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Revue Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT Mir@bel
Numéro Tome 102, no 3, 2018
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • L'arrière-plan sociologique du champ sémantique de l'étranger dans le Pentateuque - Francisco Varo p. 385-414 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les textes bibliques, la valeur sémantique des termes désignant les étrangers, les personnes déplacées et les immigrants évolue diachroniquement et dépend des contingences historiques de la société de Juda. Le traitement juridique de ces personnes, voire la perception populaire qui les concerne, change aussi au fil du temps. Cette étude entend préciser la relation entre l'arrière-plan social et la signification biblique de ces mots à chaque étape du processus de composition du Pentateuque.
      The semantic value of the terms designating foreigners, displaced persons and immigrants in biblical texts evolves diachronically and depends on the historical contingencies of judahite society. The juridical treatment of these people, or even the popular perception of them, also changes over time. This study intends to clarify the relationship between these terms' social background and biblical meaning in each stage of the process of the Pentateuch's composition.
    • Raison (philosophique) et foi (biblique) : Une confrontation à renouveler ? - Francis Guibal p. 415-444 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La (post)modernité mondialisée que nous vivons invite à étendre l'aggiornamento de Vatican II à la question traditionnelle des rapports entre foi et raison. Les assurances métaphysiques font place aujourd'hui à une rationalité plus souple et plus ouverte, critique et herméneutique, cependant que les Écritures bibliques renvoient moins à un savoir doctrinal qu'à la transmission d'expérience(s) historique(s) et spirituelle(s). Aussi est-il possible d'envisager une reconnaissance sans confusion entre l'homme de foi (biblique) et l'homme de raison (philosophique), chacun recueillant à sa manière les apports qui lui viennent de l'autre. Il est d'ailleurs permis de se demander si cette provocation mutuelle ne pourrait pas finalement déborder les limites du cadre européen pour s'étendre aux débats interculturels de notre monde
      The globalized (post) modernity in which we live invites us to extend the aggiornamento of Vatican II to the traditional question of the relationship between faith and reason. Metaphysical assurances today give way to a more flexible and more open, critical and hermeneutical rationality, while Scripture refers less to doctrinal knowledge than to the transmission of historical and spiritual experience(s). It is thus possible to envisage a mutual acknowledgment, without confusion, between the man of (biblical) faith and the man of (philosophical) reason, each in his own way drawing from the other's contributions. It is also possible to ask whether this mutual provocation could eventually overflow the limits of the European setting to expand to the intercultural debates of our world.
    • Le nombre six est-il créateur ou créature ? : Indifférence des essences et exemplarisme dans la doctrine thomasienne de la création - Pasquale Porro p. 445-466 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Parmi les différentes questions des Quodlibeta de la première régence parisienne de Thomas d'Aquin, il s'en trouve une (Quodl. VIII, q. 1, a. 1, Pâques 1257) particulièrement intéressante du point de vue philosophique, mais sous un titre qui en dissimule, au moins au premier coup d'œil, le véritable contenu : le nombre six, selon lequel on dit que toutes les créatures furent réalisées, est-il créateur ou créature ? La référence est évidemment aux six jours de la création selon le récit de la Genèse, et plus précisément à l'exégèse qu'en avait proposée saint Augustin dans le De Genesi ad litteram (en particulier IV, 7, 14), mais, en réalité, l'article est pour Thomas une bonne occasion de reprendre et réorganiser la doctrine avicennienne de l'indifférence des essences qu'il avait déjà utilisée dès le début de sa production, dans le De ente et essentia. Dans la conception exemplariste de Thomas d'Aquin, l'essence ou nature, en tant qu'elle est pensée par Dieu, précède sa considération absolue, ses instances physiques dans les réalités singulières, et l'être intelligible que la chose reçoit, à partir de l'expérience des choses sensibles, dans l'intellect humain. De cette façon, Thomas donne l'impression de “replatoniser” une théorie qu'Avicenne avait élaborée pour contourner la doctrine platonicienne et néoplatonicienne des universaux (même si Avicenne n'avait pas renoncé à une forme d'exemplarisme en ce qui concerne le rôle des intelligences). Une dernière remarque concerne le primat de l'espèce sur les individus, que Thomas tire de sa conclusion précédente et affirme très clairement dans l'article suivant de la même question quodlibétique.
