Contenu du sommaire : Traduire l'exil

Revue Plein droit Mir@bel
Numéro no 124, mars 2020
Titre du numéro Traduire l'exil
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Édito

  • Dossier : Traduire l'exil : l'enjeu central des langues

    • Traduire l'exil : l'enjeu central des langues - Alexandra Galitzine-Loumpet, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky p. 3-8 accès libre
    • « L'interprète a changé ma parole. À cause de lui, j'ai perdu deux ans et demi. » - Moayed Assaf, Alexandra Galitzine, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky p. 9 accès libre
    • « Quand c'est trop dur de traduire les récits des gens, je fais des pauses en travaillant dans le bâtiment » - Moayed Assaf, Violaine Carrère p. 10 accès libre
    • Watizat ? Informer en contexte d'urgence - Pauline Doyen p. 11-14 accès libre avec résumé
      Le droit à une information exacte, transmise dans une langue que les personnes exilées comprennent, est loin d'être assuré en France, bien que la législation l'impose. Les supports d'information disponibles sont souvent inadaptés au contexte d'urgence et insuffisants par rapport aux besoins identifiés. Le Guide de la demandeuse et du demandeur d'asile à Paris, par Watizat, tente de pallier ces écueils tout en relevant le défi d'une mise à jour constante et d'une traduction accessible au plus grand nombre en entretenant un dialogue actif avec les personnes exilées.
    • Demander l'asile dans sa langue - Naoual Mahroug, Yasmine Bouagga p. 15-18 accès libre avec résumé
      Longtemps négligée dans la procédure d'asile1, la question linguistique fait désormais l'objet d'une plus grande attention. Les mobilisations en faveur du droit des étrangers ont conduit à renforcer le droit des personnes, au titre d'usagères de l'administration, à être informées des décisions les concernant dans une langue qu'elles comprennent et des mesures ont été prises pour développer l'accès à l'interprétariat en préfecture. Pourtant, il demeure difficile et incertain, pour les personnes étrangères arrivant en France, d'accéder à l'information sur leurs droits : les difficultés de compréhension participent ainsi à leur mise à l'épreuve face aux institutions.
    • Bricolages langagiers - Azita Bathaïe, Bénédicte Parvaz Ahmad, Rohullah Sidiqullah p. 19-22 accès libre avec résumé
      L'interprète est confronté dans sa tâche à de nombreux termes intraduisibles : ceux qui relèvent des institutions, mais aussi ceux qui renvoient à la subjectivité ou à l'intimité des exilé·es. Et souvent, il n'y a pas d'autres solutions pour être compris·e que de recourir à des périphrases et de s'arranger avec la langue. Dans d'autres cas, l'interprète doit rendre compte des particularités régionales, qui auront toutes leur importance dans certains contextes d'exil.
    • L'interprétariat à la Cour nationale du droit d'asile - p. 23-28 accès libre avec résumé
      Cette table ronde a réuni en décembre 2019 une dizaine d'interprètes, avocats, anciens rapporteurs et assesseurs, familiers de la Cour nationale du droit d'asile ou de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, et des chercheurs. Leurs voix sont mêlées ici pour conserver l'anonymat des échanges. Dans une procédure qui se fonde avant tout sur l'oralité, l'interprétariat est un aspect essentiel de l'examen d'une demande d'asile. Peu encadré et difficile à contester juridiquement, il présente des enjeux composites – alliant des problématiques linguistiques à des questions d'impartialité – qui ont une répercussion considérable sur l'octroi ou non d'une protection.
    • Tout se joue à l'audience. Acte 5, scène 4 - p. 29-30 accès libre
    • À Vintimille, des médiateurs entre contrôle et solidarité - Daniela Trucco p. 31-34 accès libre avec résumé
      Depuis juin 2013, Vintimille, à la frontière franco-italienne, est devenu l'un des lieux symboliques du retour des frontières en Europe et de la remise en question de l'espace Schengen. Des milliers de personnes, non ressortissantes de l'UE y ont été immobilisées. Avec l'arrivée d'organisations non gouvernementales et l'ouverture d'un camp de transit, le rôle de médiateur linguistique et culturel s'est institutionnalisé et un certain nombre d'exilé·es se sont progressivement formé·es à ce rôle. Assumer cette fonction à la frontière peut pourtant être douloureux.
    • Traduire la « culture » dans les procès pour traite ? - Mathilde Darley p. 35-38 accès libre avec résumé
      Les politiques de lutte contre la traite des êtres humains ont généralement mis l'accent à la fois sur la dimension sexuelle de l'exploitation et sur l'intrication du phénomène avec les flux migratoires. Du fait de la concentration des activités de contrôle policier sur les formes de prostitution les plus visibles, étrangères et étrangers se trouvent sur-représentés parmi les prévenus. L'interprétariat est alors un enjeu essentiel de l'accès aux droits. Il est pourtant l'objet de controverses récurrentes entre les parties au procès.
  • Hors-thème

    • Mayotte, l'éloignement des femmes enceintes - Nina Sahraoui p. 39-42 accès libre avec résumé
      Mayotte occupe une place singulière dans le régime français des éloignements puisque le nombre de personnes placées en rétention administrative sur l'île est sans commune mesure avec le contexte métropolitain. Les femmes enceintes sont, elles aussi, interpellées et reconduites aux Comores dans les heures qui suivent l'arrestation. Celles arrêtées en mer sont généralement accompagnées par la police aux frontières au service de maternité pour une consultation avec une sage-femme. Les fonctions de soins se mêlent alors au contrôle migratoire sans empêcher les éloignements.
    • Menace sur l'aide médicale d'État - Caroline Izambert p. 43-46 accès libre avec résumé
      À l'automne 2019, à l'approche du vote du budget, l'aide médicale d'État, dispositif de couverture maladie des personnes en situation irrégulière, a été au centre de tous les débats. Alors qu'Emmanuel Macron s'était engagé à préserver le dispositif pendant la campagne présidentielle, son gouvernement n'a pas résisté à la tentation de réformer l'accès aux soins des étrangers, malgré les vives protestations des associations et du monde médical1. Il a en outre mis en place un délai de carence pour l'accès à l'assurance maladie des demandeurs et demandeuses d'asile. Autant de mesures qui invitent à revenir sur l'histoire d'un dispositif – l'AME – écartelé entre politique migratoire, combat pour les droits, et santé publique.
  • Mémoire des luttes

    • L'engagement politique des immigrés après-guerre - Jérémy Guedj p. 49-52 accès libre avec résumé
      Le gouvernement français manifesta longtemps une hostilité marquée vis-à-vis de l'expression politique des populations étrangères. À la Libération, et alors qu'elles s'étaient massivement engagées dans la Résistance, la revendication du droit à la politisation se fait jour. Pourtant, les associations d'étrangers se voient rapidement interdites, le gouvernement considérant comme une menace « l'apparition d'une parole immigrée dans l'espace public » quand d'autres y voient un outil d'« assimilation ».
  • Le focus juridique