Contenu du sommaire : L'évaluation des politiques publiques
Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. XXXIV, juillet 2019 |
Titre du numéro | L'évaluation des politiques publiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'évaluation des politiques publiques : Introduction - François Langot, Pascale Petit p. 3-13
- L'effet des coûts de licenciement sur la durée des emplois des travailleurs peu qualifiés en France - Pierre Cahuc, Franck Malherbet, Julien Trapp p. 15-43 Jusqu'en septembre 2017, les employeurs devaient verser au moins six mois de salaire aux employés dont l'ancienneté était supérieure à deux ans en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse dans les entreprises de plus de 11 salariés. À partir des données du ministère de la justice, nous observons que cette réglementation entraîne une hausse des indemnités de licenciement à deux ans d'ancienneté, ce qui engendre une augmentation significative du taux de destruction d'emplois avant le seuil des deux ans et une baisse juste après. Les coûts de licenciement et leur composante procédurale sont évalués grâce à l'estimation d'un modèle de recherche et d'appariement reproduisant l'évolution du taux de destruction d'emplois. Nous constatons que le coût total des licenciements augmente avec l'ancienneté et qu'il est environ quatre fois plus élevé que les indemnités légales et conventionnelles à deux ans d'ancienneté. Des exercices contre-factuels montrent que la fragilité des emplois de faible ancienneté implique que les coûts de licenciement réduisent la durée moyenne de l'emploi pour un large éventail de paramètres empiriquement pertinents.The Impact of Job Protection on the Duration of Low-skilled Jobs: Evidence from France
Until September 2017, companies with more than 11 employees were required to pay at least six months' wages to employees with more than two years of seniority in the event of dismissal without real and serious cause. Based on data from the Ministry of Justice, we find that this regulation leads to an increase in severance pay at two years of seniority, resulting in a significant increase in the rate of job destruction before the threshold of two years and a drop just after. The costs of redundancy and their procedural component are assessed by estimating a search-and-matching model that replicates changes in the rate of job destruction. We find that the total cost of redundancies increases with seniority and is about four times higher than the legal and conventional two-year seniority allowances. Counterfactual exercises show that, due to the fragility of low-seniority jobs, redundancy costs reduce average employment duration for a wide range of empirically relevant parameters. - Rigidités nominales et réelles des salaires en France : quel rôle des accords collectifs ? - Erwan Gautier, Sébastien Roux, Milena Suarez-Castillo p. 45-89 Cet article propose de décrire le degré de rigidité à la baisse des salaires en France sur la période récente et d'examiner dans quelle mesure les accords collectifs de salaire y contribuent. Le degré de rigidité à la baisse est plus fort sur les salaires de base que sur l'ensemble des salaires, y compris les primes et heures supplémentaires. Toutefois, l'effet des accords collectifs est assez similaire sur la dynamique des salaires de base et de l'ensemble de la rémunération : une hausse de 1 % des salaires de branche accroît d'un peu plus de 0,1 pp les salaires. L'effet des accords d'entreprise est un peu plus fort : observer un accord d'entreprise est associé à des salaires plus élevés de l'ordre de 0,3 pp. L'effet des accords de branche est faiblement décroissant le long de la distribution des salaires, et très hétérogène selon les secteurs.Real and Nominal Wage Rigidity in France: Do Collective Agreements Play a Role?
This article describes the degree of downward rigidity of wages in France over the recent period. It also examines the extent to which collective wage agreements contribute to this rigidity. The degree of downward rigidity is stronger on base wages than on all wages including bonuses and overtime pay. However, the effect of the collective agreements is quite similar on the dynamics of base wages and overall wages : a 1% rise in sectoral minimum wages increases salaries by just over 0.1 pp. The effect of firm-level agreements is a little stronger : observing a firm-level agreement is associated with higher wages of about 0.3 pp. The effect of industry-level agreements is weakly decreasing along the wage distribution and very heterogeneous according ¡to the sectors. - Discrimination à l'embauche : retour sur deux décennies de testings en France - Loïc du Parquet, Pascale Petit p. 91-132 Cet article présente et discute les différents aspects de la méthode du testing : sa mise en œuvre, sa portée et ses limites. Un survol des principales études réalisées sur le marché du travail français depuis deux décennies montre l'existence de discriminations à l'embauche en raison du sexe, de l'origine, de la réputation du lieu de résidence et de la religion supposée des candidats à l'emploi.Hiring Discrimination: Results from Field Experiments over Last Twenty Years
