Contenu du sommaire : Religion et discrimination
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1324, janvier-février-mars 2019 |
Titre du numéro | Religion et discrimination |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Relever le défi des discriminations - Marie Poinsot p. 3
Le Point Sur
- Religion et discrimination - Patrick Simon, Liza Rives p. 8-9
- L'islamophobie, un racisme à l'égard des Musulmans européens - Nasar Meer p. 11-16 Utilisé pour qualifier les discriminations en raison de leur religion qui visent les Musulmans, le terme d'« islamophobie » ne se réduit pas à la simple hostilité envers une religion et ses pratiquants. Il permet au contraire d'appréhender la structuration complexe de ces préjugés qui s'appuient simultanément sur des signes de race, de culture et d'appartenance religieuse. Malgré les critiques qu'il peut soulever, le choix de ce terme révèle ainsi la construction de stéréotypes sur une identité communautaire et la façon dont sont essentialisés ceux et celles qu'il vise. Ainsi l'islamophobie qualifie la forme spécifique du racisme antimusulman.
- Géographie et intersectionnalité des actes antimusulmans en région parisienne - Kawtar Najib p. 19-26 L'analyse socio-spatiale des discriminations touchant les populations musulmanes ou présumées comme telles dans la région parisienne se fonde sur deux perspectives complémentaires : la géographie et les discriminations croisées. Ainsi, les femmes voilées apparaissent comme les victimes majoritaires de l'islamophobie, selon les données du Collectif contre l'islamophobie en France. Or les violences physiques et symboliques que subissent les Musulmans bénéficient également d'une distribution spatiale inattendue : Paris est le département d'Île-de-France le plus touché par les actes antimusulmans. Ces derniers ont lieu au cœur de la ville, pas forcément dans les quartiers de résidence des populations qui en sont la cible.
- Discrimination religieuse ou discrimination raciale ? : L'islamophobie en France et aux États-Unis - Juliette Galonnier p. 29-37 La comparaison du traitement public de l'islam en France et aux États-Unis permet de saisir des imbrications différentes entre approches raciale, sociale et religieuse. Si l'islam est perçu en France comme se heurtant au modèle laïc, il est protégé en tant que religion aux États-Unis. Pour autant, dans les deux sociétés, ses pratiquants cristallisent les préjugés racialisants. Ainsi, l'étude de la stigmatisation des Musulmans, ou de ceux qui sont perçus comme tels, permet de comprendre l'articulation des considérations raciales et religieuses dans la structuration d'un imaginaire de la menace et ses conséquences pour les populations qui en sont victimes.
- Des regards aux égards : Effets du foulard islamique sur le comportement visuel des passagers du métro de Paris - Martin Aranguren, Francesco Madrisotti p. 39-47 Les interactions sociales ordinaires offrent un cadre privilégié pour observer des situations de discrimination dans l'espace public. Une expérience menée par deux chercheurs et une comédienne dans le métro parisien permet d'étudier la nature des réactions de personnes confrontées à une femme voilée d'un foulard dit « islamique ». L'étude examine notamment le degré d'attention et de disponibilité que les passagers communiquent par leur regard à cette femme, selon qu'elle porte ou non le foulard. Cette expérience s'inscrit dans un programme plus vaste visant à identifier les signes subtils par lesquels se manifestent des dénis de reconnaissance.
- De la lutte contre les discriminations à la promotion de la laïcité - Edwin Hatton p. 49-55 Si l'appartenance religieuse constitue bien l'un des motifs de discrimination punis par la loi, son traitement politique est devenu problématique en France. Depuis 2012, la question de la gestion des comportements religieux dans l'espace public donne prise à une politisation croissante de la laïcité. Ainsi, l'action du pouvoir exécutif porte davantage sur la promotion, voire la défense, de la laïcité. Ceci a pour conséquence de tendre à marginaliser la lutte contre les discriminations. Or ce glissement idéologique et politique qui confère à la religion une visibilité accrue est paradoxal dans un pays où deux-tiers des personnes se déclarent athées ou sans religion.
