Contenu du sommaire : Une autre langue globale ? Le néerlandais comme langue scientifique dans l'espace extra-européen (XVIIe-XIXe siècles)

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro Vol. 38, no 1, 2016
Titre du numéro Une autre langue globale ? Le néerlandais comme langue scientifique dans l'espace extra-européen (XVIIe-XIXe siècles)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Une autre langue globale ? Le néerlandais comme langue scientifique dans l'espace extra-européen (XVIIe-XIXe siècles)

    • Introduction. Le Néerlandais dans l'espace scientifique extra-européen : une présence-absence - Pascale Rabault-Feuerhahn p. 5-17 accès libre
    • Merchants, scholars and languages: the circulation of linguistic knowledge in the context of the Dutch United East India Company (VOC) - Anna Pytlowany, Toon Van Hal p. 19-37 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse la contribution de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) sur la circulation des connaissances linguistiques. Il présente tout d'abord quelques «linguistes de terrain » néerlandais oubliés de nos jours et le sort de leurs oeuvres en Europe. Puis, dans un second temps, il adopte la perspective inverse en examinant dans quelle mesure les érudits basés en Europe invitèrent des membres de la VOC à leur transmettre des informations sur les langues du monde.
      This paper offers an initial exploration of the impact of the Dutch United East India Company (VOC) on the circulation of linguistic knowledge. After presenting some forgotten Dutch linguistic fieldworkers who operated overseas, and after examining the fate of their works in Europe, we will examine in a second part the degree to which Europe-based scholars actively solicited VOC-actors to pass on information about the world's languages.
    • Pioneering Dutch scholarship on historical Indology and linguistic sciences - Tej Krishan Bhatia, Kazuhiko Machida p. 39-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Tandis que les contributions allemandes, britanniques et indiennes à l'histoire de la linguistique ont été prises en compte à leur juste mesure, le rôle des Néerlandais reste relativement peu étudié alors même que ce sont eux qui ont fondé la tradition grammaticale hindi. La première grammaire du hindi fut rédigée par Jean Josua Ketelaar (1698) en néerlandais. À partir d'une étude de son manuscrit resté inédit, cet article soulignera le rôle des travaux linguistiques en néerlandais pour la théorie et la pratique de la communication interculturelle et des sciences linguistiques, en insistant sur la manière dont la grammaire de Ketelaar : 1. a fondé la tradition grammaticale (hindi-hindoustani) indienne au XVIIe siècle 2. Preparé le terrain pour le développement des méthodes historico-comparatives et 3. nous renseigne sur les motivations à apprendre une langue étrangère, et sur l'épistémologie et la communication interculturelles générées par les forces de la mondialisation à l'époque coloniale.
      Although the Dutch pioneered the Hindi grammatical tradition, it is ironic that while the German, British and Indian contributions to the history of the linguistic sciences have been adequately accounted for, the Dutch contributions remain a rather neglected area. The first grammar of Hindi was written by Jean Josua Ketelaar (1698) in Dutch. Based on his unpublished manuscript, the aim of this article is to underscore Dutch linguistic scholarship for the theory and practice of cross-cultural communication and linguistic sciences, primarily in three areas : 1. In pioneering the grammatical tradition of India, namely Hindī-Hindustānī grammatical tradition in the seventeenth century ; 2. In setting the stage for the development of comparative historical methods ; and 3. In providing insights into motivations for foreign language learning and into the epistemology and cross-cultural communication triggered by the forces of globalization during the colonial era.
    • Dutch as the language of science and technology in Japan: the Bangosen lexical works - Henk de Groot p. 63-81 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le néerlandais a joué un rôle important mais variable au Japon au cours des deux siècles de la période de Sakoku (env. 1642-1863). Du fait de la politique isolationniste de l'archipel, les contacts avec l'Occident étaient réduits à un petit comptoir néerlandais à Nagasaki. Au début, une guilde d'interprètes fut charge d'acquérir la maîtrise de la langue orale afin de faciliter les échanges avec les Néerlandais, mais au fil du temps les Japonais prirent de plus en plus conscience de l'avance technologique et scientifique de l'Occident et cela fit émerger une demande plus générale pour des compétences linguistiques plus sophistiquées. Le présent article examine un manuel d'apprentissage qui parut sous deux formes successives : le Bangosen, publié à la fin du xviiie s., et le Kaisei Zoho bangosen, paru un-demi siècle plus tard, soit six ans avant l'arrivée des «bateaux noirs » de Perry dans la Baie de Tokyo. Ces ouvrages nous offrent donc deux «instantanés » pris à cinquante de distance et nous donnent une idée de l'évolution des compétences linguistiques en néerlandais au Japon, de même que de la perception des choses occidentales dans l'archipel à mesure de l'inexorable ouverture de ses frontières.
      The Dutch language played a significant but changing role in Japan over the two centuries of the Sakoku Period (ca. 1642-1863). Isolationist policies meant that contact with the West was virtually restricted to a tiny Dutch trading post in Nagasaki. Initially, a guild of interpreters was given the task to master the spoken language in order to facilitate communication with the Dutchmen, but as time passed, a growing awareness of the technological and scientific advances in the west created a broader demand for more sophisticated language skills. Discussed here is a learning manual in two incarnations : Bangosen, published at the end of the 18th century, and Kaisei Zoho bangosen, which appeared half a century later – six years before the arrival of Perry's ‘ black ships' in Tokyo Bay. As such they provide us with two ‘ snapshots' taken fifty years apart, giving us an idea of the evolution of Dutch language skills as well as of awareness of things Western, as Japan moved towards the inevitable opening of its borders.
    • Le hollandais et une nouvelle approche scientifique ou les rangaku (les études hollandaises) et les médecins traducteurs japonais au XIXe s. - Mieko Macé p. 83-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le hollandais fut perçu par les Japonais comme l'outil scientifique moderne par excellence après la publication du Kaitai shinsho (Nouveau traité d'anatomie) en 1774. Il se forma progressivement des groupes d'intellectuels adeptes des «études hollandaises » . Les médecins du XIXe s., en particulier, découvrirent de nouveaux concepts d'abord en anatomie, puis en physiologie. Trois approches différentes se dégagent : celles de Takano Chôei qui visa à être utile au plus grand nombre ayant perçu la logique interne des sciences ; d'Ogata Kôan qui rendit accessibles aux intellectuels des ouvrages médicaux occidentaux ; de Sugita Seikei qui montra la rigueur linguistique à la postérité. Ces approches complémentaires jouèrent un rôle déterminant dans le processus d'assimilation des sciences occidentales en éclosion.
      After the publication of the famous Kaitai shinsho (New Treaty of Anatomy) in 1774, the Dutch language was perceived by the Japanese as the modern scientific tool par excellence. A number of intellectual groups formed among followers of Dutch Studies. In particular, 19th century physicians discovered concepts which were entirely new in the fields of anatomy and then physiology. Three different approaches emerged : that of Takano Chôei, who aimed to aid the greatest number of people after having perceived the internal logic of the sciences ; that of Ogata Kôan, who made accessible the intellectual Western medical literature ; that of Sugita Seikei, who demonstrated linguistic rigor for posterity. These complementary approaches played a decisive role in the process of assimilation of emerging Western sciences.
    • Combien de néerlandais ? Histoire linguistique et histoire de la linguistique dans les Îles Vierges danoises - Philipp Krämer p. 103-120 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La langue créole à base néerlandaise des Îles Vierges danoises a été documentée pendant des siècles non par des Néerlandais, mais par des missionnaires allemands et des fonctionnaires coloniaux danois. Cet article a pour objectif de retracer la place du néerlandais dans cet univers colonial complexe. Nous examinerons des sources historiques des XVIIIe et XIXe siècles pour déterminer le rôle sociolinguistique de la langue néerlandaise et du créole avant de dépister des indices sur les connaissances (méta-) linguistiques du néerlandais des créolistes (C. G. A. Oldendorp, J. M. Magens et E. Pontoppidan). En outre, nous offrirons quelques réflexions sur les fondements discursifs et épistémologiques et la place que les auteurs accordent à la langue de base du créole local. Nous montrerons que les complexités linguistique et métalinguistique de cet archipel sont bien différentes de la plupart des autres colonies créolophones.
      For centuries, the Dutch-based Creole language of the Danish Virgin Islands was documented not by the Dutch but mainly by German missionaries and Danish colonialists. This article sheds light on the role of the Dutch language in this complex colonial universe. Historical sources from the 18th and 19th century will show which sociolinguistic role Dutch played in the society of the islands and which (meta-) linguistic knowledge of Dutch the authors of these sources (C. G. A. Oldendorp, J. M. Magens, and E. Pontoppidan) had. Some reflections on the discursive and epistemological foundations of the sources and the significance they attribute to the Dutch language will conclude the article in order to show that the linguistic complexities of this archipelago are different from most other Creole-speaking areas.
  • Varia

