Contenu du sommaire : Jeunes chercheurs

Revue Etudes anglaises Mir@bel
Numéro Vol. 72, no 3, juillet-septembre 2019
Titre du numéro Jeunes chercheurs
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  • Éditorial - Isabelle Gadoin, Laurent Folliot, Vanessa Guignery, Thomas Constantinesco p. 259 accès réservé
  • Articles

    • Structures comiques et double discours politique à la Restauration : l'exemple de The Surprisal de Robert Howard - Clara Manco p. 260-273 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      The Surprisal de Robert Howard est une comédie qui semble s'inscrire dans la tradition des pièces anti-puritaines de la Restauration. En effet, un certain nombre de facteurs structurels, ainsi que la réactivation ad hoc de stéréotypes antérieurs, semblent faire de la pièce un véritable manifeste royaliste, proche par exemple de The Committee du même auteur. Mais une lecture détaillée de ces pièces révèle que ce discours ostensible est travaillé de l'intérieur par des tensions discrètes mais significatives. La complexité de l'interprétation qui en émerge pourrait être le triple reflet de la diversité sociale et politique des publics du théâtre, de la difficulté à adhérer à un discours royaliste affaibli par les manquements du monarque réel, ainsi que de la nécessité, même pour un homme de cour tel que Howard, de ménager à la fois une loyauté politique manifeste et des possibilités de subversion.
      Robert Howard's The Surprisal is a comedy that seems to belong to the Restoration tradition of anti-Puritan plays. A certain number of structural factors as well as an ad hoc reactivation of prior stereotypes indeed seem to make the play something of a Royalist manifesto, similar to The Committee, by the same author. But a more in-depth reading shows that inconspicuous yet revealing ambiguities undermine this surface discourse. A new, more complex interpretation then emerges, possibly resulting from the social and political diversity of the theatre's audience, from the difficulty to adhere uncritically to the royalist discourse given the real monarch's shortcomings, and from the necessity, even for a courtier such as Howard, of preserving both a manifest political loyalty and a space for subversion.
    • “Exchanging gin for gardening”: The Treatment of Female Inebriates in Duxhurst Farm Colony, 1895-1914 - Alice Bonzom p. 274-290 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse à la question de l'alcoolisme féminin en Grande Bretagne de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle. Il analyse en particulier l'anxiété à laquelle le phénomène donne naissance et la batterie législative qui en découle. La colonie agricole pour « buveuses invétérées » de Duxhurst, fondée par la philanthrope et socialiste chrétienne Lady Isabella Somerset en 1895, révèle le poids du genre dans le traitement de l'alcoolisme. La colonie cristallise des tensions entre une approche traditionnelle moralisatrice de l'alcoolisme et un modèle médical naissant. Si elle offre une vision utopique, novatrice et bienveillante des buveuses, elle s'inscrit aussi dans une tentative normative de re-féminisation des déviantes alcooliques. Cet article tentera de mettre en lumière les méthodes pionnières de Duxhurst et les louanges et critiques dont elle fit l'objet, afin d'évaluer le caractère révolutionnaire du projet.
      This article investigates the fears raised by female alcoholism and the legislation it led to in the late Victorian and Edwardian periods. It explores the interplay between gender and inebriety by focusing on Duxhurst, a farm colony for female inebriates founded in 1895 by Lady Isabella Somerset, a wealthy philanthropist, Temperance advocate and Christian socialist. The history of the colony reveals tensions between a traditional approach to excessive drinking and a more novel, medical angle. The cottages where inebriates lived were synonymous both with a socially-inclined utopian scheme and a rather conservative, normative attitude to womanhood and deviant femininity. This article will endeavour to address the pioneering methods employed at the colony as well as the praise and criticism it received, in order to determine how far the Duxhurst experiment represented a radical break with previous practice.
    • The Metaphysical Detective Fiction of G.K. Chesterton: “This is not a story of crime” - Charlotte Arnautou p. 291-308 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cette étude se propose d'examiner la place de la série Father Brown de G. K. Chesterton dans l'histoire du récit de détection métaphysique, un genre étroitement associé à la littérature expérimentale de la seconde moitié du XXe siècle, dite postmoderne. L'expression « récit de détection métaphysique » naît en 1941 sous la plume du critique américain Howard Haycraft pour qualifier les singulières aventures policières du Père Brown. Trente ans plus tard, Michael Holquist la reprend et l'érige au rang de genre littéraire, pratiqué entre autres par Borges, Nabokov et Robbe-Grillet. Il l'associe donc à un traitement typiquement postmoderne du récit de détection, sans toutefois reconnaître à Chesterton la paternité du genre, ni donner de justification à l'emploi du terme « métaphysique ». Or ce double flottement se retrouve dans la plupart des études plus récentes du récit de détection métaphysique, qui ignorent précisément, entre les aventures de Father Bown et la fiction de détection métaphysique contemporaine, le rôle de passeur de Borges. On se propose donc de replacer Chesterton dans l'histoire du genre policier métaphysique, en examinant l'influence fondatrice de la série Father Brown sur la fiction de Jorge Luis Borges et en précisant la « métaphysique » à l'œuvre dans la série Father Brown.
