Contenu du sommaire : Capitales européennes et diversité culturelle
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1327, octobre-novembre-décembre 2019 |
Titre du numéro | Capitales européennes et diversité culturelle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'année de tous les tourments - Marie Poinsot p. 1
Le Point Sur
- Capitales européennes et diversité culturelle depuis 1945 : Berlin, Londres, Madrid, Paris - Françoise Taliano-des Garets, Laurent Martin p. 9-13 Ce texte présente le dossier issu du séminaire de recherche dirigé en 2019 par Françoise Taliano-des-Garets et Laurent Martin à l'initiative du Musée national de l'histoire de l'immigration, avec le soutien du Comité d'histoire du ministère de la Culture. Portant sur « la diversité culturelle dans les capitales européennes depuis 1945 (Berlin, Londres, Madrid, Paris) », ce séminaire s'inscrivait lui-même dans un projet plus global, mené par Françoise Taliano-des-Garets depuis quatre ans avec la collaboration de Laurent Martin, sur la place de la culture dans les quatre capitales mentionnées ci-dessus, qui a donné lieu depuis 2015 à des séances de communications, à une journée d'étude (à Paris en juin 2017) et à un colloque (à Bordeaux en juin 2019). Projet d'ampleur donc, qui a examiné divers aspects de la vie culturelle et des politiques culturelles dans ces capitales européennes (patrimoine, industries culturelles, spectacle vivant, etc.), par ville et de manière comparative, dans le but de faire ressortir les évolutions les plus significatives, les rythmes et leur(s) moteur(s).
- Paris et Berlin, deux scènes musicales cosmopolites ? : La diversité nationale des intermédiaires culturels en question - Myrtille Picaud p. 15-21 Paris et Berlin se distinguent en Europe par leur vie nocturne et la vitalité de leur scène musicale. Les programmateurs musicaux ont un rôle déterminant dans le rayonnement culturel de ces deux capitales. L'analyse de la diversité nationale et géographique de ces acteurs clés et pourtant méconnus de la vie nocturne permet de mieux comprendre les enjeux et les effets de leur circulation internationale. Des deux côtés du Rhin, l'accès au monde de la musique varie pour les professionnels venus d'ailleurs, laissant apparaître les différentes stratégies mises en œuvre pour offrir au public des programmations musicales innovantes et diversifiées.
- L'intimité sonore des radios pirates de Londres dans les années 1990 - Malcolm James p. 23-31 L'histoire des radios pirates diffusant de la musique jungle à Londres au tournant des années 1990 est éminemment post-moderne. Elle s'inscrit entre les vibrations du sound system reggae et les dévotions aux chaînes de clips sur Internet ; entre le déclin de l'État-providence et le renforcement du nouvel État libéral. C'est l'histoire d'une culture musicale noire partagée par toute une diaspora, mais aussi distribuée en de multiples micro-environnements mobiles : la radio et la téléphonie mobile, les autoroutes et les voitures, les chambres à coucher et l'intimité.
- Les spécificités culturelles du Todo Vale dans le Madrid de l'après-franquisme - Magali Dumousseau-Lesquer p. 33-43 À la mort du général Franco, en 1975, Madrid découvre en son centre la réalité d'une culture parallèle. Connue sous le nom médiatique de « Movida », appelée « Todo Vale » par ses créateurs, cette production culturelle particulièrement dynamique s'est développée dans l'ombre, à cause de la censure, en réaction à l'image grise et au néant culturel associés à la capitale. En allant puiser leur inspiration hors des frontières espagnoles, les jeunes artistes autodidactes du Todo Vale renouent avec une diversité culturelle qui se trouve au fondement de l'histoire de Madrid. Cette culture underground contribue ainsi à redéfinir l'identité urbaine de la capitale espagnole.
- Hybridation culturelle et migrations littéraires autour de Londres - Isabelle Le Pape p. 45-51 D'Edward Kamau Brathwaite à Hanif Kureishi, de nombreux écrivains originaires de l'ancien empire colonial britannique ont fait de Londres le territoire littéraire de leur exil. En transmettant dans leurs œuvres les traces de leur culture au sein de la capitale britannique, ils ont écrit un nouveau chapitre de la littérature anglaise. Avec Zadie Smith, les thématiques de l'exil laissent place aux questionnements identitaires dans une ville multiculturelle. Au fil des vagues successives d'immigration, les écrivains contribuent ainsi à enrichir la culture britannique, tout en mettant en lumière ses verrous socio-culturels et ses impensés raciaux.
- Berlin comme carrefour d'histoire(s) et d'identités dans les récits d'écrivains germano-turcs - Myriam Geiser p. 53-51 Trente ans après la chute du mur de Berlin, différentes générations d'écrivains1 issus de l'immigration ont pris part à l'évolution de la littérature en Allemagne. L'étude de la littérature germano-turque après 1989 permet de suivre un changement majeur de paradigme littéraire : le passage de la place centrale accordée au déchirement existentiel lié à l'absence du pays natal au traitement de la situation post-migratoire contemporaine. Ces écrivains interrogent la fabrication de l'histoire et de l'identité allemandes et contribuent à la nouvelle réalité cosmopolite de Berlin.
