Contenu du sommaire : Sexualités minoritaires

Revue L'Homme et la société Mir@bel
Numéro no 208, 2018/3
Titre du numéro Sexualités minoritaires
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • In Memoriam

  • Dossier

    • Introduction. Sexualités minoritaires : Expériences subjectives, communautés érotiques et politiques de reconnaissance - Gilles Chantraine, Gwénola Ricordeau p. 21-31 accès libre
    • Minorités, discrimination et reconnaissance : Les stratégies des politiques sexuelles en débat - Cornelia Möser p. 33-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Partant du constat que les politiques sexuelles institutionnalisées aujourd'hui en France, en Allemagne et aux États-Unis sont majoritairement basées sur un modèle de politique antidiscriminatoire, cet article propose un retour sur l'histoire des luttes et théories féministes et homosexuelles. À l'exemple de trois débats clés qui ont marqué les manières féministes et queer de penser la sexualité, des alternatives au modèle d'antidiscrimination sont discutées en vue de leur potentiel émancipateur. Le premier débat concerne un groupement de folles politique à Berlin au début des années 1970 et tourne autour d'un lien éventuel entre la domination masculine et l'oppression des homosexuel·le·s. Le deuxième débat discute le potentiel stratégique du lesbianisme politique. Le troisième débat surnommé sex wars concerne la pornographie ainsi que les subcultures lesbiennes sadomasochistes et butch/fem, et interroge la tension entre plaisir et danger dans la sexualité pour les femmes. À travers ces trois débats, nous pouvons suivre comment les acceptions de ce qu'est la sexualité changent. Chaque fois genre et sexualité sont liés d'une manière différente. Par ces analyses l'article contribue à contredire une « histoire des vainqueurs » qui partirait de l'idée que, puisque les politiques antidiscriminatoires sont les plus répandues aujourd'hui, elles seraient la forme la plus pertinente pour combattre l'oppression des dissidences sexuelles.
      Starting from the observation that institutionalized sexual politics in France, Germany and the United States today are most of the time based on a model of anti-discrimination politics, this article inquires the history of feminist and homosexual struggles and theories in order to find out about alternative approaches. Three key debates that have importantly marked queer and feminist ways to think of sexuality are presented and analyzed in order to inquire their emancipatory potential. The first debate, the Tuntenstreit, took place in the early 1970s in West-Berlin and examined the role of masculine domination for the oppression of homosexuals. The second debate that took place at the end of the 1970s interrogated the strategic potential of political lesbianism. The third debate that is also known as the feminist sex wars concerns pornography and different forms of lesbian subcultures (butch/fem and sadomasochistic) in view of the tension between pleasure and danger in sexuality for women. Analyzing these debates, the articles retraces how the understandings of sexuality change from one discussion to the other. And even in each debate, different understandings of what sexuality actually is, are competing, especially regarding the way they link sexuality to gender. Disputing a “history of winners” that suggests that anti-discrimination politics must be the best form of sexual politics since it is the most popular form today, this article discusses the potentials and limits of historical forms of sexual politics.
    • La prolifération des catégories de l'identité sexuelle : Enjeux politico-discursifs - Noémie Marignier p. 63-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose une analyse discursive de la prolifération des dénominations de l'identité sexuelle dans le militantisme en ligne. En effet, on y voit émerger de nouvelles catégories d'orientation sexuelle (sapiosexuel, quoisexuel, aromantique, etc.) et d'identité sexuelle (agenre, xenogenre, etc.). Si ces dénominations sont en fait rarement employées dans les usages, on trouve sur le Web un certain nombre de discours et de lexiques qui les répertorient et les définissent. Je propose de mener une analyse discursive qualitative de la création de ces dénominations du sexuel, des définitions qui en sont produites, des usages qui en sont faits, à partir d'un corpus constitué de posts de blogs LGBTQI+, ainsi que d'interactions sur les réseaux sociaux, comme Twitter par exemple. Il s'agira notamment de réfléchir aux enjeux politiques d'un tel découpage catégoriel de la sexualité, en questionnant les liens établis par les locuteur·e·s entre identité, nomination et pouvoir du langage.