      This article proposes to confront the tenets of metaphysical detective fiction, a sub-genre of experimental fiction associated with Postmodernism, with Chesterton's Father Brown series, with which the genre of metaphysical detective fiction was first identified. The expression was originally coined by the American critic Howard Haycraft to single out Chesterton's unusual detective stories, but since Michael Holquist's founding article “Whodunit and Other Questions: Meta-physical Detective Stories in Post-War Fiction,” it has come to describe the postmodernist take on detective fiction, in the works of authors like Jorge Luis Borges, Vladimir Nabokov or Alain Robbe-Grillet. However, Holquist does not acknowledge Chesterton's defining role in the birth of the genre and falls short of a precise definition for its “metaphysical” quality. Such “dual” discomfort is equally palpable in most studies of the genre. Significantly, they have ignored Borges's role as a mediator between Chesterton and contemporary metaphysical detective fiction. Through a survey of the “Father-Brownian” intertextuality in some of Borges's Fictions, this paper aims to examine the “metaphysical” quality of Father Brown stories, in order to account for the recurring critical unease in defining Chesterton's role as an innovator of the genre.
    • “The School Will Not Forget”: Remembering the First and Second World Wars in British Public Schools (1918-2018) - Clémence Pillot p. 309-323 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article porte sur la mémoire de la première et de la seconde guerre mondiale dans les public schools britanniques où le taux de mortalité des anciens élèves fut respectivement de 18 % — comparé à 11 % à l'échelle nationale — et 13,4 % lors du premier et deuxième conflit mondial. Il suggère qu'en lien notamment avec la Grande Guerre, les commémorations ont été l'occasion pour les écoles de produire de nouveaux discours sur les notions de service et d'engagement. L'article met en lumière les processus institutionnels de mémoire observables dans les public schools qui prirent elles-mêmes soin de conserver le souvenir de leurs très nombreux anciens élèves morts au combat. L'article étudie également la façon dont s'infléchit le discours des écoles sur le conflit armé au cours du vingtième siècle, s'éloignant progressivement des idéaux de masculinité chrétienne et de préparation militaire. Il revient enfin sur les commémorations de la Grande Guerre et les projets liés aux centenaire, recourant aux nouvelles technologies afin d'associer un public plus large, et s'appuyant sur des références variées allant du poème « Le Soldat » de Rupert Brooke au film Ah Dieu ! que la guerre est jolie de Richard Attenborough pour produire un discours contemporain nuancé sur la guerre.
      This paper discusses the memory of the First and Second World Wars in British public schools where officer fatality rates reached 18%—as opposed to 11% nationally—and 13.4% in the first and second conflicts respectively. It suggests that, partly as a result of the Great War, commemorations were an occasion for public schools to articulate new discourse on service and fighting. The paper sheds light on the corporate forms of remembrance chosen by public schools seeing to it that the memory of servicemen killed in action was kept by the institutions they had just attended. It also considers the way public schools' discourse on war was sometimes reassessed and nuanced in the twentieth century, progressively moving away from traditional ideals of Muscular Christianity and military preparedness. It finally focuses on contemporary commemorations of the Great War as public schools engaged with their own centenary projects, resorting to digital formats accessible to the general public and offering balanced overviews of the war with references ranging from Rupert Brooke's “The Soldier” to Richard Attenborough's Oh! What a Lovely War.
    • Conscience intermédiaire et transferts culturels entre Asie et Occident chez Henry James et Natsume Sôseki - Isabelle de Vendeuvre p. 324-340 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article vise à mettre en lumière le fonctionnement de la conscience intermédiaire comme lieu du dessillement dans les romans de Henry James et de Natsume Sôseki. Le thème du seuil, à la fois frontière et passage, structure un ensemble de rites autour de la sociabilité, du mariage et de la mort — mais aussi du passage de l'ignorance à la prise de conscience — marqués par des échanges culturels entre Asie et Occident. Tandis que le Japon de Henry James, à la fois fascinant et inquiétant, est empreint des sentiments qui gagnent l'Occident suite à l'ouverture du Japon au milieu du xixe siècle et à la vague de japonisme qui suivit, l'Occident de Sôseki, qui séjourna deux ans en Angleterre avec une bourse du gouvernement dans le cadre de l'ère Meiji, se construit dans un dialogue avec la pensée de William James sur la conscience.