- Capitales européennes et diversité culturelle depuis 1945 : Berlin, Londres, Madrid, Paris - Françoise Taliano-des Garets, Laurent Martin p. 9-13
Au Musée
- 1939, l'ordre et le chaos. Les réfugiés d'Espagne dans le cadre photographique - Marianne Amar p. 64-73 On sait ce que fut la guerre d'Espagne : une guerre civile menée avec des fusils, des canons et des images. Pour les photographes, le conflit dura un peu plus longtemps que le fracas des armes, recouvrant de son ombre portée le passage de la frontière et l'entrée dans les camps. L'ambition n'est pas ici de révéler, classer et trier un corpus photographique exhaustif, ni de remonter un à un tous les fils des images, mais plutôt de travailler à partir de deux ensembles : les photographies largement diffusées au moment de l'événement et celles qui servent aujourd'hui de support aux retours mémoriels. Dans cette enquête visuelle qui s'arrête à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le regard ne peut se contenter d'observer l'endroit des images, ce qu'elles montrent de la frontière et des camps. Il doit aussi scruter leur envers – les signatures, les tampons, les marques de leurs circulations – et réfléchir au hors champ : l'histoire visuelle questionne toujours ce que l'on ne voit pas1.
- 1939 dans les collections du Musée - Élisabeth Jolys-Shimells, Emilie Gandon p. 74-75 L'année 1939 est un marqueur important de l'histoire de l'immigration en France et des collections du MNHI. De la Retirada (retraite) des combattants vaincus et des populations civiles touchées par la guerre civile espagnole à la mobilisation générale lancé en France en septembre, l'année 1939 cristallise l'espoir d'un refuge et le début du chaos.
- Médiation hors-les-murs et ancrage territorial - Agnès Arquez-Roth p. 130-135 Le Musée national de l'histoire de l'immigration a une histoire singulière dans le paysage des musées nationaux en France de par le statut et l'impulsion donnée par un réseau de partenaires principalement composé d'associations, de collectivités territoriales et de chercheurs, qui sont à l'origine de sa création. L'évolution des modes de collaborations et des projets conduits par le Musée avec ce réseau de partenaires, mais aussi hors-les-murs depuis dix ans, mériterait sans doute d'être analysée à l'aune des changements de contextes politiques, sociologiques et culturels qui touchent les champs des migrations et de l'intégration dans la société française. L'analyse des projets hors-les-murs menés par le Musée avec ces partenaires constitue en effet un bon angle d'observation des évolutions à l'œuvre. Les musées, qui se situent de plus en plus au cœur de ces enjeux socioculturels contemporains, s'interrogent sur leurs missions et leurs priorités en matière de développement de tous les publics, y compris ceux du champ social et ceux éloignés de la culture, mais aussi au regard de leur notoriété sur l'ensemble du territoire. Ces projets hors-les-murs donnent lieu à des expérimentations très diverses que cet article souhaite aborder à travers deux initiatives récentes.
- Revues Plurielles : « Les écritures en exil et de l'exil » au salon LittExil - Yannick Kéravec p. 136-140 Que ce soient des parcours personnels ou des traversées collectives, les œuvres littéraires font (re)vivre l'exil, parfois avec l'épaisseur du passé ou en résonnance avec l'actualité la plus brûlante. Placées sous le signe de la diversité, les revues dessinent des espaces où les écritures de l'exil dialoguent avec les écritures en exil. Elles diffusent ces odyssées modernes qui sont aussi des tentatives d'expérimenter des nouvelles écritures de l'intime.
- La littérature post-coloniale en France au salon LittExil - Alexis Nouss p. 141-144 À l'occasion de l'exposition Paris-Londres. Music Migrations (1962-1989), des écrivains présentent leur roman sur l'histoire de « Paris vu et vécu » par leur famille dans la période post-coloniale.
- Les 10 ans du Prix littéraire de la Porte Dorée au salon LittExil - Florence Bridenne p. 145-149 Pour célébrer les 10 ans du Prix littéraire de la Porte Dorée, deux de ses lauréats, Omar Benlaala et Henri Lopes, croisent leurs histoires et leurs points de vue sur la migration et l'identité.
- Langue, art et exil. La troisième édition du festival Visions d'exil : Entretien avec Judith Depaule, co-fondatrice et directrice de L'atelier des artistes en exil. - Anne Volery p. 150-160 Expériences de l'altérité, sonorités et poids des mots, langues et identités, droit à la parole, le dessin ou encore le mouvement comme langage universel…, le thème de la langue amène de multiples questionnements s'incarnant dans de multiples formes. À travers les artistes et les œuvres présentés, Visions d'exil offre à voir la diversité des formes et des expressions qui émergent de l'expérience de l'exil ou qui sont traversées par elle.
