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Revue Futuribles Mir@bel
Numéro no 432, septembre-octobre 2019
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  • Sur la dynamique de nos sociétés - Hugues de Jouvenel p. 3-4 accès libre
  • Vers une expertise démocratiquement soutenable ? - Daniel Agacinski p. 5-14 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'expertise joue un rôle essentiel aujourd'hui, et depuis plus d'un demi-siècle en France, dans la prise de décision politique, qu'il s'agisse de la santé, de l'emploi, des transports, etc. Or celle-ci est fortement contestée par une part croissante de l'opinion, comme on a pu le constater en France concernant des sujets comme la vaccination, ou plus récemment lors des débats ayant animé la crise des « gilets jaunes », témoignant d'une réelle défiance à l'égard des élites en charge des politiques publiques. Comment en est-on arrivé là et que pourrait engendrer cette défiance si elle perdurait ou venait à s'aggraver ?Daniel Agacinski, qui a contribué à diverses réflexions sur le rapport des Français à l'expertise dans le cadre de France Stratégie, présente ici l'évolution de ce rapport à l'expertise et ses ressorts, sociologiques et historiques. Il appelle à un renouveau dans la manière de pratiquer l'expertise, de sorte de la rendre compatible avec la démocratie : il faut « faire avec la défiance » et accepter, en réponse à cette défiance, d'élargir le cercle de l'expertise en y associant les citoyens, même profanes, de manière à construire l'action publique le plus démocratiquement possible. S.D.
    Expertise plays an essential role today and has done so in French political decision-making for more than half a century, whether in the fields of health, employment, transport or elsewhere. Yet this is highly contested by a growing section of public opinion, as we have been able to see in France in connection with subjects like vaccination or, more recently, during the debates that stoked the gilets jaunes crisis, attesting to a real distrust toward the elites in charge of public policy. How did we reach this point and what might that mistrust lead to if it lasts or worsens ?Daniel Agacinski, who, in his role with France Stratégie, has made a range of contributions to present thinking on the French attitude to experts, outlines the development of this relation to expertise, and also the sociological and historical forces driving it. He calls for a reshaping of the way experts operate, to bring that into line with democracy : we have to “take on board the public lack of trust” and see our way, in response to it, to expanding the circle of experts by bringing in (even non-expert) citizens to make public action as democratic as it can be.
  • Le lanceur d'alerte : la chance du capitalisme ? - Patrice Cailleba p. 15-25 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    En France, la loi du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique (dite loi « Sapin II ») a instauré un cadre juridique destiné à protéger les lanceurs d'alerte et à encadrer le signalement de faits relevant de telles alertes. Ceci marque une réelle évolution dans la façon dont sont régies les relations de subordination d'un salarié à sa hiérarchie, permettant de tenir compte désormais de l'intérêt général. Pour autant, la décision de « lancer une alerte » n'est pas si simple à prendre, même dans ce nouveau contexte juridique.Après un rappel historique de l'apparition des lanceurs d'alerte et une présentation du cadre juridique mis en place en France récemment, Patrice Cailleba souligne ici les obligations légales de l'entreprise en la matière. Il montre les tiraillements auxquels est confronté le lanceur d'alerte, pris entre le respect de ses propres valeurs, la loyauté à son employeur et la prise en compte de l'intérêt général. Mais il montre aussi combien les organisations auraient tout intérêt à favoriser l'action des lanceurs d'alerte, sur le plan managérial notamment : en facilitant un tel travail de « vigie éthique » au sein de leur organisation, les entreprises, les administrations, etc., contribueraient, selon lui, à renforcer la confiance (émoussée sinon perdue) dans le système capitaliste. S.D.
    In France, the law of 9 December 2016 on transparency, defeating corruption and modernizing economic life (the so-called “Sapin II” law) established a juridical framework designed to protect whistleblowers and lay down rules for reporting the facts they reveal. This represents a real advance in the way employees' relations to their firm's hierarchy are governed, enabling the general interest to be taken into account. Yet the decision to “blow the whistle” is still not an easy one, even in this new juridical context.After reviewing the history of the emergence of whistleblowers and outlining the framework recently established in France, Patrice Cailleba stresses the legal obligations of companies in this regard. He shows how whistleblowers face being torn between faithfulness to their own values, loyalty to their employer and a sense of the general interest. However, he also demonstrates how much it is in organizations' own interests to encourage whistleblowing – particularly at the managerial level. By facilitating such a work of “ethical vigilance” within their organizations, companies, government departments and the like may be said to be contributing to increasing trust in the capitalist system (a trust currently eroded, if not indeed lost).
