Contenu du sommaire : Les classes sociales et leurs mesures

Revue L'Année sociologique Mir@bel
Numéro vol. 69, no 2, 2019
Titre du numéro Les classes sociales et leurs mesures
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • In memoriam Jean-Daniel Reynaud (1926-2019) - p. 295-301 accès libre
  • Études réunies et présentées par Milan Bouchet-Valat et Cyril Jayet

    • Introduction - Milan Bouchet-Valat, Cyril Jayet p. 303-309 accès libre
    • La mesure des classes sociales par les nomenclatures : enjeux, problèmes et débats - Milan Bouchet-Valat, Cyril Jayet p. 311-331 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article présente et discute les théories contemporaines des classes sociales qui ont donné lieu à une mesure sous la forme d'une classification ou d'une nomenclature socioprofessionnelle ou socio-économique. Nous en dressons d'abord un état des lieux, puis nous examinons et discutons sept grands problèmes que pose la construction de ces classifications et nomenclatures.
      The article presents and discusses contemporary theories of social classes which use socioprofessional or socio-economic classifications. We first give an overview of these theories before examining and discussing seven major issues that each classification addresses in its own way.
    • Où trouver les grandes classes sociales ? Prospections sur les professions et les ménages en France - Rémi Sinthon p. 333-362 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les grandes classes sociales dont parlent régulièrement les sociologues en France, bourgeoisie, classes populaires ou autres, sont plus souvent invoquées qu'objectivées. L'article construit un dispositif empirique capable de tester leur pertinence sociologique tout en évitant de présupposer partiellement cette pertinence. Ces grandes classes sociales sont recherchées dans les données de l'Insee sur la société française contemporaine. À l'échelle des professions, les enquêtes Emploi (2008-2016) montrent la trace d'une division ternaire entre métiers valorisés, dévalorisés et intermédiaires, ainsi que d'une quatrième catégorie parallèle des professions indépendantes – mais c'est bien davantage la gradation entre statuts professionnels qui frappe que ces coupures. À l'échelle des ménages, l'enquête Budget de famille (2011) ne montre aucune trace de discontinuité et suggère que même si la cause pourrait en être l'imprécision de la mesure, alors ce ne serait pas les classes traditionnelles qui apparaîtraient.
      The great social classes – bourgeoisie, working class, etc. – are often mentioned in France but not really shown. The article proposes an empirical framework able to test their sociological relevance without partially presupposing this relevance. These big social classes are searched in governmental survey data about contemporary French society. At the occupational level, Emploi survey (Insee, 2008-2016) show a blurry ternary division between valued professions, depreciated ones and intermediate ones, with a fourth category of self-employed professions – but the gradation between occupational statuses appear more clearly than these boundaries. At the level of households, Budget de famille survey (Insee, 2011) shows no evidence of discontinuity and suggests that even if this was due to imprecise data, then what would appear would not be the traditional social classes.
    • Les mots et les chiffres : analyse comparative des nomenclatures de classes sociales au Brésil - Lucas Page Pereira p. 363-391 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans le but de contribuer à atténuer la cécité sur les classes sociales, nous proposons, à partir d'un ensemble d'enquêtes méthodologiquement et temporellement homogènes, d'évaluer et de comparer empiriquement trois des nomenclatures les plus utilisées par les sociologues au Brésil. Pour ce faire, nous adaptons aux informations statistiques brésiliennes le modèle de test multidimensionnel établi par l'équipe de l'Insee au moment de l'évaluation des différents prototypes de la nomenclature européenne des groupes socio-économiques (ESeG).
      Abstract. – As a contribution to reduce class-blindness, we propose, based on a set of methodological and temporally homogeneous surveys, to evaluate and compare empirically the four most used nomenclatures by sociologists in Brazil. Therefore, we adapt to the Brazilian statistical information the multidimensional test model established by the French National Institute of Statistics and Economic Studies (Insee) to evaluate different prototypes of the nomenclature European Socio-economic Groups (ESeG).
