Contenu du sommaire : Des parentalités bousculées

Revue Revue française des Affaires sociales Mir@bel
Numéro no 4, octobre-décembre 2019
Titre du numéro Des parentalités bousculées
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  • Avant-propos - Guillemette Buisson, Marie-Clémence Le Pape, Pauline Virot p. 5-24 accès réservé
  • Réajuster sa parentalité : comment les événements biographiques affectent-ils les trajectoires parentales ?

    • « En rabattre » à l'arrivée du deuxième enfant : enquête sur les normes et les pratiques éducatives de parents diplômés - Céline Clément, Christine Hamelin, Anne Paillet, Agnès Pélage, Olivia Samuel, Gabrielle Schütz p. 25-48 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'une enquête longitudinale qualitative, cet article porte sur la manière dont les normes et pratiques éducatives de parents diplômés de l'enseignement supérieur sont mises à l'épreuve avec la naissance de leur deuxième enfant. En se centrant plus particulièrement sur la norme de singularisation des enfants et sur celle de traitement égalitaire, nous montrons comment, concrètement, les parents accueillent leur cadet·te, lui réservent une place dans sa famille et sont conduits à « en rabattre » sur la réalisation pratique de leurs ambitions éducatives. Exigeante en termes d'implication parentale et de disponibilité, la mise en œuvre de ces normes repose fortement sur la mobilisation des mères, et contribue à renforcer l'inégale répartition du travail parental et domestique dans le couple à l'arrivée du deuxième enfant. À son tour, cette inégalité croissante rend plus difficile la concrétisation de ces normes éducatives.
      On the basis of a longitudinal survey, this article assesses the challenges posed to the educational norms and practices of parents with higher education by the birth of their second child. By focusing in particular on the norm of the singularisation of children and that of equal treatment, we show in concrete terms how parents welcome their second child, the place they give to the child in the family, and how they are led to set their sights lower in terms of the practical realisation of their objectives on education. Calling for considerable parental involvement and availability, the implementation of these norms hinges on the input of mothers and serves to reinforce the unequal division of parenting and domestic work on the arrival of a second child. This growing inequality makes it more difficult in turn to accomplish these educational norms.
    • Assurer les tâches parentales pendant un cancer : un moyen de rester maîtresse de son existence - Anaïs Mary p. 49-71 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Partant de l'hypothèse que la survenue d'un cancer va de pair avec un relâchement ménager et parental opéré par les femmes qui en sont touchées, en raison du caractère affaiblissant sur les plans physique et moral de ses traitements, il nous reviendra de montrer que celle-ci ne se vérifie que partiellement. Si elle est valide pour le ménager où celles qui ont été interrogées dans le cadre de notre travail de thèse ont toutes fait part d'un moindre investissement, nous ne pouvons pas en dire de même pour ce qui se rapporte aux aspects maternels. En effet, lorsqu'elles interrompent leur activité professionnelle, qu'elles habitent à proximité des lieux où elles sont soignées et que les effets secondaires des traitements sont limités dans leur nombre et dans leur intensité, le cancer va constituer une occasion pour un grand nombre de mères interrogées de surinvestir la sphère parentale. Déclarant « faire autant [voire] plus » et « faire mieux » auprès de leurs enfants, elles y voient des modalités de pouvoir sur soi qui leur permettent de garder la maîtrise de leur existence. Réaliser autant ou plus de tâches parentales sur un registre plus qualitatif constitue pour elles un marqueur de domination sur le cancer. Elles s'en saisissent à la fois comme signe de leur robustesse physique et intellectuelle face aux effets des traitements et comme moyen de contrer les caractères perturbateur et (potentiellement) funeste de cette maladie ; l'exercice des tâches parentales étant inchangé par rapport à ce qu'il était avant le cancer et étant mobilisé comme une preuve qu'elles se font à elles-mêmes et aux personnes qui les entourent qu'elles sont encore bien vivantes. Surtout, elles considèrent que l'exercice de ces tâches leur permet de demeurer les cheffes d'orchestre de la vie familiale ; ce même titre dont celles qui ont délégué les tâches parentales regrettent de ne pas pouvoir se réclamer.
