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Revue | Futuribles |
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Numéro | no 438, septembre-octobre 2020 |
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- Quel rebond ? - Hugues de Jouvenel p. 3-4
- L'agriculture, la terre, l'eau et le climat : Solutions pour un monde en transition - Guillaume Benoit p. 5-27 L'essor du vote écologiste lors du second tour des élections municipales en France (même s'il convient d'être relativisé en raison du faible taux de participation) est sans doute révélateur des préoccupations croissantes de nos contemporains vis-à-vis des questions d'environnement, notamment du réchauffement climatique et de la perte de biodiversité, dont témoignent également la plupart des travaux sur « le monde d'après ». Ces préoccupations doivent-elles aussitôt être assimilées à la vague en faveur de la décroissance économique ? Tel n'est pas l'avis de Guillaume Benoit qui montre ici combien la terre, l'eau et l'agriculture, outre leurs fonctions alimentaires et socioculturelles, peuvent jouer un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique et le développement durable. L'auteur nous livre ici une démonstration des ressources inépuisables que la nature pourrait apporter, si nous en prenions le soin adéquat, indispensable à la résolution de bien des défis auxquels nos contemporains et leurs descendants sont et seront confrontés. H.J.The rise in the ecological vote in the second round of the French municipal elections (even though this should be kept in perspective due to low turnouts) is no doubt revealing about the growing preoccupation of our contemporaries with environmental questions — particularly global warming and biodiversity loss, a concern also attested by most studies on the ‘post-Covid world'. Should such preoccupations immediately be seen as part of the trend in favour of economic de-growth? That is not the view of Guillaume Benoit who shows here what a substantial role land, water and agriculture — quite apart from their food-producing and sociocultural functions — can play in the battle against climate change and for sustainable development. Benoit provides us with a demonstration of the inexhaustible resources that nature could provide, if we took care of them in the way that is essential for the resolution of many of the challenges that face our contemporaries and their descendants now and in the future.
- Prospective des transitions énergétiques : Entre modélisation économique et analyse des scénarios stratégiques - Patrick Criqui, Henri Waisman p. 29-48 Alors que de nombreux pays réfléchissent aux réponses à apporter à la crise économique issue de la pandémie de Covid-19 et que se pose la question de leur articulation avec les stratégies de lutte contre le changement climatique, quel peut être l'apport de la prospective des transitions énergétiques ? Prolongeant la série « Énergie-climat » ouverte dans nos colonnes en mars dernier, Patrick Criqui et Henri Waisman proposent une analyse des différents outils de prospective développés depuis une cinquantaine d'années pour éclairer les décisions en matière de transition énergétique.Après un rappel historique de l'évolution des travaux de modélisation intégrée énergie-économie-environnement, dont l'âge d'or est la période 1992-2014, ils soulignent les limites rencontrées par ce type de prospective, à l'échelle internationale, à compter des accords de Paris qui incitent à réintroduire la dimension « économie politique » dans les scénarios de transition. Depuis, une nouvelle approche consiste à combiner le cadrage de l'approche globale des modèles intégrés, avec les modélisations nationales, afin de concilier les objectifs internationaux de décarbonation avec les priorités socio-économiques et le contexte propres à chaque État. Les auteurs présentent les principes directeurs des exercices de prospective en la matière (qui s'appuient sur l'expérience du Débat national sur la transition énergétique en France) et un exemple de mise en application : celui engagé par le projet Deep Decarbonization Pathways. Enfin, ils mentionnent divers axes stratégiques visant la neutralité carbone — dont un point clef consiste en un changement des modes de vie — et les contraintes inhérentes pour que les mesures en ce sens soient acceptées par la société. Ce panorama de l'évolution de la prospective des transitions énergétiques sera un outil essentiel pour tenir compte des exigences de long terme dans les stratégies de sortie de crise qui s'écrivent actuellement. S.D.While many countries are pondering their responses to the economic crisis arising from the Covid-19 pandemic and as the question faces them of how to articulate these with strategies to fight climate change, what can energy-transition foresight bring to the table? Continuing the ‘Energy-Climate' series of articles begun in these pages in March, Patrick Criqui and Henri Waisman offer an analysis of the various foresight tools developed over the last half-century to inform decisions in the area of energy transition.After going back over the history of the development of integrated energy-economy-environment modelling studies, which had their golden age in the period 1992-2014, they stress the limits this kind of foresight has run up against internationally, beginning with the Paris Agreements, which encouraged the reintroduction of the ‘political-economy' dimension into transition scenarios. Since then, a new approach has consisted in combining scoping based on the comprehensive integrated models approach with national modelling, in order to reconcile international objectives of decarbonization with the socio-economic priorities and context specific to each state. The authors outline the guiding principles of foresight exercises in this area (which draw on the experience of the National Debate on energy transition in France) and present an example of implementation in the shape of the Deep Decarbonization Pathways Project. Lastly, they mention various lines of strategic thinking aiming towards carbon neutrality — a key point in these being a change in lifestyles — and the constraints inherent in having to gain society's acceptance for such measures. This broad conspectus of the evolution of energy-transition foresight will be an essential tool for taking long-term exigencies into account in the strategies currently being drawn up for overcoming the present crisis.