- Rock Against Police, le film. La résidence « frontières » du GREC au Musée de l'histoire de l'immigration - Nabil Djedouani p. 161-166 Rock Against Police, le film de Nabil Djedouani, réalisateur lauréat de la résidence « frontières » du GREC au Musée de l'histoire de l'immigration revient sur un épisode méconnu du militantisme du début des années 1980 : la série de concert Rock Against Police (RAP).
- 1939, l'ordre et le chaos. Les réfugiés d'Espagne dans le cadre photographique - Marianne Amar p. 64-73
Champs libres
- « La pensée décoloniale est peu développée dans le monde politique français et académique » - Marie Poinsot, Françoise Vergès p. 170-176 Arrivée à 2 ans à la Réunion, ayant passé son baccalauréat et ses premières années d'études à Alger, Françoise Vergès s'engage dans le journalisme et l'action militante avant d'aller faire des études à San Diego et un doctorat à Berkeley. Politologue de formation, elle se définit comme militante féministe décoloniale. Elle a été titulaire de la chaire « Global South(s) » au collège d'études mondial de la Fondation Maison des sciences de l'homme (2014-2018). Ses travaux portent sur l'esclavage colonial et les phénomènes de créolisation. En 2008, elle est nommée présidente du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage jusqu'en 2013 et, en mai 2017, au groupement d'intérêt « Mission de la mémoire de l'esclavage, des traites et de leurs abolitions ». Elle vient de faire paraître un ouvrage majeur : Un féminisme décolonial (La fabrique éditions, février 2019).
- Ceija Stojka, une artiste rom dans le siècle - Wilma Ladopoulos p. 177-179 Alors que le Musée national de l'histoire de l'immigration présentait une exposition sur l'histoire des mondes tsiganes en prologue du travail photographique de Mathieu Pernot sur La Famille Gorgan, la Maison rouge consacrait, du 23 février au 20 mai 2018, une formidable exposition à l'artiste Ceija Stojka, peintre autodidacte qui, au mitan de sa vie, a éprouvé la nécessité absolue d'exprimer à travers ses œuvres son enfance nomade et l'expérience des camps de concentration nazis où elle a côtoyé la mort et auxquels elle a survécu.
- Exposition Beate Serge Klarsfeld. Les combats de la mémoire (1968-1978) au Mémorial de la Shoah - Wilma Ladopoulos p. 179-181 Historiens et militants, Beate et Serge Klarsfeld ont mené un combat en faveur des victimes de la Shoah, contre les criminels nazis et contre l'antisémitisme. Pour relater l'histoire de leur engagement exemplaire, une exposition leur était consacrée au Mémorial de la Shoah du 7 décembre 2017 au 9 septembre 2018. Elle est désormais visible à l'hôtel de ville de Montpellier jusqu'au 3 janvier 2020.
- De Pondichéry à l'Indochine française, réminiscences croisées : Exposer les récits de migrations intercoloniales françaises en Asie - Pauline Burtin p. 182-186 Créée à l'occasion du Festival du patrimoine de Pondichéry en février 2018, l'exposition Pondichéry/Indochine, réminiscences croisées met en lumière un versant peu connu de l'histoire coloniale française : un siècle de migrations de Pondichériens en Indochine entre 1858 et 1954. La trajectoire des Indiens français en Indochine éclaire une histoire aux marges d'un vaste Empire, de part et d'autre du golfe du Bengale, où la colonisation de deux territoires par la France a fait converger des populations qui entretenaient, déjà auparavant, des relations maritimes millénaires.
- Arithmétique pour gogos ou néguentropie - Mustapha Harzoune p. 187-190
- L'Abécédaire Afrique : Trois décennies en chroniques musicales - François Bensignor p. 190-196
- Tu mérites un amour : 1er film de Hafsia Herzi (France 2019) - Mouloud Mimoun p. 197
- Papicha : Film de Mounia Meddour (France, 2019) - Mouloud Mimoun
- Roubaix, une lumière : Film d'Arnaud Desplechin (France, 2019) - Mouloud Mimoun p. 198-199
- Les Hirondelles de Kaboul : Film de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec (France, 2019) - Mouloud Mimoun p. 199
- Dora Djann, Ouverture à la française : Paris, éd. Emmanuelle Collas, 2019, 216 pages, 15 €. - Mustapha Harzoune
- Naïl Ver-Ndoye, Grégoire Fauconnier, Noir. Entre peinture et histoire : Paris, Omniscience, 2018, 240 pages, 35 € - Mustapha Harzoune
- Michaël Ferrier, Scrabble : Paris, Mercure de France, 2019, 228 pages, 21 €. - Mustapha Harzoune p. 201-202
- Daniel Bougnoux et François L'Yvonnet (sous la direction), Cahiers de l'Herne : Jullien : Paris, L'Herne, 2018, 256 pages, 33 €. - Mustapha Harzoune p. 202
- « La pensée décoloniale est peu développée dans le monde politique français et académique » - Marie Poinsot, Françoise Vergès p. 170-176