    • The diversity of Ancient Greek through the eyes of a forgotten grammarian. Petrus Antesignanus (ca. 1524/1525-1561) on the notion of «dialect» - Raf Van Rooy p. 123-140 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les idées linguistiques du grammairien français Pierre Davantès (XVIe siècle) ont été largement négligées jusqu'à aujourd'hui. La présente contribution cherche à combler partiellement cette lacune de recherche dans le contexte de la notion de «dialecte » . Après une introduction succincte à la vie et à l'oeuvre de Davantès, sa conception de dialecte est discutée, conception qu'il expose dans ses scholies de 1554 à la grammaire grecque de Nicolas Clénard. L'analyse se fait à la fois d'une façon générale et spécifiquement par rapport à la situation grecque ancienne. Ensuite, cette contribution contextualise les idées de Davantès. L'attaque d'Henri Estienne contre les assertions de Davantès est conçue comme une étude de cas à cet égard.
      The linguistic ideas of the 16th-century French grammarian Petrus Antesignanus have been largely neglected up till now. In the present paper, I aim to partially repair this research lacuna within the context of the notion of “ dialect”. After some short introductory notes on Antesignanus' life and works, I discuss his conception of dialect, which is expounded in his 1554 scholia on Nicolaus Clenardus' Greek grammar. This analysis occurs both on a general level and specifically with regard to the Ancient Greek situation. I include in this discussion a number of considerations that contextualize the views of Antesignanus. Henricus Stephanus' attack on Antesignanus' assertions figures as a case study in this regard.
    • Genetics, Linguistics and the ‘Serial Founder Effect'. A Case Study - Federico Albano Leoni p. 141-158 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après une rapide discussion des relations entretenues par la linguistique avec la génétique, l'article examine trois postulats : a) que les statistiques peuvent être appliquées de manière fiable à la phonologie ; b) qu'il existe une relation entre la taille d'une population humaine et la diversité de son système phonétique ; c) que ce qu'on appelle l'«effet fondateur » réduit la diversité phonémique. L'auteur vise à démontrer que ces trois postulats sont incorrects.
      After a brief discussion of the relation holding between linguistics and genetics, the paper will focus on three assumptions : a) that statistics can be reliably applied to phonology ; b) that there is a relation between the size of a human population and the diversity of its phonetic system ; c) that the so-called founder effect reduces phonemic diversity. The author will seek to demonstrate that all three assumptions are incorrect.
  • Lectures et critiques