Contenu du sommaire : Droit à la ville au Sud et construction des légitimités ordinaires
Revue | Annales de géographie |
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Numéro | no 729-730, 2019/5-6 |
Titre du numéro | Droit à la ville au Sud et construction des légitimités ordinaires |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Droit à la ville au Sud et construction des légitimités ordinaires - Sophie Didier, Pascale Philifert p. 5-13 Si la notion de droit à la ville est fortement mobilisée dans les débats sociétaux et les travaux scientifiques contemporains sur la ville, elle résonne de façon particulière et très diverse dans les villes du sud que ce soit pour maintenir un droit à être et demeurer en ville ou encore pour l'accès à la ville et à ses ressources. Dans le sillage de ces réflexions et de ces analyses, ce numéro thématique entend questionner le droit à la ville dans les villes des Suds sous un angle particulier en insistant sur les processus de construction de légitimités qui informent et traduisent en acte et de manière souple la notion de droit à la ville. Pour ce faire, l'accent est porté sur les pratiques ordinaires et les expériences quotidiennes des citadins qui mobilisent diverses tactiques et pratiques spatialisées, dans les temps et les espaces plus banals du quotidien urbain. Dès lors, pour l'ensemble des contributions proposées, il s'agit moins de se focaliser sur les luttes et conflits urbains que d'interroger la pluralité des façons de prendre place en ville et les différentes façons d'élaborer des stratégies de légitimation fondées sur l'usage des lieux, sur la réappropriation urbaine, ou les arts de faire.Societal as well as scientific debates have recently been strongly reactivated around the Right to the city. The notion resonates in a specific way in cities of the South, albeit in a very diverse way from city to city. It relates there to the maintaining of a Right to be and to remain in the city, or to the accessing of the city and its resources. In the wake of these contemporary uses of the notion, this thematic issue aims to question the Right to the city in cities of the South by insisting on the legitimacy-building processes that inform and translate into action and in a flexible way the notion of the Right to the city. To do this, the thematic issue focusses on the ordinary practices and daily experiences of urban dwellers who mobilize various tactics and spatialized practices throughout the more mundane times and spaces of their everyday lives in the city. In all the proposed contributions, the emphasis lies less on urban struggles and conflicts than in the questioning of the plurality of ways of taking place in the city as well as in the elaboration of strategies of legitimization based on the use of places, on the reappropriation of the city, or on the practice of everyday life (“Arts de faire”).
- D'une marginalité à l'autre : droit à la ville et pratiques de réadaptation des « bidonvillois » dans les nouvelles marges urbaines de Rabat - Tarik Harroud p. 14-37 La contribution porte sur le vécu et les pratiques de revendication du droit à la ville par des populations « bidonvilloises » relogées dans les grandes opérations de résorption en périphérie de Rabat. Elle examine plus particulièrement la manière par laquelle se construisent les légitimités ordinaires dans ces immenses opérations résidentielles peu équipées et situées physiquement et symboliquement « hors de la ville », incarnant une nouvelle « marginalité » pour ces populations défavorisées.Au-delà des mobilisations sociales de contestation qui expriment leurs revendications à un logement digne ou au droit à la ville (transport, équipements, sécurité, emploi, etc.), ce sont surtout leurs pratiques quotidiennes de réadaptation, que nous cherchons à analyser et explorer en faisant ressortir les différentes stratégies qu'elles mobilisent (solidarités sociales en matière de gestion des quartiers et d'entretien des espaces publics, de création d'équipements de base, des stratégies de déplacement vers la ville-centre, le recours à l'informel, etc.) afin de s'adapter à ce nouveau contexte spécifique.Sur la base d'une série d'observations et d'entretiens réalisés avec un échantillon exploratoire de populations qui ont été transférées de la capitale et ses territoires limitrophes vers