      This article examines the inner workings of intermediary consciousness as a locus of insight in the novels of Henry James and Natsume Sôseki. Both authors use motifs of liminality to fashion and explore rituals of social intercourse, marriage, and dying—not to mention the passage from ignorance to insight. In both, we find traces of a cultural exchange between East and West. James's Japan (as portrayed, for example, in The Portrait of a Lady) is at once fascinating and disturbing, charged with sentiments that gained a foothold in the West when, halfway through the nineteenth century, Japan opened up and things Japanese became fashionable. By contrast, the image of the West present in Sôseki's work owes much to William James's notions of consciousness, which Sôseki pursued during a two-year stay in England, on a government grant, during the Meiji era.
    • The Downfall of “World-Cities” in Oswald Spengler and D.H. Lawrence - Fiona Fleming p. 341-353 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'ouvrage majeur de Spengler, Le Déclin de l'Occident (1918), contribua largement à l'essor de théories politiques et philosophiques qui considéraient comme un fait inévitable la « dégénérescence » des sociétés européennes. La critique a souvent noté que la fiction et les essais de D. H. Lawrence se font le miroir d'un sentiment commun à toute l'Europe occidentale au début du vingtième siècle, nourri par la théorie de Spengler. Une nouvelle lecture approfondie des écrits de Spengler et de Lawrence révèle une nette ressemblance dans leur conception des espaces urbains et ruraux, du développement de ceux-ci et du lien spirituel qu'entretient l'homme avec eux, ainsi que dans leur conviction d'un renouveau possible dans l'espace rural, et du rétablissement d'une relation spirituelle avec la terre.
      Spengler's landmark work The Decline of the West (1918) greatly contributed to the expansion of political and philosophical theories which regarded the “degeneration” of European societies as an inescapable fact. It has often been observed that D.H. Lawrence's fiction and non-fiction reflect a common feeling throughout Western Europe in the early twentieth century which was fed by Spengler's theory. A new, close reading of both Spengler's and Lawrence's writings reveals just how similar their ideas were: from the conceptions of urban and rural spaces, their development and man's spiritual connection with them, to the belief in a new beginning in rural areas, and the reinstatement of a spiritual connection with the land.
    • Hugh MacDiarmid : la poésie du « révolté métaphysique » - Béatrice Duchateau p. 354-368 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le poète moderniste Hugh MacDiarmid est connu principalement pour ses poèmes expérimentaux en scots et pour son engagement politique au milieu du xxe siècle. Son œuvre et sa pensée ne sont pas souvent reliées à la question du religieux ou du divin. Athée déclaré, le poète écossais ne faisait pourtant que parler de Dieu dans ses poèmes. Ces derniers, tiraillés entre regrets et colère face à la mort de Dieu, et encore empreints d'une métaphysique judéo-chrétienne, matérialisent le nihilisme incomplet théorisé par Nietzsche dans le Gai Savoir (1882). Cet article se propose d'aborder l'œuvre dans sa confrontation directe avec le divin et avec les concepts qui lui sont généralement associés. Cette confrontation, souvent de nature lexicale, prend également la forme de poèmes-catalogues qui aspirent à l'immanence d'un infini déthéologisé, mettent à mal la perfection divine, et révèlent qu'une forme poétique peut s'inventer comme le lieu même d'une révolte métaphysique.
      The work of the modernist poet Hugh Mac
      Diarmid, famous for his Scots poems and his political commitment of the mid-20th century, is rarely ever considered in relation to the religious or the divine. Although a declared atheist, the Scottish poet nonetheless kept talking about God in his poems, lamenting God's death in verse combining regret and anger. His poems, still heavily suffused with Judaeo-Christian metaphysics, voice the type of incomplete nihilism theorised by Nietzsche in The Gay Science (1882). This article explores the ways MacDiarmid's poetry directly confronts the divine and the concepts usually associated with it. This confrontation may be expressed in lexical forms, or take the shape of poetic catalogues which seek to render the immanence of a detheologised infinite, to challenge godly perfection, and to reveal that poetic form can become the very place for metaphysical rebellion to materialise.
  • Comptes rendus