Contenu du sommaire : Phenomenographies. Describing urban and architectural atmospheres
Revue | Ambiances |
---|---|
Numéro | 2019 |
Titre du numéro | Phenomenographies. Describing urban and architectural atmospheres |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Phenomenographies: describing the plurality of atmospheric worlds - Federico De Matteis, Mikkel Bille, Tonino Griffero, Andrea Jelić Ces dernières années, la théorie des atmosphères s'est développée au-delà de la phénoménologie et de l'esthétique, partageant ainsi un large éventail de pratiques descriptives avec les sciences humaines. De nombreux champs académiques, tels que l'anthropologie, l'architecture, la musicologie et la critique d'art, incluent désormais le concept d'espace atmosphérique dans leur boîte à outils méthodologique. Toutefois, les pratiques descriptives de l'espace vécu impliquent plusieurs questions théoriques, concernant le potentiel et les limites de l'action de donner voix à l'expérience à la première personne. Dans l'introduction du numéro spécial 2019 de la revue Ambiances, nous abordons les perspectives méthodologiques issues des articles et soulevons plusieurs questions relatives à la théorie des atmosphères et aux pratiques visant à les décrire.In recent years, the theory of atmospheres has extended beyond phenomenology and aesthetics, informing a wide variety of descriptive practices in the humanities. Diverse scholarly fields such as anthropology and architecture, musicology and art criticism now include the notion of atmospheric space in their methodological toolkits. The descriptive practices of lived space, however, entail several theoretical questions, concerning the potential and limits of giving voice to first-person experience. In the introductory essay of the 2019 special issue of Ambiances, we address the methodological perspectives emerging from the articles and discuss several question concerning the theory of atmospheres and the practices aimed at describing them.
- Atmospheres in Urban Light - Shanti Sumartojo, Tim Edensor, Sarah Pink Inévitablement spatiale et située dans l'expérience, notre compréhension des atmosphères et de leur impact suppose une attention empirique portée à la façon dont elles apparaissent et sont constituées, dont elles nous marquent, dont elles circulent et sont partagées, et ce qui fait qu'elles génèrent différentes émotions chez différents individus. Cet article propose une méthodologie auto-ethnographique dialogique pour s'adapter à, explorer et comprendre les atmosphères. Cette méthodologie rend compte de ces dernières lors de leur apparition dans le flux continu de l'expérience de la lumière. Par cette approche ethnographique, nous menons une recherche dans les atmosphères, autrement dit dans le flux continu et dans les changements d'impressions et de sentiments en évolution et constitués spatialement par une multitude d'éléments. Par l'exemple d'une « marche lumineuse » dans le centre-ville de Melbourne, nous questionnons notre expérience des atmosphères en lumière et abordons la façon dont elles pourraient être constituées et conçues délibérément.Inescapably spatial and located in experience, understanding atmospheres and their impact means close empirical attention to how they arise and are constituted, how they impress upon us, how they circulate and are shared, and what configures to make them feel differently for diverse people. In this article, we advance a dialogic autoethnographic methodology for attuning to, exploring and understanding atmospheres that accounts for them as they arise in the ongoing flow of experience of light. In this ethnographic approach, we research in atmospheres – that is, in the ongoing flow and change of shifting impressions and feelings constituted spatially by a multiplicity of elements. Taking a ‘light walk' through inner city Melbourne as our example, we interrogate our experience of atmospheres in light, and also address how they might be purposefully constituted or designed.
