Contenu du sommaire : Ce : syntaxe et sémantique

Revue Langue française Mir@bel
Numéro no 205, mars 2020
Titre du numéro Ce : syntaxe et sémantique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Jacques Bres p. 5-6 accès libre
  • Ce, syntaxe et sémantique : présentation - Annie Kuyumcuyan, Anne Theissen p. 7-12 accès libre
  • Sur le statut et le fonctionnement de ce clitique - Anne Theissen p. 13-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le présent article est consacré au pronom clitique ce dans les emplois du type C'est beau. | C'est un écrivain. | C'est le maire du village. Notre parcours se fera en deux étapes. Dans la première, nous essaierons d'expliquer, à partir de ses traits formels, dont le genre et le nombre, le sens de ‹non nommé› avec lequel on le définit habituellement. Dans la seconde, son fonctionnement nous conduira à élargir cette définition et à mettre en évidence un fait nouveau. Nous montrerons que ce ne renvoie pas seulement à un référent qui n'a pas – ou qui est appréhendé comme n'ayant pas – de nom catégoriel mais qu'il s'applique également aux cas de non-identification d'individu.
    This article is about the clitic pronoun ce in constructions like C'est beau. | C'est un écrivain. | C'est le maire du village. Our analysis will be in two parts. In the first, we will try to explain, based on its formal traits, including gender and number, the meaning of ‹unnamed› with which it is usually defined. In the second, its functioning will lead us to broaden this definition and highlight a new fact. We will show that ce does not only refer to a referent who does not have –or is perceived as not having– a categorical name, but that it also applies to cases of non-identification of individuals.
  • Le pronom ce dans les phrases attributives - Marleen Van Peteghem p. 31-50 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'objet de cet article est l'emploi du pronom ce comme sujet des phrases attributives à attribut nominal pluriel en français. Il examine notamment l'hypothèse de H. Diessel (1997 : 199) selon laquelle ce serait un type de pronom spécifique aux attributives. La comparaison de ‹{ce sont | c'est} + SN pluriel› avec ses équivalents en anglais et en néerlandais montre que ce est apte à se combiner avec des attributs pluriels non grâce à son caractère démonstratif mais grâce à son caractère sous-spécifié. En effet, dans ces deux langues, tant le pronom personnel neutre que le démonstratif neutre sont compatibles avec un attribut pluriel. L'anglais et le néerlandais diffèrent toutefois quant à l'accord du verbe, l'anglais adoptant un accord morpho-syntaxique au singulier alors que le néerlandais a un accord indexical, sémantique, au pluriel. Le français, quant à lui, dispose des deux types d'accord.
    The object of this article is the use of the pronoun ce as a subject of constructions with a plural predicate noun in French. It examines the hypothesis by H. Diessel (1997:199) that this type of pronoun is specific to predicative constructions. A comparison of ‹{ce sont | c'est} + plural NP› with its equivalents in English and Dutch shows that the ability to combine a singular pronoun with plural predicate nouns is not due to the demonstrative character of the pronoun, but to its under-specification. Indeed, in both English and Dutch, plural predicate nouns may co-occur with neutral personal pronouns as well as with neutral demonstratives. However, the two languages differ with respect to verb agreement: English adopts morpho-syntactic agreement, while Dutch uses indexical, semantic agreement. As for French, it has both types of agreement.
  • Le verbe c'est - Alain Berrendonner, Marie-José Béguelin p. 51-64 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cette étude porte sur les phrases du type C'est lui le méchant | C'est Paris la ville la plus chère du pays. Elle montre que le verbe c'est y a les propriétés morpho-syntaxiques d'un verbe impersonnel, que la construction ‹c'est SN1 SN2› est une diathèse asubjectale de la copule être et que le morphème ce y fonctionne comme un opérateur de restructuration de la valence, appliqué sur celle-ci. La construction résultante reçoit une interprétation spécificationnelle et s'emploie notamment en suppléance de la construction attributive canonique lorsque celle-ci devrait avoir le focus sur le sujet. Les phrases clivées contiennent le même verbe impersonnel c'est, mais employé dans une autre construction.
    This study focuses on sentences like C'est lui le méchant | C'est Paris la ville la plus chère du pays. It shows that the verb c'est has the morpho-syntactic properties of an impersonal verb, that the construction ‹c'est SN1 SN2› is an asubject diathesis of the copula être, and that the morpheme c'est functions as a valence restructuring operator, applied on the latter. The resulting construction is given a specicative interpretation, and is used in particular as a substitute for the canonical attributive construction when the latter should have the focus on the subject. Cleaved sentences contain the same impersonal verb c'est, but used in another construction.