      This paper offers a discourse analysis of the proliferation of sexual identity categories in online LGBTQI+ activism (for example: sapiosexuel, quoisexuel, aromantique, etc.). I propose to qualitatively analyse how these new sexual categories are created, how they are defined by activists, and how they are used. This research is based on a corpus of online discourses (social networks, blogging, etc.). I intend to question the links established by the activists between identity, naming, and power of speech, and thus to consider the political issues this categorical dividing of sexuality entails.
    • Gais, « blacks » et antillais : L'art de ruser avec des impositions hétéronormatives et postcoloniales - Ary Gordien p. 83-115 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse au milieu gai antillais de Paris et cherche à expliquer comment des hommes gais noirs originaires de Martinique et de Guadeloupe vivent des formes multiples de domination liées à la « race », à l'ethnicité et à la sexualité, aussi bien dans leurs sociétés insulaires d'origines que dans la capitale. Ce texte a aussi à cœur de mettre en lumière les stratégies de résistance qu'ils emploient afin d'affirmer un sentiment identitaire particulièrement composite et labile. Cette réflexion se fonde sur une ethnographie réalisée en 2008-2009, au sein d'un groupe d'amis qui fréquentaient régulièrement les boîtes de nuit ciblant une clientèle catégorisée comme « black ». L'objectif est de retracer les trajectoires de ces hommes et de saisir la nature du contexte de migration postcolonial au sein duquel ils s'auto-identifiaient en construisant un réseau antillais noir et gai des deux côtés de l'Atlantique. La notion de consubstantialité (plus que celle d'intersectionnalité) permet de rendre compte de la manière dont la relative intolérance envers les personnes LGBT aux Antilles et les processus singuliers de racialisation auxquels ces hommes sont sujets à Paris façonnent les modalités à travers lesquelles ils se définissent et négocient des espaces relativement sûrs, tout en érigeant des barrières afin de se différencier d'autres figures d'altérité sur la base de la « race » ou de l'ethnicité.
      This article explores the Caribbean gay scene in Paris in order to explain how Black gay men of Martinican and Guadeloupean descent experience protean forms of domination linked with race, ethnicity and sexuality, both in their native islands and in the French capital. It also highlights the resistance strategies they use so as to affirm a particularly composite and labile sense of identity. This inquiry is based on an ethnographic study conducted in 2008-2009, among a group of friends who regularly went to gay clubs targeted at a clientele labeled as black (used as a neologism in French). The objective is to trace the trajectories of these men and to grasp the nature of the postcolonial context of migration in which they self-identified while building a gay black Caribbean network on both sides of the Atlantic. The notion of consubstantiality (rather than that of intersectionality) helps to explicate how relative intolerance towards LGBT people in the French Antilles and the peculiar process of racialization these men are subjected to in Paris shape the way in which they define themselves and negotiate more or less safe spaces while erecting barriers to differentiate themselves from racially or ethnically defined others.
    • Les Ours et la Lady : Ethnographie d'un rassemblement bear à Sitges (Espagne) - Jean-Yves Le Talec p. 117-141 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le phénomène bear s'est développé aux États-Unis, avec l'émergence de la culture gaie contemporaine au cours des années 1960 et 1970. Il s'est répandu en Europe au début des années 2000, en attirant surtout des hommes mûrs, blancs, de classe moyenne et urbains. Cette recherche ethnographique vise à décrire la Bears Week, un rassemblement annuel organisé à Sitges (Espagne) et fréquenté principalement par des hommes gais européens. Elle s'attache également à analyser la dynamique du genre à l'œuvre pendant ce regroupement festif et sexuel. Pendant une semaine, des milliers d'hommes convergent en ville et se concentrent particulièrement dans des lieux spécifiques : quelques plages durant le jour, le quartier gai de Sitges durant la nuit, où ils ont été observés. Aussi diverse et inclusive qu'elle puisse être, et quel que soit le sens précis que lui donne chaque individu, « l'identité bear » procède à la fois d'une performance de la masculinité hégémonique et d'une sexualité rendue visible, qui se traduisent par une présentation de soi masculine et une attitude virile, la mise en évidence d'une homosexualité « ordinaire » et la manifestation publique d'une camaraderie et d'une proximité avec ses pairs par le contact physique. En outre, ces hommes peuvent aussi performer l'efféminement, ou du moins manifester une forme de proximité et de complicité avec le « mélange des genres » et la culture camp. Sans être vraiment un rassemblement communautaire ni une mobilisation identitaire, la Bears Week se présente comme une semaine de fête, de rencontres sexuelles, et pose le décor d'un théâtre du genre et de la masculinité gaie.