- Depicting Berlin's Atmospheres: Phenomenographic Sketches - Maxime Le Calvé, Olivier Gaudin Cet article, en combinant l'écriture et le dessin, s'intéresse aux atmosphères contemporaines de la ville de Berlin. Sans prétendre les saisir toutes, nous décrivons une sélection de situations sous l'angle de l'expérience sensorielle en les contextualisant avec des éléments sociologiques, géographiques et historiques. Aborder des atmosphères caractéristiques d'une ville à une certaine période de son histoire, ce n'est pas essayer d'en saisir les modes de vie : notre approche n'est donc ni sociologique ni géographique à proprement parler. À partir de quatre exemples concrets et limités, nous examinons plutôt l'hypothèse d'une fragmentation des atmosphères berlinoises, en explorant les significations ambivalentes d'une telle évaluation. La méthode est ethnographique : nos descriptions sont fondées sur l'observation directe et la confrontation de nos expériences respectives dans des lieux physiquement circonscrits par l'architecture et les formes urbaines, entrecoupés de multiples présences et interactions au cours des séquences observées. L'objectif est aussi coopératif et interdisciplinaire : le partage de nos points de vue et de nos perceptions, sans effacer les différences de perspective, enrichit mutuellement nos regards sur cette ville. Avec cette sélection très partielle d'atmosphères représentatives au cours d'un été berlinois, nous esquissons un portrait nuancé de la ville, qui n'exclut pas la critique.This article proposes an ethno-phenomenographic record combining writing and drawing. It examines a few contemporary atmospheres of the city of Berlin. We describe a selection of specific situations from the angle of sensorial experience and contextualize them with sociological, geographical and historical elements. Tackling some atmospheres characteristic of a city at a certain period of its history is not the same as trying to grasp the ways of living in it; therefore, our approach is neither sociological nor geographical per se. Elaborating on four specific cases and reflecting from our own perspectives, we will examine the hypothesis of a fragmentation of Berlin's atmospheres, exploring the ambivalent meanings of such assessment. The method is ethnographic: we base our descriptions on direct observation and we confront our respective experiences in places physically circumscribed by architecture and urban forms, interspersed with multiple presences and interactions during the observed time sequences. The overall objective is also cooperative and interdisciplinary: the sharing of our own points of view and perceptions through drawing, speaking and writing as processes of building an account of urban phenomena, without erasing differences in perspective. Through this very partial selection of seemingly representative atmospheres over one Berlin summer, we sketch a nuanced portrait of the city that does not exclude criticism.
- How atmospheres inform urban planning practice – insights from the Tempelhof airfield in Berlin - Ulrike Mackrodt Le sujet fondamental de la planification urbaine est l'espace urbain. Cependant, cela est rarement reflété dans la théorie de la planification. Au lieu de traiter de l'utilisation quotidienne de l'espace urbain et de sa perception atmosphérique, le discours sur la planification est dominé par les théories de l'action, qui se concentrent principalement sur les processus de communication dans la pratique de la planification. Le rôle de l'espace urbain dans ces négociations de planification est souvent négligé. En ne tenant pas compte du sentiment et de la perception du corps/sujet comme étant la base de toute perception - y compris celle des professionnels de la planification - le discours sur la planification a laissé de côté l'opportunité d'une compréhension plus complète des modes de décision au sein des processus de planification. L'article vise à combler cette lacune épistémologique en appliquant le concept d'atmosphère à l'étude de cas de l'aménagement de l'ancien aéroport du centre-ville de Tempelhof à Berlin. Il devient ainsi possible de considérer l'impact de la terminologie empruntée à Gernot Böhme « d'indiscrétion discrète » des atmosphères sur le cas controversé de l'aménagement de l'aéroport de Tempelhof. Les résultats empiriques - basés sur une méthode mixte de données d'observation et de données discursives - montrent comment la perception subjective des atmosphères de l'aéroport de Tempelhof par les responsables de la planification se traduit par des décisions de planification distinctes et controversées. Ce faisant, l'article fournit une base pour le développement des compétences atmosphériques, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent dans la planification urbaine.The fundamental subject matter of urban planning is urban space. However, this fact is rarely reflected in planning theory. Instead of dealing with the everyday use of urban space and its atmospheric perception, planning discourse is dominated by theories of action, which primarily focus on communication processes within planning practice. The role of urban space within these planning negotiations is often overlooked. By disregarding the feeling and sensing body/subject as being the base of any perception – including those of planning professionals – planning discourse has left out the chances of a more comprehensive understanding of how planning decisions occur. The article aims to fill this epistemological gap by applying the concept of atmospheres to the case study of the planning process for the former inner-city airfield Tempelhof in Berlin. Thereby it becomes possible to consider the impact of the – borrowing Gernot Böhme's terminology – ‘unobtrusive obtrusiveness' of atmospheres on the controversial planning case of Tempelhof airfield. The empirical findings – based on interview data – demonstrate how the planners' atmospheric perception of Tempelhof airfield translates into distinctive, and more importantly, controversial planning decisions. In doing so, the article provides a basis for developing atmospheric competences, which have been absent in urban planning thus far.
