Contenu du sommaire : Qu'est-ce que l'Europe politique ?

Revue Politique européenne Mir@bel
Numéro no 64, 2019/2
Titre du numéro Qu'est-ce que l'Europe politique ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Qu'est-ce que l'Europe politique ? : Un agenda de recherche sur la politisation - Laurie Beaudonnet, Frédéric Mérand p. 6-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Pendant longtemps, vouloir « plus d'Europe » signifiait y faire « plus de politique ». Depuis quelques années, cette vision optimiste est contestée par les chercheurs qui voient dans l'Europe politique un risque autant qu'une chance. Cet article introductif au numéro thématique explore la politisation de l'UE d'un point de vue empirique. Dans un premier temps, nous revenons sur les définitions de la politisation : un enjeu est politisé lorsqu'il génère un clivage visible dans la communauté politique, amenant les acteurs, les citoyens et les citoyennes à clarifier leurs positions, voire à se polariser autour d'elles. Puis nous proposons un état de la littérature différenciant trois contextes de l'activité politique : l'opinion publique, les institutions majoritaires et les institutions non majoritaires. Nous concluons que, si la politisation varie selon les contextes, elle doit néanmoins être appréhendée dans son ensemble puisqu'elle fait intervenir les partis politiques, les électeurs et les institutions de manière concomitante.
    For a long time, European federalism implied doing "more politics" at the European level. Scholars have started to challenge this optimistic view, arguing that a “political Europe” carries risks as well as opportunities. This introductory article to the special issue explores the politicization of the EU from an empirical perspective. First, we analyze various definitions of politicization: an issue is politicized when it generates a visible cleavage in the political community, bringing actors and citizens to clarify - or even polarize around - their positions. Then we review the literature by differentiating three contexts of political activity: public opinion, majoritarian institutions and non-majoritarian institutions. We conclude that, while politicization varies according to the context, it must nevertheless be understood as a whole since it involves political parties, voters and institutions concomitantly.
  • Dossier - Qu'est-ce que l'Europe politique ?