      The bear phenomenon, which goes back to the coming up of the modern American gay culture during the sixties and the seventies, has been expanding in Europe since the turn of the 21st century, appealing mostly mature, white, middle-class, urban men. This ethnographic study aims to describe an annual bear meeting, The Bears Week, organized in Sitges (Spain) and mainly attended by gay men living in Europe. It attempts as well to highlight the gender dynamics at work during this festive and sexual gathering. Along the week, thousands of men spread across the city, and crowd in several hot spots: some specific beaches during the day, and the gay area of Sitges at night, where they have been observed. As diverse and inclusive as it can be, and whatever it may precisely mean on an individual basis, the “bear identity” proceeds from a performance of hegemonic masculinity combined with an exhibition of male homosexuality. It involves manifesting virility and cool maleness, coming out as a gay regular guy, and touching bodies around in order to express camaraderie and togetherness. Beyond that, many bears also happen to perform effeminacy, or at least to demonstrate a kind of familiarity and complicity with genderfuck and camp culture. The Bears Week do not strictly stand for a community meeting, nor for an identity event, but produces during a week an ongoing party, a sexual gathering, and sets a gender scene for gay masculinity.
    • La « communauté homosexuelle » comme peuple transnational : Une fiction politique - Christophe Broqua p. 143-167 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'usage de la notion de « communauté homosexuelle » est courant depuis de nombreuses décennies dans les pays d'Amérique du Nord et d'Europe. D'une catégorie tout d'abord descriptive, la « communauté homosexuelle » s'est progressivement transformée en « fiction politique ». En dépit de l'évidence selon laquelle il n'existe pas de « communauté homosexuelle » à la fois homogène et aisément délimitable, voire séparable, du reste de la société, la désignation d'un groupe homosexuel supposé au travers de cette expression a des effets politiques bien « réels », en termes tant de représentation politique que de représentation de soi, chez une partie au moins des individus potentiellement concernés. Un fil historique permet ici d'éclairer les principaux enjeux du recours à la notion de « communauté homosexuelle » et de suivre leur développement finalement international. Les ressorts et les finalités de cette opération de désignation diffèrent selon les contextes et selon que la « communauté » est invoquée positivement ou stigmatisée, mais cette opération vise partout à produire, désormais à l'échelle transnationale, une catégorie publique dont la consistance supposée se heurte souvent à la diversité des expériences sociales et politiques.
      The use of the notion of « homosexual community » has been common for many decades in North American and European countries. From an initially descriptive category, the « homosexual community » has gradually evolved into a « political fiction ». Despite the evidence that there is no such thing as a « homosexual community » that is both homogeneous and easily delimitable or even separable from the rest of society, the designation of a supposed homosexual group through this expression has very « real » political effects, both in terms of political representation and self-representation among at least some of the individuals potentially affected. A historical thread here sheds light on the main issues involved in the use of the notion of « homosexual community » and allows us to follow their ultimately international development. The motives and purposes of this designation operation differ according to the context and whether the « community » is invoked positively or stigmatized, but this operation aims everywhere to produce, now on a transnational scale, a public category whose supposed consistency often comes up against the diversity of social and political experiences.