- Les perspectives énergétiques mondiales, horizon 2040 : Les scénarios de l'Agence internationale de l'énergie - Laura Cozzi p. 49-67 En mars dernier, Futuribles a lancé une nouvelle série consacrée au climat et à la transition écologique : des enjeux de long terme essentiels qui nous semblaient peu ou mal pris en compte par les gouvernements. Juste après s'est propagée la pandémie de Covid-19, assortie d'une crise économique internationale majeure qui va pousser la plupart des pays du monde à mettre en place des plans de relance pour y faire face. La situation dramatique actuelle est sans aucun doute aussi une occasion de combiner les deux défis écologique et économique, et pour ce faire, disposer d'une vision à long terme des perspectives énergétiques mondiales est capital.Laura Cozzi, en charge de l'élaboration de ces perspectives au sein de l'AIE, présente ici les scénarios envisageables à l'horizon 2040, en tenant compte du grand bouleversement induit par la crise du Covid-19 (crise économique, interruption des transports, baisse de la consommation…) et des objectifs climatiques internationaux. Après un rappel du choc que constitue cette crise pour le système énergétique mondial, elle souligne l'urgence de régler les problèmes anciens qui pèsent lourdement dans les émissions de gaz à effet de serre (en particulier les centrales à charbon). Elle montre ensuite combien l'électricité est stratégique aujourd'hui, et donc combien il est important d'accroître le poids des sources renouvelables dans la production électrique et d'investir dans les technologies de stockage (batteries). Elle souligne ainsi le rôle clef des technologies énergétiques pour, à terme, décarboner nos économies et les rendre plus résilientes, invitant les États à investir substantiellement dans ce domaine. S.D.Last March, Futuribles launched a new series on the climate and on ecological transition, which are essential long-term issues that seemed to us to be poorly factored in by governments or not considered at all. Just afterwards, the Covid-19 pandemic spread around the world, bringing with it a major international economic crisis that will drive most countries to draw up recovery plans to cope with it. The dramatic current situation is undoubtedly also an opportunity to combine the two challenges, the ecological and the economic, and, to do that, it will be crucial to have a long-term vision of global energy perspectives.Laura Cozzi, who is in charge of developing these perspectives within the IEA, outlines the scenarios that may be envisaged to 2040, taking into account both the huge upheaval produced by the Covid-19 crisis (economic crisis, interruption to transport, reduced consumption etc.) and international climate objectives. After reminding us of the shock this crisis represents for the global energy system, she stresses the urgency of resolving the old problems that play a major role in greenhouse gas emissions (particularly, coal-fired power stations). She then shows the degree to which electricity is strategic today, and hence how important it is to increase the share of renewables in electricity production and invest in storage technologies (batteries). In this way, she emphasizes the key role of energy technologies in eventually decarbonizing our economies and making them more resilient, calling on states to invest substantially in this field.
