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Revue Systèmes d'information & management Mir@bel
Numéro vol. 25, no 1, 2020
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  • Confiance et reconnaissance envers les évaluateurs de Systèmes d'Information et Management - Cécile Godé, Jessie Pallud, François de Corbière p. 3-5 accès libre
  • Collaboration in the digital age: From email to enterprise social networks - Emmanuel Bertin, Aubin Colléaux, Aurélie Leclercq-Vandelannoitte p. 7-46 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Alors qu'il était perçu comme un moyen de communication révolutionnaire dans les années 1990, l'email a progressivement montré ses limites… si bien qu'il est devenu une source de surcharge informationnelle. Afin d'adresser ce problème, de nombreuses organisations ont adopté des réseaux sociaux d'entreprise (RSE) comme moyens de communication alternatifs. De façon surprenante, peu de recherches se sont penchées jusqu'à aujourd'hui sur le processus d'articulation de ces deux technologies et sur l'influence de cette articulation sur les pratiques de travail et le problème de la surcharge informationnelle, à travers l'analyse d'éventuels effets de complémentarité ou de substitution. Dans cet article, nous développons une étude empirique qualitative des articulations entre emails, RSE, et autres outils collaboratifs, sur la base : 1) d'une étude exploratoire de trois entreprises de secteurs variés, 2) d'une auto-ethnographie reposant sur une observation participante dans une grande entreprise de télécommunication française, et 3) d'une validation auprès d'experts. Le diagramme causal qui en résulte, permettant de spécifier l'articulation des usages de l'email, des RSE et des outils collaboratifs spécialisés, suggère trois principales contributions. Premièrement, nous développons notre compréhension du problème de surcharge informationnelle, en précisant que ce dernier n'est pas intrinsèque à l'email, et se voit de plus en plus remplacé par le concept émergent de « surcharge collaborative ». Deuxièmement, nous mettons en évidence que les RSE ne sont pas la panacée afin d'encourager de nouveaux comportements au sein de l'organisation. Troisièmement, nous mettons en exergue que les organisations ont moins besoin d'un outillage RSE que d'une stratégie de transformation digitale, mettant l'accent sur les besoins des collaborateurs, plutôt que sur la promesse des RSE de changer les cultures d'entreprises et pratiques.
    A revolutionary medium of communication in the 1990s, email has progressively revealed its limitations and even emerged as a source of information overload. In response, many companies have adopted enterprise social networks (ESN) as alternative communication channels, though surprisingly little research attention focuses on the articulation process by which both technologies influence work practices, through complementarity or substitution effects, or addresses the information overload challenge. In this article, we detail an empirical, qualitative study of the articulations of emails, ESN, and other collaborative tools in organizations, on the basis of 1) an exploratory study of three companies from various sectors, 2) an auto-ethnography that relies on participant observations from a large French telecommunication company, and 3) a validation through in-depth discussions with experts. The resulting causal framework of the articulations of usage factors of email, ESN, and specialized collaborative tools at work contains three main contributions. First, we enhance understanding of information overload by clarifying that it is not intrinsic to email and by analyzing the emerging notion of “collaborative overload.” Second, we determine that ESN may not be the solution for fostering new behaviors. Third, workplaces do not need ESN tooling but rather require a digital transformation strategy, with more emphasis on meeting employees' needs instead of focusing solely on an ESN's promise for altering workplace culture and practices.