- Autorités publiques, laïcité et discriminations religieuses - Christine Pauti p. 57-64 Si la politique de l'État en matière de laïcité est censée assurer la non-discrimination à raison de la religion, son application actuelle tend parfois à contredire cet objectif. Au point d'aboutir à un paradoxe : la France, l'un des seuls pays laïques en Europe, est celui dans lequel la discrimination religieuse est ressentie le plus intensément. La gestion de ce paradoxe échoit de plus en plus aux collectivités territoriales. Le niveau local est, en effet, souvent celui où se joue la mise en œuvre des principes de laïcité et de non-discrimination. Or les interprétations différentes de ces principes selon les territoires sont aujourd'hui porteuses de risques ou, au contraire, d'espoirs quant à leur garantie pour la population Française ou étrangère qui réside en France.
- Neutralité d'entreprise versus non-discrimination des travailleurs : France et Belgique partagent-elles la même foi ? - Léopold Vanbellingen p. 67-74 Dans le domaine de la gestion des discriminations pour motif de religion dans l'entreprise, la mobilisation de la notion de neutralité est tout… sauf neutre. Formalisée en langage juridique par des règlements, des chartes et autres contrats de travail, la neutralité convictionnelle représente un outil mobilisé par l'entreprise pour formaliser sa politique à l'égard de ses salariés comme de ses clients. Cependant, son application indifférenciée est sujette à caution. En France comme en Belgique, une série d'affaires judiciaires permet de comprendre le fonctionnement du recours à la neutralité religieuse au sein de l'entreprise et ses conséquences vis-à-vis de la liberté religieuse des salariés et de la lutte contre les discriminations.
Musée
- Persona grata - Ingrid Jurzak p. 78-79
- Lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations : actualité et collaboration avec le Musée national de l'histoire de l'immigration - Marie Poinsot p. 132-139 Entretien croisé Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), et Hélène Orain, Directrice générale de l'Établissement public du Palais de la Porte Dorée
- Images confisquées, histoires invisibles - Marianne Amar p. 140-146
- Des guerres invisibles - Marianne Amar p. 146-147 Entretien avec Benjamin Stora, historien, président du Conseil d'orientation du Musée national de l'histoire de l'immigration
- Images et dialogue citoyen : Retour sur le Grand Festival 2018 - Agnès Arquez-Roth p. 148-150
- L'image au service de la lutte contre les discriminations - Emmanuelle Roule p. 151-157 Le mardi 20 mars 2017 au Palais de la Porte Dorée, différents acteurs issus d'associations et d'institutions qui s'engagent et luttent quotidiennement contre les discriminations au sein de la société française se sont réunis à l'invitation du Musée national de l'histoire de l'immigration. Ils ont pris part à une journée d'ateliers, de débats et d'échanges sur la thématique « Images et discriminations » dans le cadre de la programmation du Grand Festival et de la semaine de lutte contre le racisme et l'antisémitisme.
- Fabrication des images et significations - Anne Geslin - Beyaert p. 158-166
- La rentrée du prix littéraire de la Porte Dorée (2018 –2019) - Nihad Jnaid p. 167-169 Le prix littéraire de la Porte Dorée célèbre en 2019 ses dix ans d'existence : dix éditions d'un prix qui n'a jamais démérité par le choix des lauréats et la qualité des dizaines de romans sélectionnés chaque année.