- L'Égypte, un géant au bord de la rupture - Didier Billion, Alain Parant p. 69-90 Didier Billion et Alain Parant ont étudié en profondeur la situation démographique de l'Égypte en lien avec le contexte sociopolitique et géopolitique du pays, dans le cadre d'un projet (l'Observatoire des enjeux géopolitiques de la démographie) confié en 2018 à Futuribles et l'IRIS par le ministère français de la Défense. Ils présentent ici les enseignements de ces travaux, mis à jour à partir des dernières projections de population des Nations unies.Comptant plus de 100 millions d'habitants, l'Égypte est le plus peuplé des États riverains de la Méditerranée et le troisième État le plus peuplé d'Afrique (après le Nigeria et l'Éthiopie). Conservant un régime autoritaire fort malgré la révolution de 2011, le pays est dans une situation économique dégradée, et la perspective d'une croissance démographique ajoutant 45 à 75 millions d'habitants à la population d'ici 2050 fait peser le risque d'un surpeuplement dont les conséquences environnementales, sanitaires, sociales, etc., pourraient être très lourdes. Comme le soulignent les auteurs, si les projections démographiques des Nations unies se concrétisent, la question se posera de savoir où et comment vivra cette population supplémentaire, puisque la géographie du pays (très désertique) a concentré les habitants le long de la vallée du Nil, selon une densité déjà très élevée. S.D.As part of a project (entitled ‘Observatory of the Geopolitical Challenges of Demography') entrusted to Futuribles and IRIS in 2018 by the French Defence Ministry, Didier Billion and Alain Parant examined in some depth the demographic situation of Egypt with reference to the country's socio-political and geopolitical context. They present the lessons of this work in this article, updated using the U.N.'s latest population projections.With more than 100 million inhabitants, Egypt is the most populous state on the Mediterranean and the third most populous in Africa (after Nigeria and Ethiopia). Despite the revolution of 2011, it still has a strong authoritarian regime and its economy is in a parlous state. The prospect of demographic growth that would add between 45 and 75 million inhabitants to the population by 2050 poses a risk of overpopulation that could have very serious environmental, health, social and other consequences. As the authors stress, if the UN's demographic projections turn out to be correct, the question will arise of where and how this additional population will live, since the geography of the (mainly desert) country causes most of Egypt's people to live along the Nile valley at an already very high population density.
Chronique européenne
- La géopolitique de l'Union en Méditerranée - Jean-François Drevet p. 91-98 La nouvelle Commission européenne entrée en fonction fin 2019 a rapidement manifesté l'ambition de renforcer le rôle géopolitique de l'Union. Dans le contexte du Brexit, face aux résurgences de rivalité entre les États-Unis et la Russie, et aux ambitions chinoises, faire entendre la voix de l'Europe sera indispensable mais ne sera pas une mince affaire. Parmi les sujets de préoccupation les plus inquiétants et les plus proches de son espace territorial, la région méditerranéenne occupe une place de choix. Jean-François Drevet montre ici quels sont les problèmes prioritaires à prendre en considération dans cette région, distinguant les parties occidentale et orientale (notamment la Turquie et l'Iran), et comment l'Union pourrait s'y atteler. Il plaide pour la mise en place au plus vite d'une stratégie d'action commune et souligne également, en dehors des zones conflictuelles, les pistes de coopération locale qui pourraient être explorées (par exemple dans le secteur énergétique). S.D.The new European Commission, which came into office in late 2019, quickly displayed an intention to strengthen the geopolitical role of the EU. In the context of Brexit, resurgent rivalry between the USA and Russia, and the ambitions of China, it will be essential, but not at all easy, to make Europe's voice heard. Among the most troubling objects of concern — and the closest to its territorial space — the Mediterranean region occupies a special place. In this piece, Jean-François Drevet points to the most pressing problems to consider in the region, distinguishing between its Western and Eastern parts (in particular, Turkey and Iran), and shows how the EU might set about the task. He argues for the soonest possible establishment of a common strategy for action, stressing also the local lines of cooperation that might be explored (for example, in the energy sector) away from the conflict zones.
- La géopolitique de l'Union en Méditerranée - Jean-François Drevet p. 91-98
Actualités prospectives
- Idées & faits porteurs d'avenir - p. 99-111
Lu, vu, entendu
- Analyses critiques & comptes rendus - p. 113-124