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Revue Revue internationale de politique comparée Mir@bel
Numéro vol. 26, no 1, 2019
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Julien Navarro, Virginie Van Ingelgom p. 7-9 accès libre
  • Qui gouverne les grandes entreprises de la défense ? Contribution sociologique à l'étude des capitalismes en France et au Royaume-Uni - Samuel B.H. Faure, Thibaut Joltreau, Andy Smith p. 11-45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article apporte une contribution sociologique à la comparaison des capitalismes en France et au Royaume-Uni. Pour ce faire, le rapport à l'État, l'internationalisation et la financiarisation des trajectoires professionnelles des dirigeants de grandes entreprises de l'industrie de la défense (Safran, Thales, BAe Systems et Rolls-Royce) sont interrogés. La controverse entre convergence et divergence des capitalismes nationaux de la défense est dépassée par le dévoilement d'une réalité contre-intuitive et inattendue, à savoir leur simultanéité. En même temps que les pratiques des dirigeants des grandes entreprises des deux côtés de la Manche sont plus structurées que jadis par l'internationalisation de leur formation et leur familiarité avec le monde financier, leur rapport à l'État demeure nettement différent.
    This article seeks to make a sociological contribution to the study of capitalism in France and Britain. The relationship to the State, the internationalisation and financiarization of major defence industry company managers' careers are analysed for Safran, Thales, BAe Systems and Rolls-Royce. We go beyond the controversy between the convergence or divergence of national defence capitalisms by unveiling a counter-intuitive and unexpected reality, namely their simultaneity. Specifically, whilst on both sides of the English Channel the practices of the directors of these large companies are more structured than hitherto by the internationalization of their training and their knowledge of finance, their relationship to the state remains profoundly different.
  • Prospective des territoires ou cartographie du pouvoir ? Une comparaison de cartes prospectives du développement territorial en France et au Royaume-Uni - Sylvain Le Berre p. 47-77 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'anticipation stratégique, et la technique de la prospective territoriale en particulier, connaissent aujourd'hui un intérêt croissant de la part des acteurs de l'action publique. Les rapports d'anticipation territoriale font un usage important de cartes pour spatialiser les scénarios prospectifs et rendre visible les projections territoriales. Ces cartes tiennent un rôle clef dans le discours prospectif de ces institutions publiques. Comment y est construit et représenté le futur territorial ? Et que cela nous dit-il du rapport politique de ces institutions à l'avenir ? Alors que la mise en récit de l'avenir dans la prospective insiste sur les notions de long-terme, de gouvernance en réseau et d'inter-territorialité, la mise en carte de l'avenir représente davantage le périmètre de gestion et le présent de l'institution commanditaire. Il ressort ainsi que la prospective territoriale consiste moins en la projection d'un territoire des futurs possibles qu'en la projection du territoire du pouvoir.
    Nowadays, the production of forward-looking knowledge is common in policy processes, especially for spatial planning. Maps are key elements of these forecasting and planning reports, enabling forward-looking scenarios to be spatialized and territorial forecasts to be made visible. But how do these maps represent the future ? And what does this tell us about these institutions' self-projection into the future ? While the narrativization of the future focuses on the notions of the long term, integrated governance, and inter-territoriality, these maps further reflect the scope of management and the present issues of the institutions that produce them. It thus appears that territorial forecasting is less about the projection of “possible futures” and more about the projection of power.
  • Présidents de chambres consulaires et politique. Les articulations locales des conflits identitaires et du militantisme patronal en Turquie - Nicolas Ressler-Fessy, Dilek Yankaya p. 79-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article interroge les rapports entre les chambres consulaires et le gouvernement en Turquie, souvent étudiés à l'échelle macro et interprétés comme une relation de domination népotique. En étudiant, à l'échelle micro, les comportements divergents de deux présidents consulaires de deux villes turques lors des élections législatives de 2015, cet article nuance cette hypothèse et montre comment cette relation renvoie à la manière dont le président définit son rôle. Les présidents interrogés conçoivent leur rôle comme celui d'un militant patronal en articulation avec d'autres militantismes identitaires. L'analyse des trajectoires des hommes d'affaires qui occupent cette position met en lumière comment cette définition est le produit d'un processus de notabilisation et de fabrique d'un consensus patronal considéré comme non partisan. L'analyse comparée de leurs engagements pendant les périodes électorales montre comment la mise en pratique de ce rôle dépend des spécificités du cadre de l'interaction dans lequel ils agissent. Cette analyse montre l'articulation des présidents consulaires à un double mécanisme d'injonction : celui de représentation officielle du patronat d'un côté et de gouvernement des particularismes locaux de l'autre. Une articulation qui permet aux présidents consulaires d'entretenir une marge d'autonomie relative dans leurs relations au politique.
    The article examines the relationship between consular chambers and the government, often studied on a macro scale and interpreted as a relationship of nepotic domination. By exploring, at the micro level, the divergent behaviors of two consular presidents of two Turkish cities during the 2015 legislative elections, this article shows how this relationship refers to the way in which the president defines his role. The presidents interviewed conceive of their role as that of an employer activist, but exercise it in junction with other identity militancies. The analysis of the trajectories of the businessmen occupying this position highlights how this role is conceived at the end of a process of notabilisation and how it is claimed to represent a non-partisan business consensus. The analysis of their commitments during the election periods shows how the implementation of this role, actually very political, depends on the peculiarities of the “framework of interaction” in which they operate. This analysis demonstrates how the tension between the obligations of an official businessmen representation and the government of local particularisms produces some autonomy for the presidents of chambers in their relations to politics.
  • Was it all about personalization? The determinants of the vote in the 2016 constitutional referendum in Italy - Davide Vittori p. 103-127 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le référendum constitutionnel italien a marqué un tournant pour le système politique italien. Contrairement au référendum du Brexit, pour lequel une abondante littérature a analysé les différents aspects du comportement électoral, le référendum constitutionnel de 2016 a jusqu'à présent reçu beaucoup moins d'attention. Dans cet article, j'examine dans quelle mesure ce référendum peut être considéré comme une élection de second ordre ou, au contraire, si les convictions politiques ont affecté le choix des électeurs. Tandis que l'hypothèse de l'identification au parti a un faible pouvoir explicatif dans ce cas particulier, la personnalisation peut être considérée une procuration du choix de l'électeur pour punir ou récompenser le gouvernement en place.
    The Italian constitutional referendum marked a turning point for the Italian political system. In sharp contrast with the Brexit referendum, for which a burgeoning literature analysed the different aspects of the voting behaviour, the 2016 constitutional referendum has insofar attracted much less attention. In this paper I examine the extent to which this referendum can be considered as a second order election or, to the contrary, whether political beliefs impacted in the voters' choice. While party identification hypothesis has a weak explanatory power in this peculiar case, personalization can be assumed to be a proxy of the voter's choice to punish or rewarding the incumbent government.