Contenu du sommaire : Nouvelles recherches

Revue Relations internationales Mir@bel
Numéro no 182, juillet-septembre 2020
Titre du numéro Nouvelles recherches
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Nouvelles recherches

    • Introduction - Catherine Nicault p. 3-6 accès libre
    • Les racines transatlantiques du show business (1850-1910) - Laetitia Corbière p. 7-21 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En Europe, la première moitié du XIXe siècle marque la généralisation du concert payant et des tournées musicales. La musique devient alors un bien culturel valorisable et échangeable. Cependant, le système de production musicale qui s'élabore alors reste un système mixte dans lequel persistent les traditions de mécénat et les habitudes corporatistes. Or, lorsqu'ils tentent d'importer le concert aux États-Unis vers 1850, les premiers imprésarios américains ne peuvent développer l'activité musicale qu'en se fondant sur la seule logique capitaliste. Dès lors, un nouveau mode d'exploitation du concert se développe qui transforme la vie musicale en profondeur. L'internationalisation des circulations musicales témoigne ainsi d'une logique nouvelle de mondialisation artistique.
      In Europe, the generalisation of paid concerts and musical tours marked the first half of the 19th century. Music became a valuable and exchangeable cultural asset during this period. However, the system of musical production that was being developed at that time remained a mixed system in which traditions of patronage and corporatist habits persisted. When the first American impresarios tried to import concerts to the United States around 1850, they could only develop musical activities on the basis of capitalist logic alone. From then on, a new way of operating the concert developed, leading to a profound transformation in musical life. The internationalization of musical circulations thus bears testimony to a new logic of artistic globalization. 
    • La fabrique de la ville « civilisée » : un manifeste tissé lors des grandes expositions austro-hongroises et françaises (1891-1896) - Élisa Chazal p. 23-42 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le temps de la comparaison entre les nations centre et ouest-européennes reste celui des grandes expositions de la fin du XIXe siècle pour les Tchèques et les Hongrois qui s'emparent de ces événements pour promouvoir leur cause nationale. En s'appropriant les stratégies expositionnaires employées par les experts des capitales occidentales, les nationalistes tchèques et hongrois s'efforcent de convaincre ces mêmes protagonistes de l'accession de Prague et de Budapest au statut de ville « civilisée ». Ces deux métropoles de l'Empire austro-hongrois font ainsi l'objet de campagnes de promotion oscillant entre véracité et surenchère. Or, la circulation de savoirs urbains n'est pas unilatérale puisque les experts français s'engagent à leur tour dans des voyages d'observation dans l'optique d'évaluer les réalisations centre-européennes pour préparer leurs prochaines expositions.
      The great fin-de-siècle expositions were a moment of comparison between Central and Western European nations. The Czechs and the Hungarians seized these events to promote their national cause. By appropriating the exposition strategies employed by experts from Western capitals, the Czech and Hungarian nationalists endeavoured to convince these aforementioned specialists that Prague and Budapest had risen to the status of “civilized” cities. Accordingly, these two Austro-Hungarian metropolises were the subject of promotion campaigns oscillating between veracity and one-upmanship. However, the circulation of urban knowledges was not one-directional since French experts embarked on observation trips with the aim of evaluating Central European achievements in order to prepare their upcoming expositions.
    • Philippe Devillers (1920-2016). Journaliste, lanceur d'alerte, historien des relations internationales - Laurent Cesari p. 43-60 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Philippe Devillers ne fut pas seulement un journaliste et un politologue spécialiste du Sud-Est asiatique. Il œuvra également comme lanceur d'alertes : son Histoire du Viêt-Nam de 1940 à 1952 a été délibérément conçue comme un recueil de fuites organisées par les opposants à la guerre d'Indochine au sein de l'appareil d'État. À partir de la décennie 1960, il contribua de manière décisive au lancement en France des études universitaires sur l'Asie du Sud-Est contemporaine. L'article retrace l'itinéraire intellectuel et politique de Devillers à partir de ses publications et de ses archives personnelles.
      Philippe Devillers is well-known as a reporter and as a political scientist who specialized in the study of contemporary South-East Asia. He was also, deliberately, a whistle-blower, as shown in his History of Vietnam from 1940 to 1952, a treasure-trove of information leaked by opponents to the Indochina war inside the French state apparatus. Starting in the 1960s, made a decisive contribution to the study of contemporary South-East Asia in French universities. Drawing on his writings and his personal archives, this paper goes over the whole intellectual and political career of Philippe Devillers.