  • Ce faisant / Ce disant : comment fonctionnent-ils ? - Georges Kleiber p. 65-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Nous nous proposons d'examiner certains aspects du fonctionnement des locutions Ce faisant / Ce disant passés généralement sous silence. Notre parcours nous mènera, en sept parties d'inégale grandeur, de l'identité catégorielle au statut de locution figée de Ce faisant / Ce disant en passant par des étapes où nous traiterons de leur double face discursive, de la mise en jeu d'une triple identité de sujet, du rôle de ce, de la fonction de faire et dire, et de leur utilité discursive.
    We propose to examine some aspects of the functioning of the locutions Ce faisant / Ce disant which are generally ignored. Our trip will lead us, in seven parts of unequal size, from categorical identity to the status of fixed locutions Ce faisant / Ce disant, passing through stages where we will deal with their double discursive face, the involvement of a triple subject identity, the role of ce, the function of faire and dire and their discursive utility.
  • Ce qui / Ce que : essai de description syntaxique et sémantique - Pierre Le Goffic p. 81-99 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article examine les différents emplois (non anaphoriques) de ce qui / ce que en français, à partir du constat que ce qui / ce que est, fondamentalement, une formule supplétive permettant de contourner les blocages et de combler les ‹trous› du paradigme qu-. Les emplois se répartissent en trois grands ensembles : (I) le type ce que Jean a fait, dans lesquels ce qui / ce que pallie les carences du pronom indéfini (et interrogatif) quoi/que (marqueur de variable ‹non Humain›) ; (II) le type ce qu'il reste, dans lequel la variable ‹non Humain› se charge d'une valeur supplémentaire de ‹qualité/quantité› ; (III) le type ce qu'il peut faire chaud, dans lequel ce que, en emploi adverbial, correspond à une variable de ‹quantité› (rôle que ne peut assurer l'adverbe que). Ainsi, une variable ‹non Humain›, d'essence nominale, en arrive à être également une variable de ‹quantité›, d'essence adverbiale.
    The article deals with the various (non anaphoric) uses of ce qui / ce que in French. The basic idea is that ce qui / ce que is used whenever a theoretically appropriate indefinite pronoun or adverb (from the qu- paradigm) cannot be used. This occurs in three major types of context: (I) ce que Jean a fait… [‹what John did›], used as an indefinite or interrogative subordinate clause. Contrary to its English counterpart (what), the French indefinite ‹non Human› pronoun quoi has very restricted uses; (II) ce qu'il reste [‹what is left›], in which the ‹non Human› feature combines with an extra feature of ‹Quantity/Quality›, as is particularly noticeable in ce que… comme constructions (Qu'est-ce que vous avez comme dessert ? [litt. ‹What is that which you have as desert?›]); (III) mostly exclamative: (C'est fou) ce qu'il peut faire chaud [‹(It is amazing) how hot it is›], in which ce que has turned into an intensity marker.
  • Le ce antécédent des constructions de type ‹relatif› : un pronom démonstratif ? - Claude Muller p. 101-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le ce antécédent des constructions relatives est à considérer comme un nom ‹vague› ou ‹vide›, apte à représenter des contenus divers bien plus largement que n'importe quel nom ‹vague› comme chose. Il n'est pas sémantiquement démonstratif. L'extension à des sens quantitatifs ou intensifs en découle. Les constructions réalisées sont généralement des syntagmes nominaux syntaxiques (DP définis), mais analysables comme NP dans les constructions détachées des reprises de contenu propositionnel.
    The demonstrative pronoun ce in relative constructions is not a semantic demonstrative. It represents undefined contents, far beyond what any ‹vague› noun could represent. The extensions in quantitative or exclamative contents come from the vacuity of semantic content and do not necessitate separate analysis. The constructions are syntactically either definite DPs or NPs.
  • L'évolution des locutions conjonctives en français : l'opposition que / ce que - Bernard Combettes p. 121-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le but de cet article est d'analyser, d'un point de vue diachronique, l'alternance que / ce que dans la formation des locutions conjonctives. On examinera plus particulièrement le cas des locutions temporelles, en insistant sur la nécessité de prendre en compte l'origine des deux constructions : corrélations de type ‹comparatif› dans le cas des expressions en que, structures relatives dans le cas de ce que. Cette différence permet d'expliquer que les locutions en que fonctionnent comme le tour non marqué dans l'opposition, dans la mesure où elles peuvent se rencontrer dans tous les types de contextes, tandis que les formes en ce que n'apparaissent que dans des contextes non actualisants.
    This paper aims to provide an analysis, from a diachronic point of view, of the variation between que and ce que in the development of complex conjunctions in French. More particularly, we investigate temporal phrases, focusing on the necessity to take into account the source of the two structures: comparative correlation for que phrases, relative structures for ce que conjunctives. This difference allows us to explain that que phrases function as the unmarked case in the opposition, occurring in all sorts of contexts, while ce que phrases are used only in actualizing contexts.
  • Kerstin Jonasson (1941–2019) - Hans Kronning p. 139-141 accès libre