- Aminata Aidara, Je suis quelqu'un : Paris, Gallimard, coll. « Continents noirs », 2018, 368 pages, 21,50 euros - Mustapha Harzoune p. 170-171
- Adrien Bosc, Capitaine : Paris, Stock, 2018, 400 p., 22 € - Nihad Jnaid p. 171-172
- Benoît Cohen, Mohammad, ma mère et moi : Paris, Flammarion, 2018, 288 p., 19 € - Catherine Guilyardi p. 172-173
- Gauz, Camarade Papa : Paris, Le nouvel Attila, 2018, 256 pages, 19 euros - Marie Poinsot p. 173-174
- Lenka Hornakova-Civade, Une verrière sous le ciel : Paris, Alma éditeur, 2018, 260 pages, 18,50 euros - Nihad Jnaid p. 175-176
- Patrice Nganang, Empreintes de crabe : Paris, JC Lattès, 2018, 400 pages, 22,90 euros - Mustapha Harzoune p. 176-177
- Emilie de Turckheim, Le Prince à la petite tasse : Paris, Calmann-Lévy, 2018, 216 p., 17 € - Nihad Jnaid p. 177
- Une prochaine résidence d'écrivain au Musée - Marie Poinsot p. 178-183 La place de la littérature dans un musée consacré à l'histoire de l'immigration en France s'est construite sur plusieurs années. Cette présence littéraire s'est renforcée grâce à l'organisation des neuf éditions du Prix littéraire de la Porte Dorée, de cafés littéraires, de stages de formation à l'attention des enseignants sur la littérature et l'exil, des deux éditions du salon LittExil et des nombreuses chroniques et entretiens d'auteurs parus dans la revue Hommes & Migrations.
- Une solitude peuplée - Mohamed Mbougar Sarr p. 184-186
- Asiatiques, la communauté invisible ? : Deux personnalités médiatiques livrent leur réflexion - Lucile Humbert Wozniak p. 187-191 Née en 1979 à Grenoble, Grace Ly est une activiste féministe, figure désormais incontournable de l'asiomilitantisme. En 2012, alors qu'elle est agacée d'entendre des horreurs sur la nourriture chinoise, elle crée son blog food, , La petite banane, au titre ironique lié à sa double identité franco-chinoise, « , au titre ironique lié à sa double identité franco-chinoise, « jaune dehors mais blanche dedans », en 2012. Avec le climat de crispations identitaires, son blog devient de plus en plus politique. Elle crée également », en 2012. Avec le climat de crispations identitaires, son blog devient de plus en plus politique. Elle crée également Ça reste entre nous, websérie documentaire qui donne la parole aux Asiatiques en France. Des hommes et des femmes asiatiques de milieux et professions différents contribuent à chaque épisode et échangent, autour d'une table, à propos d'un thème particulier. Réalisatrice, blogueuse, journaliste, elle vient récemment d'ajouter une nouvelle corde à son arc en publiant un premier roman au titre auto-provocateur, , websérie documentaire qui donne la parole aux Asiatiques en France. Des hommes et des femmes asiatiques de milieux et professions différents contribuent à chaque épisode et échangent, autour d'une table, à propos d'un thème particulier. Réalisatrice, blogueuse, journaliste, elle vient récemment d'ajouter une nouvelle corde à son arc en publiant un premier roman au titre auto-provocateur, Jeune fille modèle, aux éditions Fayard. Aujourd'hui, avec le développement d'une sphère essentiellement culturelle impliquée dans la lutte contre le racisme anti-asiatique portée, par exemple, par le jeune Collectif asiatique décolonial et le magazine , aux éditions Fayard. Aujourd'hui, avec le développement d'une sphère essentiellement culturelle impliquée dans la lutte contre le racisme anti-asiatique portée, par exemple, par le jeune Collectif asiatique décolonial et le magazine Koï fondé par Julie Hamaïde, Grace Ly a accepté de répondre à aux questions de la revue fondé par Julie Hamaïde, Grace Ly a accepté de répondre à aux questions de la revue Hommes & Migrations.. Artiste protéiforme, inclassable, comédien, rappeur, photographe. De mère française et de père vietnamien qui ont fui le chaos d'après-guerre et s'exilent en France, il passe son enfance dans le Val-de-Marne où il est MC sur la scène hip-hop et réalisateur de clips. Attiré par la comédie, il étudie l'art dramatique. Après avoir débuté sa carrière à la télévision, il participe à des courts-métrages de cinéma d'auteur et investit le théâtre. On l'a d'ailleurs vu cet été au Festival d'Avignon dans la pièce Certaines n'avaient jamais vu la mer, adaptée du roman de Julie Otsuka, qui fait parler des oubliées de l'histoire : les migrantes japonaises aux États-Unis. Sa passion pour l'image le mène également à la photographie. Il partage sa vie entre Paris et Marseille.
