Contenu du sommaire : Le défi de la transition écologique

Revue Futuribles Mir@bel
Numéro no 435, mars-avril 2020
Titre du numéro Le défi de la transition écologique
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • « Notre maison brûle » - Hugues de Jouvenel p. 3-4 accès libre
  • La transition écologique en France : un défi sans précédent - Sébastien Timsit, Alain Grandjean p. 5-23 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Ce numéro 435 de la revue Futuribles ouvre une série appelée à courir sur plusieurs mois, consacrée aux enjeux énergétiques et au changement climatique. Dans le cadre de cette nouvelle série, Sébastien Timsit et Alain Grandjean présentent ici le vaste défi que constituent la transition écologique et sa mise en œuvre en France. Après avoir rappelé l'ampleur de ce défi à l'échelle mondiale, européenne et française, ils rappellent la situation actuelle en matière d'émissions de CO2 et les baisses drastiques qu'il faudrait opérer pour espérer limiter le réchauffement climatique en dessous des 2 °C à l'horizon 2100 (comparé au niveau préindustriel).La France s'est fixé une feuille de route très ambitieuse en la matière, visant la neutralité carbone à l'horizon 2050. Pour tenir cet objectif, il est urgent selon nos auteurs d'engager de grandes évolutions sectorielles dans le pays — exploitations forestières, bâtiment, transports, énergie… Ils en précisent les grandes lignes avant de montrer comment la décarbonation de l'économie française pourrait être mise en œuvre en limitant au maximum les dégâts collatéraux sur le plan de l'emploi et des équilibres sociaux. Ils montrent ainsi combien la finance et l'orientation de l'investissement sont déterminantes, de même que la fiscalité carbone, indispensable mais qui nécessite un réel effort de mise en œuvre et de pédagogie pour qu'elle ne soit pas vécue comme une injustice sociale. Ils pointent enfin les secteurs qui seront particulièrement affectés par la transition écologique en France, et ceux sur lesquels celle-ci doit miser, qui pourraient contrebalancer les effets (notamment en termes d'emploi) de ce vaste chantier, sans précédent et dont la mise en œuvre est désormais urgente. S.D.
    This issue of Futuribles — number 435 — opens up a new series on energy issues and climate change that is set to run over several months. As part of this series, Sébastien Timsit and Alain Grandjean outline the enormous challenge represented by ecological transition and its implementation in France. After telling us how extensive that challenge is at the global, European and French levels, they remind us of the current situation regarding CO2 emissions and the drastic falls we would have to see to have any hope of keeping global warming below 2°C (as compared with pre-industrial temperatures) in the years to 2100.France has adopted a very ambitious roadmap in this area, aiming to achieve carbon neutrality by 2050. To keep to that objective, it is urgent, Timsit and Grandjean argue, for major sectoral developments to take place in the country — in forestry, construction, transport, energy etc. They sketch out the broad outlines of these, then go on to show how the de-carbonization of the French economy could be achieved without inflicting too much collateral damage on employment and social equilibria. They show, for example, how crucial finance and the direction of investment will be, together with a carbon tax, which is essential but requires a real implementation as well as a campaign of public education if it is not to appear socially unjust. Lastly, they indicate the sectors that will be particularly impacted by ecological transition in France, and those that have to be relied upon to counterbalance the effects (particularly in terms of employment) of this enormous, unprecedented undertaking which urgently needs to be got underway.
  • Transition énergétique : la crise inexorable du carbone - Jean-Marc Jancovici p. 25-33 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'interview que nous reprenons ici, de Jean-Marc Jancovici, s'inscrit parfaitement dans le cadre de notre nouvelle série consacrée aux enjeux énergétiques et au changement climatique. Elle témoigne en effet de l'urgence de la transition énergétique et, surtout, de la nécessité de faire le deuil, au plus vite, du carbone, dans nos modes de production, de vie… Face au caractère désormais inéluctable du réchauffement climatique et de ses multiples conséquences, Jean-Marc Jancovici invite à accepter le plus vite possible de renoncer aux énergies carbonées, à travailler dès aujourd'hui à l'adaptation au changement climatique (et non plus seulement à la lutte contre ce phénomène). Enfin, il montre que face à de tels défis de civilisation, la France n'est pas démunie, mais qu'il importe que son action s'inscrive dans une politique claire et pédagogique pour convaincre et associer tous les citoyens à un projet commun de transition énergétique. S.D.