  • Crime organisé et marchés légaux - Elisa Operti p. 27-31 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Compte tenu de son caractère occulte, il est difficile de disposer aujourd'hui de données précises et récentes sur le poids économique du crime organisé. Les dernières données officielles, émanant de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, datent de 2009 ; elles estimaient alors que le montant cumulé des marchés criminels représentait plus de 3 % du produit intérieur brut mondial. Dix ans plus tard, compte tenu notamment de l'explosion des paris en ligne et autres canaux de cybercriminalité s'ajoutant aux voies plus classiques, il y a fort à parier que cette part a encore progressé. Et s'il est évidemment indispensable de combattre cette économie illicite, il faut aussi relever qu'elle occupe une place, certes peu médiatisée mais néanmoins tangible, dans l'économie légale. C'est ce que montre ici Elisa Operti, qui a étudié le rôle et le poids du crime organisé dans le financement des activités économiques classiques et de l'entrepreneuriat. Ses recherches, qu'elle présente ici brièvement, indiquent en effet que le crime organisé peut constituer un soutien important aux acteurs économiques traditionnels et à certains territoires, en particulier en période de crise. Cet aspect peut-être méconnu doit être pris en compte par les acteurs luttant contre la criminalité, de sorte que leur combat puisse être adapté au contexte institutionnel et sociopolitique dans lequel il s'inscrit. S.D.
    Given its clandestine character, it is difficult to have precise, recent data on the economic significance of organized crime. The latest official data from the UN Office on Drugs and Crime are from 2009 ; at that point it was estimated that the cumulative total of criminal dealing represented more than 3% of global GDP. Ten years later, given the explosion of online betting in particular, and with other strands of cyber-criminality adding to more classical crime, it is highly likely that this percentage has increased. And, though it is clearly essential to combat this unlawful trade, we should also note that it occupies a place within the legal economy. While it receives little media attention, that place is nonetheless tangible.This is demonstrated here by Elisa Operti who has studied the role and impact of organized crime in the financing of classical economic activities and entrepreneurship. Her research, which she outlines here, actually indicates that organized crime may provide important support for traditional economic actors and certain regions, particularly in periods of crisis. This – perhaps unrecognized – aspect has to be taken into account by the actors combatting criminality, so that their fight can be adapted to the institutional and socio-political context in which it takes place.
  • La dynamique des classes moyennes : Déclin au Nord, essor au Sud - Julien Damon p. 33-47 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    En France, le spectre du déclassement social fait régulièrement la une de l'actualité. Qu'il corresponde à la réalité ou ne soit que le reflet d'une crainte légitime, le sentiment de vivre moins bien que la génération antérieure concernait un Français sur quatre en 2015 selon l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques). Et parmi les plus préoccupés par ces questions, se trouvent ceux appartenant à la classe dite moyenne, qui ont le sentiment de redescendre dans l'échelle sociale. Quelle est la part de vérité dans ce ressenti ? La classe moyenne est-elle en recul en France et, plus généralement, dans les pays développés ? Qu'en est-il à l'échelle mondiale ; de quelles données chiffrées disposons-nous sur le sujet ?Julien Damon, s'appuyant sur des travaux récents de l'OCDE, propose ici une analyse de la dynamique des classes moyennes à l'échelle mondiale, montrant qu'elles tendent à se contracter dans les pays développés mais à croître dans les pays émergents. Il souligne surtout qu'elles ne recouvrent pas la même réalité économique partout. Ainsi, dans le contexte d'une polarisation accrue de l'emploi et d'une augmentation du coût de la vie, les classes moyennes occidentales se trouvent de plus en plus sous tension ; et cette situation porte en germe des risques sociaux et politiques majeurs. S.D.
    In France the spectre of downward social mobility regularly makes the headlines. Whether it actually corresponds to reality or merely reflects a legitimate fear, according to the National Statistical Institute (INSEE) the sense of living less well than the previous generation was of concern to one French person in four in 2015. And amongst those most worried by these questions were those belonging to the so-called middle classes, who felt they were falling down the social ladder. How much truth is there in this impression ? Is the middle class losing ground in France and, more generally, in the developed world ? And what is the situation worldwide ? What statistical data do we have on the subject ?Drawing on recent OECD studies, Julien Damon offers a global-level analysis of the dynamics of the middle classes, showing that they are tending to contract in the developed countries but expand in the emerging nations. Most importantly, he emphasizes that being “middle class” doesn't represent the same economic reality in all parts of the world. In a context of increased polarization in employment and a higher cost of living, the Western middle classes, for example, find themselves increasingly under strain and there are major social and political dangers in such a situation.