deux grandes opérations de résorption situées dans ses périphéries urbaines (ville nouvelle de Tamesna et le centre périurbain d'Ain Aouda), nous envisageons d'étudier la manière avec laquelle se construit et se justifie le droit à la ville dans ces espaces périphériques ainsi que les formes de réactivation ou de réinvention des pratiques de résistance auparavant à l'œuvre dans leurs bidonvilles.The contribution focuses on the experiences and practices concerning the claim for the right to the city by populations from slums installed in the resettlement sites on the outskirts of Rabat. In particular, it examines how everyday legitimacy is constructed in these huge, poorly equipped residential schemes, physically and symbolically « out of town, » embodying a new « marginality » for these disadvantaged populations. Beyond the social protest actions that express people's claims to dignified housing or to the right to the city (transportation, facilities, security, employment, etc.), it is mainly their daily practices that the Authors seek to analyse and explore. The study highlights the strategy they mobilize (social solidarity in the management of neighborhoods and maintenance of public spaces, the creation of basic facilities, provision of systems for mobility towards the central city, the use of informal means etc.) to adapt to this new specific context. A series of observations and interviews has been conducted with a test sample of populations transferred from the capital and its adjacent territories to two large resettlement schemes in its urban margins (new town of Tamesna and the Ain Aouda Urban Centre). Based on this, the Authors plan to study the way in which the right to the city in these peripheral spaces is constructed and justified, as well as the forms of reactivation or reinvention of resistance practices already at work previously in their slums.
- Des revendications ordinaires aux mobilisations citoyennes : la conquête du droit à la ville dans des quartiers informels de Batna (Algérie) - Fatiha Belmessous, Farida Naceur p. 38-61 Cet article vise à comprendre comment au sein du système semi-autoritaire algérien émergent diverses formes de mobilisation, qu'elles traduisent une volonté d'accéder aux nécessaires ressources urbaines ou de participer à la vie politique locale. Pour l'illustrer, nous avons choisi de présenter la construction de légitimités citoyennes à la suite de différents récits, individuels et collectifs, dans une ville moyenne de l'Est algérien (la ville de Batna) au sein de quartiers non réglementaires. Le choix des quartiers informels (c'est-à-dire conçus en dehors de la planification et de la réglementation) comme cadre d'analyse de ces mobilisations citoyennes s'explique par la dynamique et la capacité de revendication de leurs résidents pour l'amélioration de leur vie quotidienne. Ce qui nous intéresse particulièrement est d'analyser le passage de revendications localisées à la construction de véritables légitimités, et par-là, à la reconnaissance de ces habitants comme des citoyens ordinaires au sein de la ville (en dépit du caractère informel de leurs lieux de vie).Comment les populations de ces quartiers parviennent-elles à développer une capacité d'organisation et de mobilisation pour construire leur propre légitimité ? Comment interagissent-elles avec les sphères du pouvoir alors qu'elles vivent en dehors de la légalité juridique ?This paper aims to understand how various forms of urban citizenship emerged under the current semi-authoritarian system of Algeria. To illustrate this purpose, the Authors deliberately chose to present citizen legitimacy construction from different individual and collective histories, in a middle-sized city in eastern Algeria (the city of Batna). The Informal neighborhoods were selected for their occupants'dynamic approach and ability to mobilize and to improve their daily lives. The Authors particularly focused on analysing the passage from local claims to the construction of real legitimacy and thus to the recognition of these occupants as full citizens within the city (in spite of the unplanned character of their living areas and sites).How do these occupants in their informal settlements develop the capacity for organization and mobilization to build their own legitimacy ? How do they interact with the political spheres ?
