Contenu du sommaire : L'exigence de justice à l'épreuve de la pandémie

La crise du coronavirus vient percuter une société fragile. Sa gestion révèle des défaillances de la part des instances gouvernementales et surtout les défauts structurels du système politique. Les inégalités territoriales, renforcées par l'administration décentralisée du pays, apparaissent au grand jour. L'Espagne d'aujourd'hui fait face à un formidable défi de « reconstruction ».

La décision gouvernementale saoudienne de remanier les manuels scolaires s'avère révélatrice de la conflictualité des relations entre l'Arabie saoudite et la Turquie. Le fait d'enseigner à l'école, dans une optique violemment critique, l'histoire de la péninsule Arabique sous l'autorité politico-religieuse de l'Empire ottoman illustre les enjeux de l'affrontement géopolitique entre élites dirigeantes rivales autour du leadership dans le monde arabe et musulman. La glorification du passé et les références élogieuses à ses symboles nationaux interviennent à présent dans leurs divergences politiques et stratégiques sur de nombreuses questions régionales.

La crise sanitaire actuelle manifeste la capacité du personnel de santé à y faire face mais révèle aussi les faiblesses du système hospitalier, marqué par plusieurs décennies de profonde transformation. Les urgences sont un lieu significatif, dans la mesure où elles se situent à l'interface entre la médecine de ville et l'hôpital. La tendance croissante à s'en remettre à l'hôpital et à sa technicité se fait au détriment du soin des personnes.

Dans tous les pays qu'elle affecte, la pandémie virale mobilise un plan de lutte dont la finalité est clairement apparente : il faut sauver le plus grand nombre de vies. L'adhésion collective à cet objectif de santé publique se manifeste à travers les concessions, parfois des sacrifices, auxquels les populations sont prêtes à consentir. De gré ou de force, les citoyens des États concernés se plient aux instructions des pouvoirs publics qui imposent des restrictions à leurs droits fondamentaux. Cette situation hors norme soulève une question de philosophie politique : jusqu'où une démocratie peut-elle renoncer à certains de ces droits sans risquer de se renier ?

Durant la pandémie, le numérique s'est révélé un outil précieux pour assurer une continuité de la vie professionnelle, de l'éducation, de la vie familiale et amicale, et assurer une appétence pour la vie culturelle disponible en ligne. La bataille contre le coronavirus grâce au numérique se joue également sur d'autres plans : des gouvernements, avec l'appui d'entreprises privées, développent de nouvelles politiques de surveillance de l'épidémie et des personnes infectées. Ces usages technologiques sont des gages d'efficacité mais également des facteurs de risques pour les libertés des citoyens.

L'urgence de la crise sanitaire a occasionné de profondes perturbations dans l'accompagnement des mourants et dans la célébration du deuil (avec l'impossibilité de se rassembler pour les funérailles). Cela a attiré notre attention sur l'importance de tels rituels, et sur la ritualité en général. Ouvrant notre quotidien à l'au-delà, le rite nous aide à donner plus d'humanité à notre humanité.

Plusieurs débats et polémiques de l'automne 2019 ont révélé un usage tendancieux du principe de laïcité. Des formulations restrictives voudraient cantonner l'expression religieuse au seul domaine privé. À l'encontre de la visée des promoteurs de la loi de 1905, cela contribue à exacerber les tensions. Surtout en période de crise, nous avons besoin de retrouver davantage de fraternité.

Dans une époque sensible à la nature et à l'écologie, la figure de John Muir (1838-1914) mérite d'être redécouverte. Alexis Jenni s'est passionné pour ce vagabond de la « Grande Sauvagerie », en particulier des forêts californiennes, initiateur du parc national du Yosemite (Californie). Il voit la nature comme la « Création » qu'il convient de préserver pour avoir accès à la beauté qui parle de Dieu. C'est aussi un écrivain qui nous aide à aiguiser notre regard sur le monde.

Initialement présentée au musée Cantini et au château Borély à Marseille jusqu'en début d'année, cette exposition révélant un Man Ray relativement méconnu poursuivra prochainement son parcours à Paris, au musée du Luxembourg.