  • La société française est-elle en voie de fragmentation ? : À propos du livre de Jérôme Fourquet, L'Archipel français - Olivier Galland p. 49-54 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le précédent numéro de la revue Futuribles (n° 431, juillet-août 2019), Pierre Bréchon, nous présentant les premiers enseignements, pour la France, de la dernière enquête européenne sur les valeurs (EVS, European Values Study), soulignait le décalage considérable existant entre les discours pessimistes, voire alarmistes, des commentateurs de sondages sur la cohésion sociale, et les tendances de long terme d'évolution des valeurs des Français. Olivier Galland, s'appuyant également sur les résultats de cette dernière vague d'EVS, fait ici le même constat eu égard à la thèse présentée par Jérôme Fourquet dans son dernier ouvrage, celle d'une division croissante de la société française en diverses communautés identitaires.Olivier Galland examine ici les trois principaux arguments avancés par Jérôme Fourquet pour étayer sa thèse de « l'archipel français » : la sortie du catholicisme, la « sécession des élites » et la rupture culturelle des classes populaires. Il montre, chiffres à l'appui, que sur ces différents points les choses ne sont pas si simples et que les tendances de long terme ne corroborent pas ces arguments. Là encore, il faut se garder des conclusions trop hâtives menant à opposer trop systématiquement les classes sociales, et tenir compte aussi des convergences de valeurs existant au sein de l'ensemble de la société française. S.D.
    In the last issue of Futuribles (431, July-August 2019), Pierre Bréchon presented the first lessons for France from the latest European Values Study (EVS) and stressed the substantial gap that exists between the pessimistic – even alarmist – language of those commenting on surveys on social cohesion, and actual long-term trends in French values. Olivier Galland, also drawing on the results of this latest wave of EVS findings, now arrives at the same conclusion with regard to the argument advanced by Jérôme Fourquet in his latest book, which finds a growing division of French society into various identity-based communities.Galland examines the three main arguments advanced by Fourquet in support of his thesis that France is becoming an “archipelago” : the move away from Catholicism, the “secession of the elites” and the cultural defection of the working classes. Citing the statistical evidence, he demonstrates that on these various points, things are not quite so simple and that the long-term trends do not corroborate these arguments. Here again, we must beware of reaching over-hasty conclusions that lead us to set social classes too starkly against each other. We must also take account of the convergences on values that exist across the whole of French society.
  • La prospective stratégique au Parlement européen - Danièle Réchard-Spence p. 55-63 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Suite aux élections de mai 2019, le Parlement européen entre dans une nouvelle mandature et un certain nombre d'institutions européennes, dans la foulée, changent de dirigeant (Banque centrale, Commission, Conseil, Parlement…). Ceci peut être l'occasion, pour l'Union européenne, d'un nouvel élan politique. Si tel est le cas, les politiques européennes seront-elles en phase avec les grands défis d'avenir qui s'annoncent ? Plus généralement, comment les enjeux de long terme sont-ils pris en compte par les institutions européennes ?Danièle Réchard-Spence, qui dirige, au sein du Parlement européen, l'unité en charge de déceler et d'analyser les grandes tendances d'évolution en cours, montre ici, à l'aune de son expérience, en quoi consiste la prospective stratégique dans cette institution et comment celle-ci nourrit le travail parlementaire. S'il n'est jamais aisé d'apprécier l'influence véritable des travaux prospectifs sur l'action et les décisions parlementaires, il demeure très instructif de comprendre comment ces travaux sont élaborés et diffusés auprès de nos représentants au Parlement européen. C'est ce que propose cet article de Danièle Réchard-Spence. S.D.
    Following the May 2019 elections, the European Parliament begins a new term of office and a number of European institutions will subsequently see a change of leadership (Central Bank, Commission, Council, Parliament etc.). This may be the opportunity for the European Union to acquire new political momentum. If that is the case, will European policies match up to the major future challenges that are looming ? More generally, how are long-term issues factored in by the European institutions ?Drawing on her experience, Danièle Réchard-Spence, who heads the unit charged with identifying and analysing the major current developmental trends for the European Parliament, shows us what strategic foresight consists in within that institution and how it feeds into the parliament's work. Though it is never easy to assess the true influence of foresight studies on parliamentary decisions and action, it remains very instructive to understand how those studies are produced and disseminated among our representatives in the European Parliament, which is what this article by Danièle Réchard-Spence seeks to do.