- TerriStories. Literary Tools for Capturing Atmosphere in Architectural Pedagogy - Klaske Havik En redonnant crédit au langage littéraire comme outil pour décrire les ambiances architecturales, cette contribution propose de dépasser les approches pédagogiques conventionnelles en architecture qui, souvent, ne nous permettent pas de saisir l'expérience sensible des lieux. Avec l'objectif de contribuer au développement d'outils d'analyse et de conception pour lire et décrire les atmosphères urbaines, cet article associe deux idées principales : la première qu'il est de prime importance d'étudier les ambiances d'un lieu pour comprendre la manière dont les habitants en font l'expérience ; la deuxième que les outils littéraires nous permettent de lire et décrire ces ambiances. En rassemblant ces deux idées, notre contribution met en discussion des exercices pédagogiques dont la vocation est d'amener les étudiants en architecture à mieux comprendre les qualités d'un lieu à travers les manières dont on en fait l'expérience. En adjoignant aux outils conventionnels des architectes et des urbanistes, un ensemble d'outils inspirés par la littérature, nous espérons offrir aux étudiants des outils plus appropriés pour décrire, répondre à et concevoir les ambiances particulières d'un lieu donné. Cet article illustre le potentiel de cette approche à travers l'exposé d'un retour d'expérience pédagogique en architecture mettant en jeu ces méthodes littéraires à Tampere en Finlande.By recognizing the potential of literary language in the description of architectural atmospheres, this contribution aims to confront the shortcomings of conventional pedagogical approaches in architecture that often fail to provide an in-depth understanding of the experiential aspects of place. To contribute to the development of appropriate instruments of analysis and design to read and describe urban atmosphere, this article combines two main insights: first, that it is of crucial importance to investigate site-specific atmospheres to understand how people experience the urban territories they use or inhabit; and second, that it is through literary devices that atmospheres can be read and described. By bringing together these insights, this article aims to propose pedagogical exercises that help students of architecture to develop a better understanding of the experiential aspects of site-specificity. By adding to the conventional tools of architect and planners a set of tools inspired by literature, it hopes to offer students in architecture more appropriate tools to describe, respond to, and produce site-specific atmospheres. It will illustrate the potential of this approach by presenting an example of the use of literary methods in architectural education, in Tampere, Finland.