    The interview we publish here, with Jean-Marc Jancovici, slots neatly into our new series on energy issues and climate change, attesting as it does to the urgent need for energy transition and, above all, to the need to bid a timely farewell to carbon in our ways of producing and living. As the now inescapable character of climate change and its multiple consequences stares us in the face, Jean-Marc Jancovici invites us to agree, as quickly as possible, to give up carbon-based energy sources and to start today to make efforts to adapt to climate change (and not just to combat it). Lastly, he shows that, in the face of such civilizational challenges, France is not without resources, but its actions have to form part of a clear, educative policy to convince all the citizenry and bring them together in a common energy transition programme.
  • L'opinion publique sur le climat en France - Solange Martin p. 35-55 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'année 2019 a été marquée, en France comme dans d'autres pays, par la mobilisation régulière d'une partie de la population pour attirer l'attention des décideurs et des citoyens sur l'urgence climatique. Des « marches pour le climat » ont rassemblé des milliers de personnes à plusieurs reprises dans les grandes villes ; les jeunes (lycéens et étudiants) ont initié des grèves et manifestations pour signifier leur inquiétude à l'égard du réchauffement climatique. Ces mobilisations constituent un indice intéressant en termes de prise de conscience des enjeux et de demande de réponses concrètes de la part d'une partie de l'opinion.Néanmoins, cette mobilisation est-elle significative ? Comment l'opinion publique française dans son ensemble se positionne-t-elle sur les questions climatiques ? Est-elle prête à agir concrètement pour participer à la lutte contre le réchauffement ? Cet article de Solange Martin, publié dans le cadre de notre nouvelle série sur les enjeux énergétiques et climatiques, présente l'évolution de l'opinion publique française en la matière, qui se caractérise notamment par une polarisation marquée et par un risque accru de tensions sociales. Il témoigne de la distance qui reste à parcourir pour que la transition écologique prenne corps en France, dans l'opinion et dans les actes du quotidien. S.D.
    As in other countries, 2019 was notable in France for the regular mobilization of a section of the population to call the climate emergency to the attention of decision-makers and citizens. ‘Climate Marches' repeatedly brought thousands of people on to the streets in French cities; young people (school and university students) initiated strikes and demonstrations to show their concern over global warming. These mobilizations are an interesting indication of the awareness of the issues and the demand for concrete action among a section of public opinion.Yet is this mobilization significant? What is the overall position of the French public on climate issues? Are they ready to act concretely in the struggle against global warming? This article by Solange Martin — part of our new series on energy issues and climate change — shows how French public opinion is moving on these questions, with a distinct polarization on the issue and an increased risk of social tensions. It shows how far there still is to go before the ecological transition takes on any substance in France, both in public opinion and daily life.
  • Repères

    • La consommation des Français (1960-2040) - p. 56-60 accès réservé
    • Les acteurs de l'environnement : Qui peut faire avancer la cause environnementale en France ? - Daniel Boy p. 61-76 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Avec ce numéro 435 de la revue Futuribles, s'ouvre une nouvelle série, consacrée aux enjeux énergétiques et au changement climatique. Vaste sujet dont on a mesuré, lors de la démission du ministre français de la Transition écologique Nicolas Hulot, fin août 2018, le caractère ô combien systémique : en effet, ce dernier déplorait l'insuffisance d'un plus grand soutien, politique et populaire, pour pouvoir réellement peser sur la politique du gouvernement et promouvoir un projet ambitieux de transition écologique, en rapport avec les défis du changement climatique. De fait, dans ce premier volet, nous nous intéressons à la question des acteurs impliqués dans les questions environnementales : qui sont-ils, que pèsent-ils, quelles sont leurs motivations réelles en la matière ?Daniel Boy, spécialiste de l'opinion publique et de l'écologie politique en France, propose ici un panorama des acteurs de l'environnement, partant du supranational jusqu'à l'échelon local et au citoyen français, en passant par les instances publiques nationales, élues ou consultatives. Il montre ainsi quel est leur positionnement sur les questions écologiques, comment il a évolué et, par-là, comment il pourrait les placer en situation d'agir (ou non) en ce domaine. S.D.
