Contenu du sommaire : Français, dialectes galloromans et di(a)glossie

Revue Langages Mir@bel
Numéro no 215, septembre 2019
Titre du numéro Français, dialectes galloromans et di(a)glossie
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Catherine Schnedecker p. 5-7 accès libre
  • Français, dialectes galloromans et di(a)glossie : présentation - Mathieu Avanzi, André Thibault p. 9-14 accès libre
  • La diffusion de la langue littéraire au Moyen Âge : français et francoprovençal - Yan Greub p. 15-26 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La présente contribution examine la variation linguistique (en particulier diatopique) de la zone francoprovençale durant le Moyen Âge, telle qu'elle nous apparaît à l'étude de l'écrit subsistant. Le francoprovençal est unaniment considéré comme une langue indépendante, au même titre que le français, l'occitan et peut-être le gascon – appartenant donc au galloroman (si tant est que ce concept est acceptable). Cependant, il n'était pas reconnu comme une entité indépendante et unitaire par les locuteurs médiévaux. Nous examinons ici quelques problèmes posés par un statut qui s'avère ambivalent.
    The aim of this contribution is to examine the particular situation of the written language in the Middle Ages (13th-14th centuries) in the Francoprovençal area. Francoprovençal is nowadays unanimously considered to be an independent language, alongside French, Occitan, and possibly Gascon, and therefore a part of Gallo-Romance (as long as this concept is accepted) and on the same level as them. Yet it was not recognised as such an independent entity by medieval speakers, and the written production that can be unambiguously assigned to Francoprovençal is considerably less than that of French or Occitan.
  • Francisation des dialectes d'oïl : de l'usage des atlas linguistiques comme termes de comparaison - Esther Baiwir p. 27-42 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En domaine oïlique, les atlas linguistiques constituent de véritables trésors, mais qui sont parfois soit mal considérés, soit trop révérés pour être utilisés avec profit. Or, comme toute source, ceux-ci doivent être exploités en fonction de leurs caractéristiques, i.e. comme de merveilleuses collections sauvegardant un patrimoine en cours de disparition, et non comme un « instantané de la langue ». Pour ce faire, nous rappelons dans une première partie les conditions et les modalités de leur émergence. Ensuite, nous présentons une nouvelle enquête en domaine picard, destinée à mesurer les mécanismes de francisation de ce parler. Nos analyses se fondent d'abord uniquement sur nos données, avant d'envisager un dialogue avec les matériaux atlantographiques, avec toute la prudence requise et à la lueur des considérations préalables.
    In the Oïl domain, linguistic atlases are extremely valuable but are sometimes ill-considered or overly revered to be very useful. But as with any other resource, they should be used according to their nature, i.e. as a rich collection of data representing a disappearing heritage rather than as a “snapshot in time” of the language. In the first part of this paper, we review the conditions and methods involving their emergence. In the second part, we present a new survey in the Picardy area in order to measure how this dialect is being Frenchified. Our initial analysis is based only on our own data, before subsequently undertaking a comparison with the atlas data, with all due caution and in view of the necessary considerations.
  • À propos de deux types intermédiaires en Haute-Normandie durant l'Ancien Régime - Myriam Bergeron-Maguire p. 43-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article s'interroge sur la présence de formes intermédiaires correspondant à une étape de diaglossie (stade C, d'après Auer 2005) dans l'histoire de la diffusion du français, en particulier en ce qui concerne la période postclassique. Les exemples examinés sont tirés de textes documentaires inédits (à savoir un registre de propriétés et des mémoires d'ouvriers), rédigés en Haute-Normandie. L'éclairage qu'il apporte ne concerne qu'une zone située à la marge occidentale du Bassin parisien, mais ce ne doit pas être une situation exceptionnelle, au contraire.
    This paper seeks to ascertain the existence of intermediate variants which are typical of a diaglossia situation (type C repertoire, according to Auer 2005) throughout the history of the expansion of French, with particular attention given to the classical period. The examples provided are found in original unpublished sources, including a property register and records written by laborers in Upper Normandy. Our contribution focuses only on a limited region located near the Parisian area, but may be representative of many other cases.
  • La troisième personne du pluriel (indicatif présent) autour de Metz : une révolution paradigmatique - Marc Duval p. 57-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La troisième personne du pluriel (P6) de l'indicatif présent fait l'objet d'un traitement particulier dans les variétés galloromanes de la région de Metz : contrairement aux autres dialectes lorrains, les dialectes de cette zone ne marquent pas P6 par un suffixe vocalique, ce qui a pour conséquence que la troisième personne du pluriel est soit homonyme des personnes du singulier, soit marquée par une base spécifique du pluriel. Cette situation étant précisément celle que connaît le français moderne (cf. ils aim-[ent] versus nous aim-ons, elles finiss-[ent] versus nous finiss-ons), nous supposons une influence du standard sur les variétés dialectales autour de Metz, où cette ville joue depuis longtemps un rôle de pivot dans la propagation à la fois du standard et du dialecte.
