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Revue géographie, économie, société Mir@bel
Numéro Vol. 21, no 4, octobre-décembre 2019
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les collectivités locales comme acteurs intermédiaires de la territorialisation de la transition énergétique : l'exemple de la méthanisation - Sébastien Bourdin, Fabien Nadou, François Raulin p. 273-293 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Alors que les politiques publiques appellent à un développement de la méthanisation sur les territoires, les projets de dimension industrielle peinent à voir le jour. Plusieurs arguments sont souvent soulevés tels que la complexité dans les procédures administratives ou encore la question de l'acceptabilité sociale et des conflits d'usage. Dans ce cadre, les collectivités territoriales (notamment les communes et établissements publics de coopération intercommunale) doivent mettre tout en œuvre pour favoriser les différents types de proximités entre acteurs (géographique et organisée). À partir d'entretiens semi-directifs réalisés auprès des parties prenantes de la méthanisation, nous avons dégagé les principales fonctions d'intermédiation que pouvaient jouer les collectivités pour favoriser le déploiement des projets et leur adhésion et leur ancrage local.
    While public policies call for the development of biogas plants on territories, industrial projects are struggling to be built. Besides the complexity of administrative procedures, the issue of social acceptability and associated conflicts of land use is often discussed. In this context, local authorities (especially municipalities and public institutions of inter-municipal cooperation) must make every effort to promote different types of proximies between stakeholders (geographical and organized). Based on semi-structured interviews with biogas plant project's stakeholders, we identified the main intermediation functions that local territories could play to promote the deployment of projects and their local anchoring.cities.
  • Quand les citoyens définissent eux-mêmes les priorités de santé. Une analyse lexicométrique appliquée à la Région Centre-Val de Loire - Jean-Paul Domin, Maxime Thorigny p. 295-316 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Ce travail s'intéresse à la définition des priorités de santé par les citoyens dans une région considérée comme étant un désert médical (Centre-Val de Loire). Il repose sur l'analyse lexicométrique des réponses à une question ouverte. Il montre d'abord que les habitants de cette région sont préoccupés par le développement des déserts médicaux et craignent l'allongement des délais d'attente pour consulter un praticien. Il permet ensuite de mettre en évidence l'importance de la démocratie sanitaire dans la définition des priorités de santé. L'analyse lexicométrique met en évidence trois discours distincts. Le premier, porté uniquement par des professionnels de santé, insiste sur la nécessité d'améliorer la coordination des soins. Le deuxième entend favoriser la lutte contre les déserts médicaux et le troisième regrette l'augmentation des délais d'attente pour des consultations auprès de certains médecins spécialistes.
    This paper looks at citizens' defi nition of health priorities in a region considered as a medical desert (Centre-Val de Loire). It is based on the lexicometrical analysis of responses to an open-ended question. First, it shows that the inhabitants of this region are concerned about the development of medical deserts and fear longer waiting times to consult a practitioner. It then highlights the importance of health democracy in defining health priorities. The lexicometrical analysis points to three distinct narratives. The first, which only characterizes health professionals, emphasizes the need to improve care coordination. The second aims to favour the fight against medical deserts and the third and the third bemoans the increase in waiting time for consultations with certain medical specialists.
  • Effondrement, résistances et transformations de l'emploi textile dans les villes françaises des années 1960 aux années 2010 - Anne Bretagnolle, Sophie Baudet-Michel, Ivan Glita, Fabien Paulus p. 317-344 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'activité textile, manufacturière puis mécanisée, a été un des fleurons de l'industrialisation de la France depuis le XVIIIe siècle. Très affaiblie aujourd'hui, elle ne compte plus qu'une centaine de milliers d'emplois, soit environ dix fois moins qu'il y a un demi-siècle. À l'aide d'une base de données harmonisée sur les périmètres des villes et les activités économiques, nous proposons une étude systématique de cette décroissance massive dans les aires urbaines et agglomérations situées hors des aires en France, soit 1 304 villes, entre les années 1960 et les années 2010. Les résultats soulignent tout d'abord l'ampleur de l'effondrement. Le nombre total de villes comptant au moins 20 emplois dans le textile a été divisé par deux entre 1962 et 2015, avec des chutes particulièrement fortes dans certaines régions. Néanmoins, d'autres résultats permettent de nuancer fortement l'idée d'un effondrement total de l'activité. Tout d'abord, l'exploration du changement séquentiel, en d'autres termes la variété des trajectoires d'évolution entre les deux dates extrêmes de l'étude, permet de relativiser l'idée d'une rupture massive au cours de la période 1968-1983. Ainsi, la construction d'une Classification Ascendante Hiérarchique réalisée sur les emplois dans le textile aux six dates de l'étude montre qu'une ville sur cinq a connu une croissance nette ou relative de ses emplois dans le textile entre les années 1970 et les années 1990. En outre, la prise en compte de l'écart par rapport au profil moyen français montre que près d'une ville sur cinq en France développe ou maintient une spécialisation forte au cours de la période. Enfin, la recherche automatique des discontinuités majeures dans les trajectoires (effondrements brutaux et massifs de l'emploi textile) montre qu'elles se sont produites très régulièrement sur l'ensemble des 50 années considérées et pas seulement au cours de la période emblématique 1968-1983.
