Contenu du sommaire : L'audiovisuel africain et le capitalisme global

Revue Politique africaine Mir@bel
Numéro no 153, 2019/1
Titre du numéro L'audiovisuel africain et le capitalisme global
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Solidarité avec Fariba Adelkhah et Roland Marchal, prisonniers scientifiques - p. 5-6 accès libre
  • Le dossier : L'audiovisuel africain et le capitalisme global

    • Afriques audiovisuelles : appréhender les transformations contemporaines au prisme du capitalisme global - Alessandro Jedlowski p. 7-27 accès libre
    • Système D, marginalisation et émancipation dans le cinéma nigérian : Arts de « faire avec » une accumulation d'intermédiaires - Anouk Batard p. 29-58 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'autoproduction du film nigérian King of Shitta (2012), du nom d'un quartier défavorisé de Lagos, repose sur une série de tactiques et stratégies, ces ruses et arts de faire ici examinés par l'ethnographie. Comment un subalterne se sent-il autorisé et en capacité à aspirer au statut de producteur indépendant de films ? Ce prétendant cinéaste s'appuie sur le Do It Yourself (DIY), ou « système D » en français, et l'émergence de vocations cinématographiques afin de mobiliser des ressources « locales » nécessaires mais non suffisantes, et souvent désajustées face à l'internationalisation.
      This article uses ethnography to examine the tactics and strategies, these tricks and arts of “making do” used to self-produce a Nigerian movie called King of Shitta (2012), out of the name of a Lagos blighted neighborhood. What conditions enable a subaltern to feel allowed and able to aspire to become an independent film producer ? This pretending filmmaker operates through Do It Yourself (DIY) practices and draws upon the emergence of vocations in cinema to re-appropriate “local” resources that are necessary but also insufficient and often inappropriate in the midst of the internationalization of Nigerian cinema.
    • The Political Economy of the Hausa Popular Cultural Industries - Abdalla Uba Adamu p. 59-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La culture, mode d'expression artistique et ethnographique de la condition humaine, est bien représentée dans le cinéma, considéré ici comme un divertissement, mais aussi comme un moyen de préserver un patrimoine culturel. La production cinémato graphique a généralement un but lucratif mais, dans les cultures cinématographiques africaines, cela se fait souvent au détriment du potentiel artistique du patrimoine culturel. Cet article examine comment la production cinématographique haoussa dans le Nord du Nigeria est devenue une marchandise, aux dépens de la préservation culturelle et artistique du patrimoine culturel haoussa. À l'aide de données récoltées auprès de distributeurs de films à Kano, dans le Nord du Nigeria, il explore de manière historique comment les forces du marché déterminent l'avenir de la production de films dans la région.
      Culture is an expression of artistic and ethnographic portraits of the human condition. It is often captured perfectly through the medium of film, not only as entertainment, but also as a means of preserving a cultural heritage. Film production will usually have a profit motive, but in African film cultures this often comes at the expense of the artistic potential of the cultural heritage. This paper looks at how Hausa film production in northern Nigeria has become commodified and commercialized at the expense of cultural and artistic preservation. Using data from film distributors in Kano, northern Nigeria, it historically explores how market forces determine the future of film production in the region.
    • Gombo et entrepreneuriat, ou l'industrie audiovisuelle ivoirienne en devenir - Julie Dénommée p. 85-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article interroge le développement de l'industrie audiovisuelle en Côte d'Ivoire qui, malgré le succès récent des séries télévisées ivoiriennes, reste peu documenté. S'appuyant sur une ethnographie de la production télévisuelle en Côte d'Ivoire, l'article propose une interprétation de l'industrie audiovisuelle depuis la figure de l'entrepreneur et la notion de « gombo », qui désigne une opportunité financière lucrative. Retraçant l'émergence de la production télévisuelle privée en Côte d'Ivoire, il démontre que les « gombos » participent au développement d'une industrie d'entrepreneurs plutôt que de producteurs ou de réalisateurs. Articulant ensuite ces pratiques de l'industrie aux structures globales de l'audiovisuel, il met en lumière les tensions que ces rencontres génèrent. Articulant ensuite ces pratiques de l'industrie aux structures globales de l'audiovisuel, l'article met en lumière les tensions que ces rencontres génèrent tout en posant la nécessité de nouveaux concepts pour penser les cultures populaires de la société ivoirienne post-conflit.