  • Capacité d'absorption des entreprises de l'open source : du modèle d'affaires à l'intention d'affaires - Khaireddine Mouakhar, Nordine Benkeltoum p. 47-88 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    La capacité d'absorption est l'habilité à identifier des connaissances externes, les assimiler, les transformer et les exploiter à des fins de création de valeur. La littérature en systèmes d'information a montré son caractère critique pour la création d'avantages concurrentiels. Cette recherche étudie la relation entre durée d'exposition à l'environnement et capacité des entreprises à créer de la valeur sur la base d'informations externes. Elle réinterroge les fondements de la capacité d'absorption en offrant une relecture via le concept de modèle d'affaires. Elle analyse cette capacité auprès d'entreprises évoluant dans un secteur à faible appropriabilité (l'open source). En s'appuyant sur un dispositif méthodologique mixte, elle offre une modélisation de la manière dont les entreprises créent et maintiennent stratégiquement leur capacité d'absorption. La contribution de cet article est double. Il montre d'abord que les entreprises qui prétendent interagir le plus avec leur environnement présentent une faible probabilité d'en exploiter les informations. À l'inverse, les entreprises qui affirment interagir le moins avec leur environnement ont une forte probabilité d'en exploiter les informations. Ensuite, la recherche soutient que la capacité d'exploitation des entreprises s'explique principalement par l'intention qui motive les échanges avec l'environnement.
    Absorptive capacity is a firm's ability to identify, assimilate, transform and exploit external knowledge for value creation. The information systems literature has shown its critical role to create competitive advantages. This research studies the relationship between external environment exposure and the ability to create value based on external information. It re-examines the foundations of absorptive capacity through the business model framework. This research analyses absorptive capacity of 71 firms operating in a weak appropriability sector (open source). Using a mixed method research setting, it models how companies create and strategically maintain their absorptive capacity. The contribution of this article is twofold. First, it shows that firms that claim interacting the most with communities have a high probability to have a low absorptive capacity. Conversely, firms that pretend interacting the least with their environment have a high probability to have a high absorptive capacity. Secondly, this research argues that firm absorptive capacity is mainly explained by the intention that motivates environment interaction.
  • Le paradoxe du crowdfunding : la sous-utilisation de la foule dans la fabrique de la décision individuelle d'investissement - Laurence Attuel-Mendes, Céline Soulas, Abdel Malik Ola p. 89-121 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'equity crowdfunding a fait son entrée en France sur le marché des biotechnologies santé en 2014 offrant ainsi l'opportunité aux porteurs de projet de trouver de nouvelles sources de financement. Les firmes porteuses d'innovation sont caractérisées, quel que soit leur secteur, par l'incertitude, ce qui pose la question du rôle du collectif incarné par la foule dans la prise de décision individuelle d'investissement. Une étude exploratoire a été menée, où les auteurs ont revêtu des profils différents d'investisseurs sur des plateformes généralistes et spécialistes durant des campagnes de levée de fonds par des startups de biotechs. Dans une démarche netnographique, la disponibilité de l'information (degré et contenu) qui était offerte par les plateformes a pu être appréciée. Des entretiens ont ensuite été conduits auprès d'investisseurs, qui ont permis de confirmer l'observation d'une sous-utilisation paradoxale du levier cognitif que peut constituer la foule dans la fabrique de décision individuelle d'investissement. Sur un plan pratique, des préconisations fondées sur une typologie originale d'outils utilisés par les plateformes offrent ainsi à ces dernières l'opportunité de mieux mobiliser les informations créées par cette foule. Sur un plan théorique, l'article permet de compléter la littérature sur la prise de décision en contexte d'incertitude, d'approfondir le rôle de la foule au-delà de son simple apport financier en crowdfunding et prolonge par ailleurs les travaux fondateurs sur la typologie des foules.
    Crowdfunding has entered the health biotechnology market in France since 2014 offering the opportunity to project owners to find new sources of financing. Innovative firms are characterized, whatever their sector, by uncertainty, which raises the question of the role of the collective embodied by the crowd in individual investment decision-making. An exploratory study was conducted, where the authors covered different investor profiles on generalist and specialist platforms during fundraising campaigns by biotech start-ups. In a netnographic approach, the availability of information (degree and content) that was offered by platforms could be assessed. Interviews were then conducted with investors, which confirmed the observation of a paradoxical underuse of the cognitive lever that can constitute the crowd in the individual investment decision-making factory. On a practical level, recommendations based on an original typology of tools used by the platforms thus offer them the opportunity to better mobilize the information created by this crowd. On a theoretical level, the article completes the literature on decision-making in a context of uncertainty, deepens the role of the crowd beyond its simple financial contribution in crowdfunding and extends the research on crowd typology.