      In this article, we show that women having contracted cancer ease off on their housework duties while investing more time and effort in their parental duties than they did before. This is enabled by parental leave, the proximity of their house to the hospital, and if the side effects of the treatment are not too strong. This increased investment is felt as a way of empowering themselves and being stronger than the illness. For the women concerned, it is above all an indicator of their physical and intellectual strength in the face of the effects of the treatment. It is also a way of overcoming the disruptive and (potentially) deadly nature of the illness. Indeed, it allows them to continue their life as it was before the cancer, and to show that they are still fully alive. Lastly, they think it is the best way for them to remain the head of their family, by keeping their “vital role” of accomplishing parental duties, setting educative rules and putting them into practice.
    • La paternité s'arrête-t-elle aux portes de la prison ? - Marine Quennehen p. 73-96 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La naissance du premier enfant est fréquemment identifiée comme un tournant biographique. Cependant, cet événement acquiert une charge biographique qui diffère selon la personne qui le définit et la place qu'elle lui accorde dans sa reconstitution biographique. Quant à l'arrivée en prison, elle constituerait une rupture dans les parcours de vie. Au regard du vécu des pères détenus, cette perception des événements semble moins univoque et plus complexe. En retraçant deux dimensions spatio-temporelles, l'histoire passée à l'extérieur à travers l'entrée dans la parentalité et le présent de l'incarcération, j'ai cherché à définir la trajectoire parentale d'un type de père en prison que j'ai nommé « marginale ». Plusieurs questions émergent : existe-t-il un tournant entre la situation précarcérale et le moment de l'incarcération ? L'incarcération peut-elle être envisagée comme un incident biographique pour les pères détenus ? Dès lors, les pratiques parentales de ces derniers s'en trouvent-elles bouleversées ? Mon développement s'appuiera sur des entretiens répétés menés auprès de trente et un détenus rencontrés dans deux maisons d'arrêt et deux centres de détention. Cet article rendra compte de trajectoires conjugales, parentales et sociales heurtées. L'entrée dans la paternité est peu préparée et survient alors qu'ils sont pleinement investis dans leur carrière délictueuse. Quant à l'incarcération, elle survient à la fois comme une fatalité et un rite de passage. La paternité semble alors secondaire et dépend surtout de la médiation de la mère.
      The birth of the first child is often seen as a biographical turning point. But the intensity of the event differs according to the person defining it and the place they attribute to it in their biographical construction. Imprisonment stands as a disruption in life histories. Seen from the eyes of inmate fathers, this perception of events appears less unequivocal and more complex. Focusing on two space-time dimensions – the past spent outside through the accession to parenthood and the present spent in prison – I have sought to identify the parental trajectory of a type of father in prison who I refer to as “marginal”. Several key questions emerge. Is there a turning point between the pre-imprisonment situation and the moment of imprisonment? Can imprisonment be seen as a biographical incident for imprisoned fathers? Are the parenting practices of the latter disrupted by incarceration? In response, my work is based on repeated interviews with 31 inmates in two prisons and two detention centres. The findings show disrupted conjugal, parental and social trajectories. The individuals in question prepare only minimally for parenthood and become parents at a time when they are deeply involved in criminal activity. When imprisoned – an event seen as both an inevitability and rite of passage – paternity becomes secondary and depends above all on the mediation of the mother.
    • Les changements d'organisation de la résidence des enfants après une séparation : des arrangements consentis au nom de l'intérêt de l'enfant ? - Marie-Clémence Le Pape, Pauline Virot p. 97-124 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'objectif de cet article, qui s'appuie sur une enquête qualitative menée auprès de soixante-dix parents séparés, est de mettre la focale sur les changements d'organisation des modalités de résidence des enfants après une séparation. Derrière une apparente stabilité juridique et statistique des modes de résidence se jouent des ajustements informels entre les ex-conjoints au gré des aléas du quotidien. Ils s'articulent autour de trois préalables tacites – l'anticipation, la réciprocité et une relation apaisée – mais dépendent aussi des conditions matérielles qui pèsent sur ces arrangements. L'analyse du passage d'un mode de résidence à un autre, moins fréquent, met au jour un gradient de situations allant d'une décision consensuelle des parents à un affrontement sur la résidence des enfants. L'analyse des justifications de ces changements d'organisation laisse, par ailleurs, entrevoir une rhétorique de la « bonne parentalité » dans le contexte des séparations. Le souci de « faire au mieux » pour l'enfant est la raison qui prédomine dans les discours. Cette norme altruiste de « l'intérêt de l'enfant » est mobilisée autant par les hommes que par les femmes. Elle renvoie à trois acceptions prédominantes : respecter le principe d'une coparentalité, privilégier l'unité de la fratrie et écouter son enfant. D'autres registres plus personnels s'y mêlent, de façon plus ou moins assumée, comme des raisons professionnelles, une remise en couple ou, plus rarement, la dénonciation du désinvestissement de l'autre parent.