    • Classes sociales européennes à l'épreuve du logement comparaison Danemark, Espagne, France et Royaume-Uni - Fanny Bugeja-Bloch p. 393-424 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir des données du panel EU-SILC, cet article vise à étudier le lien entre positions de classe sur le marché du travail (définie selon la nomenclature ESeG) et positions résidentielles (selon deux dimensions : statuts d'occupation et taux d'effort pour se loger) dans quatre pays d'Europe (Danemark, Espagne, France et Royaume-Uni), choisis pour leur appartenance à des modèles de logement différents. Après une présentation des modèles en question, l'analyse empirique s'appuie sur des indicateurs de liaisons statistiques et une régression. Si les inégalités face au coût du logement dépendent davantage du revenu des ménages que de leurs positions sociales, il y a néanmoins partout un lien hiérarchique entre statut d'occupation et position sociale. Les inégalités face au coût du logement touchent le plus souvent les peu qualifiés et les petits entrepreneurs, avec des distinctions entre pays en lien avec les contextes politiques et institutionnels.
      Using data from the EU-SILC panel, this article aims at analyzing the articulation between class positions on the labor market (defined by ESeG nomenclature) and residential positions (defined by two dimensions: housing tenures and housing cost) in four European countries (Denmark, France, Spain and the United-Kingdom), deliberately selected because they belong to different housing models. After a presentation of these models, the empirical analysis is based on indicators of association and a regression. Housing cost inequalities depend more on the revenue of a household than on its social position, but there is a hierarchical relationship between housing tenures and social classes everywhere. Most often, housing cost inequalities affect less skilled workers and small entrepreneurs, with national variations which depend on political and institutional contexts.
    • Le diplôme et la profession : deux composantes de la classe sociale en France et en Allemagne - Pauline Vallot p. 425-450 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À travers une comparaison franco-allemande, cet article s'attache à montrer comment les classements scolaires et professionnels s'articulent, et quelles nuances nationales cela produit dans les modalités d'accès et d'identification aux classes supérieures. L'analyse se fonde sur un usage réflexif de la nomenclature socio-économique européenne ESeG et des Labour Force Surveys conduits en 2011. En France, l'allongement des études associé à l'instabilité du marché du travail a conduit à un affaiblissement du lien entre le diplôme et la profession chez les femmes, ainsi qu'à une accumulation de titres scolaires par les cadres des deux sexes. En Allemagne au contraire, les femmes et les hommes des professions intellectuelles supérieures ont conservé le monopole de la légitimité académique liée aux études supérieures longues. Finalement, nous montrons que les résultats sont cohérents avec les façons différenciées de catégoriser ordinairement les classes supérieures à l'échelle nationale.
      Based on a French-German comparison, this article analyses the overlapping between school degrees and occupational positions that are at the core of the belonging to upper classes. The analysis is based on a reflexive use of the European socioeconomic classification ESeG and of the Labor Force Surveys conducted in 2011. In France, the extension of education and the instability of labour market have weakened the link between education and occupation among women, and have driven female and male managers to accumulate academic degrees. On the opposite in Germany, professionals have kept the monopoly of academic legitimacy provided by university degrees. Finally, we show that the results are relevant to the way upper classes are categorized ordinarily in both countries.
    • Les classes populaires sont-elles (les plus) populistes ? Attitudes populistes et vote radical lors de l'élection présidentielle de 2017 - Chloé Alexandre, Frédéric Gonthier, Tristan Guerra p. 451-478 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine les classes populaires en France sous l'angle des attitudes populistes et du vote pour les partis radicaux auxquels elles sont couramment associées. Il propose une opérationnalisation originale des milieux populaires par la technique statistique de l'analyse en classes latentes (ACL). Avec une enquête post-électorale incluant des mesures fines de précarité, on isole trois fractions distinctes : le précariat, les classes populaires retraitées et les travailleurs pauvres. On met en évidence que si les catégories populaires sont très homogènes dans leurs attitudes populistes, elles diffèrent plus fortement les unes des autres dans leurs comportements électoraux. Ce faisant, on souligne l'importance d'une lecture multidimensionnelle des classes populaires pour la compréhension de leur rapport au politique.
      This article scrutinizes the working class through the lens of populist attitudes and voting for the radical parties, with which they are frequently associated. Using latent class analysis (LCA), it distinguishes between three specific subgroups: the precariat, the retired working class and the working poor. Though these subgroups are very homogeneous in their populist attitudes, they differ more strongly from each other in their electoral behavior. Thus, the article speaks to the importance of a multidimensional approach of the working classes when examining their relationship to politics.