      With this issue 435 of Futuribles, we begin a new series of articles on energy questions and climate change — an enormous subject, the systemic character of which became clear to us when the French Minister of Ecological Transition Nicolas Hulot resigned in late August 2018. Hulot deplored the lack of greater — political and popular — support to enable real influence to be exerted on government policy and an ambitious project of ecological transition to be promoted in the face of the challenges posed by climate change. In this first instalment, we concern ourselves with the question of the actors involved in environmental questions: who are they, what weight do they have, and what are their actual motivations ? Daniel Boy, a specialist in public opinion and political ecology in France, offers a broad conspectus of environmental actors, from the supranational to the local level and ordinary French citizens, taking in national public bodies, elected or consultative, on the way. He shows, for example, what their positions are on ecological questions, how that has evolved, and how it might put them in a position to act (or not) in this area.
    • En finir avec le mécénat ? - François Debiesse p. 77-92 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Ouverte à l'automne 2018 (n° 426), la série consacrée au rôle des entreprises dans la fabrique du bien commun a proposé au lecteur de Futuribles, au fil des derniers numéros, divers articles témoignant de la façon dont les entreprises et les organisations participent aujourd'hui à l'intérêt général. Cet article de François Debiesse s'inscrit pleinement dans cette série en proposant un coup de projecteur sur un des premiers pans par lesquels les entreprises ont commencé à contribuer au bien commun : le mécénat.Rappelant en quoi consiste le mécénat, comment il a été encouragé ces 20 dernières années et la façon dont il est pratiqué par les entreprises, François Debiesse souligne les principaux domaines ciblés par les entreprises mécènes et leurs motivations. Il dessine les tendances de fond à l'œuvre depuis quelques années (notamment un ancrage territorial plus marqué, un mécénat plus collectif et la préoccupation d'impact social des actions financées). Surtout, alors que les incitations au mécénat tendent, depuis quelque temps, à être remises en cause, il invite les pouvoirs publics à ne pas régresser en la matière et à soutenir cette voie par laquelle beaucoup d'entreprises œuvrent pour le bien commun, en renforçant le dialogue et l'éthique qui entourent les pratiques de mécénat. S.D.
      Our series on the part to be played by companies in producing the common good, which began in Autumn 2018 (issue 426), has in recent months provided Futuribles readers with various articles on the way companies and organizations are contributing to the general interest today. This article by François Debiesse fits seamlessly into that series, casting light as it does on one of the first areas in which companies began to contribute to the general good: corporate philanthropy. Reminding us how this kind of philanthropy works, how it has been encouraged over the last 20 years and the way it is practiced by companies, François Debiesse points to the main fields targeted by companies involved, and their motivations. He sketches out the underlying trends at work for some years now (particularly greater local rootedness, a more collective style of philanthropy and concern for the social impact of the activities financed). Most importantly, at a time when incentives for corporate philanthropy have been coming under critical scrutiny, he calls on public authorities not to backslide and to keep open this path along which many companies work for the common good by strengthening the dialogue around— and the ethics of — corporate philanthropy practices.
