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Revue | Revue de science criminelle et de droit pénal comparé |
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Numéro | no 2, avril-juin 2011 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Doctrine
- Les victimes devant la Cour pénale internationale : Les promesses faites à Rome ont-elles été tenues ? - Gilbert Bitti p. 293-341 L'instauration de droits procéduraux pour les victimes devant la Cour pénale internationale (CPI) a constitué sans aucun doute une innovation fondamentale par rapport aux deux Tribunaux ad hoc pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda. Cependant, la mise en œuvre de cette innovation reste difficile : l'accès réel des victimes à la CPI se heurte à de nombreuses difficultés tenant à l'éloignement de la Cour par rapport aux communautés affectées, à une information insuffisante donnée aux victimes par la Cour, ainsi qu'à l'exigence de remplir des formulaires de participation longs et complexes. Par ailleurs, cette innovation se caractérise par son imprécision en laissant à la jurisprudence le soin de délimiter l'étendue réelle de la participation des victimes à la procédure. Il en résulte une grande incertitude pour les droits des victimes aussi bien en ce qui concerne « les victimes de la situation » que « les victimes de l'affaire ». En étudiant tout d'abord les droits procéduraux des « victimes de la situation » puis les droits procéduraux des « victimes de l'affaire », on arrive malheureusement à la conclusion que le rôle effectivement réservé aux victimes est très limité. La solution pour une meilleure intégration des victimes à la procédure devant la CPI devrait passer par une codification de leurs droits, codification qui sera sans aucun doute longue et difficile à obtenir.Giving procedural rights to victims before the International Criminal Court (ICC) has certainly constituted a fundamental departure from the ad hoc Tribunals for the Former Yugoslavia and Rwanda. The practical implementation of those procedural rights remains however difficult due to the geographical distance between the ICC and the affected communities, the lack of proper information given to victims by the Court and the requirement to fill in standard forms for participation particularly long and complex. Moreover, those rights are not precisely defined in the legal texts applicable before the Court leaving it to case-law to define the exact scope of victims' participation in the proceedings. This results in uncertainty in respect of victims' procedural rights before the Court both for the “victims of the situation” and the “victims of the case”. In analysing first the procedural rights of the “victims of the situation” and then those of the “victims of the case”, we reach the conclusion that unfortunately victims are in reality given a very limited role before the Court. A better solution for effectively include victims in the proceedings before the Court would be to codify their rights: this could however prove to be long and difficult to obtain.
- La preuve des faits similaires devant la Cour pénale internationale : mécanisme sous surveillance - Jean-Pierre Fofé Djofia Malewa p. 343-369 Convaincre les juges de la culpabilité d'un accusé au-delà de tout doute raisonnable, telle est la charge incombant au procureur devant la CPI. Dans l'accomplissement de cette charge, celui-ci jouit d'une liberté de production d'éléments de preuve de la réalité des faits décrits dans la décision confirmative des charges et de leur imputabilité à la personne poursuivie. Cette liberté, qui, heureusement, est limitée notamment par la saisine de la chambre et le respect des droits de la défense, l'amène parfois à recourir à la preuve des faits similaires, entendus comme des faits qui ne sont pas visés dans l'acte d'accusation, mais dont l'établissement tendrait à prouver la culpabilité de l'accusé, étant donné que ces faits partagent avec le crime commis par ce dernier une communauté de contexte. Cependant, cette forme de preuve, envisageable en matière de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, doit être soumise à une stricte surveillance, car son usage abusif peut conduire au débordement de la saisine de la Cour et à la violation du principe de la présomption d'innocence. Pour éviter ce risque de dérapage préjudiciable à l'équité et à la régularité de la procédure, il importe d'abandonner le concept de preuve des faits similaires pour ne parler que de preuve du contexte des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre.Convince the judges of the guilt of the accused beyond reasonable doubt, that is the burden on the Prosecutor before the ICC. In fulfilling this charge, he enjoys a freedom to produce evidence of the facts described in the decision on confirmation of charges and their accountability to the defendant. This freedom, which is fortunately limited by the seizure of the chamber and the respect of rights of the defence, leads him sometimes to use evidence of similar facts, understood as facts which are not covered in the indictment, but which establishment seems to prove the guilt, as these facts shared a context with the crime committed. However, this form of evidence, possible in crimes against humanity and war crimes, must be subjected to strict surveillance because its misuse can lead to overflowing of the seizure of the Court and violation of the principle of presumption of innocence. To avoid the risk of skidding prejudicial to equity and due process, it is important to abandon the concept of similar facts evidence to talk only about evidence of the context of crimes against humanity or war crimes.
- Les victimes devant la Cour pénale internationale : Les promesses faites à Rome ont-elles été tenues ? - Gilbert Bitti p. 293-341
Variétés
- La gestion procédurale du squat : la protection du domicile contre l'occupation sans droit ni titre - Aude Dorange p. 371-397 L'occupation sans droit ni titre n'est pas un moyen licite de mettre en œuvre le droit au logement, et l'expulsion peut désormais avoir lieu sans décision judiciaire. L'occupant légitime dépossédé, victime d'un squat, dispose ainsi de toutes les modalités de l'arsenal normatif pour faire sanctionner l'atteinte à ses droits. Mais outre l'alternative classique entre le contentieux pénal et le contentieux civil aux fins de réparation, la situation de squat présente la particularité de permettre, pour obtenir l'expulsion, une mise en concurrence de la compétence dérogatoire du préfet, et de celle de principe du juge judiciaire. Contentieux administratif, civil et pénal peuvent donc être concomitamment liés par l'occupant légitime dépossédé. Toutefois, qu'il s'agisse du contentieux objectif ou du contentieux subjectif, un équilibre doit être trouvé entre les droits sur le logement et le droit au logement. L'analyse de la gestion procédurale du squat se situe donc à la jonction du droit processuel et du droit substantiel et permet de révéler les paradoxes de l'appréhension d'une variété d'abus jusque-là non véritablement identifiée institutionnellement.
- La gestion procédurale du squat : la protection du domicile contre l'occupation sans droit ni titre - Aude Dorange p. 371-397
Chroniques
- Infractions contre les personnes - Yves Mayaud p. 399-403
- Infractions relevant du droit social - Agnès Cerf-Hollender p. 404-409
- Procédure pénale - André Giudicelli, Jean Danet p. 410-424
- Chronique législative - Jean-Baptiste Perrier p. 425-465
- Application par les juridictions internes - Bernadette Aubert p. 466-474 La jurisprudence de la chambre criminelle relativement à l'application du droit de l'Union européenne semble changer de physionomie depuis quelques années. Le nombre de décisions traitant de l'application du droit que l'on disait avant Lisbonne droit communautaire devient marginal2. La décision la plus en vue de l'année 2010 est, sans conteste, celle rendue par la chambre criminelle dans l'affaire Melki. Nous y consacrerons une première partie. Une seconde partie portera sur les arrêts relatifs au mandat d'arrêt européen qui demeurent nombreux3. Quatre d'entre eux sont des décisions de refus de transmission au Conseil constitutionnel4. Nous les laisserons de côté.
- Criminologie plurielle et pourtant singulière - Dan Kaminski p. 475-485
Informations
- Droit étranger - Celina Nowak p. 487-490
Bibliographie
- Notes bibliographiques - André Normandeau, Anne Simon, Iryna Grebenyuk, Sabrina Delattre p. 513-528
- Périodiques de langue française - p. 532-540