    • Tensions à l'Unesco autour du centenaire de Lénine. Les enjeux d'une commémoration (1970) - Chloé Maurel p. 61-79 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1970, l'Unesco, organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, alors au faîte de son prestige et de son influence, organise à l'initiative de l'URSS une commémoration du centenaire de la naissance de Lénine (1870-1924). Cela se traduit par la tenue d'un colloque sur Lénine à Tampere (Finlande) et par la publication d'un numéro du Courrier de l'Unesco consacré en partie à Lénine. Cette commémoration, et les luttes et affrontements diplomatiques feutrés qui se sont déroulés en coulisses entre les diplomates américains, britanniques, français et soviétiques, et les fonctionnaires de l'Unesco, montrent que cette institution internationale a été instrumentalisée par les grandes puissances pendant la Guerre froide. Théoriquement apolitique, l'Unesco a été un lieu d'affrontements politiques entre les deux blocs.
      At the height of its prestige and influence in 1970, UNESCO (United Nations Organization for Education, Science and Culture) organized a commemoration of the centenary of the birth of Lenin (1870-1924), spearheaded by the USSR. However, the USA, as well as other Western countries, were hostile towards such an initiative. As part of the commemorations, Unesco organized a symposium on Lenin in Tampere (Finland) and published an issue of the Unesco Courier devoted in part to Lenin. This commemoration provoked tensions and confrontations between American, British, French, and Soviet diplomats, as well as Unesco civil servants. It reveals that Unesco was instrumentalized by the great powers during the Cold war.
    • Européistes contre universalistes. Les milieux académiques et la fondation de l'« université européenne » - Daniele Pasquinucci p. 81-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom), signé à Rome en mars 1957, prévoyait la création d'un « institut universitaire européen », ayant pour tâche de former l'élite dirigeante des institutions communautaires en train de se mettre en place. Une part importante du monde académique adopta immédiatement une attitude de refus. Il ne s'agissait pas d'une manifestation d'antieuropéisme idéologique, mais plutôt d'une crainte que l'« européisation des études » encouragée par les institutions de la CEE ne mette en péril l'autonomie de la recherche et de l'enseignement universitaires. Les critiques du milieu académique constituèrent l'arrière-plan des longues et complexes négociations qui ne se conclurent qu'en 1976, avec la naissance de l'Institut universitaire européen de Florence.
      The Treaty establishing the European Atomic Energy Community (Euratom), signed in Rome in March 1957, provided for the establishment of a “European University Institute”, with the task of training the governing elite of the budding European Community institutions. Immediately, a significant part of the academic milieu took a negative attitude. Such an attitude did not stem from ideological anti-Europeanism. Rather, there was a fear that the “Europeanization of studies” promoted by the EEC institutions would jeopardize the autonomy of university research and teaching. Criticisms from academics formed the setting of the long and highly intricate negotiations that only ended in 1976, with the birth of the European University Institute in Florence.
    • La « Françafrique », instrument d'un soft power associatif et « stigmate » pour la politique africaine de la France - Kevin Alleno p. 99-113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article vise à montrer l'origine du concept de « Françafrique » qui constitue le soft power de l'association Survie. Pensé par son ancien président François-Xavier Verschave, qui reprend une expression de Félix Houphouët-Boigny, ce concept structure aujourd'hui le débat sur l'action de la France en Afrique. Après avoir montré les thèses véhiculées par lui, il s'agit d'observer sa diffusion dans le débat public français puis ses conséquences sur l'action de la France en Afrique. Cette représentation dépréciative de la politique africaine de la France constitue pour elle un « stigmate » que les responsables français contrent difficilement.
      The concept of “Françafrique” constitutes the soft power of the French association Survie. Conceptualised by its former president François-Xavier Verschave, who used an initial expression of Félix Houphouët-Boigny, “Françafrique” structures the debates concerning French action in Africa today. This article presents the thesis of this concept and how it spread in French public debate. This negative representation of the French African policy constitutes a “stigma” which French leaders hardly contest.