Champs libres
- Nous et les autres. Des préjugés au racisme - Mikael Petitjean p. 202-205 Entretien avec Elsa Guerry, responsable de la programmation et de l'itinérance des expositions au Musée de l'Homme, et Evelyne Heyer, commissaire scientifique de l'exposition
- L'association Remem'beur, l'humour contre le racisme - Naïma Yahi p. 205-207
- 1905 à l'ombre des « faiblesses humaines » - Mustapha Harzoune p. 208-211
- Artiste de la diaspora : D'ici ou de là-bas, des musiciens assignés ? - François Bensignor p. 212-218 Le 6 novembre 2018, la Cité internationale des arts accueillait une rencontre-débat proposée par le festival Ville des Musiques du Monde autour du thème « Artistes de la diaspora, problématique de l'assignation identitaire ». Ouvert au public, ce débat réunissait de nombreux artistes, résidents à la Cité internationale des arts et finalistes du Prix des Musiques d'Ici (Voir H&M, n° 1321), et professionnels œuvrant dans le domaine des musiques du monde, producteurs, programmateurs, représentants d'institutions et de médias, membres du jury du Prix des Musiques d'Ici. À l'issue de la rencontre, étaient proclamés les noms des trois lauréats de la deuxième édition du Prix des Musiques d'Ici.
- Amin : Film France, 2016, de Philippe Faucon - Mouloud Mimoun p. 219
- Allée des jasmins : Court-métrage France, 2018, de Stéphane Ly-Cuong - Mouloud Mimoun
- A land Imagined/Les étendues imaginaires : Film Singapour, Pays-Bas, France, 2018, de Yeo Siew Hua - Anaïs Vincent p. 220
- Marie-France Etchegoin, J'apprends le français : Paris, JC Lattès, 2018, 200 p., 17 € - Catherine Guilyardi
- Carolin Emcke, Contre la haine. Plaidoyer pour l'impur : Paris, Seuil, 2017, 224 p., 17 € - Marie Poinsot
- Centre Primo Levi, Médecins du monde, La souffrance psychique des exilés : une urgence de santé publique : Paris, Centre Primo Levi/médecins du monde, 2018, 19 p. - Apolline Meyer p. 223
- Boualem Sansal, Le Train d'Erlingen ou La métamorphose de Dieu : Gallimard 2018, 248 p., 20 € - Mustapha Harzoune
- Jodi Picoult, Mille petits riens : Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie Chabin, Paris, Actes Sud, 2018, 588 p., 23,50 € - Mustapha Harzoune p. 224-225
- Sema Kiliçkaya, La langue de personne : Ed. Emmanuelle Colas, Paris, 2018, 186 p., 15 € - Moustapha Harzoune p. 225-226
- Ta-Nehisi Coates, Huit ans au pouvoir. Une tragédie américaine : Traduit de l'anglais (États-Unis) par Diana Hochraich, Paris, Présence africaine, 2018, 308 p., 24,90 € - Moustapha Harzoune p. 226-227
- Yves Tsao, Les travailleurs chinois recrutés par la France pendant la Grande Guerre : Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2018, 366 p., 25 € - Yasmine Achouche p. 227
- Nous et les autres. Des préjugés au racisme - Mikael Petitjean p. 202-205