      This article focuses on the Ivorian screen media industry which, despite the recent regional success of Ivoirian television productions, remains poorly documented. Drawing upon an ethnography of the Ivoirian television sector, it proposes an interpretation based on the figure of the entrepreneur and the notion of “gombo” (okra), a term used in the Ivorian slang to describe a lucrative financial opportunity. By documenting the emergence of private television production in Côte d'Ivoire, it argues that the “gombos” participate in the development of an industry of entrepreneurs rather than one of producers or directors. It then proceeds to analyse the articulation between local industry practices and global screen media industries, and highlights the tensions these interactions generate. Following this argument, the article advocates for the need of new concepts to interpret Ivoirian post-conflict popular cultures.
    • The Grounds of Circulation: Rethinking African Film and Media - Brian Larkin p. 105-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La forme esthétique et les infrastructures financières du cinéma populaire africain se sont transformées au cours des dernières années, entraînant une révision des paradigmes théoriques utilisés pour les étudier. Ce texte revient sur cette réflexion. Il se concentre sur trois aspects en particulier. Premièrement, je soutiens que l'analyse récente des infrastructures techniques, financières et institutionnelles qui permettent aux films africains de circuler s'inscrit dans une histoire plus longue que ce que l'on pense habituellement, et cela constitue peut-être l'un de ses aspects les plus innovants. Deuxièmement, je développe mon analyse en allant au-delà de la dichotomie entre le cinéma africain d'auteur et le cinéma populaire, pour englober les cinémas éducatifs coloniaux et postcoloniaux, la présence historique et continue de films étrangers en Afrique (américains, indiens, chinois, français) et la scène émergeant du cinéma de galeries d'art. Ces différentes formes ont toutes généré un riche débat scientifique, mais de manière séparée les unes des autres, et selon moi, nous pouvons les analyser de manière fructueuse dans le cadre d'une même écologie cinématographique. Troisièmement, je passe d'une discussion générale sur les infrastructures de production et de distribution à un recentrage plus étroit sur le phénomène du « nouveau Nollywood » au Nigeria. Je réexamine les débats récents sur les effets politiques de ces nouvelles infrastructures de production et distribution, et leur supposée complicité avec le néolibéralisme contemporain.
      The aesthetic form and financial infrastructures of African popular film has transformed in recent years leading to a revision of the paradigms for thinking African screen media. This paper assesses that rethinking. It examines three things. First, I argue the analysis of the technical, financial, and institutional infrastructures of film has a longer history in studies of African screen media and is, perhaps, one of its most innovative aspects. Second, I expand analyses beyond the dichotomy between traditional African cinema and popular film to take in colonial and postcolonial educational cinemas, the historical and continuing presence of foreign films (U.S., Indian, French, Chinese), and emergent art-world, gallery cinemas. These have all generated rich scholarly debate but are often segregated from each other. I argue we can fruitfully analyse them as part of a single cinematic ecology. Third, I turn from a general discussion of infrastructures of distribution and exhibition to a more narrow focus on “new Nollywood” cinema in Nigeria. I re-examine recent debates about the political effects of these new infrastructures of production and exhibition and their supposed complicity with contemporary neo-liberalism.