  • Tribune

    • La violence augmente-t-elle dans le monde ? - Marc-Antoine Pérouse de Montclos p. 93-103 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La question des indicateurs est une préoccupation de longue date pour Futuribles, car suivant la qualité des indicateurs et des données sur lesquels on s'appuie, la robustesse de l'analyse que l'on fait d'un phénomène social, d'une tendance, etc., peut varier sensiblement. On l'a souligné à plusieurs reprises en matière d'emploi par exemple, s'agissant du recours au taux de chômage versus le taux d'emploi. Dans cette tribune, la question des indicateurs est posée s'agissant de la mesure de la violence dans le monde.Marc-Antoine Pérouse de Montclos montre ici que, contrairement à une image régulièrement véhiculée par les médias et relevant des grandes organisations internationales, la violence n'est pas forcément en hausse sur longue période. Tout dépend, ici aussi, de ce qu'incluent les indicateurs utilisés : victimes civiles et / ou militaires des conflits, directes et / ou indirectes, rapportées au nombre de pays (mais celui-ci a évolué au fil du temps), à une population elle-même en hausse, définition de la notion de conflit armé et des protagonistes concernés, etc. Cette tribune permet ainsi de relativiser l'idée selon laquelle la violence augmenterait sur longue période dans le monde, de souligner la complexité de la mesure des phénomènes violents à l'échelle internationale et, dans ce contexte, la difficulté des recherches en matière de conflictualité et de criminalité internationales. S.D.
      The question of indicators has been a longstanding concern for Futuribles, since the robustness of an analysis of a social phenomenon or trend can vary appreciably depending on the data and indicators employed. This has frequently been highlighted with regard to employment figures, for example, the question being whether the rate of unemployment or of employment is the more informative. In this column, the indicators issue arises with regard to the measurement of violence across the world.Marc-Antoine Pérouse de Montclos demonstrates here that, contrary to an image frequently conveyed by the media and originating in the major international organizations, violence hasn't necessarily been rising over the long term. Once again, it all depends on what the indicators include: the civil and/or military victims of conflict, direct and/or indirect casualies, related to the number of countries (though this has changed over time), to a population that is itself rising, the definition of the notion of armed conflict and protagonists concerned, etc. This column enables us to revise downward the idea that violence was increasing in the world over the long term, to stress the complexity of the measurement of violent phenomena on an international scale and, in that context, the difficulty of research on international conflict and criminality.
  • Chronique européenne

    • La Conférence sur l'avenir de l'Europe - Jean-François Drevet p. 105-113 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Fin 2019, année du renouvellement de la composition des principales institutions européennes, a été acté le principe de la tenue d'une Conférence sur l'avenir de l'Europe, qui devrait commencer en 2020 et durer deux ans. Cette conférence — qui doit être organisée par le Parlement, le Conseil et la Commission européenne — fait partie des principaux engagements pris par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et vise à renforcer le processus démocratique européen puisqu'elle est censée impliquer un échantillon représentatif de la société et donner ainsi aux citoyens européens la possibilité de contribuer à la réforme de l'Union européenne. Que peut-on en attendre ? Sur quels sujets majeurs les discussions devraient-elles porter ? Comment les pays membres peuvent-ils faire évoluer le fonctionnement de l'Union post-Brexit ? Jean-François Drevet défriche ici les chantiers sur lesquels la Conférence sur l'avenir de l'Europe pourrait travailler dans les deux ans qui viennent. S.D.
      In late 2019, a year when the composition of the main European institutions was undergoing renewal, agreement was reached to set up a conference on the future of Europe, to begin in 2020 and run for two years. That conference, to be organized by the Parliament, Council and European Commission, is among the main commitments made by the President of the Commission Ursula von der Leyen and aims to strengthen the European democratic process, as it is meant to involve a representative sample of society and thus give European citizens an opportunity to contribute to reforming the European Union. What outcome can we hope to see? What major subjects should be discussed? How can the member states develop the EU's operation after Brexit? Jean-François Drevet takes a first look here at the areas of work that might be addressed over the next two years by the Conference on the Future of Europe.
  • Actualités prospectives

  • Lu, vu, entendu