    From the XVIII century, textile industry has taken a great part in the French manufacturing process. Nowadays, it employs no more than 100000 persons, ten times less than half a century ago. Using a harmonised data base on cities perimeters and economic activities, this study provides a systematic insight on this massive textile industry decrease, looking at functional urban areas and urban areas outside FUAs, i.e. 1304 cities, from 1960 to 2010. Results underline the scope of the decrease. The number of cities with at least 20 jobs in the textile industry has been divided by two between 1962 and 2015. Some regions have faced sharp decline. However, complementary results supplement this drastic picture. Sequential change, approached through urban trajectories between 1962 and 2015, downsizes the massive decrease which occurred between 1968 and 1983. An ascending hierarchical classification on textile employment figures for the 6 census dates shows that one in five cities registered a net or relative increase in textile job numbers between 1970 and 1990. Even more, the deviation to the mean French profile in textile employment for those 6 dates shows that quite one in five cities kept or developed a strong specialisation in textile industry. Last, the mains breakdowns within the cities textile employment trajectories (brutal loss in jobs), occurred very regularly since the 1960s, and not only between 1968 and 1983.
  • Les commerçants face au changement urbain : stratégies de résistance à Wrangelkiez (Berlin) - Antoine Fleury, Anouk Mayadoux p. 345-369 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans les grandes villes européennes, le petit commerce de détail est de plus en plus bousculé par le changement urbain. À partir du cas de Wrangelkiez à Berlin, cet article propose d'analyser les pratiques et stratégies mises en œuvre par les commerçants pour y faire face. À l'origine populaire et immigré, ce quartier est aujourd'hui en cours de gentrification et accueille un nombre croissant d'activités touristiques. S'appuyant sur une enquête par questionnaires et entretiens, l'article montre que les commerçants ont conscience des transformations socio-économiques à l'œuvre et sont majoritairement défavorables à ces dernières. L'enquête révèle surtout qu'ils mettent en œuvre des stratégies de résistance principalement individuelles et peu organisées, incluant des formes subalternes ou invisibles de résistance. Enfin, l'article propose une typologie des attitudes adoptées par les commerçants qui rend compte de la pluralité de ces résistances et rappelle que ces dernières dépendent moins des caractéristiques socio-démographiques des commerçants ou du type d'activité exercée que du contexte dans lequel ils évoluent, de leur trajectoire personnelle et professionnelle, et de leur ancrage dans le quartier.
    In European cities, urban change increasingly affects retail shops. Using the case study of Wrangelkiez in Berlin, this paper analyzes the practices and strategies of retailers facing urban change. Originally a working-class neighbourhood, marked by immigration and counter-cultures, Wrangelkiez is now being gentrified and hosts a growing number of tourist activities. Based on a questionnaire survey and interviews, the paper shows that most retailers are aware of socio-economic transformations, and are hostile to them. The survey reveals that they react against urban change and its consequences with individual and loosely organized resistance practices, including subaltern or invisible forms of resistance. Finally, the paper sets up a typology of attitudes shedding light on the plurality of resistance strategies. It also shows that these strategies are less determined by socio-economic characteristics or business lines than by the context in which retailers evolve, by their personal and professional trajectories, and their anchored position in the neighbourhood.
  • Comptes Rendus - p. 371-377 accès libre