- Eyes that hear. The synesthetic representation of soundspace through architectural photography - Elisa Morselli Cet essai étudie la représentation du son dans les photographies contemporaines d'architecture. Cela est mis en évidence par une analyse esthétique phénoménologique menée sur les photographies de Elbphilharmonie Hamburg. Si on analyse les caractéristiques esthétiques des photographies d'aujourd'hui, on peut remarquer qu'elles visent à stimuler le public d'un point de vue émotif et sensoriel. Lorsque nous regardons ces images, normalement nous nous concentrons uniquement sur les aspects visuels, en négligeant les effets synesthésiques provoqués. A partir d'une analyse des expressions du visage, des gestes, des postures et des directions corporels des caractères représentés, cet essai veut souligner comment ils changent par rapport à l'espace sonore et en conséquence dans quelle manière ils peuvent influencer le récepteur hors le cadre. L'interprétation de ces indices est inspirée à la théorie de corps-propre de Hermann Schmitz et de la nouvelle esthétique de Gernot BöhmeThis paper investigates the representation of sound phenomena in contemporary architectural photography. This aspect will be highlighted through a phenomenological analysis conducted on the photographs of the Elbphilharmonie Hamburg, designed by Swiss architecture firm Herzog & de Meuron. Focusing our analysis on the aesthetic features of photographs, the aim of stimulating the audience sensorially and emotionally becomes evident. We usually only focus on visual aspects, neglecting the synesthetic effects generated on the observers. Starting from an analysis of the portrayed persons in terms of expressions, gestures, postures and corporeal directions, the goal is to highlight how they change in relation to the building's sound space, and, as a consequence how they are able to influence the perceiver outside the frame. The interpretation of these clues is based on Herman Schmitz's felt body theory and Gernot Böhme's New Aesthetics.
- Atmospheres: Feeling Architecture by Emotions - Elisabetta Canepa, Valter Scelsi, Anna Fassio, Laura Avanzino, Giovanna Lagravinese, Carlo Chiorri Qu'est-ce que l'atmosphère architecturale ? Pour répondre à cette question, nous proposons un paradoxe : pour un thème intrinsèquement vague et ambigu, nous avons forgé une définition exacte, obéissant autant que possible à des critères scientifiques. Nous avons décidé que le mot atmosphère indique un état de résonance et d'identification (sensorimoteur, émotionnel et cognitif) entre un individu et l'espace construit qui l'entoure. Les sujets humains peuvent établir un contact empathique avec l'espace inanimé lorsqu'ils déclenchent intérieurement une simulation incarnée avec certaines caractéristiques architecturales. L'atmosphère peut donc être définie, numérisée et mesurée grâce à des méthodes quantitatives capables de détecter les réponses émotionnelles, cognitives et neurophysiologiques d'individus aux configurations spatiales.L'étude exploratoire présentée tente de vérifier cette hypothèse en réalisant une expérience scientifique éclairée par les théories phénoménologiques et les théories de la cognition incarnée. Nous avons analysé l'unité spatiale du couloir en le modifiant en vingt-et-une variations. Nous avons modifié un paramètre atmosphérique potentiel à la fois, et nous avons recueilli les réponses émotionnelles des participants. Les sujets ont interagi avec des modèles tridimensionnels simulés dans la réalité virtuelle. Nos résultats démontrent que l'approche expérimentale est applicable pour évaluer la perception atmosphérique et nous suggèrent les caractéristiques architecturales qui semblent interagir avec la sensibilité empathique du percepteur (par exemple les couleurs et les matériaux) et celles qui ne le font pas (par exemple l'illumination).What is architectural atmosphere? To answer this question, we propose a paradox: a precise definition of the inherently vague and ambiguous concept of atmosphere that satisfies, as so far as possible, scientific criteria and methodology. We suggest that the term atmosphere, understood in an architectural context, defines a state of resonance and identification (sensorimotor, emotive, and cognitive) between an individual and their surrounding built space. Human beings can empathise with inanimate rooms when they interiorly establish an embodied simulation of certain architectural features. Thus, atmospheres might be determined, mapped, and measured through quantitative methods tracing emotional, cognitive, and neurophysiological responses of individuals to spatial conditions.The exploratory study illustrated attempts to test this hypothesis, by undertaking an experiment informed by phenomenological and embodied cognition theories. We analysed the spatial unit of the corridor, altered in twenty-one variations. We modified one potentially atmospheric parameter at a time, and collected emotional responses of participants. Subjects interacted with immersive virtual-reality settings. Our findings demonstrate that an experimental approach is applicable to evaluating atmospheric perception and suggest which architectural features seem to interplay with the empathic sensibility of the perceiver (i.e. colours and material patterns) and which ones do not (i.e. lighting qualities).