    • Le temps des fessées : Microhistoire d'un fantasme mineur - Mathieu Trachman, Jean Bérard p. 169-196 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La constitution d'un club de fessée entre hommes à la fin des années 1980 en France permet d'analyser la définition d'un fantasme minoritaire et les ressorts d'un processus d'érotisation. Le club définit en premier lieu un fétichisme de la fessée qui constitue celle-ci en pratique érotique autonome, qui intègre la douleur et l'humiliation à une pratique sexuelle, et qui rend indiscernable la distinction entre la contrainte et le consentement. À travers la mobilisation de scénarios, le fantasme ouvre des possibilités d'identifications et instaure un rapport au temps où la fessée est anticipée, à la fois crainte et désirée. Les récits pornographiques publiés dans le magazine de l'association permettent également de préciser les conditions historiques de ce fantasme. L'association naît au moment où se stabilisent de nouvelles problématisations des violences et de l'enfance, caractérisées par la condamnation des châtiments corporels, la dénonciation des institutions disciplinaires et de la pédophilie. Le fantasme de la fessée, qui repose sur une temporalisation spécifique, un retour à une enfance vue à travers des désirs d'adultes, est un après-coup historiquement situé qui rejoue, sur un mode mineur, des expériences masculines en cours d'illégitimation ou de disparition.
      The constitution of a men's spanking club in the late 1980s in France offers an opportunity to analyse the definition of the fantasy of a minority, and to explore the logic of a process of eroticization. The club began by defining a fetishism of spanking that constituted it as an autonomous erotic practice, integrating pain and humiliation, and blurring the distinction between coercion and consent to the point of indiscernibility. Through the use of scenarios, this fantasy opens up possibilities of identification and establishes a relationship to time based on the anticipation of spanking, which is simultaneously feared and desired. The pornographic narratives published in the association's magazine also offer details on the historical conditions around this fantasy. The association was created when problematizations of violence and childhood change, with widespread condemnation of corporal punishment as well as denunciation of disciplinary institutions and of pedophilia. The fantasy of spanking is based on a specific temporalization: it is a return to childhood as seen through the lens of adult desires, a historically situated afterwardness which replays, in a minor mode, masculine experiences that are in the process of being reclassified as illegitimate or on the way to disappearing.
    • Fantasmes de virilité, blanchité et masculinité hégémonique en contexte gai parisien - Florian Vörös p. 197-222 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article interroge la production minoritaire de l'ordre social à partir d'une enquête sur les fantasmes de virilité qui organisent des sociabilités gays situées dans les classes moyennes et supérieures blanches de la région parisienne. Il s'ouvre sur une description du contexte numérique dans lequel se déploient ces fantasmes, en distinguant trois formes d'usage des images sexuelles : autosexuel, relationnel et auto-représentationnel. L'article se consacre ensuite à l'examen des rapports sociaux de genre, de sexualité, de classe et de race à l'œuvre dans trois types de fantasmes : le fantasme de « virilité brute », le fantasme gay de la « virilité hétéro » et enfin le fantasme blanc de la « virilité lascar ». Les savoir-faire pratiques relatifs à la mise en scène érotique de la virilité tendent ici à se couler dans un rapport conservateur aux normes et hiérarchies de genre. Aussi, l'investissement érotique de la différence raciale des « lascars » tend à s'associer à la condamnation morale de leur soi-disant violence. Dans ce contexte socioculturel spécifique, la fétichisation de la virilité tend à participer d'une masculinité hégémonique pensée et vécue comme « naturelle », « authentique » et « moderne ».
      This article examines the production of hegemonic masculinity within a minority context, through the ethnographic study of the fantasies of manliness that organize white middle-class gay male sociabilities in and around Paris, France. I start with a description of the digital context within which these fantasies operate, focusing on three types of uses of sexual images: autosexuality, networking and self-representation. I then examine the social relations of gender, sexuality, class and race at work in three types of fantasies: ‘rough manliness', ‘straight manliness' and ‘hood manliness'. Among participants in the study, gay male vernacular know-hows about the erotic staging of manliness most often articulate with conservative views on gender norms and hierarchies. Also, the erotic investment of ‘hood' men's racial difference articulates with a moral condemnation of their supposed violence. Within this specific cultural context, fetishisization of manliness tends to participate in the production of a hegemonic masculinity thought and felt as ‘natural', ‘authentic' and ‘modern'.