    • Les mots pour (ne pas) le dire. L'expression des hiérarchies et des différences sociales - Cédric Hugrée, Laure de Verdalle p. 479-509 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Nous analysons les univers lexicaux mobilisés pour catégoriser l'espace socioprofessionnel aujourd'hui en France à partir des matériaux originaux issus d'un dispositif expérimental confrontant 547 enquêtés à un « jeu de cartes ». Il leur était demandé de classer des professions puis de formuler librement des noms pour désigner les groupes ainsi constitués. Dans une première partie, nous décrivons la grande diversité des lexiques utilisés par les enquêtés. L'identification des lexiques les plus courants permet d'interroger la proximité et les écarts qui existent entre les deux activités (classement et dénomination). Dans un second temps, nous analysons l'espace des dénominations des groupes socioprofessionnels en interrogeant les manières dont ont été dites ou tues les hiérarchies. Cela nous conduit à discuter la permanence du vocable des groupes professionnels pour exprimer ces différenciations sociales et à analyser les rapports entre les taxinomies pratiques mobilisées par les individus et les nomenclatures officielles, au premier rang desquelles les PCS. Nous mettons alors en évidence l'émergence d'un vocable de la responsabilité et de l'encadrement, et discutons de la présence de registres moraux ou critiques, moins normés, mobilisés par certains de nos enquêtés.
      We analyze the lexical universes used to categorize the socio-professional space in France today on the basis of original materials resulting from an experimental survey confronting the respondents with a “card game”. We asked 547 respondents to classify professions and then to freely formulate names to designate the groups they had constituted. In a first part, we describe the great diversity of lexicons used by the surveyed. The analyze of the most common lexicons underlines the strong link that exists between the way respondents have classified these “cards” and the way they have named groups of cards. In a second part, we analyze the space of denominations of socioprofessional groups by questioning the ways social hierarchies have been said or not. In a third part, we discuss the permanence of the “professional groups' names” to express these social differentiations and we analyze the relationships between the practical taxonomies and the official classifications. We then highlight the emergence of other terms, such as a lexicon of responsibility and supervision, and discuss the presence of moral or critical registers, less standardized, used by some of our respondents.
    • Entre ordonnancement hiérarchisé des professions et regroupement des métiers par domaine d'activité. La double asymétrie des représentations ordinaires - Thomas Amossé, Étienne Penissat p. 511-539 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'un dispositif d'enquête sur tablette numérique, cet article étudie les représentations ordinaires de l'espace social. Comment les individus délimitent‑ils deux milieux sociaux dans un ensemble fermé de 11 professions appartenant à une fraction limitée de l'espace social ? Réalisés successivement sur des professions classiquement considérées comme relevant du « haut » et du « bas » de l'espace social, les classements des enquêtés démontrent en premier lieu la force toujours actuelle de l'opposition entre les professions d'employés et d'ouvriers : comme point saillant, elle délimite le principal clivage interne aux classes populaires. Pour les professions de cadres et de chefs d'entreprise ensuite, trois représentations (positionnelle, statutaire et fonctionnelle) se dégagent des classements réalisés, dont la première est clairement hiérarchisée. L'opposition selon le secteur public ou privé se retrouve dans les deux séquences de façon transversale. L'article conclut à une double asymétrie des représentations ordinaires : les hiérarchies professionnelles et sociales sont plus souvent évoquées pour et par les individus occupant une position élevée dans la société, alors que ce sont davantage des oppositions transversales (statutaires ou fonctionnelles) qui sont utilisées pour et par ceux situés plus bas dans l'échelle des emplois et des positions sociales.
      Based on a digital tablet survey system, this article investigates the ordinary representations of social space. How do individuals delimit two social groups among a closed set of 11 occupations to a limited fraction of the social space ? The respondents' classifications, carried out successively on occupations classically considered as belonging to the “top” and “bottom” of the social space, demonstrate first of all the ever-present strength of the opposition between the occupations of “employés” (clerical or public) and of “ouvriers” (manual) : they function as salient points that delimit the main internal cleavage between the working classes. For the executives and business managers occupations, three representations (positional, statutory and functional) emerge of the classifications, the first of which is clearly hierarchical. The opposition between the public and private sector plays a transversal role in both games. The article concludes that there is a double asymmetry in ordinary representations : professional and social hierarchies are more often mentioned for and by individuals occupying a higher position in society, while transversal oppositions (statutory or functional) are more often used for and by those who are at a lower level in the scale of occupations and social positions.
  • Recensions thématiques

  • Annexes