    • François Mitterrand en Suisse : une amitié au défi de la construction européenne (1989-1993) - Bastien Nançoz p. 115-133 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      François Mitterrand fut un ami sincère de la Suisse, où il se rendit à quatre reprises entre 1989 et 1993. Son discours profondément européen trouva un écho favorable dans un pays réticent devant une Europe fondée sur le duo franco-allemand. Malgré l'attention que le président français lui accorda, la Suisse manqua son rendez-vous avec l'Europe en 1992, lors de son rejet de l'Espace économique européen (EEE). Cet échec ne fit pourtant pas perdre espoir à François Mitterrand de voir la Suisse prendre un jour une part active au grand dessein européen. L'analyse des quatre visites du président Mitterrand en Suisse se fonde sur des archives restées inexploitées jusqu'à ce jour et pose un jalon dans la recherche sur le mitterrandisme, l'intégration européenne et les relations bilatérales franco-suisses.
      French President François Mitterrand was a true friend of Switzerland. He travelled to Switzerland on four separate occasions between 1989 and 1993. His speeches were deeply rooted in European culture and were positively welcomed despite this country's historical reluctance to a Europe shaped by Germany and France. Despite Mitterrand's interest in Switzerland, the Swiss and the cantons voted against joining the European Economic Area – EEA in 1992. Although France was disappointed by this development, François Mitterrand continued to hope that Switzerland would join this great European design. This study of the four travels of François Mitterrand to Switzerland between 1989 and 1993 is based on unpublished archives and aims to be a milestone in the fields of Mitterrandism, European integration and Swiss-French relations.
    • Océans, cosmos, Antarctique : de nouveaux espaces de conquête ? - Pauline Pic, Frédéric Lasserre p. 135-152 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      On considère aujourd'hui les océans – et notamment les océans polaires – mais aussi l'espace, comme les « dernières frontières ». Ces espaces de projection de puissance pour certains États sont également porteurs d'enjeux particuliers, environnementaux notamment, qui invitent à repenser les modes d'action politique. Comment les États font-ils face à ces espaces non traditionnels, et comment y structurent-ils leur action ? Nous proposons dans cet article, à travers plusieurs exemples concrets, d'entamer la réflexion en mettant en relief certaines logiques qui sous-tendent l'organisation de l'action politique internationale dans ces espaces. Il s'agit de s'interroger sur la nature de ces espaces et à ce que l'on entend par conquête. Car la communauté internationale a su encadrer les appétits potentiels dans des conventions internationales. Mais cela ne signifie pas que ces cadres juridiques aient la capacité d'éteindre toutes les tensions suscitées par le désir de contrôler ces espaces. Les questions posées par l'actualité soulignent par ailleurs des enjeux complexes et de nature différente, ayant trait tantôt à la souveraineté, en Antarctique par exemple, tantôt aux droits souverains, lorsque l'on parle de plateaux continentaux étendus, ou du droit de placer des satellites en orbite… Ces questions se renouvellent aussi en lien avec la présence de nouveaux acteurs, qu'ils soient étatiques ou privés. Comment ces acteurs envisagent-ils ces espaces non traditionnels ?
      Oceans, especially in polar regions but also the outer space, are considered today as the “last frontiers”. These spaces where States project power are also spaces where States face several specific challenges, which are notably of an environmental nature. They invite us to rethink the modes of political action. How, then, do States deal with these non-traditional spaces, and how do they structure their action there? In this paper, through several concrete examples, we seek to initiate a process of reflection by highlighting certain logics that underlie the organization of international political action in these spaces. We question their nature and what it implies in terms of “conquest”. The international community has managed to frame potential appetites in international conventions. But if legal frameworks do exist, that does not mean that they have the capacity to appease all the tensions created by the desire to control these spaces. The questions raised by current events also highlight complex issues of a different nature, sometimes relating to sovereignty (as in Antarctica, for example), whilst at times relating to sovereign rights, when we speak of extended continental shelves, or the right to place satellites in orbit… These questions also gain a new dimension in connection with the presence of new players, whether state or private. How do these actors envisage these non-traditional spaces?
  • Note de lecture - Stanislas Jeannesson p. 159-160 accès libre
  • In memoriam : Jacques Thobie (1929-2020) - Jean-Marc Delaunay p. 161-162 accès libre