      Drawing on a qualitative survey administered to 70 separated parents, this article focuses on organisational changes in the residential arrangements of children following a separation. Behind the apparent legal and statistical stability of residence modes lie informal adjustments between ex-partners informed by daily contingencies. The adjustments are based on three tacit prerequisites – anticipation, reciprocity and calmer relations – but also depend on material conditions that weigh on the arrangements. An analysis of the shift, less common, from one residential mode to another, reveals a gradation of situations ranging from a consensual decision by the parents to clashes over the residence of the children. An assessment of the justifications for these organisational changes points to a rhetoric of “good parenting” in the context of separations. The desire to “do one's best” for the child is the most predominant justification for the interviewees. This altruistic norm of doing things “in the interest” of the child is cited by men as often as it is by women and corresponds to three main acceptations: respecting the principle of coparenting, favouring the unity of siblings and listening to one's child. Other, more personal registers, assumed to a varying degree, also play a part, such as occupational reasons, the reforming of a couple and, more rarely, accusations of the disinvestment of the other parent.
    • Beau-parent avant de devenir parent : une parentalité « à l'essai » ? - Justine Vincent p. 125-146 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article entend analyser, à partir d'entretiens biographiques menés auprès de couples en famille recomposée et ayant eu un enfant ensemble, l'impact de l'expérience de la beau-parentalité pour des nullipares au début de la recomposition, dans la projection de leur propre « devenir parent ». Si la présence des enfants de leur conjoint·e les conduit à endosser des tâches parentales, celles-ci demeurent investies différemment selon les situations et restent sous la médiation des parents, faisant de la beau-parentalité une expérience « pratique » incomplète. Il n'en demeure pas moins qu'elle constitue l'occasion de rationaliser et expliciter les attentes, à l'échelle du couple, quant à l'enfant commun à venir : il s'agit parfois de réajuster la parentalité de l'autre. Les beaux-parents, et plus spécifiquement les belles-mères, manifestent ainsi un sentiment d'ambivalence à l'égard de l'expérience parentale antérieure de leur conjoint, que leur propre entrée en parentalité peut venir renforcer. L'incertitude et le caractère pointillé des rôles beaux-parentaux se confrontent avec le tournant biographique que constitue le passage au statut de primo parent, pour les femmes notamment.
      This article analyses, on the basis of biographical interviews with couples in blended families having had a child together, the impact of the experience of stepparenting for nulliparous individuals as they begin to found the new family and their projections concerning their future lives as parents. While the presence of the children of their partner leads them to take on parenting tasks, investment in the latter differs according to the situation and continues to be mediated by parents for whom step-parenting is an incomplete practical experience. It nevertheless stands as an opportunity for the couple to rationalise and explain their expectations as to the common child to come, the process sometimes involving a readjustment of the parenthood of the other. Step-parents, and step-mothers in particular, express a certain degree of ambivalence as to the former parental experience of their partner, which their own new role as a parent may reinforce. The uncertainty and fragmented nature of step-parenting roles are confronted by the biographical turning point constituted by the shift to the status of first-time parent, especially for women.
  • Se construire aux yeux des autres : comment les parents réagissent-ils face aux normes de « bonne parentalité » ?

    • Devenir parent en sortant de l'Aide sociale à l'enfance. L'enchaînement des étapes du passage à l'âge adulte - Claire Ganne, Pascale Dietrich-Ragon, Isabelle Frechon p. 147-168 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      À partir de l'enquête ELAP (Étude longitudinale sur l'accès à l'autonomie après le placement) et d'entretiens qualitatifs menés avec des jeunes adultes, cet article analyse les trajectoires menant à la parentalité chez les jeunes sortants de l'Aide sociale à l'enfance. Comment cette transition s'inscrit-elle dans l'enchaînement des étapes du passage à l'âge adulte ? L'analyse du discours des jeunes montre que l'insertion sur le marché du travail et la construction d'une famille peuvent être considérées comme deux normes d'intégration différemment accessibles et hiérarchisées. Certain·e·s considèrent que l'intégration professionnelle doit être première alors que d'autres construisent une famille rapidement, cette dernière étant parfois perçue comme un point de départ dans la vie adulte. Ces différentes trajectoires sont à relier aux histoires personnelles mais aussi aux propriétés sociales et démographiques des enquêté·e·s. Ainsi, les filles sont plus nombreuses à connaître des transitions précoces à la parentalité. Cela a des effets déterminants sur les parcours : les jeunes suivant des formations pour s'insérer rapidement professionnellement sont davantage épaulé·e·s par les institutions, alors que celles et ceux qui deviennent parents perdent plus vite cet appui. L'entrée précoce en parentalité peut alors constituer un facteur de précarité quand l'insertion professionnelle n'est pas réalisée et qu'aucune solution de logement autonome n'a été trouvée.