    The third person plural (P6) indicative present is given a specific treatment in Gallo-Romance varieties in the Metz region : unlike other Lorraine dialects, dialects of this area do not display a vocalic suffix for P6, which implies either that the third person plural is homonymous with the singular, or that it is marked by a particular plural base. Since this situation is exactly the same one as in Modern French (see ils aim-[ent] vs. nous aim-ons, elles finiss-[ent] vs. nous finiss-ons), it will be argued that the Standard has influenced dialectal varieties around Metz, a city that has long played a pivotal role in conveying both Standard and dialectal forms in the region.
  • L'augment clitique le dans le français du Poitou à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle : un effet du substrat ? - Yves Charles Morin p. 73-88 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cette étude porte sur le développement d'un augment proclitique le observé dans le français poitevin au tournant du xvie au xviie siècle, qui s'apparente au redoublement des pronoms à la source de la gémination du proclitique objet élidé l'de certaines variétés modernes du français. Après avoir rappelé en introduction les hypothèses en présence pour expliquer l'origine de cette gémination, je présente dans une première section quelques cas classiques de redoublement d'éléments grammaticaux dans les dialectes septentrionaux de la Gallo-Romania. Je présente ensuite un certain nombre de faits qui militent en faveur de l'hypothèse selon laquelle l'augment clitique le devant proclitiques objets que l'on observe dans le français régional du Poitou des xvie et xviie siècles (il le l'a épousée) et dans les parlers saintongeais des xviiie et xixe siècles (i le lés allumit « il les alluma ») est de tout autre nature.
    This study examines the emergence of a clitic increment le in the variety of French spoken in Poitou in the late sixteenth and early seventeenth centuries, a process related to the reduplication of pronouns responsible for the gemination of the elided proclitic object pronouns l'in some modern varieties of French. After a brief survey of the traditional hypotheses commonly defended to account for the origin of this gemination, I present some classical cases involving the reduplication of grammatical elements in some northern Gallo-Romance dialects. I then discuss a certain number of facts showing that object proclitic doubling in sixteenth-century Poitou regional spoken French (il le l'a épousée) and in eighteenth- and nineteenth-century Saintongeais dialects (i le lés allumit “il les alluma”) is not a form of reinforcement as in those other dialects, but rather the result of interference between French and regional dialects.
  • Documenter le système vigésimal et sa contrepartie décimale (70-80-90) en français et dans les dialectes galloromans - Mathieu Avanzi, André Thibault p. 89-106 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article étudie la concurrence historique entre les formes soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix (dites « vigésimales ») et septante, octante/huitante et no(i)nante (dites « décimales ») en français et en galloroman. Il remet d'abord en cause le mythe de l'archaïsme supposé des formes décimales, qui étaient en fait plutôt rares au Moyen Âge ; puis, il se penche sur la géographie et la vitalité des formes décimales en français moderne. L'aréologie de ces deux séries de cardinaux dans les dialectes est ensuite illustrée à partir des données de l'ALF et de matériaux inédits du GPSR et de l'ALW. Le portrait d'ensemble montre une domination ancienne des formes vigésimales, en français tout comme dans les parlers galloromans.
    This article focuses on the historical competition between soixante-dix, quatre-vingt and quatre-vingt-dix (respectively “seventy”, “eighty”, “ninety”) (“vigesimal” forms) and septante, octante/huitante and nonante (“decimal” forms) in French and Gallo-Romance. First, it challenges the myth that decimal forms are more archaic, for they were actually rather scarce in the Middle Ages; then it studies the geography and vitality of the decimal forms in modern French. The areology of these two series of cardinal numbers in the dialects is illustrated with data from the ALF, as well as unpublished material from the GPSR and the ALW. The overall portrait shows that the vigesimal forms have always dominated, in French as well as in Gallo-Romance.
  • Des dialectes primaires aux dialectes secondaires : les origines dialectales du français québécois selon les artisans de la Société du parler français au Canada - Wim Remysen p. 107-123 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article porte sur les recherches menées par la Société du parler français au Canada sur les origines dialectales du français québécois. Réalisées dans le but de réhabiliter certains canadianismes, pourfendus à l'époque par les puristes, ces recherches historiques ont été influencées en grande partie par les idées d'A. Rivard, son co-fondateur et principal artisan. En plus de présenter les idées qu'A. Rivard a développées à propos de la filiation entre le français québécois et les dialectes galloromans, l'article s'intéresse à la place accordée aux recherches historiques dans certaines publications, tant descriptives que normatives, de la Société.
    This article deals with the work carried out by members of the Société du parler français au Canada on the dialectal origins of Québec French. Their historical research was intended to reestablish the legitimacy of Canadianisms, often condemned at the time by purists. The author considers how the dialectal origins of Québec French were examined and dealt with in certain publications by the Société. A particular focus will be given to its cofounder, A. Rivard, whose ideas on the origins of Québec French had a major influence on the work of the Société.