  • Hors-dossier

    • Quelle place pour une « sobriété heureuse » ou un « hédonisme de la modération » dans un monde de consommateurs ? : Entre (re)construction d'un ethos et tensions non résolues - Yannick Rumpala p. 223-248 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Face au modèle consumériste dominant, sobriété et modération sont devenues des incitations plus courantes, mais suscitent majoritairement la méfiance, notamment à cause des connotations de sacrifice et de privation qu'elles peuvent véhiculer. Cependant, des discours sont aussi développés pour tenter de recoder ces termes et peuvent trouver une audience : par exemple celui de la philosophe britannique Kate Soper qui repère l'extension d'un « hédonisme alternatif », ou celui plus militant de Pierre Rabhi, qui essaye de promouvoir une « sobriété heureuse ». Cette contribution propose d'analyser les soubas-sements de telles propositions et d'en apprécier la portée sociale, en l'occurrence à partir de trois critères (empruntés à Erik Olin Wright) : leur désirabilité, leur viabilité et leur réalisabilité. Afin de cerner l'ethos promu, il s'agit d'abord de caractériser la nature des conceptions et propositions qui le sous-tendent et qui visent à en faire un modèle attirant pour les individus et la collectivité. Parce que le modèle esquissé entre en tension avec l'ordre économique de la « société de consommation », est ensuite testée la prétention à constituer une alternative individuelle et collective, en l'occurrence à l'aune des trois critères précédents, ce qui offre une autre manière d'étudier ces logiques de défense de la modération et leur robustesse.
      In the face of the dominant consumerist model, sobriety and moderation have become more common incentives, but most often arouse mistrust, particularly because of the connotations of sacrifice and deprivation that they can convey. However, alternative discourses are also developed to try to recode these terms and can find an audience: for example that of the British philosopher Kate Soper who detects the extension of an “alternative hedonism”, or the more militant Pierre Rabhi, who tries to promote a “happy sobriety.” This contribution proposes to analyze the bases of such propositions and to appreciate their social significance, in this case based on three criteria (borrowed from Erik Olin Wright): their desirability, their viability and their achievability. In order to identify the ethos promoted, it is first of all a question of characterizing the nature of the conceptions and propositions that underpin this ethos and which aim to make it an attractive model for individuals and the community. Because the sketched model comes into tension with the economic order of the “consumer society,” the claim to constitute an individual and collective alternative is then tested, in this case by the heuristic lever of the three preceding criteria, which offer another way to study these logics of defense of moderation and their robustness.
    • La sociologie implicite du Comité invisible - Juan Sebastian Carbonell p. 249-268 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les écrits du Comité invisible suscitent depuis leur première parution un intérêt considérable auprès d'un large public d'étudiants, d'intellectuels et de militants. Plusieurs publications leur ont été consacrées, mettant à jour leurs influences philosophiques et les conséquences politiques qu'elles impliquent. Se livrant principalement à une analyse de conjoncture, les textes du Comité invisible s'appuient aussi sur une sociologie implicite du capitalisme contemporain pour justifier leurs hypothèses stratégiques. Des notions telles que production, travail et division du travail, classes sociales ou précariat, sont abordées dans leurs textes, sans expliciter pour autant leurs préalables théoriques. Nous reviendrons dans cet article sur quelques-uns des impensés de la philosophie sociale du Comité invisible et nous verrons notamment comment celle-ci est solidaire de la volonté de conforter une certaine orientation politique.
      Since their first publication, the writings of the Invisible committee have caught the attention of a large public of students, intellectuals and activists. Several publications have been devoted to analyse their philosophical influences and their political consequences. While they engage in an analysis of the political situation, their writings rest on an implicit sociology of capitalism in order to justify their strategic hypothesis. Notions such as production, labor, division of labor, social class or precariat, are invoked in their writings, without however clarifying their theoretical foundations. We will discuss in this paper some of the unthought of the Invisible committee's social philosophy, and we will see how this corresponds to a certain political strategy.
  • Débats & Perspectives

  • Comptes rendus