectations regarding future disability emerge as significant predictors of these needs.
  • Inégalités face à la mort et au risque de dépendance - Mathieu Lefèbvre, Sergio Perelman, Jérôme Schoenmaeckers p. 75-111 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Nous utilisons les données de l'enquête SHARE afin d'estimer la relation entre le statut socio-économique, la mortalité et le risque de dépendance chez les européens de 50 ans et plus. Après avoir confirmé que les probabilités subjectives de survie telles que déclarées dans l'enquête sont de bons prédicteurs des probabilités de survie réelle, nous estimons l'effet de la richesse du ménage sur ces probabilités subjectives de survie. Les résultats montrent que les individus les plus riches ont une plus grande probabilité de survie et ceci quelle que soit la méthode d'estimation utilisée (MCO ou VI). La force de cette relation diverge selon les pays et nous observons que dans les pays les plus bismarckiens, la richesse explique davantage la survie que dans les pays beveridgiens. Enfin, nous montrons également que les individus les moins riches sont ceux qui ont une plus grande probabilité de devenir dépendant mais également ceux qui connaissent des périodes de dépendance les plus longues. Nos résultats identifient donc une triple peine liée au niveau de vie, résumée par le constat que les plus pauvres vivent moins longtemps, sont plus dépendants et ce, pour une plus longue période.
    Inequalities in the Face of Death and Risk of Dependence
    We use data from the SHARE survey to estimate the relationship between socioeconomic status, mortality and risk of dependence among Europeans aged 50+. We confirm that the subjective probabilities of survival as reported in the survey are good predictors of the probability of actual survival. We then estimate the effect of wealth on this subjective probability. The results show that the wealthiest individuals have a higher probability of survival regardless of the estimation method used (OLS or 2SLS). The strength of this relationship differs between countries and we observe that in the most bismarckian countries, wealth explains survival more than in beveridgian countries. Finally, we also show that the poorest individuals are those who are more likely to become dependent but also those with longer period of dependence. Our results identify thus a triple penalty related to socioeconomic status, summed up by the finding that the poorest individuals live shorter lives, are more likely to become dependent and for a longer period.
  • Déterminants démographiques de l'évolution des dépenses de santé en France - Hippolyte d'Albis, Pierre-Yves Cusset p. 113-146 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article propose une relecture des déterminants de l'évolution de la part des dépenses publiques et privées de santé dans le produit intérieur brut. Une analyse critique des travaux antérieurs et un modèle comptables simple suggèrent que les facteurs démographiques ont été déterminants entre 1990 et 2010.
    Demographic Determinants of the Evolution of Health Expenditure in France
    This article proposes a new reading of the evolution of the share of public and private health expenditures in the gross domestic product. A critical analysis of previous works and a simple accounting model suggest that demographic factors were key drivers of the evolution observed between 1990 and 2010.
  • La dynamique des patrimoines des ménages selon l'âge et la génération en France et dans la zone euro - Luc Arrondel, Jérôme Coffinet p. 147-177 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le vieillissement démographique, conséquence conjointe de la baisse de la fécondité et de l'allongement de la durée de vie, est susceptible d'influencer en amont les comportements d'épargne des ménages, notamment dans un contexte de réforme du système de retraite public et d'une politique « d'activation » des individus. Par ailleurs, le patrimoine d'une population vieillissante aura une structure particulière, vraisemblablement moins axée sur les actifs risqués. Une question sous-jacente concerne alors la disponibilité de ce patrimoine pour financer l'économie : c'est le sens de la réforme voulue par la récente loi Pacte, visant en particulier à orienter l'épargne retraite vers les produits de fonds propres (actions) plutôt que vers des produits de taux (fonds euros). Aussi, convient-il d'étudier en quoi le niveau et la structure du patrimoine diffèrent en fonction de l'âge et de la génération des ménages. Dans la mesure où ces choix sont également susceptibles de dépendre de l'environnement institutionnel (système de retraite notamment) et du corpus fiscal, portant à la fois sur les plus-values, les produits financiers mais aussi les successions, il importe d'inscrire cette réflexion dans un contexte international. Ce texte porte un éclairage particulier sur la France, mais propose donc des comparaisons avec les principales économies européennes. Les données montrent que la distribution du patrimoine, total ou financier, s'est déformée depuis 30 ans au profit des vieilles générations. Par ailleurs, depuis 2008, la structure de l'épargne des Français est de plus en plus prudente, de moins en moins tournée vers les actifs risqués. D'un point de vue macroéconomique, ces éléments appellent à une meilleure allocation de l'épargne des particuliers vers des produits davantage susceptibles de financer l'économie, un des objectifs de la récente loi Pacte.