- « A recognised institution » ? Trois générations de commerçants indiens sur Grand Parade, Le Cap (1924-1975) - Marianne Morange, Sophie Didier p. 62-89 S'inspirant des théories de la reconnaissance (Honneth, 2000) et du débat sur « l'empiétement tranquille » (Bayat, 1997), cet article analyse la manière dont 16 familles de commerçants indiens ont négocié, pendant trois générations, leur droit à travailler sur Grand Parade, une place publique emblématique de la centralité urbaine au Cap. Pris dans les tensions d'une action publique oscillant dès les années 1910 entre besoin d'approvisionner la ville et souci de planifier le centre-ville, ils ont résisté au resserrement de l'étau du zonage racial, sous l'apartheid, jusqu'à se constituer en petite institution locale. Leur histoire engage la question de la citoyenneté des petites classes moyennes laborieuses et des petits entrepreneurs dans la société urbaine coloniale ségrégationniste, puis d'apartheid, au Cap. Les archives municipales permettent de retracer les échanges quotidiens entre ces commerçants et les fonctionnaires municipaux. Sur cet espace administratif d'interface et de rencontres ordinaires avec l'État, on peut observer des formes d'empiétement tranquille orientées vers la reproduction quotidienne et concrète de l'activité économique, ainsi que des formes de mobilisations politiques portant une quête de reconnaissance politique et sociale. Faire dialoguer l'analyse socio-géographique d'Asaf Bayat et la philosophie politique et morale d'Axel Honneth à travers cette étude de cas très circonscrite permet d'analyser la manière dont la demande politique de reconnaissance s'ancre concrètement dans un ensemble d'interactions pratiques et quotidiennes avec la bureaucratie locale du Cap.Drawing on the theories of recognition (Honneth, 2000) and on the debate on “quiet encroachment” by A Bayat (1997), this article analyses how 16 Indian families specialising in the sale of produce negotiated, over 3 generations, their right to work on Grand Parade, a public square highly symbolic of Cape Town's city-centre. Caught up in the tensions of public action that oscillated between the need to supply the city and the need to showcase and plan the city-centre since the 1910s, they resisted the tightening of racial zoning under apartheid and even achieved the status of small local institution. Their short history raises the issueof the citizenship of (relatively well-off) working classes and small entrepreneurs in the segregationist apartheid and colonial urban societies of Cape Town. The municipal archives make it possible to record the daily exchanges between these traders and municipal officials. In this administrative space of interface that records ordinary encounters with the State, we can observe forms of quiet encroachment (Bayat, 1997), oriented towards the daily and concrete reproduction of their economic activity, as well as forms of political mobilization representing a quest for forms of political and social recognition (Honneth, 2000). By engaging in such a dialogue between Asaf Bayat's socio-geographic analysis and Axel Honneth's political and moral philosophy, and using a very limited case study, it is possible to analyse how the political demand for recognition is concretely anchored in a set of practical daily interactions with the local Cape Town bureaucracy.
- Une hétérotopie de la parole subalterne : les grins de thé à Ouagadougou (Burkina Faso) - Félix Lefebvre p. 90-109 À Ouagadougou (Burkina Faso), les grins de thé consistent en la réunion de jeunes hommes (dans la majorité des cas) se réunissant à des horaires variables pour boire du thé et discuter. Ils investissent alors des espaces inoccupés constituant des espaces de sociabilité, à la fois refuge et espace-ressource, où les hiérarchies qui structurent habituellement les rapports sociaux s'estompent. S'ils ne sont pas nécessairement considérés comme des lieux politiques par leurs usagers, le registre du politique est bien présent dans les valeurs mobilisées autour du grin et dans la pratique même qu'ils constituent. En cela, les grins constituent des hétérotopies. Les grins peuvent être considérés comme des « arènes » où se constituent les problèmes publics, à travers la discussion collective, mais n'apparaissant pas comme une instance légitime de débat politique. Le grin représente donc une arène illégitime où se construit une « citadinité subalterne ». Cet article interroge donc les processus de subjectivation politique liés à des pratiques spécifiques de l'espace urbain, sans nécessairement apparaître dans l'espace public du discours. La citadinité y est considérée dans son aspect processuel, l'espace de la ville permettant aux individus de se constituer comme sujets politiques. Nous interrogerons l'existence d'un continuum de la parole politique, dont l'expression publique dépendrait des possibilités de négociations avec l'ordre social, et