  • Forum

    • Cinq chantiers majeurs pour le XXIe siècle : À propos des travaux du Panel international sur le progrès social - Marc Fleurbaey, Marie-Laure Salles-Djelic p. 65-77 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Il y a cinq ans s'est constitué, sous le parrainage d'Amartya Sen, un collectif de 300 chercheurs en sciences sociales issus du monde entier, le PIPS, Panel international sur le progrès social, visant à développer des solutions pluridisciplinaires et non partisanes pour répondre aux enjeux majeurs auxquels doivent aujourd'hui faire face nos sociétés. Marc Fleurbaey et Marie-Laure Salles-Djelic, qui font partie de ce collectif et ont activement participé à la publication de ses premières réflexions et préconisations, présentent dans ce forum la vision des perspectives de progrès social pour le XXIe siècle qui ont été identifiées par le PIPS.Ils décrivent les principales réformes institutionnelles qui leur paraissent les plus prometteuses pour faire face aux défis actuels, ciblant cinq chantiers majeurs : 1) dépasser les idéologies du XXe siècle ; 2) réformer l'économie de marché pour la remettre au service de l'être humain ; 3) transformer l'entreprise pour en faire un vecteur de progrès plutôt que d'extraction et d'exploitation ; 4) réformer l'État pour dépasser sa fonction protectrice et le mettre au service de l'émancipation de chacun ; 5) réformer la vie politique pour approfondir la démocratie. Et pour mener à bien ces chantiers, ils identifient un certain nombre d'acteurs moteurs du progrès social. S.D.
      Five years ago, we saw the formation, under the chairmanship of Amartya Sen, of the International Panel on Social Progress (IPSP), a collective of 300 social science researchers from around the world. The aim was to develop multi-disciplinary, non-partisan solutions in response to the major issues our societies currently face. Marc Fleurbaey and Marie-Laure Salles-Djelic, who are members of this collective and have actively participated in the publication of its first deliberations and recommendations, take the opportunity offered by this ‘forum' article to present the perspectives for 21st century social progress identified by the IPSP.They describe what seem to them to be the most promising institutional reforms to meet current challenges, targeting five major areas of work : 1) moving beyond the ideologies of the 20th century ; 2) reforming the market economy to subordinate it to human needs ; 3) transforming businesses to make them vehicles of progress, rather than of value-extraction and exploitation ; 4) reforming the state to take it beyond its protective function and place it in the service of individual emancipation ; and 5) reforming political life to enhance democracy. To make good on these tasks, they identify a number of actors capable of driving social progress.
  • Tribune européenne

    • L'Union européenne, la paix et la démocratie - Jean-François Drevet p. 79-85 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      En mai 2019, les Européens, appelés à voter pour désigner leurs représentants nationaux au sein du Parlement européen, se sont nettement plus mobilisés que lors des précédents scrutins : le taux de participation a augmenté de huit points par rapport à 2014, frôlant les 51 %. Il est difficile de dire précisément ce qui a motivé cette participation, mais comme le montre ici Jean-François Drevet, on peut légitimement penser que les citoyens européens commencent à prendre conscience de l'espace de liberté que constitue l'Union européenne, et s'attachent à s'y investir un peu plus.Car, à bien des égards, l'UE offre de vraies garanties de paix et de démocratie. Les nations celtiques ont pu le constater dans le contexte du Brexit, l'Union européenne leur laissant plus de liberté d'évolution que le Royaume-Uni. De manière générale, l'exigence démocratique et le respect de l'état de droit sont des conditions préalables à l'entrée dans l'UE ; et une fois membres, les États sont tenus de continuer à s'y conformer, les institutions européennes s'efforçant d'y veiller du mieux possible. Enfin, s'il lui reste encore des efforts à faire en matière de sécurité et défense communes, l'UE a quand même réussi à préserver la paix à l'intérieur de ses frontières, tout en respectant la souveraineté des peuples qui la composent. Ce n'est pas rien au vu du passé — même récent — du Vieux Continent et cela commence peut-être à porter ses fruits. S.D.
      In May 2019, Europeans, voting to decide which national representatives to send to the European Parliament, turned out in distinctly larger numbers than for previous elections. The turnout was eight points higher than in 2014, taking it up to almost 51%. It is difficult to say precisely what prompted this level of participation, but as Jean-François Drevet shows here, it seems fair to assume that European citizens are beginning to grasp the space of freedom the European Union represents and are keen to commit to it more.In many ways, the EU does indeed offer genuine guarantees of peace and democracy. The Celtic nations have been able to see this as Brexit has unfolded, the European Union offering them greater scope for development than the United Kingdom. As a general rule, democracy and the rule of law are preconditions for joining the EU. Once they are members, states are expected to continue to conform to these conditions, with European institutions striving to ensure this as best they can. Lastly, though it still has some way to go in terms of common defence and security, the EU has nonetheless managed to maintain peace within its frontiers, while respecting the sovereignty of the peoples that make it up. In view of – even the recent – past of the Old Continent, this is significant and is perhaps beginning to bear fruit.
  • Actualités prospectives

  • Bibliographie