      Among the various quodlibetal questions of Aquinas' first Parisian regency, we find one (Quodl. VIII, q, 1, a 1, Easter 1257) particularly interesting from a philosophical point of view, but under a title which, at first glance, conceals its true content: the number six, according to which it is said all creatures were realised, is it creator or creature? The reference is obviously to the six days of creation according to Genesis, and more specifically to the exegesis that St. Augustine had proposed in his De Genesi ad litteram (in particular IV, 7, 14); but, in actual fact, for Aquinas the article is a good occasion to resume and reorganise the Avicennian doctrine of the indifference of the essences that he had already used since the beginning of his production, for instance in his De ente et essentia. In Aquinas' exemplarist conception, the essence or nature, insofar as it is thought by God, precedes its absolute consideration, its physical instances in singular realities, and the intelligible being it receives, through sensible experience, via the human intellect. In this way, Aquinas gives the impression of "re-Platonising" a theory that Avicenna had elaborated to circumvent the Platonist and Neoplatonic doctrine of universals (even though Avicenna himself had not abandoned a form of exemplarism with regard to the role of the intelligences). A final remark concerns the primacy of species over individuals, which Aquinas draws from his previous conclusion and states very clearly in the following article of the same quodlibetal question.
    • A. D. Sertillanges, philosophe thomiste de la création - Camille de Belloy p. 467-507 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le P. Antonin Dalmace Sertillanges, o. p. (1863-1945) a consacré de nombreux travaux à l'étude philosophique de la notion de création qui ont trouvé leur synthèse finale dans le maître ouvrage de 1945, L'Idée de création et ses retentissements en philosophie. Le présent article resitue cette réflexion spéculative de Sertillanges sur la création dans la perspective qui fut la sienne, celle d'une apologétique philosophique, orientée à la fois ad extra, vers ses contemporains philosophes, et ad intra, vers ses frères chrétiens. Ainsi Sertillanges fait-il dialoguer Thomas d'Aquin et Henri Bergson pour montrer que la compréhension thomiste de la création ex nihilo échappe à la critique bergsonienne de l'idée de néant, mais il dénonce aussi les illusions où tombent maints penseurs chrétiens, anciens ou modernes, lorsqu'ils réduisent l'idée de création à celle d'un commencement temporel, ce qui les conduit à méconnaître l'apport réel du christianisme en philosophie. C'est cependant dans son analyse des textes mêmes de saint Thomas que Sertillanges se montre le plus pénétrant et le plus novateur : il oblige à saisir jusqu'en ses ultimes conséquences la doctrine thomiste de la relation de création, renversant les représentations naïves ou fausses de la causalité créatrice, conjuguant avec audace dépendance totale et autonomie radicale des créatures, et portant le regard des contemporains vers le mystère de Dieu, « l'Inconnaissable nécessaire ».
      Father Antonin Dalmace Sertillanges, O.
      P. (1863-1945) dedicated numerous works to the philosophical study of the concept of creation which found their final synthesis in his master work of 1945, L'Idée de création et ses retentissements en philosophie. The present article re-situates Sertillanges' speculative reflection on creation within the perspective that was his own, that of a philosophical apologetic, simultaneously oriented ad extra, toward his philosophical contemporaries, and ad intra, toward his fellow Christians. So it is that Sertillanges places Thomas Aquinas in dialogue with Henri Bergson to show that the Thomist understanding of creation ex nihilo escapes the Bergsonian criticism of the idea of nothingness, yet he also denounces the illusions that lead astray no small number of Christian thinkers, ancient and modern, as they reduce the idea of creation to that of a temporal beginning, which leads them to fail to recognize Christianity's real contribution to philosophy. It is, however, in his analysis of Thomas' texts themselves that Sertillanges shows himself the most penetrating and innovative. He demands a grasp of the Thomist doctrine of the relation of creation even in its ultimate consequences, upending the naive or false representations of creative causality, boldly joining the total dependence and radical autonomy of creatures, and drawing his contemporaries' gaze toward the mystery of God, "the necessary Unknowable".
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