      Based on the ELAP survey (Longitudinal Study on Access to Autonomy after Placement) and qualitative interviews with young adults, this paper analyses the trajectories leading to parenthood among young people leaving care. It highlights how this transition fits into the order of transitional phases towards adulthood. An analysis of the discourse of the young adults shows that integrating the labour market and building a family can be considered as two integration norms with differing accessibility and hierarchy. Some of the interviewees consider that occupational integration must come first, while others build a family quickly, the latter being perceived as a starting point in adult life. These different trajectories stem from personal histories but also from social and demographic properties, with, for example, more girls experiencing transitions to parenthood before entering the job market. This has a decisive impact on life courses, as young people attending training to more rapidly enter the labour market receive greater support from institutions, while those who become parents lose this support more quickly. Parenthood may thus constitute a factor of precariousness for individuals having failed to join the job market and having failed to find an autonomous housing solution.
    • La maternité à l'épreuve de la cécité, expériences et pratiques - Marion Doé p. 169-189 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La parentalité, lorsqu'elle est associée au handicap, est très largement pensée sous l'angle des parents ayant un enfant déficient ou atteint de maladie grave. À l'inverse, les parents en situation de handicap constituent une population davantage invisibilisée, notamment en sociologie. Les personnes en situation de handicap sont majoritairement décrites comme des bénéficiaires de soins, d'accompagnements et donc, a priori, peu capables d'en prodiguer. Le parent est, selon la norme, un pourvoyeur de care et c'est précisément ce dernier point qui est à mettre à l'épreuve de la cécité, déficience à laquelle je circonscris mon travail. Il s'agit d'une recherche de l'intérieur car je partage avec ma population d'étude la condition de mère non-voyante.Dans un premier pôle d'analyse, il est question des maternités des femmes aveugles qui sont confrontées à une double épreuve : le blâme social, vécu ou ressenti, vient s'imbriquer avec la question du doute de soi, les deux renvoyant ces femmes à leurs incapacités présupposées. Cependant, le deuxième pôle met en lumière les pratiques de ces mères qui parviennent à reconfigurer leur statut de pourvoyeuse de soins. Supposées « incapables », elles parviennent à mettre en œuvre des pratiques attestant leurs réelles capacités d'agir. Ces pratiques sont toutefois la preuve d'une hyperadhésion aux normes de genre et de parentalité qui, par là même, sont exacerbées.
      When people think of disabilities in parenting, they think of parents with a child who is handicapped or suffering from a serious illness. But parents with disabilities are a much more invisible population, particularly in sociology. People with disabilities are mostly described as benefitting from care and support, and, as such, considered in theory as generally incapable of providing care. According to established norms, parents are care givers, and this latter point is challenged by blindness, the deficiency on which my work focuses. My research comes from the interior, as I share with my study population the condition of unsighted mother.My analysis initially addresses the issue of blind women confronted by a dual challenge, whereby social blame, either experienced or felt, intertwines with selfdoubt, both of which relegate these women to their presupposed incapacities. However, the analysis then shed lights on the practices of these mothers, who are able to reconfigure their status as care givers. Presumed to be “incapable”, they succeed in implementing practices that demonstrate their real ability to take action. Yet these practices are proof of an excessive adherence to gender and parenting norms, which as a result are exacerbated.