    • EU authority, politicization and EU issue voting - Cal Le Gall p. 32-55 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'autorité de l'UE a-t-elle une incidence sur le vote sur enjeu européen dans les élections nationales ? Les recherches actuelles suggèrent que la politisation des enjeux européens dépend de l'étendue des compétences de l'UE. Or, la politisation accroît l'importance des enjeux au niveau individuel, ce qui, à son tour, favorise le vote sur enjeu. Ainsi, le vote sur enjeu européen devrait être plus répandu parmi les personnes qui jugent l'UE responsable des décisions politiques. Pour vérifier cette hypothèse, j'utilise les données EES de 2009. Les résultats montrent que les individus qui considèrent l'UE comme responsable n'ont pas plus tendance à choisir les partis en fonction de leur positionnement européen. En outre, des analyses complémentaires indiquent la présence d'un vote sur enjeu européen, mais pas d'augmentation entre 2004 et 2009. Dans l'ensemble, peu d'éléments indiquent que l'autorité de l'UE influe sur le vote sur enjeu européen.
      Does EU authority affect EU issue voting in national elections? Current evidence suggests that politicization over the issue of European integration is dependent on the scope of EU competences. Yet, politicization increases issue salience at the individual level, which, in turn, fosters issue voting. Hence, EU issue voting should be more prevalent among individuals who deem the EU responsible for policy decisions. To test this hypothesis, I take advantage of the 2009 EES dataset. Findings show that individuals who attribute policy responsibility to the EU are not more likely to choose parties on their EU positioning than those who do not. Besides, complementary analyses indicate that EU congruence affects party choice in national contexts, but does not show an increase of EU issue voting from 2004 to 2009. Overall, there is limited evidence that the authority of the EU affects EU issue voting.
    • Les partis et l'Europe : Européanisation des programmes ou nationalisation des enjeux européens ? - Emiliano Grossman, Simon Persico, Isabelle Guinaudeau p. 56-85 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'interroge sur l'européanisation de la compétition partisane nationale. Nous revenons sur le débat concernant les effets de l'intégration européenne sur la vie nationale en examinant la politisation des enjeux européens à travers leur traitement dans les programmes électoraux. En mobilisant les données du Comparative Agendas Project, nous montrons que l'hypothèse classique de l'absorption des enjeux européens par des clivages nationaux doit être modérée. Nos trois cas – l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni – illustrent en effet des modalités de politisation des enjeux européens assez contrastés, avec une part très variable des « enjeux constitutifs » liés à l'architecture et à la légitimité de l'UE par rapport aux enjeux d'action publique. Cette recherche exploratoire confirme donc l'importance d'une prise en compte de la substance des problèmes politisés en lien avec l'intégration européenne.
      This article examines the Europeanization of national partisan competition. We return to the debate on the effect of European integration on domestic politics by examining the politicization of European issues through their treatment in electoral platforms. Relying on a new dataset from the Comparative Agenda Project, we show that the classic hypothesis of the absorption of European issues by national divisions must be moderated. Our three cases - Germany, France and the United Kingdom - illustrate quite different ways of politicizing European issues, with a very variable proportion of the "constitutive issues" related to the architecture and EU legitimacy in relation to public policies issues. This exploratory research therefore confirms the importance of taking into account the substance of politicized problems related to European integration.
    • Policies with and without Politics: Committees and the Differentiated Politicization of Legislative Debates in the European Parliament - Thomas Laloux, Damien Pennetreau p. 86-109 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Parce qu'ils permettent aux députés européens d'exprimer publiquement et de confronter leurs positions sur les législations à adopter, les débats en plénière au Parlement européen constituent des espaces importants de politisation. Cependant, étant donné le rôle central des commissions dans le processus décisionnel du PE et les différences entre elles, la politisation des débats en plénière est susceptible de varier selon les commissions qui ont préparé les dossiers législatifs. De ce point de vue, le présent article vise à comparer la politisation des débats en fonction de la commission parlementaire responsable du dossier. En pratique, nous mesurons la politisation des débats à l'aune du nombre de députés qui y participent. Les résultats confirment que la politisation des débats législatifs diffère en fonction de la commission qui est chargée de préparer les dossiers débattus. Les débats à propos des dossiers venant de commissions qui ont des processus décisionnels plus conflictuels tendent à être plus politisés. Par contre, les résultats ne permettent pas de conclure que l'importance des enjeux traitées par une commission a un effet sur la politisation des débats en plénière sur ses dossiers.
      Plenary debates in the European Parliament (EP) constitute important venues for politicization, as they provide the institutional arena for MEPs to publicly express and confront their positions about future policies. Yet, given the central role of committees in EP decision-making and the differences between them, the politicization of plenary debates is likely to vary according to the committees that prepared the legislative files. This article examines that hypothesis, and tests possible explanations for differences in the politicization of plenary debates across committees. The politicization of debates is measured by the number of MEPs who participate in the debate. The results show that legislative debates about files prepared in committees that are less consensual in their internal decision-making tend to be more politicized. However, the analysis does not provide evidence that the saliency of the issues committees deal with affects the politicization of the plenary debates.
    • Politicizations by ‘UK' European Commissioners During Exit Referenda: The Impact of Institutionalized Roles - Andy Smith p. 110-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En se fondant sur les théories constructivistes, cet article est centré sur la manière dont les commissaires européens sont intervenus dans l'espace public pour politiser des questions liées à l'intégration européenne en invoquant des valeurs et des principes ou, au contraire, en les dépolitisant par des discours exprimés en termes de " nécessité ", " efficience " ou " faisabilité technique ". Sur le plan empirique, les données sont mobilisées pour comparer la manière dont les commissaires britanniques ont prononcé des discours sur l'Union européenne "chez eux" dans les contextes des référendums d'adhésion. Cette étude montre que dans les débats qui ont précédé le vote Brexit, le dernier commissaire britannique a clairement beaucoup moins politisé l'UE que ses prédécesseurs lors de la campagne équivalente en 1975. Ce changement ne réside pas simplement dans des variables contextuelles telles qu'un changement de la politique de l'UE ou du parti britannique. Il découle également des profondes modifications du rôle institutionnalisé d'un commissaire depuis la chute du collège Santer en 1999.
      In keeping with constructivist theories of politics, this article is centred upon how European Commissioners have intervened publicly to either politicize issues related to European integration by invoking values and principles or, on the contrary, depoliticized them through discourse couched in terms of ‘necessity', ‘efficiency' or ‘technical feasibility'. Empirically, data is presented to compare how British commissioners have made speeches about the European Union ‘at home' during periods around referenda regarding adhesion. This study finds that in debates leading up to the Brexit vote, the UK's most recent commissioner clearly politicized the EU much less than his predecessors during the equivalent campaign in 1975. It argues, however, that explanation of this shift does not lie simply in contextual variables such as a changed EU or British Party Politics. It also stems from deep changes in the institutionalized role of a commissioner that have occurred since the fall of the Santer college in 1999.
  • Lecture croisée

  • Lectures critiques