    The Dynamics of Households' Wealth According to the Age and the Generation in France and Eurozone
    Aging, a joint consequence of the decline in fertility and longer life expectancy, is likely to influence household savings behavior, particularly in a context of public pension reform. In addition, the wealth of an aging population will have a particular structure, presumably less focused on risky assets. An underlying question then concerns the availability of this wealth to finance the economy : this is the meaning of the reform sought by the recent “Loi Pacte”, aimed in particular at directing retirement savings towards equity rather than less risky assets (life insurance in euro funds for example). Therefore, it is important to study how the level and structure of wealth differ according to the age and generation. Insofar as these choices are also likely to differ from the institutional environment (pension system in particular) and the tax system, covering not only capital gains, financial products but also inheritances, it is important to include this study in an international context. This text focuses on France, but offers comparisons with the main European countries. Data show that the distribution of wealth, total or financial, has been distributed for 30 years for the benefit of the older generations. Moreover, since 2008, the structure of French savings is increasingly cautious, less and less focused on risky assets. From a macroeconomic point of view, these elements call for a better allocation of savings of individuals towards products more likely to finance the economy, one of the objectives of the recent “Loi Pacte”.
  • Les enjeux du patrimoine et de sa transmission dans nos sociétés vieillissantes - André Masson p. 179-234 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Nos sociétés développées sont confrontées depuis l'orée des années 1980 à un processus de « patrimonialisation » à la fois inédit, massif et particulièrement dommageable pour la croissance économique, l'égalité des chances et l'équilibre des rapports entre générations. Ce processus se traduit par un poids croissant et inégal du patrimoine par rapport au revenu, mais aussi par une « crispation patrimoniale » des seniors, détenteurs d'une masse inerte de patrimoine peu risqué, un « retour » de l'héritage, reçu cependant de plus en plus tard, et des jeunes ménages fortement contraints dans leurs projets patrimoniaux. Le recul de la mortalité aux âges élevés n'a pas créé seul ce processus, lié par ailleurs au ralentissement de la croissance et aux transformations du capital, mais en a considérablement amplifié les effets. Remédier à une telle situation patrimoniale n'apparaît pas une chose facile, comme le suggèrent quelques exemples de réformes sociales et fiscales possibles. L'analyse conduit à mettre en avant deux propositions couplées : i) une cotisation sociale sur le 3ème âge (retraités) qui contribuerait à financer les besoins du 4ème âge par une couverture inclusive et obligatoire de la perte d'autonomie ; ii) le programme Taxfinh (Tax family inheritances), qui propose, d'une part, l'augmentation du taux et de la progressivité de l'impôt sur les seuls héritages familiaux pour les 10 à 15 % de familles les plus fortunées, et, d'autre part, d'offrir en contrepartie des moyens accrus d'éviter cette surtaxe successorale, facilitant aussi bien la donation (à la famille, aux œuvres ou du patrimoine professionnel), la consommation du patrimoine (immobilier), ou encore l'investissement productif à long terme de l'épargne des seniors. Ce programme répondrait à la fois aux défis redoutables soulevés par une situation patrimoniale néfaste et à l'impopularité actuelle des droits de succession standard.
    Issues about Wealth and its Transmission in our Ageing Societies
    Since the beginning of the 1980's, our developed societies face a process of “property accumulation”, that is both unprecedented, massive and particularly harmful for the economic growth, the equality of opportunities and the equity between generations. This process results in an increasing and unequal weight of wealth relatively to income, but also in an “uptight accumulation behavior” by the elderly, who hold an inactive mass of low-risk wealth, a “coming-back” of inheritance and bequest, received though later and later, and young households strongly constrained in their property projects. Even if decline in mortality at old age is not the sole reason of this process, due also to the slowdown of growth and to the mutations of capital, it has significantly contributed to worsen its effects. Remedying this situation is certainly not an easy task, as suggested by some examples of possible social and fiscal reforms. The analysis leads to sustain two coupled propositions of reforms : i) a social contribution of the third age (retirees) helping to finance the needs of the fourth age through a compulsory and inclusive long-term care insurance ; ii) the Taxfinh (Tax Family Inheritance) program, which proposes, first, to increase the rate and progressivity of only post-mortem transfers to children and the family for the 10%-15% wealthiest families and, second, to supply, as a counterpart, additional means to avoid this inheritance surtax, favoring both gifts (to family members or of professional assets) and charitable bequests, property consumption (real estate), or long-term productive investment of elderly savings. This program would be an answer to the daunting challenges of a noxious wealth situation, as well as to the present unpopularity of standard wealth transfer taxation.