This paper is a general presentation and discussion about field experiments on hiring discrimination focusing on implementation, results and limits of this experimental procedure. Most of field experiments applied to french labor market show that job applicants are at risk to face discriminations about gender, ethnic origin, location of housing and presumed religion. - Réduire les barrières financières à l'accès aux soins - Florence Jusot, Benoît Carré, Jérôme Wittwer p. 133-181 En France, le principe d'équité horizontale dans l'accès aux soins est au cœur du pacte de 1945, selon la maxime « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Pour autant, le système d'assurance maladie laisse depuis sa création une part du coût des soins à la charge des patients, afin notamment de les responsabiliser. Toutefois, ces instruments constituent des barrières financières à l'accès aux soins, qui sont autant de sources d'inégalités sociales de recours aux soins. Afin d'améliorer l'équité dans l'accès financier aux soins, diverses politiques ont été mises en œuvre au cours des dernières décennies. Cet article propose d'en tirer les leçons et de dresser le bilan des connaissances sur les inégalités de recours aux soins en France. L'essentiel des dispositifs ont consisté à introduire la gratuité de certains soins ou à réduire le coût de la complémentaire santé pour les ménages les plus modestes. Les évaluations disponibles démontrent l'efficacité de la gratuité, que celle-ci s'applique aux soins ou à l'assurance, même si elle peut conduire à une moindre qualité perçue ou à des discriminations lorqu'elle est assortie de tarifs plafonnés. La littérature converge également sur l'inefficacité des subventions à l'assurance. Les réformes les plus récentes, non encore évaluées, visent quant à elles à modérer les prix des soins mal couverts par l'assurance maladie. En dépit de ces dispositifs, il subsiste des inégalités de recours aux soins, à besoins de soins donnés, particulièrement importantes pour les soins de spécialistes, les soins dentaires et d'optique et les soins préventifs. La réduction des barrières financières est donc une condition nécessaire mais non suffisante pour atteindre l'équité en santé.Reducing Financial Barriers to Health Care Access
In France, the horizontal equity principle is a founding principle of the social security. It is stated by the maxim “From each according to his ability to pay, to each according to his need”. However, the French health insurance system lets copay-ments for all health expense, in order to contain health expenditures and give incentives to patients. However, such copayments are financial barriers to health care access and sources of inequalities in use of health services. In order to improve equity in the financial access to health services, policies have been implemented in the last decades. This paper proposes an overview of the findings of these policies and provides new results on inequalities in access to health care in France. Most policies packages consis, in setting free access to certain types of care or to reduce health insurance premiums. Free care and free insurance have been demonstrated to be effective in reducing health care use inequalities, although such actions can diminish perceived quality of the service and lead to discrimination when physician fees are caped. By contrast, the literature has also shown the ineffectiveness of health insurance premium subsidy. More recent reforms of the health system, not assessed yet, are aiming at containing prices types of care which are poorly covered by the public health insurance. Despite those policies, we demonstrate that, controlling for need, inequalities in health care use subsist, particularly on specialist, dental, optical and preventive care. This suggests that the reduction in the financial barriers to health care access is a necessary condition but far from being sufficient for achieving equity in health. - Impact d'un choc de santé sur les modes de vie, exploitation de la cohorte Gazel - Antoine Marsaudon, Lise Rochaix p. 183-225 Dans cet article les auteurs étudient l'impact d'un « choc de santé », c'est-à-dire la survenue brutale d'un accident ayant entraîné un recours aux soins sur la consommation hebdomadaire de tabac, d'alcool ainsi que sur l'Indice de masse corporel (IMC). En utilisant un modèle à effets fixes et des données de panel provenant de la cohorte Gazel, les résultats montrent que le choc de santé a un impact significatif sur ces comportements de santé. Plus précisément, il induit une baisse significative et durable de la consommation de tabac et d'alcool pendant, respectivement, 5 ans et 3 ans, mais n'influence pas l'IMC. Ces résultats sont à mettre en exergue avec ceux des tentatives d'arrêt ou de diminution de la consommation de tabac qui durent, en moyenne, 2,4 mois. Ce qui est 25 fois moins long que la diminution effective suite à un choc de santé. Ainsi, les résultats montrent que subir un choc de santé est un déterminant majeur de la durée de réduction de la consommation de tabac.Do Acute Health Shocks Affect Lifestyles? Evidence from the French Gazel Panel Data
This paper investigates the relationship between an acute health shock, namely the first onset of an accident requiring medical care, and smoking, using rich panel data from a large French cohort of electricity board workers. To identify the causal effects of such shocks on smoking, we use a fixed-effect model. Results show a significant effect running from the shock to the number of cigarettes smoked with impact duration of 5 years after the occurrence of such shocks. Additionally, alcohol consumption is also reduced during 3 years, but the BMI is not impacted. Even though the decrease in the average number of cigarettes (i.e. 1,2 cigarettes less week) is quite low, this finding should be compared with average stopping or reducing attempts. Such attempts last, on average, 2,4 months that is less than 25 less than the decrease found here. Overall, our results show that health shocks seem to be a major determinant of tobacco consumption.