des rapports de force qui le produisent. In fine, nous nous demandons si les pratiques infra-politiques de l'espace par les dominés ne permettent pas d'appuyer la construction d'actions collectives autour de ces questions.In Ouagadougou (Burkina Faso), the tea grins constitute temporary, but regular collective occupations of urban public space. These « in-between spaces » consist in the meeting of mostly young men at different times, drinking tea and talking. They gather at unoccupied spaces that offer them tranquility and relative comfort. Such spatial devices constitute spaces of sociability where the hierarchies that usually structure social relationships are blurred. Both shelter and source-of strength, spaces which allow exchange of services and strategies for resourcefulness. They participate in and at the same time testify to the development of the codes of urban youth. Although grins are not necessarily regarded as political places by their users, the political register is present in the names young people choose for them, in the values mobilized around them and the practice they represent (a collective occupation of the street, which could establish a space for allowing free speech). In this, grins are heterotopias that exist in parallel with isotopia (« accomplished and rationalized spatial order of capitalism and the state », but do not constitute an alternative to it. This article deals with the status of grins in the mechanisms of development of public speech, and collective action. Grins can be considered as « arenas » where public problems are formulated through collective discussion, but do not appear as a legitimate forum for political debate. Therefore, the grin represents an illicit arena where a « subaltern citadinity » is mainly built. This article consequently studies the processes of political subjectivation that are linked to the practices specific to the urban spatial context, but do not necessarily appear in the public space for discourse. Citadinity is therefore examined from its character as the result of certain processes, with the city space allowing individuals to develop into political subjects. The Authors therefore examine the existence of a political speech continuum, the public expression of which would depend on the possibilities for negotiation with the social order, and on the balances of power that produce it. Thus a subordinate practicas use of space would be articulated with more officially frameworked forms of claiming for rights, in a back and forth process between hidden transcript and public transcript, as described by J. C. Scott (2008). Finally, the article discusses whether or not use of space for infrapolitical practices by the subaltern brings support to the construction of collective actions around these issues.
- Citadinités et droits à la ville au Sud : les minorités à l'épreuve de l'invisible (Maputo, Rio de Janeiro, Mexico) - Laurent Faret, Catherine Fournet-Guérin, Karine Ginisty, Aurélia Michel, Anna Perraudin p. 110-134 Cet article se propose d'analyser les formes d'invisibilité de groupes stigmatisés (migrants, minorités racialisées, prostituées) dans différentes capitales de pays dits du Sud. Dans des contextes de domination (autoritarisme politique, marginalisation sociale et spatiale) dans lesquels contester les injustices subies serait trop coûteux, voire dangereux, l'invisibilité peut constituer une stratégie inscrite dans la vie quotidienne, qui permet de consolider sa présence et de se projeter en ville en épousant les figures citadines légitimes. Il n'y a alors pas de mobilisation collective autour de la reconnaissance des groupes ou du renversement des figures du stigmate, mais plutôt des stratégies d'anonymisation et de banalisation, qui se donnent à voir dans des pratiques de l'espace urbain, des habitudes et des expériences ordinaires. Il s'agit alors de s'interroger sur les formes et les conditions de cette invisibilité. On montrera que ces groupes peuvent accéder à des formes de tranquillité dans la manière d'être citadins, et ce en dépit même de leur vulnérabilité. C'est même leur seule possibilité pour affirmer leur place en ville et ainsi acquérir une forme de légitimité aux yeux des autres citadins. Loin d'être envisagé de manière normative ou revendicative, le droit à la ville prend alors la forme d'un droit à la discrétion, à être là, à vivre en ville comme n'importe quel autre. Les auteurs confrontent des expériences de terrain issues de trois villes (Maputo, Rio de Janeiro, Mexico), mettant ainsi en relation des contextes latino-américains et africains souvent séparés dans la littérature scientifique.This paper deals with the ways stigmatised groups living in different capital cities of countries of the South resort to various forms of invisibility in public spaces. Such groups are either migrants, ethnic and internal ones as well as foreigners, racialised minorities or prostitutes. The