    • Les évolutions récentes du cinéma nigérian : Nollywood en débat - Jonathan Haynes, Akin Adesokan, Moradewun Adejunmobi, Alessandro Jedlowski p. 127-128 accès libre
    • Les paradigmes universitaires face aux métamorphoses de Nollywood - Jonathan Haynes, Raphaël Botiveau p. 129-141 accès libre
    • À propos de Nollywood et des recherches sur le cinéma africain - Akin Adesokan, Raphaël Botiveau p. 143-151 accès libre
    • Nollywood : le sujet insaisissable - Moradewun Adejunmobi, Raphaël Botiveau p. 153-159 accès libre
  • Recherches

    • Un exclu peut-il être citoyen ? Enjeux transnationaux et effets d'extraversion dans la construction des bio citoyennetés homosexuelles au Cameroun - Larissa Kojoué p. 161-180 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les liens entre la lutte contre le VIH/sida et les mobilisations homosexuelles dans le monde ont abondamment été démontrés. Cependant, peu d'études empiriques abordent ces mobilisations avec comme perspective une extension de la citoyenneté. L'objectif de cet article est de mettre en relief les mutations contemporaines de la société camerounaise à partir de l'inclusion sociale et politique d'acteurs criminalisés du fait de leur orientation et pratiques sexuelles. C'est la bio citoyenneté, ou citoyenneté thérapeutique, qui sert de cadre analytique car elle permet de mettre à jour des chaînes de relations entre différents faits, processus et circonstances qui concilient la condition biologique avec la reconnaissance des vies et de leur valeur comme êtres à considérer et à protéger. La citoyenneté biologique est la condition sociale, de même que le cadre politique qui symbolise la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles. Cette reconnaissance est toutefois limitée au cadre qui l'a fait naître et lui permet d'exister (l'épidémie de VIH), l'enfermant (du moins pour l'instant) dans une trajectoire circonscrite et instable.
      The links between the fight against HIV/AIDS and homosexual mobilizations around the world have been extensively demonstrated. However, few empirical studies address these mobilizations within the frame of an extension of citizenship. This paper aims to highlight contemporary social changes in Cameroon, based on the social and political inclusion of actors criminalized because of their sexual orientations and practices. The concept of therapeutic citizenship is used as analytical framework. Indeed, it allows to update chains of relationships between different facts, processes and circumstances that reconcile the biological condition with the recognition of specific lives and their value as human beings, lives to be considered and to be protected. Biological citizenship acts as the social condition as well as the political framework that governs the recognition of the rights of homosexuals in Cameroon. This recognition is, however, constrained by the framework from which it emerged and which allows its existence (the HIV epidemic). Therefore, this recognition is confined (at least for the moment) in a circumscribed and unstable trajectory.
    • Jeunes entreprenants de la téléphonie mobile à Abidjan : du lien social entrepreneurial au service de l'exploitation économique - Hannah Schilling, Ousmane Dembele p. 181-201 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le phénomène des cabinistes de quartier à Abidjan interroge la recherche. Faut-il voir dans l'intelligence et l'énergie de ceux qui tiennent les cabines, la seule exploitation par les compagnies de téléphonie mobile des jeunes en mal d'emploi, faute d'alternatives économiques urbaines soutenables et pérennes ? N'y a-t-il pas, dans ce travail des jeunes dans la rue, la fabrique de liens sociaux générateurs de ressources matérielles et symboliques pour une réalisation de soi ? Telles sont les questions que nous tentons d'éclairer à partir de la parole recueillie d'une trentaine de jeunes gérants de cabines téléphoniques opérant dans la rue à Abidjan. Ce nouveau petit métier de la rue abidjanaise participe à l'évolution libérale des activités urbaines. L'appétence et l'ingéniosité des jeunes pour cette modernité cybernétique s'avèrent une vraie ressource pour les opérateurs.
      Should we see in the call box workers in the streets of abidjanese neighborhoods and their intelligence and energy dedicated to their activity, nothing more than the exploitation by mobile companies of young underemployed residents, because of the lack of sustainable economic alternatives for those in the Ivorian metropolis ? Or is there not more to see – such as the youth's fabric of social ties that generate material and symbolic resources for their self-realization ? These are the questions this article discusses based on the analysis of the lived experience of around 30 young streetcall-box managers in Abidjan. This new small business in abidjanese streets is part of the liberalization of urban economic activities. The appetite and ingenuity of young people for all this cybernetic modernity is a real resource for the telecommunication operators.
  • Lectures