Contenu du sommaire : Les jeunes, le travail et l'engagement
Revue | La Revue de l'IRES |
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Numéro | no 99, 2019/3 |
Titre du numéro | Les jeunes, le travail et l'engagement |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Sophie Béroud, Camille Dupuy, Marcus Kahmann, Karel Yon p. 3-9
- Jeunes travailleuses et travailleurs de la production engagée : articuler activité professionnelle et convictions dans un engagement professionnalisé - Diane Rodet p. 11-36 Cet article s'intéresse aux jeunes travailleurs et travailleuses de la production engagée, définie comme une activité de production exprimant explicitement des positions militantes. À partir de plusieurs terrains relevant de l'économie solidaire d'une part, et du cas de l'entreprise en ligne La Ruche qui dit Oui !, d'autre part, il met au jour des individus recherchant de nouvelles formes de travail et/ou d'emploi. Ceux-ci ont des profils proches et partagent le fait de vouloir articuler convictions et rémunération dans un engagement « professionnalisé ». Dès le début de leur vie professionnelle, ces travailleurs et travailleuses recherchent un travail qui ait du « sens », celui-ci passant par la défense d'une cause. Une partie de ces jeunes associe à cette revendication le rejet du salariat et la recherche d'un cadre d'emploi mêlant autonomie et flexibilité.The article focuses on young workers in the activist production field, defined as production that explicitly expresses a militant stance. Looking at several fields of the solidarity economy and the online business La Ruche qui dit Oui!, the research encountered individuals looking for new forms of labor and/or employment. Their profiles were similar, all sharing the urge to combine personal beliefs and remuneration by engaging in socially responsible professional activity. From the outset of their professional lives, these young workers seek out “meaningful” employment in defense of a cause. Some of them combine this with a rejection of waged employment, preferring a labor framework that gives them autonomy and flexibility.
- Carrière d'auto-entrepreneur et rapports (critiques) au travail : comment les coursiers à vélo font émerger des contestations - Chloé Lebas p. 37-61 L'étude des « carrières » de jeunes auto-entrepreneurs travaillant pour des plateformes de livraison de repas permet de comprendre les ressorts d'un rapport ambivalent au travail. Analyser les conditions sociales d'entrée dans l'activité, la socialisation à celle-ci et les ferments de tensions et de crises nous montre comment ces ambivalences peuvent nourrir des mobilisations. Les différentes formes de collectifs de travail dans lesquels les individus s'inscrivent et la place qu'ils y prennent déterminent des rapports au travail plus ou moins distanciés. Si ces individus sont critiques, leurs formes de mobilisations varient selon leurs profils et les ressources qu'ils peuvent mobiliser.A study of the “careers” of young independent contractors working for meal delivery platforms sheds light on their ambivalent relationship to labor. Analyzing the social conditions of access to this industry, how entrants are socialized, and the underlying drivers of tensions and crises reveals how such points of ambivalence feed into activism. The various forms of labor collective with which individuals identify and their place within them determine labor relations that are distanced to varying degrees. While individuals may be critical, their forms of activism vary according to their profiles and the resources they can call on.
- La distance de jeunes salariés vis-à-vis des « voies du collectif » - Camille Trémeau p. 63-89
- La difficile prise en charge par les syndicats français de la cause des « jeunes travailleurs » - Sophie Béroud, Camille Dupuy, Marcus Kahmann, Karel Yon p. 91-119 Cet article s'interroge sur la capacité des syndicats français à représenter les jeunes travailleurs et travailleuses. Dans un contexte marqué par un taux de syndicalisation structurellement faible, la proportion de jeunes salariés parmi les syndiqués est plus faible encore. La littérature s'est surtout penchée sur les raisons pour lesquelles les jeunes s'engagent, ou pas, dans les syndicats. Nous proposons ici un autre éclairage centré sur la relation de représentation entre jeunes travailleurs et syndicats. Cette relation est analysée sur trois plans. Au plan statistique, on constate un net décalage entre le profil des jeunes au travail et celui des jeunes syndiqués. Au plan symbolique, on montre que la difficulté des syndicats à parler au nom des jeunes tient aussi au caractère disputé de leur représentation entre différentes causes. Au plan organisationnel, on pointe enfin la confusion de différents registres d'intervention syndicale en direction des jeunes.This article explores the capacity of French trade unions to represent young workers. In a context of structurally weak unionization, the proportion of young employees in unions is particularly low. Research to date has focused largely on the reasons why young workers join – or fail to join – unions. The present article takes a different approach, centered on the agency relationship between young workers and trade unions. The relationship is analyzed with a focus on three points. In statistical terms, there is a clear discrepancy between the overall profile of young workers and that of young union members. Symbolically, this article demonstrates that the difficulties trade unions encounter in speaking on behalf of young people are rooted in part in the disputed nature of their agency in a variety of causes. Organizationally, this article foregrounds the confusion between various registers in union interventions targeting young people.