    • La mise à l'épreuve des trajectoires et normes parentales : le cas des enfants sans vie - Philippe Charrier, Gaëlle Clavandier p. 191-213 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'évolution de la prise en charge des décès périnataux en milieu hospitalier depuis les années 1990 a eu pour effet de redéfinir les dispositifs d'accompagnement à l'égard des parturientes confrontées à une fausse couche tardive, une IMG ou une mort fœtale à partir de 15 SA. Ces femmes ont en commun d'avoir accouché, de pouvoir déclarer un « enfant sans vie » à l'état civil, le prénommer et organiser ses obsèques. Ces dispositifs médicaux et administratifs sont fréquemment présentés comme des supports au deuil périnatal. Or, il s'avère qu'ils génèrent de nouvelles normes pouvant amener la femme qui accouche et son éventuel partenaire à se présenter comme « parent » d'un « enfant décédé ». Cet article, fondé sur une étude par entretiens, montre qu'outre la nécessité de se positionner face à une série de choix qui préexistent à la situation en question, une partie de ces femmes s'inscrivent dans une démarche parentale. Dès lors, ce n'est plus simplement en termes de deuil que s'élaborent ces trajectoires, mais en termes d'entrée en parentalité. L'étude de la manière de se nommer et de nommer le fœtus (né vivant mais non viable) ou le mort-né est significative des déplacements actuels, d'où des ajustements et incompréhensions, notamment quand il s'agit d'intégrer cet « enfant » à la famille élargie.
      Changes in care for perinatal deaths at hospitals since the 1990s have led to a redefinition of support systems for parturient women having had a late-stage miscarriage, a therapeutic abortion or a foetal death after 15 weeks of amenorrhea. In all these cases, the women give birth, are required to declare a “lifeless child” in the civil register, give the child a name, and organise its funeral. These medical and administrative procedures are often presented as providing support for perinatal bereavement. But in reality, they generate new norms that may lead the woman giving birth and her partner to refer to themselves as “parents” of a “deceased child”. Drawing on an interview-based study, this article shows that in addition to the need to adopt a stance on a series of choices pre-existing the situation in question, a part of these women initiate an approach of parenting, building their trajectories not simply in terms of bereavement but in terms of entering into parenthood. The study of the way in which individuals name themselves and name the foetus (born alive but not viable) or the still-born child is revelatory of current displacements, resulting in adjustments and incomprehension, particularly when integrating the “child” into the extended family.
    • À qui la faute ? Les parents face aux manquements scolaires de leur enfant - Zoé Yadan p. 215-235 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le présent article se propose d'appréhender une partie de l'expérience vécue par les parents de Seine-Saint-Denis ou de certains quartiers socialement défavorisés de Paris et convoqués en conseil de discipline, du fait d'un manquement grave au règlement scolaire commis par leur enfant au collège. Il s'agira de dresser une typologie des différentes attributions de la responsabilité de l'acte perpétré par l'enfant. Si une partie des parents attribuent la responsabilité à l'enfant, ou d'autres estiment que la faute revient à l'institution scolaire et ses acteurs, la majorité des parents considèrent qu'ils sont responsables de la situation dans la mesure où celle-ci serait le résultat d'un défaut éducatif dont ils se sentent coupables. Nous montrerons les conséquences de ces attributions différentielles sur les relations avec l'institution scolaire, avec l'enfant ou encore sur l'image de soi du parent.
      This paper explores the experience of parents in the Seine-Saint-Denis department and a number of socially disadvantaged districts in Paris having been convened to disciplinary meetings owing to a serious breach of school regulations on the part of their middle-school child. The idea is to establish a typology of the various attributions of responsibility of the act perpetrated by the child. While some of the parents say the child is responsible and others think it is the fault of the school and the people running it, most of the parents consider themselves as responsible for the situation, seeing the latter as the result of an educational lack for which they feel guilty. We show the consequences of these different attributions on the relationship with the school, with the child, and on the self-image of the parents.
    • La politique de soutien à la parentalité au prisme de ceux qui la mettent en œuvre - Pierre Mazet p. 237-245 accès réservé
    • Le dossier de la RFAS sur les parentalités bousculées : entre assignation aux rôles traditionnels et reconfiguration des rapports sociaux - Gérard Neyrand p. 247-253 accès réservé
    • Qui a peur de la parentalité ? - Jean-Sébastien Eideliman p. 255-262 accès réservé
    • Appel à contribution pluridisciplinaire sur : « Les trajectoires de parentalité ». Pour le numéro d'octobre-décembre 2019 : Le dossier sera coordonné par Guillemette Buisson, Marie-Clémence Le Pape et Pauline Virot - p. 263-274 accès réservé
  • Note de lecture critique