main local political contexts are characterized by domination processes such as authoritarianism, or social and spatial marginalization based on stigmas. In such contexts in which it is often too painful or even dangerous to criticize injustices, subaltern and subordinated people can use invisibility as a strategy embedded in their everyday life as a way to consolidate their presence in the city and to integrate the city life by behaving like legitimate city dwellers. These people do not mobilize politically speaking nor protest as a group as a whole. They do not try to overcome the stigma but they develop strategies based on anonymization and normalization in order to be seen as ordinary urban dwellers. These strategies can be observed in spatial practices such as routines or daily urban experiences. The main purpose of this paper is to analyse the forms of these invisibility strategies in urban spaces at different levels and at different moments of the day, of the week, of the year, taking temporality into account. The Authors argue that these groups can accede to quiet ways of being urban dwellers despite their very vulnerability. Moreover invisibility strategies are the only way to assert their place in the urban places and to accede to legitimacy in the eyes of the other urban dwellers. From this perspective the right to the city is considered neither as a normative nor a reclamatory process but as a right to discretion, to be there and to live in the city as anyone else. The Authors use field-based analyses conducted under qualitative methods such as interviews and observations in three cities, Mexico City (Mexico), Maputo (Mozambique) and Rio de Janeiro (Brazil). By doing this they seek to make theoretical and empirical connections between Latin-American and African contexts which are often separated in the academic literature.
- De l'injonction au droit à la ville au Sud, comment construire une citadinité légitime dans une ville ex nihilo en Inde - Éric Leclerc p. 135-158 La question du droit à la ville au Sud se pose avec beaucoup d'acuité pour les pays en voie d'urbanisation rapide comme la Chine ou l'Inde. Ces nouveaux espaces urbains sont le résultat de méga-projets qui remodèlent et étendent les villes traditionnelles remettant en cause le droit à la ville des citadins présents, provoquant le déplacement des plus précaires. Il existe pourtant des situations où le droit à la ville est octroyé comme à Amaravati, la nouvelle capitale de l'Andhra Pradesh en Inde du Sud. Sur l'ensemble de l'espace du projet (200 km²), les villageois ont basculé en 2015 dans le monde urbain décrété par le gouvernement d'Andhra Pradesh. Pour autant, ont-ils acquis un droit à la ville, plein et entier, comme défini par H. Lefebvre ? Une première réponse vient du modèle urbain et de sa mise en œuvre, celui de la ville inclusive choisi par les autorités. Quelle est l'étendue du droit accordé et qui est en capacité de s'en emparer ? Grâce à des travaux de terrain nous avons pu constater que le gouvernement d'Andhra Pradesh accorde inégalement des droits dans la ville, il ne permet pas un « droit à la ville » entier. Seuls les propriétaires fonciers peuvent tirer parti du modèle spéculatif voulu à Amaravati. Cette situation de production d'une ville à neuf démontre que le droit à la ville demeure une conquête collective soumise aux ambitions de groupes sociaux concurrents.The question of the « right to the city » in the South is more acute for countries in the process of rapid urbanization, such as China or India. These new urban spaces are the subject of mega-projects that reshape and extend traditional urban landscape challenging the right to the city of present residents, causing the displacement of the most disadvantaged. However, there are situations where the right to the city is granted, as in Amaravati, the new capital of Andhra Pradesh in South India. Over the entire project area (200 km²), in 2015 the villagers were plunged abruptly into the urban world by decisions of the Andhra Pradesh government. However, have they all acquired a full unrestricted right to the city as defined by H. Lefebvre ? A preliminary response comes from the urban model and its implementation, that of the inclusive city chosen by the authorities. What is the scope of the right granted and who is able to grasp hold of it ? The Authors'fieldwork has shown that the government of Andhra Pradesh grants some rights in the city unequally. It does not allow a complete “right to the city.” Only landowners can take advantage of the speculative model planned for Amaravati. This situation of the creation of a city from scratch shows that the right to the city remains a collective conquest subjected to the ambitions of competing social groups.
- Droit à la ville au Sud et construction des légitimités ordinaires - Sophie Didier, Pascale Philifert p. 5-13
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